Au commencement était la pomme ou la figue...

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Chers frères et sœurs, chers amis, chers auditeurs de la radio, chers amis qui nous suivez sur Internet,

Vous le savez sans doute, rien n’est aussi compliqué que d’inviter des gens à un repas de fête. L’organiser, dresser une table, composer un menu, trouver les meilleurs produits, c’est déjà du travail, mais les invitations, quel casse-tête ! Il faut avertir longtemps à l’avance pour que les invités bloquent la date et puis leur envoyer un carton d’invitation quelques semaines avant… Mais comment choisir les invités ?

Comme dans tous les repas de fête, il y a ceux qui « en sont d’office » et les autres… Il y a les parents, les frères et sœurs, les cousins, les amis… mais comment clore la liste, où mettre la limite ?

A Cana, l’impréparation semble avoir été de mise ; j’en veux pour preuve la manière dont l’évangéliste nous raconte la scène :
« Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana, en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité ainsi que ses disciples. »
Autant le dire tout de suite, Jésus n’est pas franchement attendu dans ce contexte et ses disciples fraîchement appelés les jours précédents encore moins…

« La mère de Jésus était là ». Comme tout à la fin de l’Evangile, au pied de la croix.
Mais est-elle venue pour donner un coup de main ? Quand certains festoient, d’autres bossent, la suite du texte nous montre une femme mieux renseignée que le maître de la fête. L’humble servante est peut-être plus près des fourneaux que de la mariée.
Bien, mais elle n’est pas venue toute seule ! et il a bien fallu prendre une décision… Du coup, Jésus aussi fut invité! et ses copains!

Toute une bande de jeunes gaillards, bien déterminer à fêter, eux ! Car dans cette Galilée soumise aux Romains, ce n’est pas la fête tous les jours. On ne s’étonne donc guère de la suite du récit… si les copains des copains sont venus profiter du banquet de mariage, pas étonnant qu’il finisse par manquer de vin !

L’entrée en scène de Jésus dans l’évangile de Jean vu sous cet angle fait clairement penser à la venue de l’enfant de Noël dans l’anonymat d’une étable de Bethléem… Jésus est celui qui vient dans le monde, oui, mais sans que le monde y prête attention…
Jésus à Cana comme à Bethléem est arrivé à contretemps et en hôte de deuxième catégorie.

La suite du récit nous livre un énigmatique échange entre Jésus et sa mère dont il me faut dire deux mots :

« Il n’ont plus de vin ! » dit la mère « que me veux-tu, femme ? » répond Jésus, avant d’ajouter « mon heure n’est pas encore venue ! »

Souvent, on s’achoppe à cette façon rude de Jésus de répondre à sa mère.
Si d’un côté, l’évangéliste ne renie pas l’importance de Marie qui, par ses mots, va déclencher le ministère de Jésus, il ne l’appelle jamais par son prénom. C’est peut-être choquant de le dire, mais c’est ainsi !

En mettant dans la bouche du Christ, à Cana comme au pied de la croix, le mot « femme », l’évangéliste nous invite à voir Marie comme la figure et le modèle du croyant qui a une totale confiance dans le Christ et qui est certaine d’être sinon suivie dans sa demande du moins écoutée. Je suis la fidèle servante du Seigneur… c’est toi qui sais !

En lui disant « femme », comme lorsqu’elle sera au pied de la croix, Jésus ne parle pas à sa maman, mais au disciple. Au disciple qui le dérange d’ailleurs, car elle lui demande de sauver la fête du mariage, comme d’autres de sauver le monde !

On comprend bien sûr l’hésitation de Jésus qui sait que dès ce moment-là le compte à rebours vers sa mort à Jérusalem sera enclenché.

Jésus va pourtant intervenir, et je dois dire que le premier miracle du Christ de l’évangile de Jean est bien troublant… Changer une grande quantité d’eau en vin à la fin d’un repas de noces… Fallait-il vraiment le faire ?

Ce n’est pas le caractère miraculeux qui nous interpelle le plus ! Dans l’Antiquité, le surnaturel ne pose pas plus de problèmes que les phénomènes paranormaux dans une série américaine.
D’ailleurs, l’évangéliste nous invite à voir l’action de Jésus comme un signe plus que comme une démonstration de ses pouvoirs surnaturels. 

Ce qui fait problème, c’est le lieu où le premier signe de Jésus prend sa place : un festin, et encore plus, un banquet de mariage ! C’est là, au milieu d’une foule qui boit et qui festoie que Jésus fait ce que certains ont appelé « un miracle d’ivrogne » ! Jésus n’hésite pas à ajouter 600 litres de vin à tous ces convives déjà « gris » ! Aurait-il cédé à la tentation, lui qui avait refusé au désert de changer des pierres en pains ?
Bien sûr que non ! Mais Jésus s’adresse à tous ceux qui voudraient transformer l’Evangile en une nouvelle morale remplie de commandements. Pour connaître Dieu, il n’y a pas besoin de renoncer aux plaisirs de la vie. Nul besoin de devenir ascète et de renoncer à la nourriture, à la fête, au mariage et à l’union sexuelle.
Il suffit d’inviter Dieu au milieu de nos fêtes, au cœur de la vie. « L’Evangile, ce n’est pas l’eau, mais le vin, ce n’est pas la continence, mais la fête en abondance… voilà l’Evangile ! jusqu’à plus soif ! » (Louis Simon « Mon Jésus » p. 81).

Jésus n'est pas contre le mariage, ni la fête, ni la joie. Non seulement il y participe, mais il y a une part active, déterminante, à l’insu même de ceux qui bénéficient de son action.
Ont-ils seulement su ce qui s’était passé ? Le maître de la fête est étonné, et le marié n’est plus assez lucide pour dire que lui non plus ne sait pas d’où vient ce si bon vin ! Qu’importe ! L’invité de deuxième catégorie s’est révélé le vrai maître de la fête.

Ce qui fait également problème, c’est que Jésus non seulement s’attaque à ceux qui voudraient faire de la foi une ascèse ou une mystique, mais également à ceux qui la voient comme un rituel. En intervenant au milieu d’une fête humaine, Jésus désacralise complètement la religion… Il remet Dieu au milieu de la Vie.

L’évangéliste prend grand soin de dire à quoi servent les jarres de pierre que Jésus fait remplir d’eau : les religieux juifs les utilisaient pour leurs rites de purification. Des rites que l’on trouve dans toutes les religions !

Notre démarche spirituelle humaine, souvent de façon un peu simpliste et dérisoire, s’accroche aux rites, à une pratique, à un clocher ou à une forme liturgique. Des rites qui prétendent pouvoir enlever les souillures morales ou physiques par un lavement symbolique.

Au tout début de son ministère, Jésus se révèle comme celui qui abolit les frontières entre le religieux et le profane. Dieu ne veut pas être enfermé dans le religieux. Il ne veut pas que la foi se mesure à la longueur de la barbe ou de la jupe, au foulard ou à certaines pratiques alimentaires. Il veut irriguer notre vie tout entière et descendre dans nos fêtes et dans nos vies, fussent-elles opaques, pour les transfigurer et les habiter de sa présence.

Mais Jésus à Cana agit discrètement, comme en secret, il ne s’impose pas. A l’image du Dieu mystérieux, du Dieu caché que le monde ne connaît pas mais qui depuis les origines et sans le savoir vit de sa grâce et de sa bienveillance, vit sous le soleil de Dieu.

Pourtant à ses disciples, femmes et hommes, Jésus révèle sa gloire ! Comme il continue de le faire avec tous ceux qui discernent dans l’hôte inattendu de leurs vies et de leurs fêtes, celui qui peut les rendre belles et lumineuses.

Amen.

Au commencement était la pomme ou la figue... puis vint l’agneau grillé, le rôtit de veau, le yoghourt et autres produits laitiers, le plat de lentilles, les melons et concombres d’Égypte, les cailles du désert, le miel de Philistie, la soupe à la courge, le pain et les poissons…
Grandes tablées, repas symboliques, aliments interdits ou délicieux, la Bible est riche en plats gourmands qui ne détonneraient pas sur une table d'aujourd'hui. De la table d’Abraham à la table du Royaume des cieux, en passant par celles de Joseph, intendant du Pharaon, de David, roi d’Israël, de Nabuchodonosor, de Xerxès ou d’Hérode, le Bible invite à toutes sortes de repas et de festins autour desquels se nouent des destins parfois heureux, parfois tragiques.Premier culte d’une série de trois qui proposent de donner l’eau à la bouche et faire découvrir, au travers des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, que la foi – ou son contraire – passe par l’estomac ! Ces trois cultes feront également place aux styles et aux formes diverses qui enrichissent la vie cultuelle. Un clin d’oeil aux différentes générations appelées à témoigner ensemble de la même passion gourmande qui les conduisent vers le Grand festin à venir: Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau.

Ce culte radio en vidéo sur Celebrer.ch prend place au cœur de la Journée spéciale d’Espace 2 « Manger baroque », en l’honneur de Jean-Sébastien Bach, qui propose de revivre le banquet offert à Bach il y a 300 ans. Un événement centré sur la reconstitution historique d’un banquet donné en l’honneur de Jean- Sébastien Bach en mai 1716 et qui se déroulera ce même dimanche, à 19h au Château de Chillon. Le banquet musical sera précédé d’un concert à 17h, diffusé en direct sur Espace 2.

L’événement célébré est l’inauguration des orgues de la Marktkirche de Halle, expertisée par J. S. Bach et ses deux collègues, Kuhnau et Rolle. Une fête qui s’est déroulée début mai 1716 avec un culte où l’on a entendu une cantate de G. Kirchhoff, cantor de Halle, aujourd’hui perdue et suivi d’un banquet.

Programme de la journée Espace 2 «Manger baroque» du 7 mai 2017
• 10h. Culte au Temple de Clarens
• Élaboration du menu dans les cuisines de Chillon
• 17h. Concert au Château de Chillon par l’Ensemble Arabesque et Thélème
• 19h Banquet de Bach au château de Chillon ponctué de trois interventions musicales de Thélème et Arabesque

La possibilité de visionner des cultes sur le Web en direct est une nouvelle proposition qui offre une plus-value aux cultes radio. Le coup d’envoi de ces cultes vidéo en streaming a eu lieu le 19 février dernier à la cathédrale de Lausanne, dans le cadre des 500 ans de la Réforme, avec Line Dépraz, pasteure et membre du Conseil synodal. Il est à retrouver sur le site Celebrer.ch

Le prochain culte radio en streaming à ne pas manquer aura lieu le 13 août 2017 à 10h depuis l’alpage de Solalex, à l’occasion de la mi-été.

Les vidéos de ces cultes sont disponibles en tout temps sur le site http://www.celebrer.ch/.

Détails

Avec la participation de
Jean-Daniel Crausaz et Marie-Lise Lilla
Orgue
Jean-Pierre Candaux
Musique
Salomé Cariage Horisberger, soliste et Suzanne Perrin-Goy, haubois.