Culte cantate

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Écouter le culte :

Je ne sais pas quelle semaine vous venez de traverser. Nous sommes tous dans des temps et des situations si différentes et nos semaines ne se ressemblent pas. Personnellement, j’ai vécu une semaine difficile et douloureuse, qui a rendu dès lors aussi difficile la réflexion sur ce texte biblique et sur cette cantate pétrie de joie, d’assurance et de foi ! Mais, en même temps, je me suis dis que c’est bien la réalité de la vie où tout se mêle et s'entremêle et c'est aussi le paradoxe de notre texte où c'est la tristesse, la douleur, les épines qui mènent aussi à la joie éprouvée.
Jean-Sébastien Bach était un homme croyant et c'est ainsi qu'il a traversé les épreuves de la vie, qu'il n'a pas eue particulièrement facile. Il s’est piqué effectivement aux épines des roses, s'y est déchiré parfois. Mais qu’est-ce qui a pu alors lui permettre de garder sa confiance en Dieu ?
Car cette Cantate dégage une impression de foi, de confiance absolue, dans son ensemble, comme dans les mots employés : « Mes demandes vont droit au cœur de Dieu. Ce qu'il a promis dans sa parole, juré sur son nom, il le tiendra certainement et l'accomplira. » Puis dans la deuxième partie de la Cantate que nous écouterons tout à l'heure : « L'aide de Dieu est sûr, nous devons lui faire confiance. Ce qu'il a promis doit arriver, car Dieu n'agit pas comme le monde qui promet beaucoup et tient peu. »

En écoutant et réécoutant cette Cantate, j'ai commencé pourtant à me demander si ce n'était pas trop, si Bach n'essayait pas de s'en persuader lui-même, une peu comme dans la méthode Coué, où l'on se répète les choses jusqu'à ce qu'on finisse par en être vraiment convaincu, mais je crois pourtant que fondamentalement cette cantate sonne juste. Nous devrions pouvoir vivre ainsi dans la foi malgré et avec les difficultés de l'existence.
Regardons encore ce que dit Jésus dans son discours d'adieu que nous rapporte l'évangéliste Jean : « Votre peine se changera en joie. Votre cœur se réjouira. Je vous le déclare, c'est la Vérité : le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. »
La peine se change en joie. Il y a un changement complet qui s'opère. Quelque chose de nouveau qui advient et qui ne dépend pas de nous, mais de la réalité de Pâques, de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. C'est un fait qui change fondamentalement le regard que nous pouvons poser sur le monde.

Non pas que ce dernier ait lui-même changé en apparence, mais parce qu'il est déjà habité de la réalité dernière. Le Christ ressuscité et notre union pleine et entière en lui. C'est à cette lumière que nous pouvons déchiffrer notre réalité d'aujourd'hui. Souvent empreinte de tristesse, elle est pourtant sous-tendue par la joie pascale et par le lien nouveau et indéfectible qui s'est établi, entre le Père, le Fils et nous-mêmes.
Entre les disciples de la période prépascale à ceux de la période postpascale à laquelle nous appartenons, il y a la croix et la résurrection, l'irruption de la vie, de la joie que nul ne peut ravir.
Un passage qui ne se fait pourtant pas automatiquement dans nos cœurs, mais qui est l'œuvre d'un travail, celui de l'Esprit en nous, d'un travail à l'image de la femme en couche qui tend vers la délivrance et reçoit avec le nouveau-né, une joie profonde, elle aussi nouvelle. Accouchement de notre vie nouvelle ne sera bien sûr pleinement réalisée pour nous qu'à l'avènement du Christ, mais elle est déjà pourtant réalité aujourd'hui. Pâques a eu lieu, il y a près de 2000 ans et tout est donc fondamentalement autre aujourd'hui.
Jean prend déjà en compte la réalité des gens auxquels il s'adresse, plus de 50 ans après l'événement de Pâques, lorsqu'il reprend ces paroles du Christ. Jean affronte ainsi l'écart entre les attentes fondées sur les promesses de salut et les expériences inchangées de la condition terrestre dans ce qu'elle a de décevant et d'intolérable, il les appelle à dépasser cette tristesse légitime pour accéder à un changement de regard, celui qui perçoit la réalité nouvelle de la vie en Christ.
Avec la Résurrection, une relation nouvelle est instaurée dans la prière, placée sous le signe de l'exaucement, signe qui relève pourtant malheureusement souvent également du domaine de la foi et de l'espérance, lorsque l'on attend sans les voir toujours venir des réponses à nos prières, des résultats tangibles.
Mais notre assurance de croyant n'est liée que partiellement à notre expérience et plus fondamentalement au mystère pascal. À ce qui est extérieur à nous-mêmes, à ce qui nous est donné, à ce qui est certain, même si cela ne peut être prouvé et restera ainsi du domaine de la foi.

« Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine et nous sommes les plus malheureux parmi les hommes », déclare l'apôtre Paul, car effectivement notre foi de chrétien est fondamentalement liée à l'événement de Pâques. Par cet évènement, nous entrons dans la relation de proximité du Père et du Fils et nous bénéficions de la confiance indéfectible que le Christ avait dans l'amour et l'attention de Père pendant son séjour sur terre.
Si le Christ n'est pas ressuscité, nous sommes effectivement dans l'aveuglement, dans l'autosuggestion, dans une parole vide.
Mais si le Christ est ressuscité, la parole de Dieu est vraie et pleine et entière ainsi que notre confiance en lui. Il est présent dans notre monde comme il nous l'a promis et une joie profonde transcende nos douleurs et nos découragements. Nous tâtonnons souvent dans la nuit, mais nous savons en qui nous croyons, nous savons que nous pouvons compter sur lui et attendre dans la confiance le jour qu'il a choisi.
Que la confiance que le Christ avait en son Père puisse effectivement devenir notre confiance, que nous puissions vivre en étroite proximité avec lui, dans la détresse et dans la joie.
Amen !

Détails

Avec la participation de
Lectures : Michaël Renk
Orgue
Simon Peguiron
Musique
Ensemble Vocal et instrumental de la Collégiale
12 chanteurs dont 2 solistes. 2 hautbois et 1 quatuor d'instruments à cordes.
Barbara Erni, alto
Raphaël Favre, ténor
Hernan Linares, violon