Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui

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Frères et Sœurs,
Vous savez qu’il y a des mots qui nous touchent.
Vous savez qu’il y a des mots qui nous font rêver. D’autres qui nous font pleurer.
Il y a des mots qui émeuvent, d’autres qui font souffrir.
Il y a des mots qui nous révoltent, des mots qui nous dégoûtent.
Il y a des mots qui sont fades, insipides et d’autres qui sont comme des rayons de soleil, comme des portes qui s’ouvrent vers le ciel.
Il y a des mots d’espérance, des mots de pardon, des mots de paix, mais il y a aussi des mots qui agressent, qui condamnent, des mots qui abaissent.

Des mots m’ont touché, il y a quelques semaines déjà et ces mots qui m’ont accompagné depuis sont ces mots que vous avez entendus tout à l’heure : « Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous ; si vous l’abandonnez, il vous abandonnera aussi. »
Oui… : « Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous ; si vous l’abandonnez, il vous abandonnera aussi. » Ce sont des mots qui éclairent ma vie, des mots qui me touchent, des mots qui me fascinent, des mots qui répondent à mes préoccupations et à ma quête de Dieu.
Une question, pourtant, me vient et ne me quitte pas : ai-je encore le temps, aujourd’hui, de chercher Dieu ? Ai-je encore le temps de prendre du temps pour chercher Dieu ? Cette question qui est la mienne ce matin est aussi la question de notre temps.
Dans le quotidien qui est le nôtre, avons-nous encore du temps pour Dieu ? Il y a le travail, il y a les enfants, il y a le ménage, il y a les courses et les repas à faire. Il y a les préoccupations qui reviennent sans cesse : les assurances à payer, les impôts à régler, le médecin, le dentiste et notre santé dont il faut bien s’occuper un peu. Il y a le téléphone portable à ne pas perdre de vue des fois qu’on penserait à nous et qu’on nous aurait envoyé un SMS ! Il y a les informations à la télévision à regarder si on ne veut pas se déconnecter totalement du monde. Il y a le journal régional à parcourir d’un œil quelque peu absent, l’autre s’occupant ailleurs comme il le peut. Il y a la lessive et la vaisselle qu’on ne peut pas laisser tomber et l’aspirateur à passer dès fois qu’on viendrait sonner à la porte.
Il y a les plantes à arroser, le petit dernier à langer. Il y a les mille et une sollicitations de tous les jours qui font, qu’en fait, on n’a plus vraiment le temps de se tourner vers Dieu, d’autant plus qu’il ne faut pas oublier ses heures de sommeil !
Mais il est juste de dire aussi que ce n’est pas facile de se tourner vers Dieu. Il y a tant de bruit autour de nous qu’il est bien difficile de se trouver un coin de silence. bien difficile aussi de se trouver un coin de silence à l’intérieur de soi-même. Ce sont étonnamment les personnes à la retraite qui mettent le doigt sur la question. On les entend souvent nous dire : avant j’avais pas vraiment le temps mais maintenant que je suis à la retraite, je n’ai vraiment plus de temps.

Terrible réalité qui est la nôtre ! On court toujours après le temps qui passe, le temps à venir en se disant peut-être ou parfois qu’on aura bien le temps plus tard ! Je me souviens de la remarque de cet homme qui venait d’un pays où on a encore le temps. Arrivé à l’aéroport où il est attendu, son hôte lui dit : « dépêchons-nous ! Si on arrive à prendre le bus on aura gagné 10 minutes ! » Cette remarque dite, l’homme qui vient d’ailleurs demande alors : « Et nous allons faire quoi de ces 10 minutes ? »
Notre temps est compté et même si on a partagé les années en 365 jours, les mois à 30 ou 31 jours, les jours à 24 heures, notre temps est minuté.
La question subsiste, elle demeure, elle s’installe en nous : avons-nous encore un peu de temps pour Dieu ? J’ai bien peur que non. Reviennent pourtant ces mots qui me touchent et me font réfléchir : « Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous ; si vous l’abandonnez, il vous abandonnera aussi. »
Qui, aujourd’hui, cherche Dieu ? On court plutôt à la recherche du bonheur, à la recherche du bien-être, on est à la recherche de la vie, mais une vie sans Dieu est fade et insipide. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, quand la maladie nous touche, quand les souffrances surviennent, quand les échecs nous font basculer et quand la mort vient frapper à la porte, on s’insurge contre Dieu ! On s’insurge et on se révolte contre Dieu avec des questions qui reviennent et qui sont toujours les mêmes pour tout le monde ! Ce sont les questions qui touchent à l’absence de Dieu. On ne se pose jamais la question de savoir si Dieu est avec nous, on ne se pose jamais la question de savoir si nous avons cherché Dieu, s’il fait partie de notre vie !

« Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous ; si vous l’abandonnez, il vous abandonnera aussi. » Ces mots résonnent en moi comme une menace mais bien plus encore comme une formidable espérance.
Si j’essayais de les dire aujourd’hui, avec mes mots à moi, je dirais : Ne t’étonne pas que Dieu soit absent de ta vie, ne t’étonne pas qu’il ne soit pas proche de toi dans les moments les plus difficiles de ta vie puisque tu ne l’as pas cherché. Mais, sache-le, si tu cherches Dieu, il se laissera trouver. Tu le trouveras et il sera avec toi dans tes joies et tes peines.
Plutôt que de s’arrêter à la « menace » que je mets entre « guillemets », je voudrais que nous nous attachions à l’assurance de la présence de Dieu cherché et trouvé. Quels moments magnifiques de se tourner vers Dieu, quels moments magnifiques de commencer ses journées et se tournant vers Dieu, quels moments de sérénité quand en finissant sa journée on se tourne une dernière fois vers Dieu avant de trouver le sommeil.
Quels moments fantastiques de pouvoir tout au long de la journée faire un clin d’œil à Dieu, lui faire part de ses soucis, lui demander un petit coup de main ou un coup de pouce, plus simplement, lui demander d’être là où je suis, non pas pour que tout roule bien comme je le veux, mais pour lui demander de conduire mes mots à moi, ma « présence » à moi. Être là pour pallier mes faiblesses à moi, mon incompétence à moi, mes peurs à moi ! Pas pour moi, mais pour qu’un peu de son soleil à lui se retrouve dans mon travail, mes rencontres, mes peines et mes joies.
Prendre le temps, c’est de cela qu’il s’agit. Prendre du temps pour Dieu, savoir s’arrêter, se retrouver en soi, à l’intérieur de soi et laisser Dieu que je cherche me parler et se dire.
« Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous ; si vous l’abandonnez, il vous abandonnera aussi. » Si vous comprenez bien ces quelques mots, vous comprendrez aussi pourquoi Dieu s’est choisi un fils, le Christ. Un fils qui est venu parmi nous pour nous parler et dire Dieu, son Père avec des mots à nous.
Ne laissons pas les mots s’oublier entre les pages de la vie qui passe, laissons-les s’envoler vers nous, laissons-les prendre forme, prendre vie en nous. Ce sont des mots qui font vivre, des mots qui nous conduisent vers nos lendemains ; il suffirait qu’on prenne le temps de leur donner vie en nous et à travers nous. Il ne servirait à rien que nous ayons baptisé Sébastien tout à l’heure, si nous ne croyons par fermement que Dieu, déjà, l’a trouvé !

Amen !