La table du partage: l'amour

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Écouter le culte :

Si le Seigneur s’invite chez Abraham et Sarah, Jésus, lui, s’invite chez le chef des Pharisiens. Une des autorités morales, voire politique de la société d’alors…
Les pharisiens, littéralement les "séparés", soit ceux qui pour des questions de fidélité à la Loi de Moïse ne font pas de compromis, étaient donc assez intolérants et étroits d'idées.
Inutile de dire que les discours de Jésus, sa réinterprétation de la loi, ses guérisons le jour du sabbat ne plaisent pas aux pharisiens.

Or, Jésus va manger chez ceux qui ne l'apprécient pas, voire qui le détestent... C'est courageux de sa part ! Ou alors... c'est de la provocation ! Quand on n'apprécie pas quelqu'un, on ne va surtout pas manger chez lui. On l'évite. Et s'il nous invite, on trouve alors toutes sortes d'excuses pour refuser.
Jésus ne fuit pas, n'évite pas. Il y va... et ça suscite la surprise.
Alors il est observé. Un peu comme si un syndicaliste popiste débarquait à une table de patrons libéraux. Qu'est-ce qu'il vient "fiche" ici, celui-là !

L'accueil n'est pas des plus aimables. Mais pourquoi Jésus fait-il cela ?
Peut-être bien parce qu'il les aime, ces "ennemis". Et que si lui ne va pas chez eux autour de leur table... eux ne viendront pas d'eux-mêmes autour de la sienne.
Aimer, c'est prendre l'initiative de rejoindre l'autre... cet autre qui nous rejette.

Ce qui nous retient de faire le pas, c'est que nous nous imaginons que certaines personnes sont trop dures, trop remontées, trop bêtes, trop rigides, trop fermées, trop ceci, trop cela pour comprendre !
Mais le problème peut être surmonté si nous avons résolu celui qui est à l'origine de notre retenue, soit notre manque d'amour.

Jésus est dans une démarche animée par l'amour. Et parce qu'il est arrivé par l'amour, il ne juge pas, il espère l'ouverture, il ose.
Mais avant, à son tour, il observe. Et il voit qu'entre eux, malgré leur amitié, leur connivence, c'est la bagarre pour les premières places, c'est la lutte pour être le plus près de celui, de ceux qui sont les plus importants, les plus intéressants, les plus influents. D'être ainsi remarqué, entendu par le Maître.

Qu'importe les autres. Qu'importe qu'ils soient laissés pour compte. Pourvu que moi, je sois reconnu, remarqué, honoré, félicité !
L'amour du Moi dans toute sa splendeur qui me donne l'illusion d'être quelqu'un : quelqu'un certes avec un EGO pleinement épanoui, qui se prend au sérieux…

"Je connais une planète, dit le Petit Prince de St-Exupéry, où il y a un Monsieur Cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur, il n'a jamais regardé une étoile, il n'a jamais aimé personne, il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète : je suis un homme sérieux, je suis un homme sérieux et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon !"

Ah, le Petit Prince qui n'en finit pas d'être étonnant : un champignon... un parasite (en d'autres mots) et calculateur de surcroît.

Alors Jésus déparasite. Jésus, sans calculer, clame haut et fort : « Ne va pas t'installer à la première place ! Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. »

Jésus se mettrait-il à leur faire la morale, du style : "Cède ta place à une personne âgée", ou alors comme ma mère me disait : "Ne te vante pas, ne te mets pas en avant." Savoir rester à sa place, sans faire de vague, c'est bien nous les Vaudois.

Non ! Même si ça paraît être un discours de bonne conduite en société, Jésus, au contraire, veut aller au fond des choses : c'est du Royaume de Dieu qu'il veut parler, où les relations sont aux antipodes de ce monde.

Ces pharisiens, ces gens bien, religieux, pieux, cultivés n'ont finalement pas un comportement différent des autres (alors qu'ils tiennent précisément à être séparés, autres...). Ils s'imaginent meilleurs mais ne pensent qu'à eux-mêmes, qu'à leur place... leur place irremplaçable ! S'imaginer qu'on est irremplaçable, c'est encore de l'Ego.

Il ne faut pas que nous soyons ceux dont on a toujours besoin, mais ceux qui ont aussi quelquefois besoin des autres !
Reprendre ainsi conscience de nos limites. Et la vie souvent nous donne par certaines épreuves l'opportunité de redescendre, de diminuer, de décroître.

C'est tout le défi de vieillir, de vivre la décroissance comme une occasion de mettre en Dieu une confiance plus totale.

Et alors... j'entends Dieu dire à tous ces amis visités en EMS dont certains, alités, n'ont plus d'autres ressources que de se fier à lui.. J'entends Dieu leur dire :

MON AMI, AVANCE PLUS HAUT !

Néanmoins, Jésus ne dit pas "Quiconque baisse... sera élevé. Mais « Quiconque s’abaisse sera élevé ! »

Il y a une démarche volontaire à faire. C'est celle du seigneur Abraham qui s'est fait serviteur, comme l'a relevé très justement Amélie tout à l'heure.

Jésus aussi, lui le Seigneur, s'est fait serviteur, "diaconos" en grec. C'est là le renversement des valeurs du Royaume de Dieu, du type de société que Dieu promeut.

Alors...

Mon fils, tu veux devenir ingénieur, chef d'entreprise, patron, ok fais-le...
Mais fais-le dans une mentalité de serviteur, d'être au service du plus petit de tes employés, d'être au service des femmes de ménage, de l'entreprise avant de l'être pour les actionnaires de la boîte.

Dieu, patron de l'univers, s'est fait serviteur en Jésus-Christ et il n'est pas venu pour les grands actionnaires du religieux de son temps... Il est venu pour être au service des petits... Celui qui s'abaisse... Et Jésus est celui qui s'abaisse jusque sur la croix... aux côtés des brigands et qui sera élevé à la droite de Dieu.

Allez donc, et faites de même. Allez à votre tour, inviter ceux que Dieu invite en premier... Ceux qui pauvres en eux-mêmes (heureux soient-ils) n'ont rien à offrir en retour. A votre tour, invitez, aimez comme votre maître !

« N'invitez pas vos amis, vos parents, vos frères et sœurs… »

Holà Seigneur !
Un jour de fête des mères. Elle est un peu raide celle-là !
L'intention de Jésus n'est pas de nous entraîner vers un mépris des relations familiales, amicales, fraternelles, non ! Mais... invite aussi, avec le même élan, le même amour comme s'ils étaient de ta famille, ceux qui justement sont incapables d'espérer même d'être intégrés dans une famille !

Invite, cher Pharisien de mon cœur, ceux que tu rejettes comme impur, les lépreux, les prostituées, les péagers, les handicapés, car contrairement à ce que tu crois, Dieu les reçoit en raison de sa loi d'amour qui annule toutes les dettes, qui reçoit celui qui n'a rien à donner pour se faire valoir...

La seule monnaie qui prévaut dans son Royaume est celle de l'Amour. Et l'amour véritable commence là où il n'attend plus rien en retour.

Considérez donc l'étranger, le voisin revêche ou solitaire, le Rom de passage, le poivrot notoire que tout le monde fuit, l'original, marginal bizarre du quartier, que sais-je...

Les considérer comme des amis, des frères et des sœurs alors qu'ils n'ont officiellement ni le titre, ni le sang, ni le rang social, etc. Si ce n'est qu'ils sont au même titre que vous, fils et fille du Créateur !

C'est bien joli tout ça... mais qu'est-ce que ça va vous rapporter ?
Rien! Mais absolument rien. Aucun retour sur investissement. Si ce n'est du bonheur !

Heureux seras-tu parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour.

Amen.

Série de trois cultes qui proposent de donner l’eau à la bouche et faire découvrir, au travers des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, que la foi – ou son contraire – passe par l’estomac ! Ces trois cultes feront également place aux styles et aux formes diverses qui enrichissent la vie cultuelle. Un clin d’oeil aux différentes générations appelées à témoigner ensemble de la même passion gourmande qui les conduisent vers le Grand festin à venir: Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau.
Ce deuxième culte offre un prolongement du thème de la Table. Après avoir parlé de la fête comme expression de la foi, ce deuxième culte propose de réfléchir à la place que donnée lorsque nous sommes à table. Celui qui prépare, celui qui sert, celui qui offre tout pour que le repas de fête soit un témoignage d’amour.

Détails

Avec la participation de
Pierrette Fardel, Olivier Bory, François Rusillon, Dominique Wuest et les catéchumènes
Orgue
Musique
Stéphane Luthi, synthé, Renato De Sousa, batterie, Sébastien Cap, guitare électrique, Pedro Gomes, guitare basse, Viviane Luthi, soprano, Sonja Bory, alto, Silvain Richard, ténor, Aurelie Wright, soliste, guitare sèche.