
Écouter le culte :
Le thème abordé lors de ces 3 cultes radiodiffusés est : quelle est la plus-value apportée par la foi chrétienne ?
- Le 22 juin, l’accent a porté sur la plus-value de la foi chrétienne dans notre vie d’adulte
- Le 29 juin la plus-value de la foi chrétienne dans notre vie de maman et de famille
- Ce matin je vous invite à explorer la plus-value de la foi chrétienne pour notre société ?
Reconnaissons-le tout d’abord : ce thème ne va pas de soi tant les Eglises ont plutôt mauvaise réputation. Lorsque les médias en parlent, c’est la plupart du temps pour dénoncer des comportements abusifs (sexuel / spirituel / abus de pouvoir) ou pour présenter avec de nombreux graphiques la chute inexorable des adhérents à la foi chrétienne, de la fréquentation des églises et de ses finances. Par contre si une église marche bien, elle sera vite soupçonnée d’être sectaire. Par contre, sauf dans les émissions religieuses, on n’y trouve généralement pas traces de toutes ces personnes qui disent se sentir soutenues et accompagnées dans le cadre de l’église, de toutes ces belles fêtes de baptême ou de mariage, de tous ces services funèbres apaisant, de tous ces gens qui reçoivent des réponses à leurs questions, qui trouvent la sérénité auprès de Dieu et un sens à leur vie. Alors que le mouvement de la société va dans le sens de voir l’Eglise comme une institution en perte de vitesse, comme un reliquat du passé, mon expérience pastorale, mais je devrai plutôt dire notre expérience communautaire, c’est le contraire ! Au cours de ces derniers mois, nous avons vu de nombreuses enfants, adolescents, adultes jeunes et expérimentés ainsi que des aînés découvrir à quel point la foi chrétienne a su remplir leurs attentes les plus essentielles et à quel point l’église s’est révélée être une communauté enthousiasmante. Ce qui les a transformés, ce n’est pas un discours sur Dieu, ou une sorte d’auto-persuasion qui n’ose pas dire son nom. Ce qu’ils ont vécu, c’est une rencontre du troisième type : après eux-mêmes et les autres, ils ont rencontré Dieu. Ils ont découvert qu’ils pouvaient vivre une relation dynamique et pleine de découvertes avec Dieu.
Quelle est la plus-value de la foi chrétienne pour notre société ? Nous avons entendu tout à l’heure ce qu’en disent les catéchumènes. Or cette question n’est pas nouvelle. La Bible nous laisse découvrir la réponse que les premiers chrétiens y apportaient, il y a près de 2000 ans.
La lettre aux Hébreux met l’accent sur la transformation intérieure qui s’opère lorsque nous nous approchons de Dieu. Ce changement intérieur, c’est ce qui permet toute la suite. Il est question de cœur purifié, de corps lavé et d’espérance restaurée. Transposés en langage d’aujourd’hui, cela donnerait : nous nous sentons apaisé·es, libéré·es, délivré·es. Spontanément et naturellement, cette transformation intérieure va changer aussi notre relation avec les autres. Par exemple lorsque Dieu prend soin de moi, cela me donne envie à mon tour de prendre soin des autres. Lorsqu’il remplit ce réservoir d’amour qui se trouve en moi, à mon tour je vais aimer mon prochain et même mon lointain. Ce changement intérieur créée un sentiment de communauté. Cela nous encourage et nous motive, car s’installe entre nous une sorte de réciprocité. Parfois nous sommes les bénéficiaires et d’autres fois les acteurs de cette bienveillance qui est la marque des relations dans la communauté chrétienne. Lorsque j’observe les chrétiens, je suis souvent admiratif. C’est fou le nombre de gens sympas, généreux, accueillants, doués et humbles que l’on trouve dans nos églises. Ce sont en général de belles communauté avec de belles personnes. C’est de vous que je parle à l’instant !
Le texte des Actes présente avec précision comment l’intimité avec Dieu transforme les relations entre les membres de l’église : il est question de partager ses repas et prier ensemble, de se soutenir les uns les autres avec solidarité et de voir comment Dieu change les vies. Une telle église est inévitablement attirante et a tendance à grandir par l’ajout de ceux qui sont sauvés, comme le dit le texte des Actes. Ce passage se termine sur un constat intéressant : les chrétiens étaient estimés par tout le monde. Et oui, l’église des premiers temps n’était pas un club refermé sur lui-même, mais un témoin de l’amour de Dieu pour tous. En d’autres termes, elle apportait une plus-value à leur société.
Voici ce que je pense être la mission de nos églises aujourd’hui encore : être estimées par tout le monde pour la qualité de ce que nous y offrons grâce à la transformation spirituelle de ses membres. Cela rejoint la vision que notre paroisse s’est donnée il y a quelques années : “Osons Dieu pour des vies transformées”. Et j’avertis tous ceux qui veulent restreindre les églises à n’être qu’un club discret dans un bâtiment excentré : ils se heurteront à la volonté des chrétiens de, au contraire, rayonner dans toute la société.
En partant du témoignage des jeunes entendus tout à l’heure, je vois 5 objectifs que nos églises devraient suivre afin d’être en mesure d’apporter une espérance solide à notre société :
- Un objectif social : comme les jeunes en ont parlé, il s’agit de créer des groupes accueillants, bienveillants, motivants, solidaires et dynamiques. Aider chacun·e à y prendre sa place sans dominer ni se fondre dans la masse. Favoriser l’expression de soi sans masque et avec authenticité. Développer des valeurs communes et les expérimenter ensemble. Les gens apprécient les groupes dans lesquels ils peuvent se dire : j’aime être ici car je m’y sens bien, en sécurité, valorisé. Si l’église ne fait rien que cela, c’est déjà bien. Et pourtant l’église est appelée à bien plus qu’à simplement poursuivre cet objectif social.
- Un objectif de développement personnel : il s’agit de proposer à tous ceux qui la fréquentent des occasions de grandir dans leur personne et dans leurs compétences (relationnelles, sociales, spirituelles…). Se poser des questions et se confronter aux réponses des autres. Inviter à l’excellence afin que chaque personne puisse devenir la meilleure version d’elle-même. Ajoutons encore la nécessité d’intégrer le droit au tâtonnement et à l’erreur. Les gens aiment développer de nouvelles compétences et les mettre au profit des autres. Si l’église offre cela, c’est génial. Mais l’église est appelée à offrir bien plus qu’un objectif social et un objectif de développement personnel.
- Un objectif de culture générale : il s’agit de présenter l’essentielle de la foi chrétienne de manière attractive et interactive. A partir de cette connaissance il est ensuite possible de montrer les nombreux liens qui relient notre culture avec ses fondements chrétiens. Pour prendre deux exemples : la Croix-Rouge est née de la compassion d’un homme d’affaire chrétien, Henry Dunant, sur le champ de bataille de Solferino. Ou encore le principe d’égalité entre les humains sans distinction de sexe ou de nationalité vient également de la Bible (Gal3.25). Il reste encore à déterminer les ponts entre vie chrétienne et société pour discerner ce qui peut recevoir notre adhésion et ce qui appelle notre résistance au nom de l’évangile. Relier pour donner du sens, c’est bien le propre de la religion. Si l’église participe ainsi à la cohésion de la société, c’est fantastique. Cependant l’église est appelée à plus qu’à des objectifs sociaux, de développement personnel et d’information sur la foi.
- Un objectif spirituel : si seul Dieu peut donner la foi, nous pouvons de notre côté préparer le terreau pour que cette semence puisse arriver dans une terre fertile et grandir. Il s’agit de proposer la foi comme une expérience inattendue de la rencontre de Dieu. Nous l’avons entendu avec les jeunes : lorsqu’ils expérimentent sa présence tout change. Ils prennent plaisir à prier, à découvrir la Bible, à se poser de grandes questions sur leur vie, à s’ouvrir à la présence du St-Esprit et à expérimenter la vie communautaire. Mettre sa confiance en Dieu donne une force particulière pour avancer dans la vie. Si l’église ne s’y attelle pas, qui le fera ? Mais si l’église parvient à transmettre la foi à toutes les générations, c’est extraordinaire et puissamment transformateur pour la société. Et pourtant l’église est appelée à encore plus que de transmettre l’expérience de la foi de manière personnelle et communautaire.
- Un objectif de l’intégration dans la communauté ecclésiale : il s’agit de proposer l’église comme lieu d’apprentissage pour sa vie et son engagement. Encourager les chrétiens à écouter l’appel de Dieu sur leur vie, à découvrir leurs dons et à les aider à les développer pour les mettre au service de la communauté, ecclésiale d’abord, et de toute la société ensuite. Lorsque les chrétiens prennent leur place dans une église intergénérationnelle et multiculturelle, il se passe une révolution culturelle. Les barrières sociales s’estompent au point qu’ils se considèrent comme des frères et des sœurs et qu’ils exercent la solidarité au près comme au loin. Cela leur donne envie de s’engager pour le bien des autres, ce qui convenez-en, est le bienvenu dans le contexte de tensions sociales qui traversent notre monde. Si l’église met cela en pratique, c’est prodigieux. Elle joue alors son rôle prophétique d’être une lumière pour toute la société et c’est bien le chemin que nous indique la Bible. Des églises fortes avec des chrétiens accomplis, c’est un cadeau pour toute la société, car des églises fortes sont un réservoir de personnes avec une certaine maturité personnelle, avec des valeurs positives, un esprit de service et le désir de contribuer activement à la prospérité de tous dans la société. Les chrétiens sont des gens sur lesquels la société peut s’appuyer pour mettre de l’huile dans ses rouages.
Certains penseront que j’ai une vision bien trop positive des chrétiens ou encore que l’église n’a pas le monopole de ces cinq objectifs. Bien sûr les églises ont aussi leurs casseroles et les chrétiens ne se sont pas toujours mis à leur avantage. Que celui qui n’a jamais péché nous jette la première pierre. Moi aussi j’ai souffert de certaines personnes dans les églises. Mais j’ai appris à ne pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. J’ai constaté que ces chrétiens indignes étaient souvent ceux qui avaient résisté à ce que l’évangile change leur vision du monde ou leur caractère. Ce que notre société s’empêche d’imaginer, c’est à quelle point la rencontre personnelle avec Jésus-Christ est incroyablement transformatrice. Elle permet à ces personnes de vivre une vie moins désordonnée et plus équilibrée, moins égocentrique et plus orientée sur le bien commun.
Je conclurai avec le v. 24 : Prenons soin les uns des autres pour nous inciter à mieux aimer et à faire des actions bonnes. Que la Bible nous inspire à mettre cela en pratique et que Dieu vous bénisse ! Amen.