La foi, une plus-value pour nos familles

Temple de Saint-Blaise (©Alexandra Urfer Jungen)

Écouter le culte :

Nous venons d’entendre un texte biblique habituellement lu pendant le temps de l’Avent, pour annoncer la venue du Sauveur. Mais sous un autre angle, il met également bien en relief, le thème choisi pour aujourd’hui, la foi comme une plus-value dans nos familles.

Ce texte est comme une fresque, avec plusieurs personnages qui entourent l’enfant, un peu comme dans nos foyers : les parents Marie et Joseph, un peu dépassés par moments (comme nous), Siméon un senior, qui peut représenter la génération des ainés et qui a une place particulière dans nos familles. Et l’enfant. Une fresque avec aussi plusieurs mouvements, de nombreuses allées et venues, avec la perte de l’enfant au milieu de tout cela. Il y en a des émotions dans ce passage ! Et il y en a des émotions dans nos familles ! On le sait bien, la vie de la famille n’est pas un long fleuve tranquille. D’où la question : vivre la foi en famille est-ce encore possible de nos jours ? Ou est-ce une illusion, un combat perdu d’avance ? Car on le voit bien, même pour les parents de Jésus, cela n’a pas été de tout repos. Quand nous zoomons sur ce texte biblique, plusieurs attitudes, peuvent nous inspirer pour oser vivre la foi en famille.

A travers l’attitude de Siméon particulièrement : Les parents amènent l’enfant au temple et Siméon le reçoit dans ses bras et bénit Dieu. Quel geste tendre : ce bébé dans les bras âgés de Siméon. C’est l’histoire d’une solidarité intergénérationnelle si importante aujourd’hui !

Ce geste, ce lâcher prise à 2 dimensions : un appel à apporter mais aussi à se laisser porter. 

Double mouvement : apporter à Jésus nos fardeaux familiaux, confier à Dieu ce qui nous pèse en nous est lourd. Et parallèlement oser être comme cet enfant Christ, se laisser porter. Ce texte rare sur l’enfance de Jésus est très étonnant : ce Christ bébé, si vulnérable, si fragile, qui a une mission si importante sur Terre, le Sauveur du monde nous donne une première image de lui, si inattendue ! Il se laisse porter. Si Jésus s’est laissé porter, ô combien nous le pouvons aussi !

Parfois, nos responsabilités, la peur pour ceux que nous portons dans nos cœurs, nous saisit tellement que nous oublions cette première invitation de Jésus : se laisser porter, pour pleinement vivre notre mission, se laisser porter avant d’être porteur. Nous autoriser à être comme des enfants, des nouveau-nés, dans les bras de Dieu, accueillir Sa tendresse - y goûter.

Il me semble que, face aux responsabilités familiales qui peuvent être épuisantes, bon nombre de mamans/papas/ou grands-parents ont besoin d’entendre ce premier appel originel.

Luc 2,34 : « Cet enfant causera la chute ou le relèvement de beaucoup. Il sera un signe qui provoquera la contradiction. Il mettra en pleine lumière les pensées cachées dans le cœur de beaucoup ». 

Le texte parle ici évidemment de Jésus le Sauveur. Mais, nous pouvons dire que la venue des enfants, d'une manière générale, peut apporter une certaine contradiction et mettre en lumière également nos limites cachées ? 

Et nos foyers sont ces lieux où nous expérimentons à un moment ou un autre, la contradiction : l’incompréhension, le décalage entre la famille rêvée et la réalité, entre ce que Dieu nous a promis et l’état parfois de nos familles. La contradiction ne doit pas nous décourager. Nous sommes invités à accueillir Jésus, à le rechercher, au milieu de la contradiction. Siméon était très avancé en âge, mais il n’avait pas perdu espoir. Il nous encourage à résister au milieu de la contradiction.

 

Il y a quelques temps, j’ai visité le musée du Désert. Ce musée du protestantisme français, relate l’histoire de Marie Durand : prisonnière pendant 38 ans aurait gravé, sur la tour de constance, le fameux REGISTER, « résister » en français, pour encourager ses pairs à ne pas abandonner le combat. 

Aujourd’hui, on se donne beaucoup de peines pour les enfants : les parents, grands-parents, amis sont très investis sur le plan professionnel, scolaire, sportif, développement personnel. Et c’est merveilleux, mais sur le plan spirituel, où en sommes-nous ? J’ose cette question : résistons-nous à la tendance de mettre cet aspect de côté ou avons-nous démissionné ?

Deutéronome 6, v. 6-7 : « Tu transmettras la foi à tes enfants et tu en parleras chez toi dans ta maison, et quand tu seras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras ». Nous sommes appelés à témoigner de notre foi, d'une manière respectueuse mais aussi courageuse. Mais parfois nous sommes comme le prophète Jonas, nous préférons ne pas entendre l’appel, « ah non surtout pas Ninive ! pas ce lieu-là ! pas ma famille ! Tout mais pas là ». La famille a besoin d’être à nouveau un lieu de transmission, de partage, un lieu où la foi n’est pas une affaire privée.

« La spiritualité est comme un oiseau, si vous le tenez trop serré, il étouffe, si vous ne le serrez pas assez, il s’envole. »

Cela souligne le juste équilibre à trouver pour la transmission : entre la délicatesse, ne pas imposer/forcer de peur de trop serrer et étouffer mais néanmoins oser une direction, oser donner envie, oser l’intentionnalité pour transmettre la foi.

Comment être intentionnels ? Quelques exemples : 

A l’éveil à la foi, cette offre d’église pour les plus petits, je suis heureuse de voir des parrains /tatas /grands-parents qui accompagnent l’enfant, permettant que la chaine de transmission ne soit pas coupée. Parfois les parents ne peuvent pas, mais heureusement d’autres prennent le relai. Comme le dit la sagesse populaire : il faut tout un village pour élever un enfant et soutenir des parents. 

Il y a un appel pour certain-es d’entre nous, à être un peu comme Siméon, à jouer un rôle dans la chaine de transmission. A occuper, avec amour et lucidité, cette place parfois manquante dans les foyers. 

Luc 2, 43 : « Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. » : aucun parent n’est parfait, même pas les parents de Jésus ! 

J’admire la confiance de Marie et Joseph. Une part chez nos enfants nous échappera toujours. Mais faisons confiance que la Grâce divine interviendra dans cette part qui nous échappe. Comme a pu le dire et le vivre Sophie, à travers la situation de son fils : on a un Dieu de l’inattendu, qui fait des miracles ! Un Dieu qui peut agir là où nous ne le pouvons pas, quand nous sommes face à nos limites humaines.

Pour terminer, au verset 49 Jésus répondit à ses parents : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » La foi amène nos enfants plus loin. Leur donne des racines dans leur être profond, les relie à Quelqu’un de plus grand que nous. Le poète Khalil Gibran le dit si bien “Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas ». 

C’est la conclusion de ce chœur parlé tout à l’heure : « Je te l’ai confiée, mais elle est À MOI. » 

Vous êtes les arcs qui propulsent vos enfants comme de vivantes flèches. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Laissez-vous tendre joyeusement dans les mains de l’Archer ; Car Il aime autant la flèche qui vole, que l’arc qui demeure stable.” Nous sommes les arcs et ils sont les flèches. Il y a un archer habile qui veille sur eux. 

Alors, comme Siméon, restons, nous aussi dans la paix et la confiance que Dieu réalisera aussi ses promesses, pas seulement pour les nations, pour les peuples au loin mais aussi pour ceux qui sont proches, pour nos familles. Il est un Dieu étonnant, qui fait des merveilles de génération en génération. Amen

Est-ce que vivre la foi en famille est encore possible de nos jours? Est-ce une illusion, un combat perdu d’avance? Laissons-nous nous inspirer par les personnages qui traversent le texte biblique de la présentation de Jésus au temple. Ils font résonner un appel à résister, ne pas se décourager, à se laisser porter et oser à nouveau la transmission dans nos familles. Il faut en effet tout un village pour élever un enfant ou transmettre le trésor de la foi. 

Détails

Avec la participation de
Christine Brunner pour les lectures, un choeur parlé avec Rebecca Chautems (auteure), Nicolas et Florence Droz, et un témoignage de Sophie Rossel  
Orgue
Christophe Haugg
Musique
Christophe Haugg au piano, Nicolas Droz à la guitare, Ciara Dubail à la flûte traversière, Pierre-Alain Heubi à la trompette, et chants des enfants de la paroisse, sous la direction de Fanny N'Dondo.