De l'événement de la Pentecôte à nos pentecôtes.

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Écouter le culte :

Trois textes bibliques qui viennent à nous en ce dimanche de Pentecôte : l'un tiré des Actes des Apôtres, un autre de l'épître de Paul aux Romains et un troisième issu de l'évangile de Jean.

Chacun des trois auteurs écrit au sujet de la relation au Saint-Esprit : l'apôtre Paul rappelle à ses destinataires la promesse de la relation. L'évangéliste Jean traite du contenu de la relation. Quant à l'évangéliste Luc, il écrit sur le vécu de cette relation au Saint-Esprit.

Pour méditer sur ce don du Saint-Esprit, sur le type de relation qu'il nous offre et sur le vécu à expérimenter, je nous propose de prendre ces textes l'un après l'autre.

Commençons par celui de Paul. Lorsqu'il s'adresse aux chrétiens de Rome, Paul parle du Saint-Esprit comme étant l'Esprit du Christ. Avec la venue du Christ s'est accomplie une promesse faite par Dieu avant l'envoi de son Fils dans le monde. Désormais, l'Esprit-Saint habitera dans le cœur du croyant.

Souvenons-nous. Avant l'Alliance nouvelle, celle de l'Incarnation et de la Pentecôte, Dieu habitait au milieu de son peuple, nous disent les textes. Il était avec lui.

Dans le judaïsme intertestamentaire, on exprimait ce lien entre présence et transcendance avec le terme « shekinah », un mot araméen dérivé du verbe « sakan », qui veut dire habiter.

Les croyants exprimaient donc ainsi l'habitation d'un Dieu qui demeurait absolument transcendant au lieu où Il résidait. C'était Dieu lui-même manifestant qu’Il est là, auprès de ceux qui l'invoquent. Avec la venue du Christ, avec sa prière au Père pour qu'il nous donne l'Esprit de Vérité, le thème de l'habitation se densifie. Ce qui domine désormais, c'est l'idée de stabilité, de relation définitive d'alliance et de communion. Celui ou celle qui met ses pas dans ceux du Christ, devient un temple dans lequel Dieu habite, un temple où lui est rendu un culte spirituel.

Sur le contenu de ce culte en Esprit, poursuivons notre méditation en écoutant les paroles du Christ rapportées par l'évangéliste Jean : « A ceux et à celles qui adhéreront à l'esprit du Christ, à ceux & à celles qui apprendront à vivre de l'Esprit du Christ, par lui et en lui, il leur sera donné de le connaître de manière permanente. »

A ce stade de notre méditation, une question peut surgir. Pourquoi, peu avant sa mort, Jésus a-t-il dit à ses disciples : « Il vaut mieux pour vous que je parte car si je ne pars pas, l'Esprit Saint ne viendra pas à vous, mais si je pars je vous l'enverrai » ?

L'une des raisons possibles à ces paroles du Christ serait pour que ses compagnons ne s'accrochent pas à sa personnalité. Tant que Jésus est visible dans la forme humaine, il est à côté des êtres humains. Il ne peut donc être en eux. Il est nécessaire qu'il parte,
il est nécessaire qu'il s'arrache à leur affection pour qu'ils puissent connaître le bonheur de sa présence en eux. Tant que le Christ remplissait sa mission terrestre au milieu des humains, les croyants n'étaient reliés à l'Esprit que par lui.

Par la présence désormais permanente de l'Esprit-Saint, Dieu rappelle aux êtres humains son projet d'habiter le cœur humain et pas seulement d'habiter au milieu des croyants.

Croire en la parole du Christ, c'est laisser l'Esprit nous rappeler avec certitude que nous ne sommes plus jamais isolés, isolés au milieu de nos difficultés.

Garder la parole du Christ, c'est laisser l'Esprit nous rappeler avec certitude que nous ne sommes plus jamais livrés à notre seule sagesse, au milieu de nos quêtes de sens.

Tout humain ayant désormais accès au bonheur de se savoir habité par l'Esprit du Dieu vivant, au bonheur de ne plus jamais se vivre en orphelin.

Continuons notre méditation en écoutant ce que l'évangéliste Luc dit du vécu de cette relation à l'Esprit-Saint : lors de l'événement de la Pentecôte, l'Esprit-Saint se répand sur toute chaire.

Depuis toujours Dieu œuvre silencieusement dans la Création. Mais le récit de la Pentecôte va avoir un retentissement très profond chez celles et ceux qui en comprennent le sens vital.

Chaque jour, la Pentecôte peut se vivre chaque fois qu'un être humain prend conscience de la Présence vivante de l'Esprit-Saint en lui, comme en son temple.

Chaque jour, la Pentecôte peut se vivre chaque fois qu'il découvre que cet Esprit l'encourage à retrouver sa filiation, chaque fois qu'il s'engage à œuvrer par l'Esprit d'amour au cœur du monde. Car telle est la vocation de cet Esprit-Saint qui amène l'être humain à découvrir sa fonction, son rôle, sa tâche essentielle dans la création.

Chers frères et sœurs dans la foi, où que la vie nous place, quels que soient les défis que nous avons à relever, je crois que le discernement de notre tâche essentielle commence par notre regard à l'Esprit du Christ.

En toute circonstance, ne sommes-nous pas appelés à considérer les fruits visibles de l'Esprit dans la vie de Jésus : la patience, la maîtrise de soi, la bonté, la paix, la bienveillance, la douceur, la joie, la confiance, l'amour ? Et ne sommes-nous pas invités à les cultiver précieusement ces fruits de l'Esprit-Saint ?

Jésus, le Christ, n'a été que don, de sa naissance à sa mort. Partout où il est passé, il a remis la Vie en route. Vivant pleinement notre existence terrestre, habités par l'Esprit du Dieu vivant,
devenons toujours mieux des terres d'accueil de l'Esprit du Christ. Continuons notre apprentissage à être réceptifs à la Lumière de l'Esprit.

L'écoute des textes bibliques nous conduira à méditer sur l'habitation de Dieu. Et plus particulièrement sur le passage de la présence de Dieu avec l'être humain à la présence de Dieu dans le cœur humain.

Détails

Avec la participation de
Martine Gagnebin
Orgue
Daniel Chappuis
Musique