Disparition alarmante de toujours plus d’espèces, changement climatique: peut-on sauver ce monde?

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Écouter le culte :

Deux prières. La première, le Psaume 27, Bernard nous l’a lue dans une version actualisée par Stan Rougier. La deuxième prière, celle de Jésus, juste avant d’entrer dans la Passion.

La prière : ressource de tout croyant. Même Jésus a prié ! Prier, c’est une chose que vraiment chacun de nous fait. Soit seul, dans l’intimité du chez-soi, enfermé, pour ne pas être dérangé dans ce tête-à-tête avec Dieu. Ou ensemble, comme nous venons de le faire tout à l’heure, ici, ou encore ensemble dans un groupe régulier. Et je me dis : que ferions-nous sans la prière ? Que ferais-je sans ces moments où je peux dire à Dieu dans l’intimité, dire tout ce qui m’habite, ce qui me fait peur, ce que je me reproche, et d’autres choses de toutes sortes, et recevoir, juste pour moi, consolation, encouragement, espérance. Je comprends bien le psalmiste quand il dit : « Dieu est ma lumière, mon libérateur, mon rempart ! »

Le psalmiste demande une seule chose à Dieu, c’est de demeurer toujours son ami, vivre en sa présence parce qu’à cause de Dieu, dit le psalmiste, son coeur se rit de ces défis à relever chaque jour et de ces combats. C’est vrai, des combats à relever et des défis, il y en a tous les jours, et les problèmes ne disparaissent pas simplement parce que je prie, mais le fait de les nommer devant Dieu m’aide déjà, les met à distance. Oui, l’expérience de ceux et celles qui se confient en Dieu, c’est que Dieu leur vient en aide mystérieusement. Le Psaume 27 me parle quand il dit : « Maintenant je peux relever la tête et dominer ma peur. »

Une image me vient quand je pense à ces expériences de prière : la photo de trois alpinistes dans la neige. Une vieille photo : les hommes portent des vêtements d’autrefois et des chapeaux. Ils sont trois, on les voit dans la haute montagne, et ils sont en train de passer sur un pont de neige qui permet de passer une crevasse dans un glacier. La crevasse est menaçante, mais il y a ce pont. Ils sont à trois et ils sont encordés. Chacun avance, ils donnent l’impression d’être très concentrés sur chaque pas.

Être encordé : cette image me vient quand je pense à la prière. J’ai été une seule fois encordée en montagne, lors d’une sortie avec des amis alpinistes, mais c’est un souvenir inoubliable et il me parle pour notre relation à Dieu. Prier, n’est-ce pas comme s’encorder avec Dieu ? Se mettre en lien avec Dieu, s’attacher pour faire les passages de la vie qui sont menaçants, en se confiant en Dieu ? Comme ces trois alpinistes qui s’encordent pour passer la crevasse du glacier.

Jésus aussi, dans sa prière que Bernard nous a lue dans l’Évangile de Jean, au chapitre 17, Jésus aussi me paraît encordé – encordé avec Dieu, son Père. Avant de vivre la Passion qui est imminente, Jésus cherche le lien avec son Père et il se rappelle en quelque sorte le pourquoi de sa venue dans le monde.

L’Évangile de Jean le dit au chapitre 3. J’aimerais le rappeler ici, c’est si important : Il est venu dans le monde parce que « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit ne périsse pas, mais ait la vie éternelle ! En effet, Dieu n’a pas envoyé son fils dans le monde pour condamner le monde, mais il l’a envoyé pour qu’il sauve le monde. »

Dans le texte d’aujourd’hui, lorsque Jésus prie, il va partir, il va retourner auprès de son Père, mais il faut que sa mission continue. C’est par cette prière d’adieu de Jésus que les disciples comprennent que c’est à eux maintenant de continuer cette mission, car Jésus dit : « Père, comme tu m’as envoyé dans le monde, maintenant je les envoie ! » C’est donc à eux de continuer la mission de Jésus, de dire au monde combien Dieu aime l’humanité et qu’il veut sauver le monde parce qu’il l’aime. Eux, les disciples, sont appelés maintenant à poursuivre cette mission, comme Jésus : par des paroles et des actes. Un « sacré » travail les attend !

Et c’est justement de ça que Jésus parle dans sa prière. Il les confie à Dieu son Père. Il les confie, il confie leur mission, et quelque chose devient très clair par cette prière : les disciples ne pourront accomplir ce travail qu’à condition qu’ils restent, eux, comme encordés. Encordés ensemble et à Jésus, en se rappelant toutes les paroles de Jésus, tout ce qu’ils ont fait et vécu avec lui. Et quand ils restent encordés à Jésus, ils restent encordés à Dieu, parce que Dieu et Jésus sont dans la même cordée, ne font qu’un.

Dans sa prière, Jésus pense aussi déjà à ceux et celles qui rejoindront cette cordée, les gens qui seront touchés par les paroles des disciples, et qui, par la grâce de Dieu, deviendront des croyants, se mettront dans la cordée pour poursuivre la mission de Dieu : témoigner de son amour pour notre monde en paroles et en actes et sauver le monde.

Tout cela me rappelle que Jésus a dit une fois à ses disciples : « Allez dans le monde, faites de toutes les nations des disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Apprenez-leur tout ce que je vous ai dit. Et vous verrez, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Mais c’est intéressant, vous voyez, Jésus n’a pas dit à ses disciples : allez dans le monde et construisez des églises, pour que les gens y entrent. Je dis ça parce qu’il y a deux ou trois ans, je ne sais plus exactement, des affiches que notre Église avait fait placarder dans les rues de notre canton, m’avaient intriguée. Vous vous en rappelez peut-être ? On y voit une église et une foule de gens qui se dirige vers cette église pour y entrer. C’est un peu le contraire de ce que nous voyons actuellement dans notre société où les gens ne se pressent pas vraiment pour entrer dans les églises. Mais cette affiche placardée, est-elle juste au vu de la mission que Jésus a donné à ses disciples ? Cette affiche pourrait faire croire que le but de l’Église est que les gens entrent simplement dans l’église. Puis l’image s’arrête là. Je la ressens comme une impasse : ils sont dans l’Église, et quoi ?

Je crois que, pour correspondre à la mission que Jésus avait et qu’il a passé à ses disciples, l’Église n’est pas le but, mais seulement le moyen. Le moyen, oui, parce que c’est dans l’Église que nous entendons l’Évangile. Nous entendons la Parole qui nous fait vivre, qui nous met en lien avec Dieu, qui nous encorde.

L’image qui conviendrait mieux serait peut-être une station d’essence : on y entre, on y fait le plein et on reprend la route. Mais bon, l’image d’une station d’essence en même temps, ce n’est pas terrible ! La voiture pollue ; l’essence, dans les pays où elle est produite, pollue souvent aussi les sols et elle est produite dans des conditions souvent peu responsables, ce que notre Église dénonce par ailleurs. Donc l’image d’une station d’essence n’est pas non plus la bonne pour parler de ce qu’est l’Église.

Ou alors un restauroute, où on s’arrête, se restaure, puis reprend la route ? Je cherche, comme vous le voyez, toujours une idée pour une affiche ! Peut-être que, finalement, l’affiche montrant une église n’est pas mal, mais alors, il faudrait plutôt montrer une église de laquelle les gens sortent, et en masse. Ça correspond aussi un peu plus à la réalité de ce que vit l’Église actuellement. Cette affiche pourrait montrer des gens qui sortent de l’église, et cela correspondrait vraiment à ce que le Christ a donné comme mission : il n’a pas dit de construire des églises et de s’y plaire, parce qu’on y est si bien ensemble, mais il a dit d’aller dans le monde, et de poursuivre sa mission qui était, rappelons-le nous, de manifester au monde combien Dieu l’aime. Et de poursuivre la mission de Jésus qui était, et qui est toujours, de sauver le monde !

On pourrait donc dire que l’Église est là pour qu’on en sorte ! L’affiche pourrait montrer des gens qui sortent de l’église heureux – et encordés ! Encordés invisiblement à Dieu et à Jésus Christ, et encordés visiblement, par exemple, en s’embrassant ou en prenant l’apéro. Et peut-être même pour se donner rendez-vous pour participer à une manifestation pour sauver le climat.

Quand nous sortirons de cette église tout à l’heure, après nous être, je l’espère, nourris de la Parole de Dieu, après avoir été ensemble pour prier; quand nous sortirons tout à l’heure, n’oublions pas que Dieu aime ce monde et qu’il veut le sauver. Pourra-t-il compter sur nos mains, nos bouches, nos oreilles, notre foi en lui ?

Amen

Avec les textes bibliques du jour, nous sommes invités à penser notre relation à Dieu, au monde et aux autres chrétiens. Jésus, dans sa prière d’adieu (Jean 17, 20-26) souhaite créer un lien intime entre Dieu et les futurs disciples... donc nous! Mais pour quoi faire ?

Détails

Avec la participation de
Bernard Gossweiler et Martine Gagnebin
Orgue
Daniel Chappuis
Musique
Blandine Charles, soprano