Joyeux anniversaire, Emmanuel !
Que voudrais-tu comme cadeau ?

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Écouter le culte :

A la veille de Noël, mon attention a été attirée par le résultat d’un sondage effectué auprès de 675 personnes. La question : « Pour vous, Noël c’est principalement… » Une fête de famille ! ont répondu plus de 50% des sondés, et une manchette de journal de titrer le lendemain à ce propos « Noël, une fête de famille, pour le pire et le meilleur ! ».

Il est vrai que pour certains, c’est une fête réjouissante emprunte de nostalgie et de gestes tendres. Pour d’autres, c’est un véritable cauchemar, car des relations familiales parfois difficiles, et les nouvelles habitudes alimentaires pas évidentes à composer. Le « Joyeux Noël » susurré dans le salon peut alors sonner faux. Pas étonnant que la tendance est maintenant d’imaginer à l’avenir une fête mais qu’avec des amis.

D’après vous, combien de personnes ont répondu que Noël c’est… principalement l’anniversaire de Jésus ? 28%, c’est-à-dire 1.12 Helvètes sur 4. Alors, analphabétisme religieux, dérive, ou perte de sens ? Il est vrai qu’à force de ne plus transmettre l’héritage biblique à nos enfants, il y a comme une déperdition du sens de nos fêtes inscrites au calendrier.

Rassure-toi, Jésus, Noël pour moi c’est la fête de ton anniversaire ! Ce jour-là, je fais mémoire de ce que tu as été et de ce que tu es pour moi, aujourd’hui, et de ce que tu m’apporteras comme joies, demain, exactement comme je le vis pour les anniversaires de mes enfants et de mes proches. C’est toujours un temps joyeux et plein de reconnaissance pour la vie qui est là. Un temps aussi pour mieux découvrir et comprendre l’identité de celui ou celle dont on fête l’existence.

Concernant Jésus, l’évangéliste Luc a pris le temps d’écouter, d’observer, de s’interroger. Il le perçoit comme pleinement humain et profondément divin. Il ne peut qu’être né du ventre d’une femme mais pas seulement, il est aussi né de Dieu. Sa naissance est inscrite dans notre histoire, à une époque et dans un lieu donnés.

Un anniversaire, c’est l’occasion aussi de réfléchir sur le sens, le pourquoi de la venue au monde de celui qui est fêté, de cet enfant qui nous est donné. « Il vous est né, aujourd’hui un Sauveur qui est le Christ Seigneur » dit l’ange aux bergers. C’est énorme comme annonce ! D’un Sauveur, qui n’en voudrait pas ? Et il nous sauverait de quoi ? Une belle occasion d’y réfléchir ! Parcourons les Evangiles pour nous mettre à l’écoute des différents témoins, de ceux qui ont été guéris, relevés, pardonnés, réconciliés. Nous ne connaîtrons de Jésus que ce qui, de lui, sera devenu vivant en nous.

Noël est une fête qui doit exprimer, incarner le plein d’amour de Dieu pour les humains. Une fête alors non pas réservée à quelques-uns mais offerte à tous, les pauvres comme les riches, les exclus comme les gens agréés, les malades comme les bien-portants, les croyants comme les non-croyants, les natifs du pays comme les migrants. Ne privatisons pas la fête de celui qui ouvre tout grand la porte de son cœur. Hier pour la Veillée de Noël, à Pully comme à Vandoeuvres, tout le monde était le bienvenu pour chanter et se réchauffer le cœur.

Le fêté de Noël, ne l’oublions pas, c’est Jésus le Christ. Est-il au centre de notre attention en ce jour? Lit-on un récit de la nativité ? Racontons-nous quelques traits de son histoire ? Prenons le temps de toujours mieux le connaître, il peut alors devenir présence vivante.

Au fait, avons-nous prévu un cadeau pour lui ? Qu’est-ce qui lui ferait le plus plaisir ? Le plus beau des cadeaux à lui faire c’est de lui offrir notre présence, tout simplement – oui, de lui offrir ce que nous sommes, véritablement, sans artifice, avec nos joies, nos peines, nos fragilités, nos peurs, nos deuils, notre espérance. Pour le satisfaire, pas besoin de faire la queue dans les grands magasins ni de se ruiner ni de s’agiter en ce jour de fête, merci Jésus ! A l’image de la personne âgée ou malade qui ne désire rien d’autre que la présence de ses proches, parce c’est dans l’amour de l’autre que réside l’essentiel, l’essence du Ciel.

En Jésus, Dieu s’est fait homme, car désireux de lier son histoire à celle des humains, concrètement, non pas depuis le ciel mais sur la terre et dans la simplicité. Suite à une question posée à Martin Luther: « Où est Dieu ? », le Réformateur aurait répondu : « Si tu veux le rencontrer, n’escalade pas le ciel, va d’abord à Bethléem ! » Il est vrai que la foi nécessite toujours un déplacement, une marche suscitée par la prise au sérieux d’une annonce, d’un récit, d’un témoignage. A l’annonce des anges, les bergers se sont bougés: « Allons donc jusqu’à Bethléem : il faut que nous voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » Visiblement, le déplacement valait le coup car après avoir vu, les gardiens de troupeaux s’en retournèrent tout joyeux, louant la grandeur de Dieu. Ils n’avaient rien d’autre à offrir que leur présence, et Jésus n’avait rien d’autre à leur offrir que sa présence. Joie de la rencontre dans sa simplicité.

Les visites pastorales enseignent que ce dont souffre principalement l’être humain, c’est de la solitude. Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls, isolés. Et ce n’est pas une question d’âge. En effet, une étude genevoise montre que la précarité de nos jeunes n’est pas forcément liée au manque de moyens mais au manque de relais, de présences solides et aimantes auprès d’eux. La Bible rappelle sans cesse que le lien, c’est la vie, c’est cela qui maintient en vie.

Il est bon de se souvenir que le héros de la fête de Noël a un deuxième prénom : Emmanuel, qui signifie en hébreu, Dieu avec nous. Que de témoins l’ont ressenti dans leur vie et particulièrement dans les moments difficiles. Une présence fidèle qui nous redit ceci: « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » Cette présence, ne la cherchons pas dans la crèche de notre salon mais dans ceux qui ont un profond amour pour l’humanité. Cherchons-la aussi au cœur de notre prière.

Aujourd’hui, relisons attentivement les récits de la Nativité, et si certains pensent qu’il y a un peu trop de miraculeux dans cette histoire, avec notamment cette jeune femme enceinte parce que l’Esprit de Dieu l’a couverte de son ombre, alors souvenez-vous de cette parole d’Albert Einstein : «  Il y a seulement deux manières de vivre votre vie. La première est de la vivre comme si rien n’était un miracle, et la deuxième est de la vivre comme si tout était un miracle ! » Le miracle étant compris comme une puissance de vie qui nous est donnée et qui nous réjouit, comme la naissance d’un enfant par exemple, un événement qui nous invite à l’étonnement, à l’émerveillement.

J’aime la fête de Noël parce que justement, il y a bien des signes qui nous invitent à nous émerveiller : ses puissants élans de générosité, ses nombreuses tables où nous découvrons parfois l’autre autrement plus sympa qu’à l’ordinaire, ses chorales et ses concerts qui réjouissent les cœurs non seulement dans les églises mais aussi dans la rue, les hôpitaux, les EMS. Il est toujours miraculeux de voir à l’oeuvre ces milliers de personnes qui donnent de leur temps en cette période de Noël pour qu’il y ait plus de fraternité, plus d’humanité dans nos lieux de vie. Réjouissons-nous de la fécondité de Dieu dans le coeur des humains !

Je viens de vivre un événement extraordinaire : je sors d’un magasin et j’aperçois un jeune assis sur une marche, un peu avachi, et tenant dans les mains un journal pour les « sans-abris » : je lui remets un peu d’argent. En réponse il se lève et me dit avec un regard lumineux « Dieu vous bénisse ! » Recevoir d’un inconnu une bénédiction à la veille de Noël, au sortir du stress d’un magasin bondé, mais quel cadeau ! Ce jeune homme mendiant l’amour et bénissant, n’était-il pas ce Dieu fait homme ?!

Nous n’ignorons pas qu’il y a aussi des Noëls tristes, parce que l’ambiance familiale n’est pas au rendez-vous, ou parce que pour la première fois il manque quelqu’un autour de la table, près du sapin: un parent, un enfant, un ami qui nous faisait rire. « Alors, il est où ce Dieu fait homme? » Il est dans la personne qui ces jours s’approche de nous, nous tient la main, nous console, nous pardonne, nous offre une parole qui nous apporte la paix, cette paix dont nous avons tant besoin, cette paix chantée par les anges : « Gloire à Dieu et paix sur la terre ».

Sachons reconnaître le visage de Dieu, le visage de celui ou celle qui se tiendra à nos côtés en cette fête Noël et que nous ressentirons comme une source de paix et de joie intérieure. N’écoutons plus ceux qui déclarent « Guerre sur la terre » mais ouvrons-nous au chant des anges « Paix sur la terre ». Une paix qui nous engage à faire œuvre pour plus de justice et de partage. N’écoutons pas les angoisses du monde mais que résonne en nous la parole de l’ange : « Soyez sans crainte ».

Lors d’un anniversaire, il est de coutume que le héros de la fête reçoive des cadeaux et qu’il les garde pour lui : avec Jésus, l’Emmanuel, c’est différent, c’est lui qui nous offre un cadeau, le cadeau de sa paix. Prenons-le ! Il nous est donné par amour, par grâce, pour nous dire tout simplement « merci d’être là, et je veux que tu vives ! ». Prenons le temps de l’ouvrir ce cadeau et de nous en émerveiller, un « présent » à partager aujourd’hui avec les autres… sans modération.

Noël, c’est principalement l’anniversaire de Jésus mais pour moi, c’est aussi une fête de famille, mais d’une famille qui prend la dimension de l’humanité !

JOYEUX ANNIVERSAIRE… JOYEUX NOEL… et paix sur la terre à tous les humains !

Amen

Il est inimaginable d’être invité à un anniversaire et de ne pas porter son attention sur le héros de la fête. Chaque Noël est l’occasion de mieux découvrir ce Jésus - Emmanuel qui nous invite à sa fête. La table est dressée, venez car tout est prêt… bienheureux les invités au repas!

Détails

Avec la participation de
Anne Vaucher-Gampert, Marie-France Asensio, Olivier Vanat
Orgue
Diego Innocenzi
Musique
Anne Montandon, soprano, Vanessa Beck-Hurst alto, Laurent Dami, ténor, Raphaël Hardmeyer, basse, Catherine Plattner, violon, Patricia Giannetti, violon, Barry Shapiro, alto, Cecilia Knudtsen, violone, sous la direction de Diego Innocenzi