Etre disciple, ce n’est pas apporter quelque chose, mais bien être accueilli-e dans sa petitesse.

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Écouter le culte :

Chères auditrices, chers auditeurs, chers frères et soeurs en Christ,

Le passage de l'évangile de Matthieu que nous venons d'écouter est la conclusion des conseils et recommandations de Jésus à l'attention de ses disciples. Auparavant, Jésus donne des indications assez concrètes: aller vers les brebis perdues de la maison d'Israël (Mt 10, 6), proclamer le Royaume de Dieu (Mt 10, 7), ne rien avoir sur soi (Mt 10, 9-10).
Il les avertit ensuite qu'ils seront persécutés (Mt 10, 17-25). Et Jésus incite ses disciples à parler ouvertement, sans crainte, il les met encore en garde qu'il sera lui-même un sujet de dissension (Mt 10, 34-36) et qu'ils doivent renoncer à eux-mêmes (Mt 10, 37-39). Vient ensuite notre passage du jour. Quel programme!

De qui parle-t-on exactement? Jésus envisage les disciples quand il dit: "Qui vous accueille, m'accueille, et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé." Après avoir incité les disciples à faire ceci ou être comme cela, Jésus renverse les perspectives: maintenant, ce sont les disciples qui reçoivent quelque chose. Ce sont eux qui sont censés être accueillis par les personnes qui écouteraient leur message. Mais cet accueil va bien au-delà de la simple hospitalité. Il implique la soumission à la parole transmise. Non seulement cette parole équivaut à celle de Jésus, mais à travers lui, à celle de Dieu lui-même. L'autorité de Jésus est celle du Père, et elle est conférée aux apôtres. Responsabilité redoutable!

Pensons aussi aux bêtises lourdes de conséquences enseignées par l'Église au long des siècles: on ne peut qu'être reconnaissant envers l'Esprit Saint qu'une parole de Dieu ait pu se faire entendre et susciter la foi et, que, pour reprendre l'image de Jésus, cette parole ait pu continuer à offrir ne serait-ce qu'un verre d'eau aux assoiffés de l'Esprit.

Il suffit de pas grand-chose pour accueillir la Parole de Dieu dans sa vie, juste un peu de bonne volonté et un coeur ouvert. En accueillant le prophète Élisée – nous l’avons entendu – la Sunamite ne put que lui offrir une petite chambre sur la terrasse, avec un lit, une table, un siège et une lampe, nous est-il dit (2 Rois 4, 10); et, près de la lampe, un verre d’eau fraîche, sans doute. Qu’a-t-elle reçu en retour, elle, toute triste de ne pas avoir d’enfant? Un fils, né de sa chair, un an plus tard, qu’elle a pu tenir dans ses bras (2 Rois 4, 16).

Néanmoins, il ne faut pas se leurrer: ce n'est parce que les disciples viennent au nom du Christ et de son Père apporter sa parole qu'ils seront bien accueillis. La perspective des persécutions soulignée par Jésus indique plutôt le contraire. Et c'est en cela que les justes et les prophètes sont des "petits": ils apportent une parole qui dérange, une parole qui bouscule, une parole qui ne fait pas forcément plaisir à entendre parce qu'elle pourrait nous changer de fond en comble, et nous ne sommes pas toujours prêts à changer, à nous retourner, à nous convertir. Une parole risquée qui change autant la personne qui la transmet que celle qui veut bien la recevoir.
Cette tradition du prophète rejeté est un véritable lieu commun de la littérature biblique: Israël est un peuple qui, parce qu'il a la nuque raide, rejette ses prophètes venus de Dieu, et les tue.

Nous pouvons sans aucun problème étendre cette caractéristique à d'autres peuples ou à l'Église en tant qu'institution. Qualifiés de "petits", les disciples reçoivent une dignité égale à celle des justes et des prophètes, figures de la tradition juive: leur "petitesse" devient ainsi leurs lettres de noblesse. Parce que le prophète et le juste considèrent que la parole qu'ils ont à transmettre est plus importante que leur vie, ils prennent des risques et les assument. Comme Jésus qui, à cause de sa liberté de parole, sera condamné à mourir, cloué sur une croix.

Or, aujourd'hui, "Christ n'a pas de mains: il n'a que nos mains pour faire son travail aujourd'hui. Christ n'a pas de pieds: il n'a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin. Christ n'a pas de lèvres: il n'a que nos lèvres pour parler de lui aux hommes." L'extrait de cette prière nous montre bien une chose: les personnes qui ont cru en la parole bouleversante de Jésus sont invitées à devenir ses ambassadeurs, à rendre le Christ présent au monde en paroles et en actes. C'est une sacrée responsabilité que nous avons là, d'être témoins fidèles de l'Évangile et de nous donner au monde à l'image du Christ pour que le monde croie.

Mais est-ce que le monde peut nous croire, si nous, membres d'institutions ou Églises, sommes désunis et, si nous ne sommes pas unanimes sur au moins l'essentiel du message? C'est aussi dans ce domaine de la proclamation de la parole que la dimension oecuménique a toute sa pertinence. Faut-il absolument que ce soit ma parole qui ait été entendue pour que quelqu'un se rapproche de Jésus de la manière selon laquelle moi, je l'envisage? Ou bien ne puis-je pas simplement commencer le travail pour que quelqu'un d'autre le termine? Suis-je ouvert aux diverses sensibilités et puis-je penser que beaucoup de chemins insoupçonnés mènent à Jésus, dont certains que je ne suppose même pas?

Quoi qu'il en soit, notre récompense en tant que prophètes et justes, dont la parole risquée est accueillie et comprise, ne peut alors être que l'éveil à la foi de celles et ceux qui l'ont reçue. Source de joie pour nous, les messagers, quand cette parole ne revient pas à nous sans effet.

Amen

Comme à son habitude, Jésus renverse les perspectives: de celui qui apporte la guérison, l’annonce du règne, la paix, le disciple devient celui qui est en manque et reçoit l’accueil. Qualifiés de « petits », les disciples reçoivent cependant une dignité égale à celle des justes et de prophètes, figures éminentes de la tradition juive : leur « petitesse » devient ainsi leurs lettres de noblesse.Une célébration proposée par la paroisse catholique-chrétienne la Chaux-de-Fonds. Dans une perspective oecuménique, le culte protestant et la messe sur la RTS accueillent alternativement la communauté catholique chrétienne.

L’Église catholique-chrétienne est reconnue par l'État helvétique comme l'une des trois Églises nationales de Suisse. Elle s’est constituée comme alternative au catholicisme romain à la suite de la protestation de catholiques libéraux contre le dogme de l’infaillibilité pontificale et contre la volonté de la papauté, suite au premier Concile de 1870, de gérer l’Église catholique tout entière.

Excommuniés par Rome, ces protestataires créent dès 1872 une organisation ecclésiastique propre qui permet d'introduire de larges réformes; libre choix de la confession alors obligatoire dans l'Église catholique, création d'un recueillement pénitentiel au début de la liturgie de la messe. Dès 1880, la célébration de la messe se déroule dans la langue de chaque pays, la communion est proposée aux fidèles sous les deux espèces du pain et du vin et l’obligation du célibat des prêtres est supprimée.

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Avec la participation de
Orgue
Francisco Leal
Musique