Hier face à la crèche, aujourd'hui face à la croix

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Chères auditrices, chers auditeurs, chers frères et sœurs en Christ,

Hier, nous avons célébré la naissance d’un petit enfant qui donne l’espérance à notre monde mélangé et mitigé, hésitant souvent entre les ténèbres et la lumière. Peut-être que notre façon de vivre a banalisé la portée existentielle de cette manifestation de Dieu. Nous en avons fait une fête où l’on échange des cadeaux, rappel culturel des dons que les mages présentent à l’Enfant-Dieu. Je ne suis pas contre, mais est-ce tout ? Un cadeau est une bien belle chose, mais pouvons-nous nous en tenir uniquement à cela ? Je ne le pense pas. Peut-être hésitons-nous à mesurer toute la portée que la naissance de Dieu lui-même dans notre monde peut avoir. Osons-nous nous poser cette question : qu’avons-nous fait de cet enfant, de ce Fils qui nous a été donné ? Merveilleux Conseiller, prince de la Paix ?

Il est né en voyage, en des temps difficiles, dans un petit pays occupé par la plus forte armée du monde. Il s’est révélé un prophète hors pair, révolutionnant les interprétations et les pratiques religieuses de son temps. Et il a vaincu la mort. Il y a cela vingt siècles. Mais il nous a laissé une charte de vie extraordinaire, simple, à taille humaine, et cependant difficile à concrétiser au fil des jours.

Certains l’ont réduit à une douce légende. Celle qui suscite des fêtes d’abondance et inspire les artistes. Un petit Jésus mignon, dont on parle aux enfants, et qui sert parfois même de menace quand ils ne sont pas sages. Jésus, prophète, a même été inscrit dans la mythologie, un symbole de contestation, le type du meneur s’immolant pour sa cause. Trop idéaliste cependant pour le commun des mortels. Il est certes admiré, mais trop souvent de loin, et sans volonté de le suivre. Comme les superstars, on imprime son beau visage sur les shorts, les chemises et les posters. C’est plus facile que de lui offrir une place dans son cœur et dans son esprit. Il faut chanter, crier, pleurer, danser. La question est de savoir si on lui laisse pour autant la liberté de nous apprendre à vivre.

C’est pourquoi la tradition liturgique de l’Eglise a la sagesse de nous remettre devant la dure réalité : juste au lendemain de la naissance de Jésus, nous célébrons la mémoire du premier martyre, Etienne, dont le nom signifie en grec « le couronné ». Quelqu’un qui est mort parce qu’il a mis sa foi en Christ. La foi n’est pas quelque chose de léger ou de frivole. En effet, on peut mourir à cause de sa foi, et c’est encore valable pour aujourd’hui.

Etienne est le premier à aller jusqu’au bout du témoignage en faveur de Jésus, non seulement en paroles, mais en actes. Il a suivi ce chemin difficile et cahoteux du disciple à la suite du Christ, un disciple qui donne sa vie pour l’annonce de l’Evangile, sans suffisance, sans rancune, sans volonté de vengeance. Difficile, lorsque nous sommes injustement attaqués et persécutés, de ne pas penser à vouloir rendre ce qu’on nous a fait subir, ou de ne pas rechercher la vengeance lorsque la première occasion se présente. C’est peut-être ce que le martyr a à nous apprendre de précieux pour notre vie de chrétien d’aujourd’hui.

Hier, nous étions devant la crèche, aujourd’hui nous sommes face à la croix. Hier, nous contemplions l’Incarnation du Sauveur, aujourd’hui en la personne de Saint Etienne, c’est sa Passion qui se découvre à nos regards. Dans les deux cas, nous retrouvons au centre le même mystère de l’amour. C’est lui qui a pressé le Fils unique pour descendre du Ciel sur la Terre afin de nous sauver. C’est encore lui qui a élevé Etienne de la Terre au Ciel, l’entraînant à la suite du Fils sur le chemin que ce dernier avait rouvert en donnant gratuitement sa vie pour celles et ceux à qui il s’était rendu semblable, un soir, dans une humble grotte près de Bethléem.

Détails

Avec la participation de
Orgue
sans
Musique
Ensemble a capella de chants orthodoxes