La Réforme : une libération

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Écouter le culte :

Frères et sœurs,

Nous venons d’entendre un dialogue tiré de l’évangile de Jean. Il s’agit de liberté, un thème central pour la Réforme protestante dont nous célébrons, en 2017, le 500e anniversaire.

Jésus s’adresse à des juifs qui avaient cru en lui. Des chrétiens restés juifs. Des juifs chrétiens. On dit : des judéo-chrétiens.
Ceux-ci exercent une certaine influence au sein des premières communautés chrétiennes. Par exemple, l’apôtre Paul doit recadrer les chrétiens de Galatie en leur écrivant : « Qu’est-ce qui vous prend ? Qui vous tourne la tête ? Répondez-moi : est-ce par œuvre de loi que vous avez reçu l’Esprit ou par écoute de foi ? » (Galates 3, 1-2)

Ces judéo-chrétiens croient en Jésus en tant que messie. En même temps, ils pensent que l’obéissance à la Loi est le moyen de salut par excellence. Sans doute oublient-ils que Dieu a libéré et sauvé son peuple avant de lui donner la Loi.
Et comme Jésus se présente lui-même comme le chemin du salut, ils finissent par vouloir sa peau !

Jésus aimerait libérer ces judéo-chrétiens de leur illusion de perfection et de leur obsession de performance légale. Il les sait esclaves du péché, en ce sens qu’ils ne peuvent pas s’en dépêtrer, eux qui se savent toujours en deçà des exigences de la Loi.
Pour être délivrés, ils devraient écouter Jésus et le suivre. Ils trouveraient en lui le salut offert, la vérité qui rend libre.
La parole de Jésus et ses fruits sont en quelque sorte mis en scène dans le livre des Actes, Actes de l’Esprit, Actes des Apôtres : (imaginez la scène… Faites votre cinéma ou votre théâtre, créez les personnages !)
Pour avoir délivré une jeune femme asservie à des maîtres cupides, Paul et Silas se trouvent au cachot, entravés. Cependant, ils chantent des cantiques et prient ! Leurs chants passent dans les autres cellules, car la louange ne peut être enchaînée.

Vous voyez : ils sont déjà libres ! Dieu les a libérés des angoisses de leur devenir, et leur témoignage se communique, car c’est bon !
Soudain, un tremblement de terre secoue le bâtiment et fait tout péter : serrures, portes et menottes.
Voilà qui fait penser au séisme qui se produit dans la tête du croyant quand il passe d’un salut à mériter au salut reçu par la foi, dans la joie et la confiance. Martin Luther a vécu un tel séisme !
Le gardien, lui qui pensait détenir les clés du sort de ses pensionnaires – comme un prêtre de jadis tenait les clés de l’absolution – le gardien voit le ciel lui tomber sur la tête. Il va se tuer, se sentant indigne de sa charge. Paul le retient dans la vie. Tout est ouvert, mais le geôlier est encore en prison. Dans sa nuit, il cherche des lumières. Il est captif d’un réflexe traditionnel. Il supplie : « Que me faut-il faire pour être sauvé ? »
Réponse : « Crois au Seigneur Jésus ! C’est là que tu trouves le salut. Tu te découvres précieux aux yeux de Dieu, frère du Crucifié Ressuscité, saisi dans un amour sans limites. C’est vrai pour toi et ta maisonnée. »

Voilà toute la Réforme protestante !
Saisi par l’élan de sa foi naissante, notre gardien de prison s’ouvre : en famille, il accueille la parole du Seigneur, la vérité qui libère.
Il prend avec lui (il y a quelque chose d’affectueux dans ce verbe) ses anciens prisonniers. Il leur fait du bien, non pour être sauvé, mais parce qu’il est sauvé : il lave leurs blessures. Son geste est exemplaire des soins mutuels au sein de la communauté chrétienne.

Aussitôt, il est lui-même lavé et libéré de son sentiment de culpabilité, lui et tous les siens, dans l’eau du baptême qui est le bain de l’amour de Dieu. Il n’a plus du tout envie de disparaître. Et nous ne disparaîtrons pas, puisqu’il y a l’Évangile !
Les faisant monter dans la maison – symboliquement il y a comme un degré de plus dans la foi de cette petite église domestique –, il leur sert un repas.
Tout le groupe communie dans l’allégresse.

Ce récit correspond au déroulement d’un culte : chants, prière, Parole proclamée, enseignée ; lumière ; compassion, service et entraide ; baptême et communion.
Nous voici au sommet : la joie de croire, de faire confiance à Dieu – même si notre foi se pose mille questions et se lance des défis en forme de doutes, et même si notre personne ne ruisselle pas de piété…¨

La liberté de croire et de partager sa foi et ses fragilités !
La joie d’être aimé et d’aimer !

Amen.

Prière d’intercession
Dieu, notre Père,
Nous te prions pour nos sœurs et frères enchaînés et maltraités dans des prisons infâmes ;
Pour les innocents jetés dans des cachots ;
Pour les captifs de drogues de toutes sortes ;
Pour les prisonniers de leurs fantasmes et de leurs obsessions, parfois meurtrières ; prisonniers de leur agressivité ou de leur jalousie ;
Nous te prions pour celles et ceux qui sont enfermés dans leurs regrets ou leurs remords, captifs de leur sentiment de culpabilité et de leurs peurs…
Seigneur,
Fais sauter tous les verrous,
Comme tu voudras, quand tu voudras.
Amen.

Avec une parole de Jésus sur la grâce d’être libre et le récit d’une libération de prison plutôt joyeuse, la Cantate n° 51 de J.-S. Bach tisse la trame liturgique de ce culte. « Criez de joie vers Dieu dans tous les pays », car c’est de Lui que nous vient la libération de toute angoisse, y compris celle de lui déplaire! La foi chrétienne, c’est la liberté de se savoir aimé sans conditions ni limites, lié à Jésus Christ qui a franchi toutes les limites.

Détails

Avec la participation de
Myriam Hübner
Orgue
Simon Peguiron
Musique
Marc Durollet, violoncelle, Rebecca Aeschbach et Irene Benito, violon, Gevorg Vardanyan, alto, Sylvain Tolck, trompette, Hélène Walter, soprano.