Vivre ensemble: par-delà nos différences, ce qui nous rassemble

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Écouter le culte :

Le passage à une nouvelle année est pour beaucoup synonyme de réorientation de vie, de changement d'hygiène de vie. On se dit que cette année on se mettra vraiment au sport, ou alors, que cette année on mangera mieux, ou peut-être on fera plus attention à nos relations, que cette année on prendra vraiment le temps de goûter aux petits bonheurs quotidiens. Chacun à notre manière, nous espérons que quelque chose de nouveau s'opérera dans notre vie. En effet, après la reconnaissance d'une année écoulée, le passage à la suivante semble regorger de promesses et d'élans. On se définit des projets, des objectifs que l'on souhaite atteindre, comme si nous avions reçu un livre vierge où tout peut être imaginé, écrit, créé.

A la lecture de ces deux passages de l'épître aux Colossiens, nous découvrons en quelque sorte un manuel de la vie chrétienne. Nous découvrons ce que cela signifie être chrétien, non pas seulement au sens théologique, mais surtout dans notre vie quotidienne, dans notre vie relationnelle. A travers cette énumération de principes éthiques, nous sommes invités à nous questionner sur la manière dont nous interagissons au sein de notre communauté paroissiale, au sein de nos familles, avec nos amis ou encore nos collègues. Comment, dans notre manière d'être avec les autres, nous témoignons de notre appartenance au Christ ? Pour le dire autrement, il ne s'agit pas seulement de dire que nous sommes chrétiens, mais il s'agit surtout de traduire dans nos actes notre appartenance au Christ. Être chrétien devrait se traduire dans notre manière d’interagir avec les autres, dans notre perception du monde et de la société. Il s'agit alors de nous demander comment, dans notre vie quotidienne, nous témoignons de ce que le Christ nous donne.

Pour comprendre les principes éthiques énoncés dans notre passage, nous devons nous intéresser au contexte dans lequel cette épître a été écrite.
Il n'y avait pas de dissensions au sein même de la communauté de Colosse, contrairement à ce que l'on trouve dans d'autres épîtres, mais les chrétiens de Colosse étaient inquiets de l’apparition de faux enseignements. Dans l'épître, Paul dénonce donc les doctrines et les pratiques qui mettent en cause l'importance du Christ. En effet, il met en garde contre une philosophie d'origine juive qui remet en question le rôle et la place du Christ, une philosophie construite comme un système mystique et ascétique. A cette époque, les juifs ne voulaient pas que les chrétiens forment une communauté à part entière.
Paul exhorte alors les Colossiens à se tenir aux enseignements du Christ, ils doivent demeurer vigilants dans la prière et fermes dans leur pratique.

Dans les passages que nous avons entendus, Paul insiste sur la signification et l'impact que le baptême a dans la vie chrétienne. Il emploie l'image du vêtement pour parler du baptême, car lorsque les premiers chrétiens étaient baptisés, ils enlevaient leurs vêtements avant d'aller dans l'eau et quand ils sortaient de l'eau ils remettaient un vêtement blanc, propre et neuf. Ce vêtement symbolisait le début d'une nouvelle vie, une vie placée sous la bénédiction de Dieu, mais aussi une vie qui appelle un changement intérieur, un changement de manière d'être. Pour Paul, le baptême est bien sûr un événement unique, mais un événement qui demande une évolution constante : l'être nouveau ne cesse de se renouveler, de se questionner.

Ce renouvellement doit se traduire dans la manière dont le chrétien est avec les autres, dans sa vie relationnelle. L'apôtre énumère alors les comportements desquels nous sommes appelés à nous dépouiller. Il faut se dessaisir de tout ce qui est de l'ordre de l'impureté morale, les désirs mauvais qu'on peut comprendre comme désirs centrés sur la possession des autres, sur l'objectivation des autres. Il faut se dessaisir de la colère, de la cupidité, mais aussi des médisances, des dénigrements, des mensonges.

Face à cet énoncé de principes éthiques, nous sommes appelés à nous demander qu'est-ce que cela implique aujourd'hui, dans nos vies ? Qu'est-ce que cela signifie être chrétien ? Nous pourrions même nous demander si finalement, être chrétien ne reviendrait pas à vivre dans la culpabilité et la moralisation ? Et pour vous, paroissiens, auditeurs, comment vivez-vous votre lien au Christ ?

Moi, je ne comprends pas mon attachement au Christ comme quelque chose de moralisant ou de dogmatisant. Je ne pense pas non plus que ce texte a une simple fonction culpabilisante et éthique. Il nous rappelle certes ce qui est au fondement de notre foi chrétienne et nous expose des principes de vie en collectivité, mais bien plus que cela, on peut recevoir ce texte aujourd'hui comme un rappel de ce qui est au cœur de la foi chrétienne. Nous vivons dans une société qui nous enjoint à posséder toujours plus, toujours mieux. Le système dans lequel nous vivons nous fait croire que nous avons besoin d'acquérir le dernier Smartphone, la dernière tablette qui est sortie, besoin d'avoir le modèle de voiture dernier cri avec l'option siège chauffant. Une société où bien souvent l'être humain est perçu comme un objet qui sera source de profit. Pas seulement en terme de consommation, mais aussi dans le monde du travail, le coût du travailleur doit être rentabilisé, cela est valable même dans notre pays.

Alors face à tout cela, comment vivre pleinement notre foi, notre attachement au Christ ? Il ne s'agit pas de se retirer du monde, ni de s'enfermer chez soi. A travers cette liste de comportements à se dessaisir, l'apôtre nous met en garde contre tout ce qui pourrait nous éloigner de Dieu, nous couper de lui et des autres.

Ces principes éthiques nous invitent à nous questionner sur ce qui est essentiel dans notre vie. Devons-nous consacrer notre énergie à envier les autres pour ce qu'ils possèdent et que nous n'avons pas ? Devons-nous vivre dans la colère ou la rancune parce qu'un de nos amis nous a blessés ou déçus ? Devons-nous nous détourner de cette personne qui nous a blessés et qui aujourd'hui demande notre aide ?

Se demander ce qui est essentiel dans nos vies, c'est aussi se rappeler qu'en Christ « il n’y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre ». En Dieu, nous sommes tous accueillis et aimés de la même manière. Alors nous sommes appelés à vivre cette promesse qui nous est donnée dans nos relations, dans notre vie quotidienne. Se revêtir de compassion, de bienveillance, de pardon ou encore d'amour.

Se revêtir de compassion pour celui qui souffre, qui vit une situation difficile en lui témoignant de notre présence ou peut-être tout simplement en priant.

Se revêtir de bienveillance. Porter un regard bienveillant sur ceux qui nous entourent et peut-être plus particulièrement auprès de ceux que nous ne connaissons pas, savoir accueillir celui qui se présente à nous, celui qui vient nous interpeller, nous questionner.

Se revêtir de pardon. Tout d'abord vis-à-vis de nous-mêmes, nous pardonner, par exemple, lorsque nous avons blessé quelqu'un sans le vouloir, ou lorsque nous n'avons pas atteint l'objectif que nous nous étions fixé. Nous pardonner d'abord à nous-mêmes, pour pouvoir ensuite pardonner celui qui nous blessera peut-être un jour.

Et enfin, se revêtir d'amour dans nos paroles et nos gestes vis-à-vis de ceux qui nous entourent. Transmettre et témoigner auprès de ceux que nous rencontrons de cet amour que nous recevons du Christ.

Alors, qu'en ce début d'année, vous puissiez, paroissiens, auditeurs, où que vous soyez, vous revêtir de ces habits nouveaux auprès de vos proches, de vos amis et de toutes celles et ceux que vous rencontrerez.

Amen.

Être et vivre ensemble au sein des communautés paroissiales, mais également au sein de la société, telle est le défi pour les chrétiens. La pasteure Nathalie Schopfer s'inspire de lettres aux Colossiens pour méditer sur ce "vivre ensemble" si important, qui nécessite de trouver ce qui rassemble, par delà les différences.
Avec la participation du choeur de chambre de l'ensemble Jean-Philippe Rameau qui propose l'interprétation d'oeuvres baroques.

Détails

Avec la participation de
Hélène Assimacopoulos
Orgue
Béatrice Allanic
Musique
Choeur de chambre de l'ensemble Jean-Philippe Rameau, sous la direction de Malgorzata Baluszynska-Digaud