Noël malgré tout

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Écouter le culte :

Depuis une quarantaine d’années, la paroisse de Belmont-Lutry a pour tradition de proposer un "jeu de Noël", culte théâtralisé, écrit pour les célébrations de Noël. Pasteur, metteur en scène, organiste et, parfois, compositeur ont inventé, au fil des ans, une célébration originale pour permettre un regard renouvelé du message de Noël. Acteurs, instrumentistes, choristes, techniciens et éclairagistes de la paroisse et alentours s'assemblent pour permettre la réalisation de cet événement.

Résumé d’une liturgie théâtralisé. Le pasteur Jean-Baptiste Lipp et son père, Bertrand Lipp signent le livret du "Jeu de Noël" avec une partition originale composée pour l'occasion par le compositeur romand Michel Hostettler.

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Une fleur s’ouvre dans la nuit. C’est Noël qui fleurit sur terre…
Un cœur s’ouvre dans la nuit pour que les ennemis soient frères…

C’est un cri de délivrance. C’est Noël, mon frère, c’est Noël, ma soeur !
Né des entrailles de la nuit et de l’infinie souffrance
d’un monde écartelé, qui n’a plus d’espérance.

Quel est ce cri qui jaillit et recouvre tous les bruits dans la joie de la naissance ?
C’est Noël, ma soeur, c’est Noël, mon frère !
Malgré tout ce qui entrave la marche des hommes vers la lumière,
nous croyons que cette marche a été inaugurée, de façon modeste mais bien réelle,
pour nous et avec nous.

Je vous invite à écouter le message prophétique tiré du livre de Michée :

« 2 Des nations nombreuses se mettront en marche et diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous marcherons sur ses routes (…) » 3 Il sera juge entre les peuples nombreux, l’arbitre de nations puissantes, même au loin. Martelant leurs épées, ils en feront des charrues, et de leurs lances, ils feront des serpes. On ne brandira plus l’épée, nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. 4 Ils demeureront chacun sous sa vigne et son figuier, et personne pour les troubler. Car la bouche du Seigneur … »

Soudain, un quidam interrompt le liturge

Quidam :
« Ils feront, de leurs épées, des charrues… » Vraiment, vous y croyez, vous ? Comment pouvez-vous être aussi naïf ? Est-ce qu’il vous arrive de lire les journaux ? En tous cas, moi, je n’y ai pas encore vu qu’on va, de nos avions, faire des éoliennes !

Liturge :
Croyez-moi, je lis les journaux. Et, trop souvent, ce que je lis, ou ce que j’entends à la radio, me bouleverse, comme vous, et me révolte.

Quidam :
Et malgré ça, vous continuez quand même à croire que…

Liturge :
Oui, malgré ça, je continue à croire que la lumière de Noël peut éclairer notre nuit. Je continue à croire que le message de paix et d’amour des Evangiles peut se faire entendre là où on ne l’attendait pas. Comme, par exemple, en décembre 1914,…

Quidam :
En décembre 1914 ? Pendant la première guerre mondiale ?

Liturge :
Oui, en décembre 1914, en pleine guerre des tranchées.

« Jeux de Noël » qui évoquent les faits historiques dont voici le bref résumé:

Dans l’incroyable carnage de la grande guerre, soldats allemands, anglais et français ont fait une trêve pour votre un moment de fraternisation. Au petit matin du 25 décembre, les Français et les Britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d'Ypres entendirent des chants de Noël (Stille nacht) venir des positions ennemies, puis découvrirent que des arbres de Noël étaient placés le long des tranchées allemandes. Lentement, des colonnes de soldats allemands sortirent de leurs tranchées et avancèrent jusqu'au milieu du no man's land, où ils appelèrent les Britanniques à venir les rejoindre. Les deux camps se rencontrèrent au milieu d'un paysage dévasté par les obus, échangèrent des cadeaux, discutèrent et jouèrent au football. Un chanteur d'opéra, le ténor Walter Kirchhoff, à ce moment officier d'ordonnance, chanta pour les militaires un chant de Noël. Les soldats français ont applaudirent.

Liturge :
Ce qu’il s’est passé en cette nuit de Noël est incroyable. N’est-ce pas un miracle ? Quelques heures auparavant, les soldats se cachaient dans cachions dans les tranchées, n’en sortant que pour mieux s’entre-tuer. Et voici qu’en cette nuit de Noël 1914, la paix fut brièvement célébrée.

Quidam :
Dites-moi. Si tout ce que vous venez d’évoquer là s’est réellement passé…

Liturge :
Soyons clairs : les personnages que nous avons évoqués dans ce « jeu de Noël », les mots que nous leur avons prêtés sont imaginaires ; mais les faits, eux, sont bien réels, je vous l’assure, et appartiennent à l’histoire. Il en existe de nombreux témoignages.

Quidam :
Je vous crois, je vous crois. Et votre évocation de cette surprenante trêve de Noël m’a ému, vraiment. Seulement, dites-moi, combien de temps cette trêve a-t-elle duré ? Combien de temps la lumière de Noël a-t-elle, pour reprendre vos mots, éclairé la nuit de ces malheureux ? Ils n’ont pas, que je sache, changé leurs mitrailleuses en moissonneuses, ni leurs canons en …

Liturge :
Hélas non, je le sais bien ! Et je sais aussi que ce moment de fraternisation a coûté très cher à beaucoup d’entre eux.

Quidam :
Et alors ?

Liturge :
Alors, ce moment de fraternisation dans la lumière de Noël reste pour moi un magnifique signe d’espérance. Vous rendez-vous compte ? Il s’est manifesté voici près de cent ans. On a tout fait pour en effacer le souvenir. Et voici que, un siècle plus tard, nous l’évoquons comme une raison d’espérer dans la force du message de Noël. Voyez-vous, ces soldats ennemis sortant de leurs tranchées pour, ensemble, célébrer Noël appartiennent pour moi à la longue lignée des témoins de l’Evangile.

Quidam :
Oui, oui, les Nicolas de Flüe, Henry Dunant, Albert Schweizer, l’Abbé Pierre, Martin Luther K…

Liturge :
Ceux-là, bien sûr ! Mais, en ce moment, je pense plutôt à la foule bien plus nombreuse de tous les témoins anonymes du message évangélique, porteurs modestes, au quotidien, de la lumière de Noël. Pour ce qu’ils ont été, pour ce qu’ils sont, jour après jour, nous pouvons rendre grâce.

Prière

Liturge :
Merci pour ces hommes qui ont osé fraterniser et célébrer la paix, alors qu’ils étaient appelés à s’entre-tuer et à rester chacun dans sa tranchée. Ils ont été, comme les bergers marginalisés d’autrefois, témoins de l’annonce faite par les anges : « paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ».

Quidam :
Et toi, ô Dieu, as-tu pardonné la gifle infligée à ces hommes qui avaient pris au sérieux ton message de paix en cette nuit de Noël ? As-tu rangé tes anges à tout jamais dans un ciel incapable de pacifier notre terre ? Nous laisseras-tu continuer à faire de nos charrues des épées et de nos serpes des lances ?

Liturge :
Nous voulons te le demander, cette nuit encore, pour nous qui nous retranchons dans nos positions, pour nous qui peinons à fraterniser, pour nous, dont les Noëls sont si souvent démentis par des lendemains moroses, nous te le demandons : aide-nous à espérer contre toute espérance et à oser des attitudes et des rencontres nouvelles !

Quidam :
Nous voulons te le demander, cette nuit encore, alors que la guerre a pris d’autres formes, alors que le "no man’s land " s’est mondialisé, alors que la misère est à nos portes, fais de nous des instruments de paix ! Et donne-nous le courage de le rester demain, contre vents et marées.

Liturge :
Nous intercédons tout particulièrement pour les pays en guerre, comme la Syrie ou le Mali, et pour les chrétiens persécutés dans leur pays, au Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs encore… Au nom de Jésus le Christ !

Amen


Liturge :
Nous aussi, chers amis, nous aussi, nous sommes tous invités à être, si nous le voulons bien, témoins du message des Évangiles. Témoins modestes, là où nous sommes appelés à vivre, et en cela porteurs de la lumière de Noël

Quidam :
Cette lumière dont le Christ a dit qu’elle ne devait pas rester cachée sous le boisseau, mais devait se répandre sur toute la terre.

Liturge :
Oui, et c’est à chacun de nous qu’il appartient de la faire briller, dans l’obscurité de notre monde et malgré cette obscurité, parce que nous voulons croire en la promesse du Royaume.

« Le Royaume », une composition de Michel Hostettler sur un poème d’Edmond Jeanneret

LE ROYAUME

Et qui, si ce n’est toi,
Dieu du désert,
Dieu de la crèche et de la croix,
Fait couler l’huile de la joie
Sur ma tête, sur mes mains,
Et dans ma chair et dans mes os
Met la fraîcheur de tes ruisseaux,
La rosée de ton matin ?

Mon coeur est biche bondissante,
Mes yeux sont sources dans les bois !
Mes mains s’élèvent et s’étendent
Et branches deviennent mes bras
Pour embrasser tout le ciel !
Ma bouche est un nid d’oiseaux
Qui se pressent sur mes lèvres,
Qui me quittent d’un coup d’aile :
Alouettes sont mes mots !

Je suis le lac sous le soleil,
Je suis le sable sous l’écume,
Je suis le verre plein d’eau fraîche,
Je suis la paille de la crèche,
Je suis la nuit sous la lune…



Vous pouvez si vous le souhaitez commander le CD au 058 236 66 22 ou en nous écrivant à
Media pro, RTS, 40, avenue du Temple, 1010 Lausanne.
Le podcast de ce culte est également disponible sur le site de la RTS

Détails

Avec la participation de
Jean-Luc Crisinel, Jocelin Lipp, Sylvain Corbaz, Diego Suter, Christiane Fontannaz, Claude Champion, Elisabeth Crot, Madeleine Lipp, Bernard Cherix, Jeremy Leibundgut et Chloé Leibundgut
Orgue
Anne-Caroline Prénat
Musique
Natacha Ducret, soprano, Dominique Tille, ténor, Augustin Lipp, percussions, Marianne Cuénoud fûtes, Sylvie Amadio, accordéon, Madeleine Lipp, violon, Dominique Poget contrebasse,et Bertrand de Rham, hautbois.

Chorale sous la direction de Sebastien Vonlanthen