Comment faire quand je suis au plus bas ?

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Écouter le culte :

Pour les auditeurs lettrés ou amoureux du Moyen Âge, cul de basse-fosse, cachots, oubliettes, prison, comment nommer ce lieu où l’anonyme Joseph est abandonné à son sort pour des suspicions d’abus sexuels sur la femme de Potiphar. La présomption d’innocence ! Attendez, je vous parle pas d’hier mais d’être dans l’anonymat, tout en bas.
Au temps des pharaons nous sommes et nous entendons l’histoire d’un homme qui se trouve dans l’oubli, dans le noir, tout en bas. Et ce qui m’impressionne c’est l’intelligence, le don et la main de Dieu ou le hasard dans son histoire ? Intelligence, don, main de Dieu. Trois mots clés, clés pour ouvrir des serrures.
Mais avant de vous emmener dans les secrets des oubliettes, je voudrais faire un flash, breaking news, sur l’art moderne avec vous. L’âge venant et aimant tout particulièrement l’art moderne j’ai appris une chose des autres. Souvent, une œuvre est terriblement simple à reproduire, mais il fallait en voir l’idée !
Aussi le créateur est celui qui pense à mettre ensemble une selle de vélo en lui posant un guidon de vélo de course au dessus et voici au mur la sculpture d’une tête de taureau vue par Picasso. Je pense que beaucoup d’entre vous visualisent cette sculpture. Il y a des cyclistes dans la salle, à l’antenne, retirez votre selle, votre guidon recourbé et vous aurez un taureau, mais vous n’aurez pas créé. Et si votre guidon est plat eh bien c’est une vache maigre. Et alors ?

L’histoire des vaches maigres et des vaches grasses doit bien faire partie du patrimoine mondial de l’humanité. Je crois que tout le monde la comprend, tout le monde la connaît sans en savoir forcément l’origine. Son interprétation philosophique reste vraie et est intemporelle : il faut profiter des temps heureux pour veiller aux temps moins riches. On met de l’argent de côté quant on peut ! Pendant son temps de travail pour sa retraite. L’Etat nous fait cotiser. Lui-même essaie d’être intelligent dans les années où tout rigole.
On place une partie de sa récolte de côté, au cas où? Pendant les vaches grasses, mettons un peu de côté pour le temps des vaches maigres, c’est le bon sens absolu. Les ados assez dépensiers le savent aussi. Voilà un bon dicton, une bonne pensée bien ronde.
Pharaon, qui possède tout, n’a pas de problèmes de fin de mois. Il est le Dieu vivant d’Egypte et il est assuré de presque tout. Mais il est par contre le créateur d’images dans sa tête qui le dépassent et qui l’angoissent, des images qui feront le tour du monde. C’est lui qui voit les vaches grasses pendant son sommeil, c’est lui qui voit les vaches maigres, ainsi que les épis dont on parle un peu moins. C’est une chose à ne pas oublier ce n’est Joseph qui crée cette parabole, cette métaphore de l’existence, c’est Pharaon dans sa tête, dans ses cauchemars, lui qui règne sur tout et sur tous. Il a un rêve.
On pourrait facilement dire que c’est Dieu qui lui a implanté ce rêve pour arriver à ses fins, d’accord, je peux en convenir, mais je souhaite rendre à César ce qui est à César et à Pharaon ce qui est à Pharaon.

L’histoire des vaches maigres et des vaches grasses est bien venue de son rêve dans sa tête et surtout de l’incapacité de tout un royaume, de tout un système à l’expliquer. Les devins, les numéros à pré-paiements, vous pouvez oublier. Personne n’explique ce rêve la première fois. Parlons de nous un instant : Mais comment se sortir du fond de la fosse ? Quand on est bien coincé, bien serré par les événements : notre passé, la famille, la santé, le travail ou l’absence de travail. Comment se sortir du cycle des cauchemars, des catastrophes en série ? Comment se sortir du fond de la fosse ?
Une formule magique comme Safnat-Panéa serait bien, mais ce n’est pas si simple. Et s’il suffisait de dire « priez donc », je vous le dirais volontiers. Joseph est des années dans le creux de la vague pourtant dans quelques instants son histoire peut nous aider, vraiment nous aider.
Mais comment se sortir du fond de la fosse ? Vous l’avez entendu, mais y avez-vous été attentifs ? Pharaon à sa fête, il fête son couronnement sans doute. On ne lui chante pas encore la chansonnette du bon anniversaire, mais on vient vers lui avec déférence lui rendre ses charges. Si je suis le chef-sommelier, je viens lui rendre mon tablier, si je suis le chef des armées, mon épée, le panetier, son panier, le savetier les savates etc.
Vous avez compris chacun vient à cet anniversaire humblement rendre les insignes de ses responsabilités. Et Pharaon dans sa grandeur magnifique de distribuer les marocains, les responsabilités, les symboles à chacun permettant de continuer avec ses privilèges ou au contraire d’entrer en disgrâce. Bon anniversaire Pharaon, nos vœux les plus sincères ou les plus intéressés !

Deux personnages sont tombés. Ils sont dans l’impasse, rue du « Je-ne-sais-pas-de-quoi-demain-sera-fait », passage de l’angoisse au rendez-vous. Trop de temps pour penser. Attachés à la parole, à la décision d’un autre. Comme nous nous le sommes, pris en justice, pris en amour, pris en santé, pris en métier, à attendre. Attendre avec un destin que nous ne maîtrisons plus. Une réponse, une lettre, un recommandé. Et pourtant, pour la plupart d’entre nous, la résignation n’est pas notre religion. Nous voulons sortir du fond de la fosse, de cette tour qui nous tient prisonnier, prisonnière ?
Deux personnages sont tombés. Le panetier pour qui le Pharaon décidera la mort, le chef-sommelier appelé aussi dans d’autres textes, l’échanson, qui retrouvera son poste. Et Joseph, l’hébreu, lui qui est là sur leur chemin et qui restera en prison est le lien ténu entre Dieu et l’histoire des hommes. Lui Joseph qui est en prison et qui sans doute n’est même pas connu des décideurs, un pion dans un grand jeu de pouvoir et de séduction. Mais il comprend les rêves dit-il, grâce à Dieu et il en fait cadeau aux autres. Murmurant « Tu ne m’oublieras pas !»
Comment se sortir du fond de la fosse quand on est un inconnu ? Ici Joseph donne une leçon de vie.
La première chose : cet hébreu continue à être intelligent dans son malheur. Ce qui me permet de dire cela c’est que le responsable de la prison, trouvant cet homme intéressant, va le nommer comme surveillant, aide des autres prisonniers. Quel avantage va-t-il en tirer ? Nous ne le savons pas précisément. Imaginons, quelques conditions de vie meilleure. Il va donc dans son malheur rester intelligent et lorsque nous sommes dans cette situation, même quand l’injustice règne, nous sommes appelés à cette intelligence. Jésus de Nazareth, la veille de sa mort, au pire moment, dit dans une prière, « Seigneur, non pas ma volonté mais la tienne », lorsqu’un disciple zélé sort l’épée pour le défendre il lui dit de la remettre au fourreau, ne pas se renier et renier ses idéaux dans la chute. Pour garder la tête hors de l’eau rester intelligent et ne pas renier ses idéaux.

Puis, Joseph a aussi un don. Un don sympathique, il ferait fortune aujourd’hui. Celui d’interpréter les rêves. Ah ! Sigmund ! Joseph a un don qui fera de lui l’ennemi de ses frères puisque ils n’hésiteront pas à l’abandonner dans une citerne du désert parce qu’il se rêvait au-dessus d’eux. Il a un don ce jeune homme, un don qui fera de lui l’interprète des rêves du panetier et du chef-sommelier. Il a un don ce jeune homme, un don qui fera de lui finalement l’interprète des rêves difficiles de Pharaon et qui lui permettront de se sortir du fond de la fosse ?
Je lance ce projet global : amis, restez intelligents et utiliser vos dons positifs. La gratuité paie toujours dans les mains de Dieu. J’entends d’ici l’objection venir du fin fond des ondes : moi monsieur, je n’ai pas de don. Ecoutez : l’accueil est un don, l’amitié est un don, arranger les fleurs est un don, mettre en relation des gens est un don. Objection : mais moi je n’ai aucun don. Cela c’est ce que pensent beaucoup trop de gens.
Bien sûr tout le monde n’est pas à même de comprendre les rêves, chanter divinement, jouer de la musique magnifiquement, raconter la Bible, transformer tout ce que l’on touche en or, avoir la main verte ou le sens de la diplomatie, garder les chats ou parler 7 langues que sais-je encore ? Bien sûr il y a des dons plus spectaculaires, plus rares, mais avec intelligence cueillez le don qui vous reste, cueillez le don qui est le vôtre. Placez le dans les mains de Dieu. Comme Joseph l’a fait. Trois jours de patience pour ces deux larrons !

Afin de se sortir du fond de la fosse, je n’ai pas de recette miracle, mais je dis ce que j’entends dans ce texte et il est plein d’espoir, ce texte. Pub ! Je vais le dire tout autrement : J’ouvre une petite parenthèse publicitaire, vous restez s’il vous plaît : où mettre son argent en sécurité par les temps qui courent ? Où trouver un rapport intéressant ? Investissez dans les greniers invisibles, vous ne serez pas déçu. Pas de voleurs. Pas de dévaluation. Pas de taux de change variables, non rien que du bonheur. Investissements garantis dans les greniers invisibles. Ils sont d’ailleurs gérés par un créateur de génie, Jésus de Nazareth lui-même, fils de Dieu. Investissez dans les greniers invisibles. Fin de la parenthèse publicitaire.
L’histoire de Joseph l’hébreu qui se fait chahuter par sa fratrie au point de finir esclave dans un autre pays pour finir presque l’égal du Pharaon, anneau et signes du pouvoir en main n’est pas qu’une belle histoire d’autrefois que l’on raconte aux enfants. Si vous voulez elle est mon histoire, elle est votre histoire.
Tout à coup un jour quelque chose change. Ici un jour d’anniversaire quand le sommelier se souvient qu’il a rencontré un homme bien qui l’avait aidé. C’est tout à coup la fulgurante remontée de Joseph l’hébreu, du fond de la fosse jusque sur le char royal du pouvoir. Hasard ou main de Dieu. Tout à coup ce que l’homme a fait de bon dans l’anonymat, dans le bénévolat, dans le dos des autres est mis en lumière. Et ce plan là est dans le plan de Dieu.
Hasard ou main de Dieu ? On va donner à cet homme le nom Egyptien de Safnat-Panéa. Il y a le mot vie en égyptien dans ce nom crypté dont les spécialistes ne connaissent pas tout à fait le sens. La suite de l’histoire, prenez plaisir à la lire dans le livre de la Genèse dès son chapitre 42, on y voit les rêves devenir réalité. Vaches grasses-vaches maigres. Rester intelligents et user de vos dons. Safnat-Panéah tout le monde.
Amen !

Détails

Avec la participation de
Narration par Béatrice et Philippe Dépraz
Orgue
Peter Braganza
Musique
Suzanne Bossy, soprano; Céline Kayalez, violon alto