Dieu veut notre croissance intérieure

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Ce lac de Génésareth, chers paroissiens, chers auditrices et auditeurs, est souvent le théâtre, quasiment la scène pour les actes et les paroles de Jésus. C'est ainsi ici. La situation géographique du lac est très basse, 200 mètres en dessous du niveau de la mer. Il est entouré par le prolongement des flancs montagneux du Liban. L'Œil de Dieu – comme on appelle encore aujourd'hui ce lac. Le plus souvent sa surface est calme, mais des vents rabattants peuvent s'enfoncer dans la région de dépressurisation de la cuvette, frappant presque verticalement la surface de l'eau en provoquant de grosses vagues. Mais aussi vite que cette tempête est arrivée, aussi vite elle a passé. Un miracle pour les gens qui pouvaient vivre cette tempête de tout près. Ce qu'on peut considérer de l'extérieur comme un phénomène naturel peut être un miracle pour des hommes en détresse en mer.
Mais qu'est-ce que Dieu a à voir avec les humeurs de tempête et du temps ? Que nous raconte cette histoire de Dieu ? Ce récit est en quelque sorte devenu un symbole de l'expérience humaine générale du sauvetage. Mais en fin de compte se pose la question: où est Dieu dans cette expérience?
Rappelons-nous la lecture du psaume 107. Ce psaume est une prière dans la détresse, dans la peur pour sa propre vie. Le prieur du psaume compte avec l'aide de Dieu. Il présume que Dieu ne désire ni sa fin ni la nôtre, mais plutôt notre délivrance.

C'est ainsi que la Bible parle toujours de Dieu: Dieu veut notre croissance intérieure, Dieu veut des hommes et des femmes libérés et vivants. Ceci ne veut pas dire que nous nous porterons toujours bien, que nous serons toujours heureux. Quelquefois, la libération et la croissance intérieure doivent être acquises par la souffrance, quelquefois même être conquises par une haute lutte. Il se pose alors la question : comment, dans des moments si difficiles, trouvons-nous la confiance que Dieu nous porte ?
Comment trouvons-nous la confiance qui justifie le comportement de Jésus ? Tempête, nuit, mer: que signifient ces paroles, que symbolisent ces images, quel vécu se cache là-derrière ?
J'ai été appelée une fois chez une femme en fin de vie. Elle n'était déjà plus tout à fait consciente, avait les yeux fermés et respirait difficilement. En plus, elle faisait des mouvements de nage avec ses bras. À une heure tardive elle s'arrêta. Elle était arrivée à l'autre bout de la rivière, la tempête avait passé. Ce vécu m'a touchée et j'ai compris pourquoi il y avait tant d'histoires, même dans la Bible, qui parlaient de marée et de forte houle. Notre histoire démontre que nous pouvons vivre au milieu de ces marées et de ces tempêtes et comment nous pouvons en grandir. Il s'agit du comportement intérieur que Jésus incarne. Jésus dort à l'arrière du bateau chahuté par les vagues, se laisse porter par le courant, ne se défend pas, ne se dresse pas contre, il est au milieu.

Peut-être avez-vous déjà fait cette étrange expérience: que la douleur, le désespoir ou la colère sont le plus douloureux là où l'on les refuse, où l'on ne veut pas les admettre, où on les refoule. Le deuil est le plus lancinant alors qu'il ne devrait pas l'être. La solution d'une situation embrouillée est la plus éloignée là où se dressent des tabous, où une couverture est déployée en-dessus de nos soucis. C'est la plaidoirie de notre histoire: rester fidèle à nos sentiments d'impuissance dans notre désespoir, dans notre deuil. Jésus s'abandonne dans la tempête – nous pouvons alors nous abandonner à notre désespoir, à notre souffrance, car là nous sommes vivants, totalement humains. Et là, où nous tiendrons le coup, où nous nous trouvons au centre, là nous pouvons trouver une solution. Nous avons souvent le sentiment de devoir trouver la solution par nous-mêmes – finir avec le deuil, avec l'insatisfaction, avec telle ou telle situation.
Notre histoire veut transmettre autre chose: là où nous sommes authentiques, près de nos sentiments, là où nous ne nous opposons plus à nous-mêmes, là se trouve la solution, là se calme la tempête. La guérison se déploie et se produit. Au milieu de la tempête nous pouvons apprendre à dormir.

Une petite histoire à ce sujet: un homme est assis au bord de la mer et regarde les empreintes de ses traces de pas, du chemin de sa vie dans le sable. Il observe alors qu'à côté de ses traces se trouve un deuxième tracé. C'est le tracé de Dieu. Mais justement là où sa vie est la plus difficile, plus douloureuse, il ne voit qu'un seul tracé. Il en veut à Dieu et lui lance: Pourquoi m'as-Tu abandonné justement au moment où ma vie était si difficile. Et Dieu lui répond: Les traces que tu vois ne sont pas les tiennes, mais les miennes. Je t'ai porté – dans ces moments difficiles de ta vie.

Chers paroissiens, chers auditrices et auditeurs, c'est ça le message de notre histoire. Dieu est avec nous, même si nous ne le remarquons pas, même si nous l'acceptons ou pas. C'est pourquoi nous pouvons nous laisser aller, dans notre deuil, notre impuissance, dans nos trop grandes exigences. Dieu veut des hommes et des femmes vivants qui sont capables de faire face à leurs sentiments. La promesse qu'il nous fait est claire: Dieu est là. Nous tombons et quelquefois nous semblons submergés par les flots. Et chaque fois que nous tombons, nous sommes confrontés aux flots de nos sentiments désagréables. Nous tomberons, dit l'histoire mais elle continue: Nous pouvons nous laisser tomber, car nous ne tomberons jamais plus bas que dans la main de Dieu.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Eric Develey
Musique
Groupe de Gospel, ss la dir. de Christophe Haug