Du délire

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Dans l'évangile de Pâques, le tombeau est vide. Mais dans notre vie, c'est parfois notre coeur qui est vide. Un tombeau vide, dans l'Evangile, c'est un signe de vie. Un coeur vide dans notre vie, c'est un signe de détresse. Mais voici que le vide du tombeau peut remplir notre coeur d'une espérance nouvelle !
Malheureusement pour beaucoup, Pâques est surtout plein de vide. L'annonce que le Mort est vivant, qu'Il est ressuscité apparaît aux yeux de beaucoup, même d'ailleurs aux yeux des apôtres, comme un délire.
— Vous ne croyez pas, vous ne pouvez pas croire, rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls, vous êtes même en très bonne compagnie : vous ressemblez même à un apôtre. Vous êtes une femme, qu'à cela ne tienne, vous ressemblez quand même à un apôtre !
«Il est ressuscité» : aux yeux des apôtres, ces paroles semblèrent un délire et ils ne croyaient pas…
Il est vrai que nous doutons plus facilement de la vie que de la mort. Quand on est mort, on est mort, mais quand on est vivant : on n'est jamais très sûr d'être vivant. La vie que je vis, est-ce vraiment la vie ? Est-ce vraiment pour cette vie que j'ai été créé ?
N'allez pas me faire croire que vous ne vous êtes jamais posé la question ! Ne sommes-nous pas tous habités comme d'un appel à un au-delà de notre vie ? Ne cherchons-nous pas dans notre vie une autre vie ? Et puis voilà qu'un jour, au travers d'un événement, d'une rencontre, d'une certaine manière, nous ressuscitons. Nous croyons enfin à notre vie…
Vous le voyez, Pâques n'est pas si étranger à notre existence !

Hier une gentille paroissienne, il n'y a que des gentilles paroissiennes à Bernex-Confignon, hier une gentille paroissienne m'a téléphoné pour m'annoncer sa résurrection. Elle m'a dit qu'elle a passé deux jours aux soins intensifs cette semaine, et qu'aujourd'hui, elle est comme ressuscitée. Pâques prend un sens très fort et bien particulier pour elle cette année. La vie a été plus forte que la mort !
Prions pour celles et ceux qui sont aux prises avec la mort, que la force de l'espérance les soutienne !

«Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau
Etant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus

Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ?
Il n'est pas ici, mais il est ressuscité
Rappelez-vous ce qu'il vous a dit…»

N'êtes-vous pas comme moi frappé à la lecture de ce récit que nous propose l'évangéliste Luc ? Les signes ne suffisent pas à faire naître la foi : la pierre roulée, le corps qui a disparu. Ces signes ont besoin d'une parole, d'une interprétation en quelque sorte, pour que naisse la foi.
Les femmes sont seulement déconcertées de ne pas trouver le corps de Jésus, elles ne sont pas encore des croyantes. C'est le message des deux envoyés (deux hommes en vêtements éblouissants, plus loin dans le récit l'évangéliste en fera des anges qui les invite à se rappeler les paroles de Jésus lui-même, qui leur permettra de naître à la foi.
Cette interprétation est donc d'abord «un faire mémoire», se souvenir de l'enseignement et des paroles de Jésus : «je serai livré, crucifié et le troisième jour, je ressuscite».
Cette mémoire ouvre sur l'avenir du Vivant… sur l'irruption d'un acte de Dieu dans la platitude et l'horizontalité de la mort : Jésus se lève !

à la foi


Contrairement à nos résurrections humaines, la résurrection n'est pas un retour à la vie. Avec le Christ ressuscité, c'est une dimension radicalement nouvelle que Dieu fait surgir au milieu du monde : une Bonne Nouvelle !
Finies les voies sans issue, fini les impasses, Dieu ouvre un chemin nouveau entre Lui et nous. Il nous invite à une relation nouvelle, une relation de vie. Fini les impasses, Dieu a jeté des passerelles !
Le message de Pâques, c'est que Dieu nous invite à la vie. Il nous invite à nous lever pour entrer dans une relation renouvelée avec Lui, car maintenant tout est possible !
Pâques n'est pas un aboutissement, une fin en soi, Pâques conduit à la Pentecôte, la Fête de l'Esprit. La Fête de la Vie conduit à la Fête de l'Esprit !
Que Dieu remplisse notre coeur de Son Esprit et de Sa Vie ! Qu'Il ressuscite notre foi ce matin et qu'Il nous donne, non seulement de la dire et de la chanter, mais aussi de la vivre !

Amen.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Musique
Denis Ferry à la trompette
Choeur de Commugny, dir. Florence Krafft