Aimé du berger !

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Avec "La brebis égarée" et "la drachme perdue", nous sommes en présence de deux paraboles parallèles qui mutuellement s'éclairent et se renforcent. Dieu cherche le pécheur car il est digne de pitié; en réalité, ces deux paraboles, qui commencent par une question, sont des raisonnements par voie d'arguments..."
Laissons là cette forme de langage !

Jésus aimait parler en parabole; plusieurs d'entre elles ont marqué notre enfance et beaucoup parmi nous ont encore du plaisir à les entendre aujourd'hui.

Pour en saisir le sens afin de le transmettre, le pasteur prend ses lunettes de théologien et dissèque le texte avec un bistouri d'exégète qui n'est pas toujours (disons-le), le sien. Enfin, il s'efforce d'actualiser cette parole.

Aujourd'hui, en cette période de vacances, où des troupeaux de touristes se croisent sur des prés de bitume, je vous invite au voyage ! Place à un peu de fantaisie; introduisons-nous dans la parabole, devenons-en les acteurs !

Imaginez !

Vous êtes berger ! Chef berger ! (d'ailleurs vous travaillez seul, et même sans chien.) Au dernier recensement, votre troupeau était composé de cent moutons, ou cent brebis si vous préférez (moi je préfère !) Cent brebis, pas une de plus, pas une de moins !

Vous êtes berger ! et voilà que : ..."95, 96, 97, 98, 99...?" c'est pourtant bien la cinquième fois que vous comptez et recomptez, vous devez vous rendre à l'évidence; quittant à votre insu le pâturage, une bête a pris la clef des champs... une brebis s'est égarée. Que faire ? Oui,... vous le berger.... qu'allez-vous faire ?

Prendre ma tête entre les mains... et puis le temps de la réflexion. Ma foi tant pis pour cette brebis ! Elle est partie, elle est partie ! Bien malin qui remarquera son absence. Un pré brouté par 99 ou 100 bêtes, c'est toujours un pré brouté par un troupeau de moutons. On ne voit pas la différence, pour cela il faut compter !

Et c'est là qu'il y a malgré tout un problème c'est que vous, le berger, vous avez compté. Le compte n'y était pas.... c'est arithmétique :"il y en manque une! " Après tout raisonnons : "toute entreprise comporte des risques, il y a donc aussi des pertes et du déchet.... Cent brebis, on ne peut pas tout de même tenir chacune en laisse ! Un pour cent ! Un tout petit pour cent de déchet, à faire passer dans le compte "pertes et profits" de la maison, c'est admissible, la commission de gestion n'aura rien à redire !" et vous le berger, à force de compter vos moutons, vous vous êtes endormi...

Imaginez !

Vous êtes la brebis perdue ! Enfin pas si perdue que cela, puisque vous savez bien où vous êtes, n'est-ce pas ? Faire partie du troupeau, c'est bien joli cela, mais bêler toujours avec les autres ce n'est pas évident, ni séduisant (surtout quand on a un tempérament de soliste...) et puis, plus on s'éloigne des autres meilleure doit être l'herbe. Vous le croyiez et vouliez en faire l'expérience, puisque vous êtes la brebis égarée !

Seulement voilà, de touffes d'herbes en buissons, de buissons en chardons, vous vous êtes distancée. Les ombres se sont allongées, le soleil frôle l'horizon, l'on n'entend plus bêler, même en dressant l'oreille. Que faire ? Mais oui, brebis perdue, maintenant qu'allez-vous faire ?

Je vais profiter de la vie, me réaliser, être enfin moi ! Dans le troupeau, je passais inaperçue, personne ne faisait attention à moi en tant qu'individu. Maintenant, je suis seule, unique, j'existe ! L'on va me remarquer, l'on va m'admirer ! Enfin, je l'espère: car pour le moment, il n'y a pas foule.... Et celui dont la main me donnait le sel, ne porte pas son regard sur moi... Et je découvre aux chardons, un goût piquant et amer que je ne leur connaissais pas !

Imaginez !

Vous êtes le troupeau ! Le troupeau tout entier (ou presque, puisqu’une brebis vient de vous quitter). Peut-être ne l'aviez-vous pas remarqué, tout occupé que vous étiez à brouter votre pré ? Mais maintenant que vous le savez, vous voyez bien de qui je veux parler. Elle est toute pareille à chacune d'entre vous, comme le sont les perles de la rosée de vos pâtures matinales. Qu'allez-vous faire ? l'une des vôtres est partie, l'une des vôtres s'est égarée ! Qu'allez-vous faire, puisque vous êtes le troupeau ?

"S'il y a de l'herbe à brouter pour cent brebis, il y en aura bien assez pour 99 ! Et puis, suis-je le gardien de mon frère ? Chaque société, chaque communauté a ses marginaux, et moi le troupeau n'échappe pas à la règle. Que chacun s'occupe de ses affaires... et les brebis seront bien gardées! "(Et le troupeau tout entier de l'envoyer paître...)

Toutefois, une question vint troubler l'esprit des bêlantes brebis : "si la brebis perdue est si semblable à moi, l'on pourrait nous confondre. Et qui, d'elle ou de moi en fin de compte, pour le berger et tous les autres, existera ?

Revenons à nos moutons et quittons mon histoire. Mais soyez-en assurés, toute allusion, toute ressemblance avec la parabole de Jésus sur la "brebis perdue et retrouvée" étaient délibérées; seuls les personnages ont été .... disons : "retravaillés".

Car le berger, comme le disait Ezéchiel : "C'est moi le Seigneur Dieu qui l'affirme : j'irai chercher la bête qui s'est perdue, je ramènerai celle qui s'est écartée du troupeau..." Le berger, avouons-le, ce n'est pas vous ni moi, je crois. La brebis perdue ou les 99 autres, cela pourrait bien être nous, à tour de rôle, ou même un peu tous les deux à la fois....

Si de violentes migraines vous serrent la tête comme dans un étau, vous n'allez certes pas vous réjouir de ce que le restant de votre corps ne vous fasse pas souffrir.

Si l'un de vos proches est très gravement atteint dans sa santé, vous n'allez pas penser en priorité à tous les membres de votre famille qui se portent à merveille.

Toute notre attention se tourne là où la peine et la douleur tenaillent; un intime est dans la souffrance, vous avez mal pour lui; votre crâne vous torture, vous songez à votre mal de tête.

Dans la parabole, Jésus est le berger, et aujourd'hui il a mal à la brebis égarée. Tout le restant du troupeau va bien, merci ! Oui, il a mal à la brebis qui lui manque. Il a compté et recompté; des cent unités de son troupeau, il n'en reste que 99; pas une de plus ! Compter ses moutons, lui, ne va pas l'endormir. Pour Dieu, une brebis manquante, ça n'est pas "un seul pour cent" (une marge négligeable !). Une brebis perdue, certes, n'est qu'une brebis perdue; mais à elle seule, elle fait du reste du troupeau, un troupeau infirme, un troupeau incomplet.... Grâce aux 99 qui vont bien, (c'est peut-être vous et moi), le berger peut partir à la recherche de la brebis égarée (c'est peut-être vous et moi!)

Imaginez !

Vous êtes le troupeau, Jésus est le bon berger; il nous a quittés pour aller chercher l'autre, l'individualiste, l'orgueilleuse, la marginale (c'est peut-être vous et moi).

"Il perd son temps ! Il se fait des illusions ! le berger ! "Et le troupeau fidèle, jaloux, de s'exprimer :"ne comptons-nous donc pour rien ?" Et nonante-neuf voix bêlèrent d'indignation...

Ces voix, Jésus les entend mais ne les écoute point. Une brebis est perdue ! il y a urgence; et une urgence, demandez-le à un médecin, cela ne se discute pas. Il part, il va, il cherche, il trouve, il convainc, il ramène ! Le troupeau est guéri, le troupeau est complet; vous pouvez compter !

Imaginez !

Vous êtes la brebis perdue ! La solitude vous a vite dégrisée de votre ivresse de liberté. Le berger est venu vous chercher, il vous ramène et au fond de vous, vous craignez : "Je vais perdre la face; en me voyant, le troupeau bêlera : voici le mouton noir, la marginale, ridicule animal !"

Pourtant, dans votre coeur, vous découvrant aimée du berger, une certitude va s'imposer : "Non, je n'ai rien à craindre, le troupeau se taira. Je ne reviens pas seule, c'est le Christ qui me porte; il a donné sa vie pour le troupeau comme pour moi. Je suis sur ses épaules, et au soleil couchant, sur les prés, notre ombre a l'air d'une croix....

Amen.

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Josette Chevey
Musique
Rolf Schoenenberger - violoniste