Grande table ronde dans la maison du père

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"Y a-t'il un pharisien sur les ondes ? ou, ici, dans le temple de Sierre ? Bien curieuse question pensez-vous certainement ! - Certes non ! aurions-nous tendance à répondre; qu'avons-nous à voir avec ces pharisiens qui au temps de Jésus cherchaient les meilleures places, s'enorgueillissaient d'être nettement meilleurs que les autres et se targuaient (en bons pratiquants), de faire à tous la leçon ?

Eh bien, chers frères et soeurs en Christ, au risque de vous surprendre, la "pharisaïte" nous guette ! Sachez-le, c'est une maladie infectieuse et contagieuse à évolution lente, elle frappe (chose curieuse), deux catégories de gens : les chrétiens assidus et ceux qui se déclarent "non-pratiquants."(Comme si, laissez-moi rire, la pratique religieuse, se résumait à occuper 60 centimètres d'un banc d'église le dimanche seulement.
Les uns comme les autres ont cela en commun, c'est qu'ils sont fiers de l'être.

De fait, la "pharisaïte" nous menace tous; elle se manifeste généralement par une forte poussée de confiance en soi, par une éruption d'orgueil, accompagnée de bouffées de vanité; elle est généralement suivie de troubles de la conscience et du discernement qui donnent au malade un faux sentiment de supériorité !

La "pharisaïte", vous l'avez compris (mais n'allez pas chercher le mot dans votre dictionnaire ou votre encyclopédie), tire son origine dans le nom de "pharisien".

Les pharisiens pratiquaient une obéissance pour le moins rigide au décalogue, aux dix commandements, augmenté d'un peu plus de 200 obligations et de 600 interdictions ajoutées au cours des siècles... Dans le fond ce sont des fidèles méritants que Jésus, le fils du charpentier de Nazareth perturbe beaucoup par ses actes, ses paroles et ses paraboles. Il opère des guérisons le sacro-saint jour du Sabbat; il ose prétendre que le Sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le Sabbat; il sous-entend, en public : "- que les pharisiens (gens honorables par excellence) devront céder leurs premières places aux humbles ! (aux minables, dans leur esprit).

Blessés dans leur amour propre par des comportements et des propos qu'ils jugent subversifs, les pharisiens vont se faire intégristes, défenseurs "jusqu'au boutistes" de la tradition, (telle qu'ils la comprennent)... et, quasiment à leur insu, les persécuteurs du Christ. Ils fermeront leurs oreilles, coeur, esprit et raison à la Bonne Nouvelle de l'Evangile; c'était, il y a près de deux mille ans !

Comme je vous le disais tout à l'heure, la "pharisaïte" nous guette, vous et moi. Si nous sommes du nombre des chrétiens assidus, nous ne nous considérons pas, je l'espère, comme étant des gens parfaits ? Nous aussi sommes pécheurs et avons de Dieu à recevoir le pardon... Mais au fond de nous une pointe, que dis-je ? - un soupçon de "pharisaïte" nous laisse croire que nous sommes quand même un peu mieux que les autres... un tout petit peu meilleurs.

Par contre, si nous sommes du nombre des chrétiens non-pratiquants, nous avons la franchise d'affirmer (que de fois ne l'ai-je entendu dire) : "Ceux qui vont à l'Eglise ne sont pas meilleurs que nous !" C'est vrai cela ! Mais cette expression (ne soyons pas dupes), ne sous-entend-elle pas, qu'en fin de compte, que nous qui n'allons pas à l'Eglise, nous sommes tout de même, un peu mieux que les autres, un tout petit peu meilleurs ?... que ceux qui y vont, et que nous taxons d'hypocrisie ! Et nous voici, tout comme eux, frappés d'un accès de "pharisaïte".

Le Christ nous invite, tant les uns que les autres, à une bonne cure d'Evangile, à un traitement de choc ! Pas d'un Evangile lénifiant, un peu "gnangnan", dont on n’écoute plus les paroles dès que l'on entend le refrain. Mais un Evangile dans sa vérité avec tout ce que cela peut comporter de décapantes remises en question !
L'on en a fait parfois un doux ronron, mais l'Evangile n'est pas une berceuse. Il est chant du coq, il est réveil-chrétiens !

Tandis qu'aujourd'hui, les publicitaires rivalisent d'originalité pour promouvoir des produits prétendus apporter le bonheur, la réussite, la forme physique, l'équilibre psychique à leurs acquéreurs, l'Evangile, lui, affirme : "Heureux les pauvres en esprit...! (Attention ! cela ne signifie pas :"Heureux les imbéciles!...) mais "Heureux ceux qui savent qu'ils n'ont pas tout !" ceux auxquels il demeure dans leur vie, dans leur esprit, dans leur coeur, un vide que Dieu peut combler.

Alors qu'aujourd'hui les "fans" de sports de compétition n'ont d'yeux que pour les champions qui occuperont les plus hautes places du podium; l'Evangile ose dire que : "... les premiers seront les derniers et que les derniers seront les premiers !
Pas vraiment banal l'Evangile !

Alors qu'en politique sur toutes les scènes du monde chaque dignitaire aspire à la première place; Jésus conseille à celui qui veut être son disciple de choisir à table la dernière afin qu'on lui dise :" Mon ami, avance plus haut!..." Et il ajoute : "Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas ceux qui sont en mesure de te rendre l'invitation mais ceux qui ne le peuvent pas, les pauvres, les infirmes, les boiteux et les aveugles !...

Pas vraiment banal l'Evangile, puisqu'il nous oblige à nous remettre en question, dans nos habitudes de vie, dans tous nos réflexes, idées et gestes qui semblaient bien naturels et aller de soi.

Pas vraiment banal l'Evangile ! Et ambitieux avec cela, puisqu'il se propose de changer l'homme en profondeur. Pour qu'à l'image de Jésus Christ, chacun de nous ne vivions plus d'abord pour nous-mêmes, mais pour les autres ! Et qu'ensemble, nous construisions un monde dans lequel le respect du prochain, le partage, la solidarité et la paix auront leur légitime place !

Changer l'homme en profondeur... pas banal comme projet ! Eradiquer, extirper, éliminer pour toujours de la surface du globe la "pharisaïte". Et si malgré tout, on essayait ?... Et si chacun s'efforçait de changer déjà ce qui peut l'être dans sa façon de penser, de parler et d'être ?!

"Voici donc le commandement que le Christ nous a donné, dit Jean, apôtre, dans sa première épître : celui qui aime Dieu doit aimer aussi son frère !" Ou, autrement dit : "Si tu prétends aimer Dieu, témoignes-en par l'amour que tu porteras à ton prochain !" - "Prenons tous ensemble place à la table de fête !" Dieu lui-même nous y invite !" - Que l'orgueil ne nous pousse pas à réclamer et à nous prévaloir de la première place, passant devant ceux que nous toisons de haut et dédaignons peut-être... "Il se pourrait, (c'est Jésus qui le dit) que celui qui t'a invité vienne te dire : - Laisse ta place !... et que , tout honteux, du doives alors aller t'asseoir à la dernière place".

Que l'humilité par contre nous incite à nous asseoir à la dernière place. Qui sait, si au moment où il viendra, celui qui t'a invité ne te demandera pas de passer à une meilleure place ! "Car tout homme qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé", dit Jésus.
Nul ne saurait donc devant Dieu se prévaloir de la place qu'il occupe ! En conséquence, plus de pharisiens: plus de "pharisaïte"... mais un peuple de soeurs et de frères. Alors plus de premiers, ni de derniers... et qui sait ? (c'est ainsi que je le vois) nous nous retrouverons tous, assis, autour d'une grande table ronde dans la maison du Père !

Amen.

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Cécile Huber
Musique
Chorale de Salquenen dir. Norbert Karlen
Oeuvres pour alto et orgue avec Yvette Aeschlimann , alto