Éblouis pour relever

Bex (©Zacharie Grossen, CC BY-SA 4.0 Wikimedia Commons)

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Le troisième vitrail que nous avons dans notre temple, ici à Bex, montre la rencontre de Paul avec Jésus le ressuscité. Il a les mains sur les yeux, il ne voit plus rien, mais il est debout. Derrière lui, des soldats ; sous ses pieds, un chemin, et cette phrase tirée du livre des Actes des Apôtres qui dit : « Une grande lumière venant du ciel resplendit autour de Paul »

Paul avant sa rencontre s’appelait Saul. C’est Luc l’évangéliste qui décrit cet événement dans son deuxième livre, celui qu’on appelle les Actes des Apôtres. Il serait plus juste de l’appeler « Actes du Seigneur Jésus ressuscité », puisque, si c’est vrai que son livre raconte ce que les apôtres ont fait après la disparition physique de Jésus et son élévation au ciel (d’où viendra la lumière qui aveugle Saul), il raconte surtout comment les personnes ont été appelées, touchées et envoyées par l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ ressuscité ! En un mot, comment ces personnes sont devenues ministres de l’évangile. Paul est sûrement une figure centrale pour l’Église, mais il y d’autres ministres, d’autres serviteurs, comme Ananias, sans lequel, Saul ne serait pas devenu l’apôtre Paul qu’on connaît.

Mais qui était Saul avant sa rencontre avec Jésus le Ressuscité ? Il est né à Tarse, la capitale d’une province romaine. Peut-être que c’est un petit détail sans importance, mais Saul est de la même génération que Jésus. Son père était un juif pharisien de la tribu de Benjamin. Il était aussi un citoyen romain. Saul, son fils, était donc un homme du Livre.

À un moment, il est décidé qu’il va devenir un Rabbi et donc, un ministre, un professeur un avocat. Car, devenir Rabbi à l’époque voulait dire être tout cela. A 13 ans lorsqu’il commence l’école pour débuter le chemin qui l’amènera à être un Rabbi, il va à Jérusalem et devient un disciple exemplaire du fameux Rabbi pharisien Gamaliel.

On le retrouve précisément à Jérusalem lorsque le premier martyr de l’Église, Etienne, se fait lapider à cause de son ministère de disciple du Christ. Amené au conseil juif juridique le plus haut à Jérusalem, par des fausses accusations, Etienne meurt en affirmant courageusement sa foi en Jésus aux pieds de Saul. 

Ensuite, poursuivant sa mission sur la route de Damas, « une lumière qui vient du ciel brille autour de lui » et le fait tomber à terre. Une voix lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». « Qui es-tu Seigneur ? », demande Saul. « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et là on te dira ce que tu dois faire. »

A la question de Saul, « Qui es-tu Seigneur ? », la réponse du Seigneur n’est pas une condamnation, ni un jugement ou une culpabilisation, mais une renaissance ! « Relève-toi ! »

Jésus, en disant : « Je suis Jésus, celui que toi tu persécutes », s’identifie à ses disciples persécutés, à ses disciples en souffrance. Il souffre avec eux, et dans sa miséricorde, il offre la dignité de disciple et d’apôtre à celui qui l’a fait souffrir. Relève-toi Saul ! Et sa lumière ne touche pas seulement une partie de Saul, elle l’entoure ! C’est désormais tout l’être de Saul qui repartira pour une nouvelle vie. 

Y a-t-il plus grande miséricorde, plus grand pardon que celui de Jésus ? Cette miséricorde et ce pardon qui relèvent l’être humain qui est à terre. L’être humain qui ne voit que ses propres objectifs et propos, qui ne se rend pas compte de son aveuglement et qu’il se trompe énormément.

Et avec lui, ceux qui lui suivent ? « Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde », a dit un jour Jésus à ses disciples. Heureux déjà ceux qui expérimentent la miséricorde restauratrice, la miséricorde qui régénère, qui relève, la miséricorde qui transforme l’humain en un être nouveau !

Mais Saul, l’aveuglé, ne deviendra pas Paul l’apôtre sans l’aide de ceux qui étaient avec lui, nous dit l’évangile. Et surtout sans l’aide décisive d’Ananias. Ananias sera le ministre personnel et personnalisé de Paul. C’est lui qui va poser les mains sur lui, autrement dit, qui va le bénir et qui va, par la force de l’Esprit saint, permettre à Saul de retrouver la vue, d’être baptisé et de regagner des forces en lui donnant à manger. 

Non, Jésus ne transforme pas la vie sans l’aide de ses ministres, de ses serviteurs. Jésus ne nous laisse pas seuls, et en plus il choisit de ne pas agir seul, mais avec nous, ses ministres !

Et quel ministre, Ananias ! En connaissant la mauvaise et terrible notoriété de Saul, il accepte de le servir, d’être son ministre (serviteur) en commençant par la confiance. Il met toute sa confiance dans le Seigneur Jésus Ressuscité. « Et si tout commençait par la confiance ? », disait frère Roger de Taizé. Cette confiance par laquelle Ananias a commencé son ministère va aboutir à la transformation de Saul. Saul deviendra Paul. Paul l’apôtre des nations !  Jésus annonce cela à Ananias de cette manière : « Je l'ai choisi et je l'utiliserai pour faire connaître mon nom aux autres peuples et à leurs rois, ainsi qu'aux Israélites. Je lui montrerai moi-même tout ce qu'il devra souffrir pour moi. » 

Lorsque le Christ ressuscité nous touche avec sa lumière, cela nous permet de comprendre que pour Dieu, la souffrance n’est pas une punition, n’est pas méritée. Si dans notre vie, c’est logique qu’on cherche à éliminer ses causes et qu’on se demande pourquoi elle existe, en sachant qu’elle fait partie de la condition humaine sur terre, la lumière du Christ nous révèle que Dieu souffre avec nous. À la lumière du Christ ressuscité, la question décisive n’est pas un mot, « pourquoi », mais deux mots « pour quoi ».

Quel sens donner à notre vie malgré la souffrance ? Comment peut-elle nous aider à vivre pleinement notre ministère, notre service, notre vie dans un horizon d’espérance, de confiance, de paix, et de joie complète ? 

Ébloui par la lumière du Christ ressuscité, servi par un ministre, dans la souffrance, Saul est devenu Paul, l’apôtre, l’envoyé. Celui qui ira vivre et annoncer l’espérance et la joie complète en Jésus-Christ. Celui qui dira avec force, malgré ses faiblesses, que rien, ni les ténèbres, ni les aveuglements, ni les souffrances, ni les injustices, ni même la mort ne peuvent nous séparer de l’amour de Dieu.

Je nous lance ici, donc, un défi : même si n’avons jamais rencontré le Seigneur Jésus ressuscité de la même façon que Paul, même si pour nous c’est difficile sans voir Jésus, même si c’est une souffrance de vivre dans notre monde actuel, soyons dans les jours qui viennent comme Ananias.

Je nous lance le défi d’être comme Ananias : je nous défie de choisir une seule personne pour laquelle nous pourrions être le ministre, le serviteur personnel. Choisissons une personne très concrète que nous connaissons et que Dieu nous appelle à servir.

Peut-être que cette personne-là deviendra, par notre ministère, notre service, un jour, un envoyé du Seigneur Jésus le Ressuscité et annoncera qu’en Dieu notre joie est complète !

Lorsque Saul le grand persécuteur des disciples de Jésus, et donc de Jésus lui-même, va être ébloui par la lumière de l’Esprit Saint et qu’en ce moment précis, rencontre le même Jésus ressuscité, il ne voit plus rien. 

Relevé par sa voix pleine de miséricorde, aidé par ses compagnons, touché par un ministre et baptisé, il retrouve la vue et devient Paul, le grand apôtre.

Éblouis par la même lumière, nous, disciples du même Jésus, aidés, servis, baptisés, devenons à notre tour ses envoyés pour baptiser, servir, aider - en un mot: relever! 

Détails

Avec la participation de
Catherine Cosandey pour les lectures
Orgue
Musique
La chorale «Choeur du coeur», sous la direction de Cédric Jeanmaire, avec la soliste Camille Mortier. Au piano, Andrei Leshkin. A la guitare, Cédric Jeanmaire également.