Entre-deux... un trait d'union!

©Alexandra Urfer Jungen

Écouter le culte :

Il y a bon nombre de traits d’union dans ce texte, marquant une liaison, formant un tout.

Gabriel a rangé sa trompette, mais n’a pas jeté son tablier ! A-t-il délégué ce message à un acolyte ? Dans tous les cas, l’ange reprend du service pour assurer la suite, joue l’intermédiaire. Au cœur d’un songe, il annonce la couleur, apostrophe, informe : « Vous êtes en danger. Il faut fuir ! »

De mon point de vue, c’est plutôt un cauchemar, parce que je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que Joseph vit en ce moment-là ! Les neuf derniers mois ont été bouleversants et il vient peut-être tout juste de se remettre de la nouvelle : sa fiancée attend un enfant du Très-Haut lui-même ! Ce n’est pas très courant, c’est le moins que l’on puisse dire.

Puis, il a dû se mettre en route pour un recensement et il a fallu trouver un endroit pour permettre au petit de voir le jour, parce qu’évidemment, c’est à ce moment-là que la naissance a pointé le bout du nez et les auberges étant au complet, c’est sur la paille qu’il s’est retrouvé. Et voilà qu’une mauvaise nouvelle lui tombe dessus : il faut fuir, prendre le large, sauver la peau de sa famille, les mettre à l’abri en partant pour l’Égypte.

Quelles émotions l’habitent, il est dans un entre-deux des plus inconfortables. Il a tout laissé en plan.Quand retrouvera-t-il le chemin de sa maison ? Quand retrouvera-t-il une « normalité » comme avant ?

L’Égypte… l’Égypte a été un lieu d’esclavage pour ses ancêtres. L’Égypte a aussi été une terre d’exile pour son homonyme Joseph, fils de Jacob. Vous vous rappelez cette histoire ? Joseph, vendu par ses frères à cause d’un rêve qui a suscité leurs jalousies, embarqué comme esclave à l’étranger, emprisonné, et après moult aventures, il est parachuté au service du pharaon.

Il passe du statut de bon à rien à celui de conseiller de sa majesté. Mais qu’est-ce qui lui a permis une telle promotion ? Au cœur de son emprisonnement, c’est son don d’interprétation de rêves qui le fait remarquer, qui permet à tout un pays de gérer un temps de crise particulièrement dévastateur, traversant un temps de famine, tout en venant à l’aide aux pays voisins

L’Égypte… je me demande quelle est la première pensée, la première image qui vient à Joseph, en entendant la nouvelle : « Il faut fuir ! » De quoi vont-ils vivre et combien de jours de marche faudra-t-il pour y arriver ?

De leur côté, les sages avaient promis d’aller informer le roi Hérode de l’emplacement de la naissance. Ils auraient dû assurer la liaison, mais laissent tomber. Ce qui met Hérode hors de lui au point où il commandite un massacre des plus abominables. Leur décision a une répercussion : un massacre.

À nouveau nous trouvons une histoire semblable dans l’Ancien Testament : Moïse, encore bébé, est déposé dans un couffin et voyage à fleur d’eau pour être sauvé… sauvé d’un massacre. Quelle folie ! Imaginez ce que sa maman ressent au moment de le déposer en le laissant embarquer par l’eau vers une destination inconnue. Elle tente le tout pour le tout !  Moïse, bien plus tard, sera à la tête de la libération du peuple hébreu, laissant derrière eux leur statut d’esclave pour cheminer en direction du pays promis.

Mais dans notre texte d’aujourd’hui, Dieu était-il à court de messager ? N’aurait-il pas pu faire le nécessaire pour empêcher ce massacre ? N’a-t-il pensé qu’à sauver la peau de son propre Fils ?

Jésus est apparemment le seul épargné au cœur de Bethléem et de la région, mais à la croix, bien plus tard, il est le seul à mourir pour que tous soient épargnés, n’est-ce pas ?

Dieu n'aurait-il pas pu éviter cette mort, sauver son Fils lorsqu’il est jugé et condamné ? Au point où, sur la croix, Jésus se sent abandonné ! Quelles émotions ont jailli du cœur de notre Dieu à ce moment-là ?

Bien sûr, on peut se poser toutes ces questions ; elles sont légitimes. Mais Dieu, sincèrement, a-t-il tout pouvoir sur les grands de ce monde ? Il veille mais n’impose rien, il est de bon conseil. Il est vrai que nous aimerions que Dieu prenne les commandes au cœur de l’adversité, telle une baguette magique.

Il nous appelle à être à son écoute. Et nous, à notre échelle, sommes-nous prêts à l’écouter, prêts à cheminer ?

Joseph l’a été. Qu’est-ce qu’il serait advenu s’il s’était exclamé : « Ah non ! Je n’irai pas ! Non ! C’est au-delà de mes forces ! Le Tout-Puissant n’a qu’à gérer lui-même, moi je campe sur mes positions ! » Mais non : il a écouté, entendu et il s’est mis en route pour un pays inconnu, pour un temps indéfini. « Reste là-bas et je te dirai quand tu dois revenir. » Ce n’est pas très rassurant comme plan de voyage. 

Vous savez, cette histoire rocambolesque, faite d’épisodes à suspense, assure dans l’ici et maintenant un trait d’union divin à redécouvrir dans cet espace-temps qui est le nôtre. Le chemin peut paraître long, parfois injuste, révoltant même, mais dans tout ce qui constitue nos vies nous pouvons être assurés de sa présence à nos côtés.

Quel trait d’union dans cet entre-deux pour nous permettre de tenir la route – tenir la route, face à nos incompréhensions, face à notre quotidien en plein bouleversement, face à la situation sanitaire du moment, et bien plus encore ?

Relever le défi à l’aube de cette nouvelle année qui nous tend les bras, être à l’écoute, prendre soin, accueillir le Christ dans le berceau de nos vies ; il sait ce dont nous avons besoin.

Se laisser apostropher par cette ponctuation divine hors du commun, oser tourner nos regards vers la lumière en cultivant l’espoir d’un renouveau.

Le Christ est venu dans notre passé pour être présent dans l’avenir. Lui qui s’est senti abandonné, sait ce que nous ressentons ! Il ne nous abandonne pas.

Notre Dieu nous accueille fidèlement par grâce, il n’est pas insensible à nos prières. Notre quotidien le touche profondément, c’est pourquoi il désire offrir au cœur de notre vie, cet essentiel dont nous avons besoin pour avancer et rester debout dans les bons comme dans les mauvais jours.

Dieu a envoyé dans nos cœurs son Fils bien aimé, ce pétillant festif, cette joie de se savoir proche de Dieu, de se savoir enfants de Dieu. C’est un peu comme un bouchon de champagne qui explose de joie, pour que la Bonne Nouvelle soit entendue loin à la ronde !

Laissons, le pétillant divin faire son œuvre dans nos vies !

Amen !

Pour ce dimanche suspendu entre Noël et Nouvel An, découvrez une histoire rocambolesque, faite d’épisodes à suspense... Elle assure dans l’ici et maintenant un trait d’union divin dans cet espace-temps qui est le nôtre.

Gabriel a rangé sa trompette, mais n’a pas jeté son tablier! A-t-il délégué ce message à un acolyte? Dans tous les cas un ange reprend du service pour assurer la suite...

Détails

Avec la participation de
Brigitte Hirschi-Lizzola pour les lectures
Orgue
Verena Studer
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