Arroser de Sa bénédiction nos semailles

©Jean-Christophe Emery

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Chers paroissiens, chers auditeurs,

Il arrive de temps à autre que des prédications soient prononcées alors que s’accumulent les nuages et que gronde la tempête. Dans cette période d’après confinement, nul n'ignore que nous sommes encore au beau milieu d’une crise. Notre monde n’a pas encore gagné de façon définitive la guerre contre cet ennemi invisible, mais dévastateur.

Notre économie est touchée en plein cœur – conséquence de la pandémie. Certainement la pandémie a confirmé une chose importante : la mondialisation est désormais un fait. On ne peut vivre chacun en isolement. Nos destins sont mélangés. Le destin de l’humanité entière est lié. On est invité à adopter un principe aussi simple que vrai : « agis dans ton lieu, pense avec le monde » – un exercice difficile. Un défi. Mais la vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter.

Les mois qui sont derrière nous, nous ont mis le nez sur les faits : la mondialisation est le nouveau visage de l’aventure humaine. Nous pensons certes que nous vivons une évolution, une transformation. Mais le coronavirus nous rappelle que nous vivons plutôt une aventure : une aventure dans l’inconnu, l’aventure inouïe de l’espèce humaine.

Mais alors vient une question. A quoi ça sert de vivre une aventure si on ne sait pas ce qu’elle signifie ? La science pourra peut-être un jour expliquer le monde, mais elle ne pourra pas pour autant lui donner sa signification. En quoi puis-je croire ? Ai-je raison de vivre ? Ma vie a-t-elle le moindre sens, la plus petite signification ?  Suis-je un rouage indispensable de l'univers ?

Au lieu d'apporter des réponses dans la vie, mieux vaut savoir quelles sont les questions. Je change, tu changes, le monde change : voici la réalité dans laquelle nous vivons. Les défis pour notre monde, comme pour la vie de chacun d’entre nous, sont réels, importants et nombreux. Nous ne pourrons les relever facilement ni rapidement. Mais pour reprendre les mots de la Bible : « le temps est venu de se défaire des enfantillages ». En se posant les bonnes questions.

Vous l’avez peut-être déjà remarqué : les réponses nous rendent sages, mais les questions nous rendent humains. Jésus, souvent, parlait en questions ! Serons-nous par exemple capables de choisir les éléments de la technologie qui améliorent la qualité de vie et d'éviter ceux qui la détériorent ? Choisissons-nous d’alléger la souffrance ? De travailler ensemble pour la paix ?

Les réponses nous rendent sages, mais ces questions nous rendent humains. C’est bien de les poser dans l’esprit de notre constitution suisse, qui dit que la promesse de Dieu nous accompagne dans nos efforts. Le monde change quand nous changeons.

Dieu nous appelle pour forger ensemble un destin incertain. Il nous invite à l’espoir :  l'espoir face à la difficulté, l'espoir dans un contexte d’incertitude. L'audace de l’espoir ! En fin de compte, comme le souligne l’apôtre Paul, l’espoir est avec l’amour et la foi le plus grand don de Dieu.

Une des grandes leçons de la crise : nous ne pouvons échapper à l’incertitude. Nous sommes par exemple toujours dans l’incertitude du remède au virus. Dans l’incertitude des développements et des conséquences de la crise. Nous resterons dans l’incertitude de l’aventure humaine. On peut faire des projets, on peut formuler des souhaits, mais l’existence est ainsi faite qu’on ne peut jamais être sûr de quoi que ce soit…

Et pourtant, la Bible nous apprend qu’il n’est pas certain que tout soit incertain. Esaïe nous invite à vivre l’incertitude du moment, avec les yeux fixés sur l’horizon et la grâce de Dieu. Ce Dieu, dont il nous dit : « Il fait descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes. » Il arrose de sa Parole l’être et la vie de chacun et chacune. Comme aussi la vie de notre monde.

Esaïe nous dit : Dieu ne supprime pas l’incertitude. Simplement, car il ne supprime pas le méchant, le mal, l’erreur. Il ne le supprime pas : il l’appelle, il l’assure de son pardon. Et Dieu agit avec une tranquille détermination pour que le monde et l’homme aillent mieux. Afin qu’ils changent. Se changent.

Le prophète Esaïe parle de la pluie. Elle descend sur les bons et les mauvais. Elle ne fait pas grandir en une seconde l’enfant que nous sommes. Comme le peuple hébreu ne fut pas délivré de l’esclavage en une seconde. Ça leur a pris du temps. Un confinement dans le désert de 40 ans ! Mais Dieu offrit au peuple la manne. Chaque jour de nouveau. Assez de force, de courage, d’espérance, de confiance pour continuer la route. Pour terminer le jour. Pour attendre le lever du soleil. Pour attendre un nouveau jour.

Et entretemps ? Le peuple se mit en marche. De jour en jour, de semaine en semaine, année après année. Dieu s’est rappelé qu’on ne tire pas sur une fleur pour la faire pousser. On l’arrose et on la regarde grandir... patiemment…

Beaucoup plus tard, l’apôtre Paul dira que les écritures nous offrent du lait pour nourrir notre croissance. Jésus d’ailleurs le souligne par un geste hautement symbolique, parlant non de lait, mais de vin. Il nous offre la joie, la patience et l’espérance en nous tendant une coupe de vin. Il nous invite pour que nous la prenions. Pour que nous la buvions. Pour que nous assimilions sa façon d’être. Sa joie dans la tristesse, sa patience, son espérance. Simplement, parce que la responsabilité universelle est la meilleure des bases pour construire à la fois notre bonheur personnel et la paix mondiale.

Une simple coupe. Un profond symbole. Dieu agit en surpassant le mal par le bien. Croire, c’est inscrire sa vie dans l’esprit de cette promesse. Elle nous fait avancer même quand le sentier est difficile. Elle nous fait porter le regard non pas vers ce qui est visible, mais vers ce qui est invisible. Un autre monde, plus humain, plus écologique, rempli de plus de tendresse, d’amour, de compassion, de pardon, de bonne volonté… Cette promesse est le plus grand héritage que nous ayons reçu.

Chers paroissiens, chers auditeurs,

Nous venons de passer un temps de crise mondiale. Et ce n’est pas fini. Que fait Dieu ?  Ésaïe nous dit qu’il travaille en suscitant et favorisant nos bons projets. Qu’il fait pleuvoir sur ce qui est juste et moins juste en chacun de nous et dans notre monde, avec douceur et confiance. Ici au Pays-d’Enhaut, comme partout, Dieu fait pleuvoir sa bénédiction sur nos plaines et neiger sur nos montagnes. Comme il fait également pleuvoir sa bénédiction sur les plaines et les montagnes de notre vie quotidienne.

Mais on ne fait pas pousser un grand cyprès (Esaïe en parle) en une seconde. Et un homme ne devient pas un peu meilleur non plus en un clin d’œil. Le monde non plus d’ailleurs. Il faut du temps pour se remettre de la crise que nous venons de traverser. Il faut du temps pour corriger certaines options sociétales, pour corriger la courbe économique, nos options climatiques, pour freiner la déforestation, pour combattre la pauvreté, pour nourrir tous les affamés, pour stopper un virus dévastateur…

Chers amis, chers auditeurs,

La persévérance dans une idée juste en amène le succès tôt ou tard. Changer prend du temps, nécessite de la patience et de la persévérance : c’est un véritable processus d’apprentissage ! Pour nous personnellement, comme pour l’humanité entière. Si personne n’agit, aucun progrès n’est possible et aucune erreur ne peut être corrigée.

Mais on doit également se demander si ce qu’on va dire ou faire sera utile à quelque chose. Persévérance, détermination et volonté sont nécessaires. Lorsque vous êtes découragés, lorsque vos acquis vous paraissent dérisoires, relisez l’Evangile ! On arrive à faire de belles choses à force de patience et de longue énergie. Avec foi, espérance et amour.

Enfin, encore une seule petite remarque. Le lecteur de la Bible, c’est l'homme attentif à des riens. Par exemple, au fait que le futur n’existe pas en hébreu. Les verbes « vous sortirez dans la joie, vous avancerez en paix », sont à l’inaccompli. Ils expriment une action qui commence dans le présent, et est en cours de développement. Ésaïe nous dit qu’avec la bénédiction de Dieu, cette action – notre action – ne restera pas sans effet.

Aussi longtemps que nous vivrons dans ce monde, nous rencontrerons forcément des problèmes. Dans ces moments-là, ne perdons ni espoir ni courage. Nous pouvons compter sur Dieu pour arroser de sa bénédiction nos semailles.

Les circonstances actuelles ne déterminent pas où je peux aller ; elles déterminent simplement où je peux débuter. Les fleurs ne poussent que parce que, tout tranquillement, elles permettent aux rayons du soleil de venir jusqu’à elles.

Une belle leçon de vie. Permettons aux rayons de soleil de la grâce de Dieu de venir jusqu’à nous. Que le Seigneur illumine nos chemins de vie. Dans ce temps et pour l’éternité.

Il arrive de temps à autre que des prédications soient prononcées alors que s’accumulent les nuages et que gronde la tempête. Dans cette période d’après confinement, nul n'ignore que nous sommes encore au beau milieu d’une crise. Notre monde n’a pas encore gagné de façon définitive la guerre contre cet ennemi invisible, mais dévastateur. Et que fait Dieu? Ésaïe nous dit qu’il travaille sur la qualité d’être. Qu’il travaille en suscitant et favorisant nos bons projets. Et que Sa grâce nous aide à marcher et nous soutient.

Détails

Avec la participation de
Caroline Gaby, ancienne présidente du Conseil de Paroisse, et Pierre-André Karlen, président de l’Assemblée de Paroisse pour les lectures
Orgue
Christian Gerber
Musique
Le Choeur des Montagnards, sous la direction de Marie-France Baechler, et Vincent J. Dubois à l'euphonium