En marche! Avec confiance, allons témoigner de l'espérance!

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Écouter le culte :

Chers frères et sœurs,

Souvenez-vous, le lundi 16 mars dernier, avec la déclaration du Conseil fédéral proclamant «l'état de nécessité», la vie en Suisse s’arrête. C’est un virus qui «grippe», si vous me passez l’expression, l’ensemble de la machine de la société suisse, et mondiale bien sûr. Les écoles sont fermées, le confinement est décrété. Tout s’arrête.

Les activités d’Eglise, elles aussi, dont notamment les cultes et les camps avec les jeunes, le coronavirus les arrête également. Ce week-end, nous aurions dû partir avec une quinzaine de jeunes de la région en camp à Taizé et ce culte aurait dû en être le culte d’envoi. Frustration et déception pour beaucoup de jeunes qui se réjouissaient de ce temps si particulier, si ressourçant, qu’ils peuvent vivre à Taizé.

Coup d’arrêt… [bruit de gong]

Parfois dans nos vies, nous rencontrons des difficultés qui peuvent nous donner l’impression que tout s’est arrêté : perte de son emploi, perte de la mobilité et de l’autonomie pour se déplacer ; deuil de sa maison pour entrer en EMS ou à l’hôpital, deuil de quelle que sorte qu’il soit ; émotions négatives qui tirent vers le bas ; etc. Oui dans toutes ces situations, c’est comme si la vie nous arrêtait.

Coup d’arrêt… [bruit de gong]

Pensez aux disciples : eux aussi ont vécu un coup d’arrêt. En ce jour de l’Ascension, à quelque part, nous faisons mémoire du deuil du Sauveur que les disciples ont traversé. Imaginez un peu par où ils sont passés : d’abord la joie de la rencontre avec Jésus de Nazareth, cet homme extraordinaire qui dégageait quelque chose de… divin ! Puis la croix et la mort tragique, vécues comme un deuil, teinté de révolte et d’injustice. La déception, la frustration, le désespoir, pour eux qui avaient placé tous leurs espoirs en Jésus. Puis l’incroyable nouvelle commence à se répandre : il serait ressuscité, il serait revenu à la vie ! Certains l’ont même vu ! On n’ose pas y croire. Mais oui ! Quelle joie ! Puis 40 jours plus tard, il s’en va, de nouveau, pour de bon cette fois-ci, pour rejoindre son Père.

Coup d’arrêt… [bruit de gong]

Pourtant, juste avant de les quitter, Jésus leur donne cette parole d’envoi : « Allez ! » Il aurait pu ajouter : « Ne restez pas bloqués dans tout ce qui vous a arrêté, mais… mettez-vous en marche ! »

« En marche ! », c’est le thème que j’ai choisi pour ce culte de l’Ascension où nous nous souvenons du moment où Jésus envoie ses disciples en mission, témoigner de l’espérance.

« En marche », cela signifie faire confiance à l’appel de Dieu dans nos vies, comme Abraham le fait, lui qui, à 75 ans, quitte son pays, sa parenté, pour aller vers l’inconnu, confiant que Dieu lui offrira ses bénédictions. Quelle leçon de vie que celle de notre père dans la foi qu’est Abraham. « Va, déplace-toi », physiquement, mais aussi « va vers toi-même », comme le dit littéralement le texte.

Oui l’aventure avec Dieu nous conduit à un pèlerinage intérieur qui nous fait découvrir qui nous sommes en vérité. Comme Abraham, Dieu nous appelle à quitter nos zones de confort pour aller avec confiance sur le chemin de la vie proclamer l’espérance. Mais comme Abraham, je suis d’abord appelé à aller vers moi-même, vers qui je suis en vérité, devant Dieu, avec mes côtés sombres et lumineux.

« En marche », c’est aussi ce que dit en substance Jésus, juste avant son ascension, avec ces paroles : « Allez et faites de toutes les nations mes disciples. » Quand il dit cela, il se trouve sur une montagne qui n’est pas sans rappeler une autre montagne, celle sur laquelle Jésus enseigne son sermon sur la montagne, avec notamment le texte bien connu des béatitudes. Car comme l’a souligné Jacques Matthey dans un petit ouvrage sur la mission (« Vivre et partager l’Evangile : mission et témoignage, un défi. » Editions Cabédita, 2017), ce « Allez » renvoie en fait au début de l’Evangile et aux béatitudes que Chouraki a traduit par « en marche ».

En effet, là où l’on traduit habituellement par « bienheureux », André Chouraki utilise l’expression « en marche », pour indiquer le processus jamais pleinement accompli de ce bonheur qui nous est promis. En fait, ce texte nous parle d’abord d’espérance. L’espérance qui, face aux difficultés de la vie, reste en mouvement et met le cap sur le bonheur.

3 En marche, les humiliés du souffle !

4 En marche, les endeuillés !

5 En marche, les humbles !

6 En marche, les affamés et les assoiffés de justice !

(Matt. 5, 3-6)

En marche, frères et sœurs ! Face à l’humiliation, au deuil, à l’injustice, aux persécutions, face à tout ce qui nous arrête, face à la crise sanitaire que nous traversons, Jésus nous invite à être en mouvement, en marche avec lui. Ce n’est bien sûr pas facile : face à l’injustice, à la perte grande ou petite que nous vivons à tout âge, face au sentiment d’être perdu dans ce monde angoissant post-Covid-19, comment ne pas perdre courage ?

Mais, chers frères et soeurs, c’est justement la bonne nouvelle du jour – Jésus nous donne l’espérance par la promesse qu’il fait :

Les humiliés et les persécutés à cause de la justice ? Le royaume des cieux est à eux !

Les endeuillés  ? Ils seront réconfortés !

Les affamés et les assoiffés de justice  ? Ils seront rassasiés !

Les faiseurs de paix ? Ils seront criés fils de Dieu !

« En marche », oui, mais comment être « en marche » avec tout ce qui se passe ces temps ? Comment être en marche avec le « confinement pas encore tout à fait déconfiné » et tout le changement de vie qui a résulté depuis la mi-mars ? Comment être en marche avec cette incertitude qui règne en maître dans ce nouveau monde, plus tout à fait comme avant et pas encore comme demain, comment être en marche avec le brouillard angoissant qui nous envahit ?

Cette année, les jeunes ne pourront donc pas se mettre en marche pour aller à Taizé, et vivre cette expérience forte pleine de respect, de partage, de bienveillance et de silence, ils ne pourront donc pas goûter à ce bout du Royaume qui s’y vit là-bas. Et si c’était pour eux l’occasion d’autre chose ? L’occasion de se mettre en marche vers de nouveaux possibles, vers de « nouvelles expériences », comme l’a dit Aline tout à l’heure ? A de maints égards, cette frustration nous parle à tous. Comme pour ces jeunes, nous sommes touchés de plein fouet par ce coup d’arrêt à cause de la pandémie. Et si c’était pour nous l’occasion d’autre chose ?

Oui aujourd’hui, chers frères et sœurs, dans nos difficultés de vie, dans nos brouillards faits d’incertitudes, dans nos coups d’arrêt, nous recevons cet encouragement : « En marche ! »

Remettons-nous en marche dans ce pèlerinage intérieur vers nous-mêmes.

Remettons-nous en marche, confiant que nous ne sommes pas seuls, mais avec Dieu.

Remettons-nous en marche, pour devenir les témoins de l’espérance ancrée en Jésus Christ.

En marche, aujourd’hui, cela pourrait être ceci :

1 En marche ceux qui se sentent éreintés d’être au front,

Oui, ils seront applaudis et considérés.

2 En marche ceux qui se sentent frustrés à cause du Coronavirus,

Oui, ils découvriront de nouveaux horizons et de nouveaux possibles.

3 En marche ceux qui se sentent angoissés face à l’incertitude de l’avenir,

Oui, ils goûteront à une nouvelle confiance en la vie.

4 En marche ceux qui contemplent la création,

Oui, ils s’émerveilleront.

5 En marche ceux qui construisent et bâtissent des ponts,

Oui, ils retisseront le lien social, sève de la société.

6 En marche ceux qui sont démunis,

Oui, ils recevront la solidarité en partage.

7 En marche ceux qui souffrent de solitude,

Oui, ils seront appelés « Famille de Dieu » et ils ne seront pas oubliés.

8 En marche ceux qui se sentent petits et pas à la hauteur,

Oui, ils seront sur la terre de grands témoins de l’amour de Dieu.

9 En marche ceux qui se sentent malheureux,

Oui, le bonheur dans la relation avec Dieu leur est promis.

Oui chers frères et sœurs : « En marche ! » Allons avec confiance pour être les témoins de l’espérance ancrée en Jésus Christ. Soyons porteurs d’espérance les uns pour les autres. En marche ! Et puisque le Christ nous y encourage, pour paraphraser Alain Berset, mais dans un ordre différent, allons... aussi lentement que possible, mais aussi vite que nécessaire.

Amen.

 

Le Coronavirus a donné un coup d'arrêt à nos vies... Or, à chaque fois que nous sommes arrêté dans notre existence. le Christ nous invite à nous remettre en marche, avec confiance. Nous sommes appelé à être témoin d'une espérance ancrée en lui.
Ce culte du jeudi de l’Ascension sera célébré dans l'esprit de Taizé. Vous y entendrez non seulement les chants de cette communauté, mais aussi des témoignages de jeunes qui devaient s’y rendre pendant ce week-end prolongé...

Détails

Avec la participation de
Samuel Ramuz, prières et lectures bibliques, Madeleine Ramuz,lecture du Psaume, et les témoignages de Guillaume de Rham, Aline Brunner et Emilie Honoré
Orgue
Jacqueline Blanc
Musique
Céline Grandjean (soprano), Noriane Rapin (alto), Benjamin Corbaz (ténor), Samuel Ramuz (basse) et Madeleine Ramuz, soliste