A Noël, Dieu nous visite en Jésus, selon sa promesse

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Écouter le culte :

Il l’avait annoncé, pourtant, qu’il ferait du nouveau. Qu’il viendrait tracer un chemin dans la mer, un chemin d’espérance pour ceux et celles qui cherchent leur route dans le brouillard à tâtons.

Ces deux dernières semaines, les habitants d’Apples et de la plupart des villages environnants avaient le sentiment que le ciel leur était tombé sur la tête, peut-être même le sentiment d’être abandonnés par Dieu, tant était épais le brouillard venu recouvrir leurs têtes comme une brutale chape de plomb. Partout une grisaille englobante et froide, inhabituelle sous cette forme pour la région, transperçant nos vêtements. Le soleil brillait au bas du col du Mollendruz sur les hauts de l’Isle, quelques villages plus loin, comme plus bas à Lavigny, mais Apples était plongé dans un brouillard tenace qui glaçait le paysage et les cœurs.
Le givre venait former ses magnifiques concrétions de toute beauté aux branches constamment gelées des arbres, mais l’absence de neige ne préparait pas nos cœurs à la joie de Noël. Nous étions semblables à ces naufragés à la recherche de soleil et d’espérance pour leur vie, un soleil qui viendrait illuminer toute chose et nous faire tant de bien.

Pour le peuple d’Israël autrefois, la question ne se posait pas en matière de brouillard ou de soleil, mais plutôt en lien avec l’eau, source de vie, source de toute vie. Il faut avoir déjà traversé les déserts d’Israël pour se rendre compte de l’importance de l’eau, qui fait refleurir les déserts les plus arides. Point de fleurs ni de végétation luxuriante dans les terres caillouteuses ou sablonneuses d’Israël. Point de vie végétale ou animale d’aucune sorte, en apparence du moins, car la nature est extraordinairement tenace dans sa capacité de susciter de la vie dans les endroits à priori les plus difficiles.
Dans ce passage d’Esaïe, Dieu annonce une source d’eau nouvelle pour son peuple. Ce nouveau est là, il se tient à la porte, il est prêt à surgir. Dieu suscite toujours du neuf, il n’est pas celui qui ressasse continuellement le passé, qui produit toujours du même. S’adressant à son peuple par la voix du grand prophète Esaïe, Dieu se revêt de ses plus beaux atours. Esaïe avec la force et le tonnerre grondant de sa voix, utilise l’image divine la plus forte, celle qui parlait sans doute à ses contemporains avec le plus de force, celle du libérateur. L’image de ce Dieu des miracles inouïs venu tracer un chemin dans la mer pour permettre à son peuple d’y marcher à pied sec.
Dieu, par la bouche de son grand prophète, donne de la voix pour annoncer ce chemin nouveau frayé pour son peuple. L’eau qui fait vivre, l’eau source de vie qui fait reverdir les déserts. L’eau source de mort aussi, l’eau qui tue, un Dieu pas tendre qui extermine les ennemis de son peuple - et donc aussi tout naturellement ses propres ennemis - en les noyant tout au fond de l’océan.

Peut-être nous aussi, même si nous n’osons pas le dire trop fort, à plus forte raison en ce soir de Noël, peut-être nous aussi soupirons-nous en nous-mêmes, après ce Dieu-là dans nos vies. Ce Dieu fort, ce Dieu des miracles inouïs qui nous visiterait avec puissance, qui nous laisserait en apparence moins seuls dans nos vies telles qu’elles sont, nous débattre avec nos difficultés et nos problèmes. Ce Dieu qui viendrait nous débarrasser de tous nos soucis en les enterrant tout au fond de la mer. Ce Dieu nous abreuverait alors les uns et les autres définitivement aux torrents de sa joie. Ce Dieu qui s’attache les services de son peuple l’abreuverait alors aux torrents de ses délices.
Ce Dieu qui fait du nouveau, ce Dieu qui nous surprend par toute sa force et par toute sa grandeur, déchire le ciel comme il avait déchiré la mer autrefois, et devient l’un d’entre nous en Jésus. Il fait lui-même le premier pas pour venir nous trouver, nous sauver de tout ce qui nous annihile dans nos vies, menace de les réduire à néant. Il prend lui-même, comme souvent dans la Bible, un nom plein de signification : Jésus, ce qui signifie : en Dieu est le secours, Dieu sauve, Dieu pour nous à jamais secourable. Ce Dieu des miracles fait chair pour nous en Jésus a vraiment ce double visage. Dieu déchire les obstacles dans nos vies comme il ouvrit autrefois un chemin dans la mer, mais il le fait parfois avec une discrétion redoutable. Comme lorsque Jésus tarde en apparence honteusement à venir sauver son ami Lazare des liens pourtant détestés de la mort. Comme le peuple d’Israël autrefois, comme Marthe qui court au-devant de Jésus pour lui dire tout son chagrin, nous préférerions certainement trouver Dieu dans un déchaînement de violence et de force autrement plus redoutable qui parlerait alors plus fort à nos vies que son apparente discrétion, son souffle doux et léger dans nos vies. En Jésus pourtant, Dieu lui-même nous donne le programme. En Lui il est solidaire de nos vies, de nos ruptures, de nos questions.

Attention à ne pas isoler le petit enfant de la crèche, image d’Epinal, image de douceur, image de ce bonheur sucré qui parle si fort à nos contemporains à Noël, tant leur vie est difficile parfois, comme l’était d’ailleurs déjà celle des contemporains du Sauveur. Attention à ne pas isoler le petit enfant de Noël du Christ de la croix. Le petit enfant de Noël grandira, connaîtra les joies et les bonheurs de la vie au cœur de la foule, tressaillira d’allégresse devant les beautés des paysages d’Israël, frémira de joie dans les temps de bonheur partagé. Il mourra à l’écart, abandonné de presque tous. Dans son amour pour nous, Dieu le ressuscitera, car il n’était pas possible que les liens de la mort le retiennent en leur pouvoir. Car il ne voulait pas que la mort soit pour nous le dernier mot.

En ressuscitant son fils bien-aimé, Dieu trace un chemin nouveau dans la mer. Dieu suscite constamment du neuf. Il trace un chemin nouveau dans la mer, rend les vierges fécondes, remet debout les paralysés, fait chanter les muets et redonne la vue aux aveugles. En Jésus il est définitivement, avec nous quand ça va bien, comme dans les moments si difficiles où comme le peuple d’Israël autrefois nous désespérons même de rester en vie. Dieu devient homme, et c’est ainsi qu’il peut vraiment nous aider.

Cette parole est pour nous aujourd’hui, habitants d’Apples et des environs, nous qui sommes tout à la joie de cette veillée, réunis en ce temple pour célébrer la venue de Dieu au milieu de nous en Jésus. Nous qui tout à l’heure cherchions désespérément le soleil à tâtons. Ce soleil nouveau nous est donné en Jésus. La lumière du soleil de justice apporte la guérison dans ses rayons. Elle tire nos pas du gouffre de la mort. Elle arrache nos pieds à l’abîme de la destruction. Ce Dieu qui nous visite en Jésus s’attache un peuple pour son bonheur. Un peuple qui, comme celui des lévites autrefois, n’a d’autre but alors que celui de proclamer sa louange, dire et redire toute la joie qu’il a à lui appartenir. Le peuple que j’ai choisi, dit le Seigneur, saura bien pour quelles raisons il me loue. En cette nuit de Noël, nous avons nous aussi toutes les raisons de le louer, toutes les raisons de lui dire merci, toutes les raisons de ne pas céder au désespoir, car en Jésus Dieu se vide de lui-même, Dieu va jusqu’au bout de tout ce qu’il peut nous donner. En Jésus Dieu nous donne tout. Son soutien, son approbation, son amour et sa vie. L’écrivain français Frédéric Lenoir, connaissant un grand succès dans les rayons de nos librairies, et qui est aussi un chrétien engagé, a bien raison d’écrire que la joie de Noël est l’une des plus grandes qui soient. Il y a là un trésor dans un champ que notre christianisme occidental fatigué est à même de redécouvrir. En Jésus, petit enfant de Noël, véritable miracle donné aux hommes, nous trouvons, vous et moi, nous le savons bien, aujourd’hui et demain, nos raisons essentielles d’espérer.

Amen.

La venue de Jésus à Noël était elle une promesse? C'est ce que la tradition des textes du premier Testament affirme avec le prophète Esaïe. Pour chacune et chacun, Dieu fraie un chemin nouveau, source d’eau vive dans le désert de l'existence (cf. Évangile selon Jean chapitre 4). Jésus lui, incarne l'esprit divin, et peut étancher les soifs et venir combler des besoins.
Ce culte de longue Veille classique et traditionnel propose ce soir-là, de retrouver les cantiques et les odeurs de l'enfance.

Détails

Avec la participation de
Sabine Weibel
Orgue
Christiane Guhl
Musique
Marie-France Berthoud soprano, Jean-Pierre Mabillard ténor et Sabine Weibel, flûte douce