S’enrichir de ses pauvretés !

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Écouter le culte :

Mes chers frères et sœurs,

Je suis si heureuse de vous retrouver ce matin !
J’ai tant à vous raconter de mon séjour au bord du lac de Tibériade.

Alors pardon, pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je suis Myriam, la fille du rabbin de notre communauté ici à Magdala. Comme certains d’entre vous le savent, je suis partie hier avec deux des disciples de Jésus, Shimon et Nathanaël, qui sont passés par chez nous cette semaine pour nous enseigner. Ils ont même guéri des malades.

J’ai été tellement touchée par ce qu’ils nous ont raconté que j’ai décidé de les accompagner pour retrouver le maître et le voir de mes propres yeux.

J’ai rassemblé quelques affaires, un pique-nique de quoi tenir la journée, et nous sommes partis aux aurores pour éviter les grosses chaleurs!

Nous avons marché environ deux heures et, en arrivant, j’ai été stupéfaite de voir qu’il y avait déjà beaucoup de monde ! Je ne saurais vous dire combien nous étions, mais c’était impressionnant! Des enfants, des femmes, des hommes, des vieillards par centaines!

Les disciples m’ont dit de rester près d’eux pour ne pas me perdre et nous avons avancé au milieu de cette foule quand, soudain, je l’ai aperçu.

Comment vous dire ! C’était étrange, il était si ordinaire et pourtant, je peux vous dire que Simon et Nathanaël n’ont pas eu besoin de me dire que c’était lui. Il émanait de lui une telle lumière, une telle douceur, une telle présence. C’est difficile de vous l’expliquer d’ailleurs ! Sans être particulièrement beau, ce qui émanait de sa personne était magnifique !

Nous nous sommes approchés et, avec un immense sourire et une voix remplie de soleil, il nous a accueillis. Je me suis mise un peu à l’écart, car d’autres disciples sont arrivés en même temps que nous, mais je l’ai entendu leur parler.

Il était très heureux de les voir. Ils se sont mis à lui raconter tout ce qu’ils avaient fait dans les villes et villages où ils étaient passés. Ils étaient très enthousiastes, même si visiblement cela n’avait pas été facile partout. Et lui, il les a écoutés patiemment, chacun, comme si rien n’était plus important à ce moment-là.

Et après toutes leurs paroles, moi qui pensais l’entendre dire quelque chose d’extraordinaire, il leur a dit simplement :

« Vous êtes fatigués mes amis. Il faut vous reposer et vous nourrir maintenant, car vous avez beaucoup travaillé et il faut prendre soin de vous si vous voulez continuer. Montons ensemble sur la barque et rendons-nous dans un lieu tranquille, loin de toute cette foule ».

Les disciples ont eu l’air soulagés de cette proposition, mais j’avoue que moi, sur le coup, j’étais plutôt déçue ! C’est vrai quoi ! Moi et tous ces gens qui avaient fait le voyage pour venir le voir et lui tranquillement qui dit « Allez les gars, on va se reposer un peu ce matin ! »

Et ils sont effectivement partis, nous laissant tous là ! Incroyable !

Sauf que lorsque les gens se sont rendu compte qu’ils partaient, plusieurs d’entre eux se sont levés et, comme des gamins ayant perdu leur père ou leur mère, ils ont commencé à courir sur le rivage pour atteindre le lieu où ils arriveraient. Prise dans ce mouvement de foule, je les ai suivis.

Pendant notre course, j’ai pensé que sûrement le maître ne serait pas très content en arrivant de nous voir tous là…

La barque est arrivée et ils sont descendus tranquillement et Jésus nous a tous regardés. Toutes ces personnes devant lui dans un silence religieux.

Il s’est tourné vers ses disciples et leur a prié de faire ce qu’il leur avait dit et il s’est avancé tout seul devant nous. Chacun s’est assis pour pouvoir le voir même de loin et l’écouter.

Il a ouvert la bouche et là, comme si c’était une fontaine, nous avons bu toutes ses paroles.

Je ne sais pas comment vous dire ! C’était comme dans une boulangerie ! Nous savourions des pains au miel, aux raisins, des dattes, des galettes ! Un vrai festin !

Ses paroles venaient comme ranimer en nous tout ce qui était mort, désespéré, sombre.

Il nous parlait du désir de Dieu de nous voir heureux et vivants, dans un monde plus humain, plus juste, plus équitable, où chacun aurait une place unique et particulière.

Un monde où l’amour, la compassion et la tendresse seraient au cœur de nos actions, de nos modes de vie et de pensée.

Mais ce n’était pas un discours moralisateur comme c’est souvent le cas chez nous. C’était une invitation à dépasser nos limites de pensées, nos préjugés, nos jugements. À sortir de nos culpabilités pour découvrir une liberté intérieure profonde. Nous avions le droit d’exister tels que nous étions, avec nos fragilités, nos insécurités, nos fautes parce que Dieu voyait en chacun de nous une capacité illimitée à donner et à recevoir de l’amour. C’était là le sens de toute chose.

Une véritable révolution !

Jamais je n’ai entendu personne parler ainsi ! Je crois que j’aurais pu rester là l’écouter pendant des heures. D’ailleurs, sans m’en apercevoir, le soleil était justement en train de se coucher et j’en avais complètement oublié mon retour chez moi, perdue là au milieu de ce lieu désert au bord du lac de Tibériade !

C’est justement à ce moment-là que les disciples se sont approchés de lui pour lui faire remarquer qu’il était tard et que cette fois c’était nous qui devions être fatigués et affamés !

Et là, il leur a dit tout simplement de nous donner à manger ! Hahahaha !
Comme si douze personnes allaient pouvoir nourrir, je sais pas moi, 5'000 personnes ! Hahahaha !

Eh bien Jésus, très calme et le plus naturellement du monde leur a demandé :
« Qu’est-ce qu’il vous reste ? »
« 5 pains et 2 poissons ! » et mon ptit pique-nique avais-je envie de dire !

Hahahaha !

Eh bien, Jésus s’est levé et a demandé aux disciples de former des petits groupes. C’est alors que j’ai pris conscience de tous ceux qui m’entouraient. Il y avait des gens de Jérusalem, de Bethsaïda et même de Césarée de Philippe. Nous nous sommes regardés, tout étonnés.

Puis, Jésus a pris du pain, il a levé les yeux au Ciel et il a remercié Dieu. Et là j’ai pensé : c’est vrai ça ! Je suis toujours en train de penser à ce que je n’ai pas. À ce que j’aimerais avoir de plus alors que tout est là !
Quand est-ce que je prends le temps moi de remercier Dieu pour tout ce que j’ai déjà ! Même pour ce petit pique-nique dans mon sac ! Pour ces petits riens qui font tout !

Puis, Jésus a donné les pains et les poissons aux disciples qui se sont dispersés dans les groupes pour nous les faire partager.

Et j’ai pensé : ils nous donnent tout ce qui leur reste alors qu’ils sont loin de chez eux et qu’ils ne savent même pas ce qu’ils pourront manger demain !
Et dans ce même élan de générosité, j’ai sorti mon pique-nique et je l’ai posé au milieu de mon groupe et tout le monde a fait pareil. Chacun a sorti le peu qu’il avait pris avec lui et nous avons tout partagé.

Et avec nos petits restes, nous avons festoyé tous ensemble ! Les gens se sont mis à chanter, à rire et à se parler ! Ce fut merveilleux !

Après le repas, nous avons sorti nos couvertures et petit à petit, chacun s’est endormi le ventre bien rempli.
C’est seulement à ce moment-là, dans l’obscurité, le visage tourné vers le Ciel étoilé que j’ai compris. J’ai compris comment ces paroles de feu que j’avais entendu toute la journée pouvaient vraiment s’incarner dans ma réalité.

Combien j’étais riche moi, avec si peu, si seulement j’osais le partager.
Combien tous ces petits pique-niques rassemblés peuvent se transformer en festin royal, mais à une condition essentielle : se débarrasser de la peur de perdre !

J’ai compris comment notre monde serait vraiment plus humain si tout le monde se mettait à partager ses richesses matérielles, ses richesses naturelles, culturelles, intellectuelles et spirituelles !

Comment ce partage ne nous rendrait pas plus pauvres, mais au contraire plus riches ! Plus riches en ressources diverses !

Eh oui, parce que ce que vous ne savez pas encore, c’est que le lendemain au réveil, avant de rentrer, je suis allée dire au revoir à Simon et Nathanaël. Et vous savez ce qu’ils m’ont dit ?

Lorsqu’ils ont rangé après le repas, ils se sont retrouvés avec 12 paniers remplis de pains et de poissons !

Nous avions simplement tous partagé nos petits riens, et voilà que nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus !

Je suis sûre que certains parleront d’un miracle ! Peut-être !

En tous les cas, pour moi, le miracle a été d’avoir pu manger ces paroles révolutionnaires d’amour et de découvrir à quel point, si nous les mettons en pratique, elles peuvent vraiment transformer notre réalité en Royaume de Dieu !

Telle est désormais mon espérance que je partage avec vous ce matin.

Amen.

Serait-ce possible de faire plus avec moins ? Comment répondre aux importants besoins spirituels de la population avec pourtant moins de ressources ? C’est la question posée par de nombreuses églises réformées, dont celle de Genève.
Les premiers chrétiens avaient si peu et pourtant ils ont tant fait ! Alors quel était leur secret ?

Détails

Avec la participation de
Kurt Veraguth, Blaise Exterminer, Annick Linder et Camille Barbey
Orgue
Véronique Contri
Musique
Jane Oldham, alto, et la Chorale malgache de l'Association AVANA Suisse, «AVANA», qui signifie Arc-en-Ciel, sous la direction de Tahina Mikaela Randriamparany.