Quand l’insaisissable se donne à voir

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Écouter le culte :

Un feu dans le désert. Un buisson qui brûle, mais qui ne se consume pas. Et dans le feu une voix.

« Je suis
Je suis qui je suis
Je suis qui je serai
Je suis.»

Moïse voit le buisson et le feu. Il entend une voix.
- Qui es-tu ?, demande-t-il.

« Je suis qui je suis
Je suis et je t’envoie. »

Moïse a peur de mourir, car il a vu Dieu.
On le sait, celui qui regarde le soleil en est aveuglé. De la même manière les anciens disaient: Celui qui voit Dieu, sera anéanti.

Sa présence fait peur. Le voir abolit son mystère. Gare à celui qui touche à sa proximité.
Malheur à celui qui juge le bien et le mal, qui décide de la conscience et des transgressions. Celui qui se place entre l’être et le non-être et qui joue ainsi avec la vie et la mort. Il menace l’ordre de la communauté.
Attention, danger.

Les anciens hébreux avaient un respect immense de la sainteté de Dieu. Ils étaient terrorisés par Sa proximité. S’ils s’en approchaient, ils redoutaient d’être projetés dans l’abîme et le néant. Pour eux, sa présence était une menace, et la seule manière d’être devant lui était une soumission aveugle…

Moïse ne meurt pas. Au contraire, il reçoit une mission, et cette parole :
« Va, c’est moi qui t’envoie.
Je serai avec toi »

- Mais qui es-tu ? lui demande Moïse.

« Je suis qui je suis
Je suis l’être créateur
Je suis la source de l’être
La source de la vie
Le créateur de liens.

Je suis qui je suis
Insaisissable comme le feu
Brûlant et mystérieux
Mais présence et parole
Puissance et lumière.

Je suis avec toi
Comme je l’ai été avec les pères
Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob
J’ai été avec eux,
Je serai avec toi.
Je t’envoie.

Je suis qui je suis
Je n’en dirai pas plus
Je suis avec toi.

Je suis le feu et le souffle
La présence et la force,
La parole de vie, la lumière, l’avenir.

Je suis avec toi,
Insaisissable
Incontrôlable
Nul ne peut me mesurer ni me définir.
Je reste libre
Je suis Présence, avec toi.»


Le feu, le buisson, la parole : Une histoire fascinante pour parler de Dieu et de notre lien avec lui. Je le sens, je le vois, il me brûle, il m’éblouit, il me pénètre, il me burine, il me transforme, il me transperce.

Sa présence est puissante, mais toujours insaisissable. Je peux le contempler et m’en réjouir, Le craindre parfois, car il m’impressionne. Mais jamais je ne peux le retenir, car il est toujours avenir. La présence de ce tout-autre en moi me brûle de son amour, Il transforme tout.
Nos missions sont bien plus modestes que celle de Moïse bien sûr. Notre vision aussi ! Et pourtant, c’est le même Dieu, Le même mystère, la même peur parfois, le même besoin de faire confiance.

Paul le dit à sa manière : « A présent nous voyons à travers un miroir et de façon confuse, mais alors ce sera face à face. A présent ma connaissance est limitée, alors je connaîtrai comme je suis connu.»

Nous voyons à travers un miroir ou un voile, de manière confuse, imprécise, partielle. Mais nous voyons quand même. Nous pouvons entrevoir la présence de Dieu à travers des signes d’amour, d’espérance et de libération. Mais lorsque nous cherchons à exprimer le mystère de Dieu, nos mots sont souvent comme des balbutiements. Nos manières de le voir donnent dans la diversité ; c’est bien ça qui fait la richesse humaine. Cette diversité et cette richesse sont comme un appel à creuser encore, à découvrir toujours plus et à nous engager dans un même élan. Nous vivons ce temps de la promesse et de l’attente dans l’espérance de Le voir un jour en face à face, de le connaître comme nous sommes connus.

Jésus précise encore ceci: « Qui m’a vu a vu le père. »
Ainsi, à travers lui nous pouvons entrer en lien avec Dieu. Il nous ouvre à Dieu. Il nous permet de le rencontrer et de tisser ainsi notre vie avec lui.

Cet automne notre paroisse est placée sous le signe du regard et du voile. Le regard qui comme un fil rouge relie nos cultes et nos diverses activités. Et le voile, à travers une exposition intitulée « Voile et dévoilement » qui ouvrira ses portes vendredi ici à l’église du Pasquart.
Le regard, respectueux, curieux, ouvert de celui qui cherche à connaître Dieu. Un regard qui se laisse surprendre, entraîner, illuminer. Le voile qui depuis la nuit des temps est signe d’intimité et de protection et qui invite au respect. Pour les humains, pour la nature qui parfois se voile aussi, et face au mystère de Dieu. Le voile préserve le mystère et attire le regard. Il est une invite à nous ouvrir et à nous approcher de Lui avec respect et amour.

Un jour nous serons face à face. C’est la promesse d’une vision totale et parfaite, claire et transparente de Dieu. Nous vivons dans cette tension et dans cette attente : notre regard est encore voilé. Mais nous espérons l’accomplissement promis et nous attendons avec confiance la présence en face à face avec Lui.

Paul le dit de manière merveilleuse pour parler d’aujourd’hui : « Ces trois choses demeurent, la foi l’espérance et l’amour, mais la plus grande des trois, c’est l’amour. »

Le temps du miroir, du provisoire, de l’attente, du voile, c’est aussi le temps de l’amour qui est plus fort que nos craintes. L’amour nous place dans la proximité de Dieu. Il nous donne déjà maintenant le goût du face à face avec lui. Son amour nous conduit sur ce chemin de vie, d’ouverture et de promesse. Il nous invite à regarder l’autre avec respect et reconnaissance.
L’amour comme un feu, une braise, une parole,
Une lumière qui transperce nos miroirs et qui nous ouvre sur Lui.

Amen.

« Je suis qui je suis », dit la voix dans le buisson. Insaisissable, brûlante, mystérieuse. Une présence, une parole, une puissance .... une lumière.
La vision est partielle, mais elle est comme un appel à cheminer, à faire des projets, à espérer. Le pasteur Marco Pedroli propose un reflet de cette lumière.

Détails

Avec la participation de
Marlyse Messerli
Orgue
Sara Gerber
Musique
Pierre-André Bovey, flûte