Nos actes dictés exclusivement par amour

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Bonjour,
Vous ne me connaissez pas encore, je m'appelle Anythos, je suis né à Corinthe, alors que Tibère était empereur romain. Habituellement, nous Corinthiens, nous taisons nos origines. C'est un peu la honte d'habiter cette cité aux mœurs dépravées et remplies de pauvres gens. Oui, autrefois, je n'aurais jamais dévoilé mes origines. Mais j'ai changé, je me rappelle très bien de ce jour-là.
Pour de multiples raisons, je m'étais retrouvé de passage en Judée et lorsqu'on m'interrogeait sur mes origines, craignant d'être mis de côté, je restais assez vague. Jusque-là, je m'en étais bien sorti. Les gens se contentaient de penser que j'étais étranger.
Ce jour-là, j'avançais sans but précis. Je me rappelle avoir entendu des bruits d'enfants. Puis je les ai vus qui marchaient en se donnant la main. J'ai décidé de les suivre, sans vraiment savoir pourquoi. J'ai assisté à une drôle de scène. Tous les gens allaient écouter un homme. Même les enfants s'approchaient de lui. Cet homme, qu'ils appelaient Jésus, a pris les enfants dans ces bras et il les a bénis.
Quand, tout à coup, un homme visiblement riche est arrivé. Cet homme voulait recevoir la vie éternelle. Il m'a semblé à mille lieues des mes préoccupations. Vous vous rendez compte, « la vie éternelle », n'y a-t-il vraiment rien de plus urgent ? N'avons-nous pas tout le temps pour y réfléchir et pour y penser? La vie éternelle, est-ce que ça vous préoccupe ?
Jésus a dû penser comme moi. Enfin, c'est ce que j'ai d'abord cru. Il lui a récité les commandements, en soulignant bien le : « Honore ton père et ta mère ». Et la réponse de l'homme m'a scotché : « Tout cela je l'ai observé depuis ma jeunesse. » N'est-ce pas étonnant comme réponse ? A quoi pensait cet homme ? Serait-ce vraiment possible que quelqu'un ait observé l'ensemble des commandements ? Et si un tel homme existait, ne connaîtrait-il pas déjà le chemin de la vie éternelle ? Je l'ai trouvé prétentieux, cet homme, oser dire qu'il respectait les commandements depuis sa jeunesse.

La réaction de Jésus face à cet homme est immortalisée dans ma tête. Jésus fixa son regard sur lui et l'aima. Oui, dans les yeux de Jésus, j'ai vu un regard d'amour. Ensuite il a dit : « Une seule chose te manque, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi. » Ce n'est pas tellement le contenu qui m'a surpris, mais l'intensité du regard de Jésus, ces yeux qui vous regardent avec amour.
J'ai de la peine à vous décrire ce regard et sa profondeur. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est ni le regard furtif, du genre « Quelle heure est-il ? » et hop, je regarde vite le cadran solaire. Ni le regard qui scrute l'autre, en essayant de lui soutirer des informations. Vous savez, le regard de la maman qui veut savoir si son enfant lui ment.
Non, Jésus avait un regard chaleureux, des yeux grands ouverts, un regard qui semble vous englober, vous entourer d'amour. Un regard qui fait chaud au cœur, qui vous dit « Je t'aime, tu as de l'importance à mes yeux. » Ce genre de regards-là sont des regards qui vous éblouissent, vous avez l'impression que tout ce qui vous entoure n'a aucune importance. La seule chose qui vous tient, c'est l'intensité du regard et l'amour qui s'en dégage.
C'est comme si Jésus invitait l'homme à plonger dans ses yeux, à y trouver l'amour et la confiance pour vivre sa vie. Je suis sûr que vous aussi, vous avez déjà vu un tel regard. Des yeux qui rayonnent, qui vous disent « Je vous aime tel que vous êtes. J'ai confiance en vous. » Ce regard de Jésus m'a ébloui, car il était particulier. On aurait dit un regard gratuit. Enfin, gratuit, c'est un peu plus compliqué que cela. Il a quand même demandé à l'homme de vendre tous ses biens et de donner l'argent aux pauvres.

Peut-être que, lorsque moi, Anythos, je vous le raconte, cela peut paraître contradictoire, cette phrase « Vends tous tes biens », avec le regard de Jésus qui rayonne d'amour en disant « Je t'aime et tu as de l'importance à mes yeux. » Et bien, non c'était, comment dire complémentaire. C'est comme si Jésus voulait dire à cet homme « Ce que tu as fait est bien, mais je t'encourage à inclure les autres dans ta recherche de la vie éternelle. En partageant tes biens avec eux, tu pourras te nourrir de l'amour, tu pourras rechercher une reconnaissance dans l'amour et dans l'amitié. »
Jésus a invité l'homme riche à ne pas voir la vie éternelle comme un but en soi ou comme une reconnaissance, mais lui a dit « Le but c'est l'amour, le sens, c'est d'aimer et alors tu auras la vie éternelle. » J'ai eu l'impression que Jésus disait à cet homme « ce regard que j'ai posé sur toi, c'est le bonheur qui t'attend, cela en vaut la peine. Partage tes biens avec les pauvres et alors tu recevras de tels regards et tu rayonneras. »
Je restais quand même intrigué par la vie éternelle. Je suis allé à la synagogue et je me suis entretenu avec le Rabbin. Je lui ai raconté le visage et la profondeur du regard de Jésus. Le Rabbin était très intéressé par mon histoire. Il m'a fait prendre conscience qu'en hébreu le mot « œil » et le mot « source » sont le même mot. Alors je lui ai dit que le regard de Jésus m'avait donné envie de retrouver la source, que ce regard m'avait abreuvé et qu'il me nourrissait. Oui vraiment, ce regard de Jésus m'avait nourri.

Lorsque je suis rentré à Corinthe, je me suis entraîné à regarder les autres avec amour. J'ai découvert qu'aimer les autres demande du temps. Cela implique que je m'intéresse à eux, que je leur sois disponible. J'ai essayé de regarder les autres avec amour comme Jésus.
Petit à petit, les années ont passé. Je me souviens toujours de Jésus, mais vous savez comment c'est. Les bonnes résolutions, on a tendance à les oublier. D'abord, je me suis dit « Si je prends une fois par jour le temps de regarder les autres avec amour, ça doit suffire », puis une fois par semaine et finalement plus qu'une fois de temps en temps.
De Jésus, je n'ai plus rien entendu. Jusqu'au jour où j'ai surpris une conversation vers le port. Deux personnes parlaient d'une réponse à une lettre qu'ils avaient envoyée à Paul, apôtre de Jésus. Alors, ni une ni deux, par curiosité, je les ai suivis. Dans ma tête, je retrouvais ce regard d'amour de Jésus. Je me disais ce n'est pas possible que ce soit le même Jésus, cela faisait plus de 20 ans que je l'avais rencontré. D'un autre côté, je sentais mon cœur se réchauffer et je me disais « C'est possible, des Jésus marquants, il ne doit pas y en avoir plusieurs. »
Tout en voyant défiler ces souvenirs, j'ai suivi ces deux personnes. Je me suis retrouvé avec d'autres gens. Ils murmuraient « Ça y est, Paul a répondu à nos questions, nous allons entendre sa lettre. »
Tous ont fait silence pour écouter ses paroles. Moi, j'observais les gens autour de moi. Je vais vous les décrire. Je voyais des gens pauvres et quelques riches. Certains semblaient surexcités, d'autres au contraire gardaient un calme olympien. Je sentais quelques tensions ici ou là, mais tous fixaient les lèvres du lecteur.
J'en étais là dans mes observations, quand j'ai entendu ce passage de Paul sur l'amour. Paul expliquait que nos actions n'ont de sens que si elles sont faites par amour. Ce qui compte, ce ne sont pas d'abord les actes que nous pouvons accomplir. Ce qui compte d'abord, c'est la motivation de nos actes. Le premier but est d'agir par amour, en faisant les choses par bonté envers les autres.
Est-ce que vous vous rendez compte de cette parole de Paul? Le but de nos actions doit être de faire les choses par amour pour les autres. Oui, cette parole que Paul a adressée aux fidèles de Corinthe s'adresse aussi à nous, à moi et à vous tous qui m'entendez aujourd'hui.
Paul n'hésitait pas à dire aux gens « Quand vous agissez sans amour, c'est comme si vos actes n'avaient pas de saveur. Jésus a agi par amour et il nous encourage, nous aussi, à agir par amour et non pas en recherchant une quelconque gloire personnelle. » Cette parole de Paul a fait écho à la première fois où j'ai vu Jésus. Vous vous rappelez ? C'était lorsqu'il avait rencontré cet homme qui voulait recevoir la vie éternelle. J'ai compris que Jésus avait invité l'homme riche à agir par amour.
Quand l'homme a dit à Jésus qu'il avait observé les commandements, alors Jésus l'a regardé et l'a aimé. J'ai vu dans son regard que le but c'est l'amour, le sens c'est d'aimer et alors il aura la vie éternelle. Voilà ce que moi Anythos, j'ai compris: qui que nous soyons, riche ou pauvre, Corinthien, Judéen ou d'ailleurs, si nous agissons par amour et avec amour, alors nous serons nourris d'amour.
Je n'ai pas à rougir de mon lieu d'origine ou de ma condition, car Jésus nous invite, nous tous, à prendre le temps d'aimer ceux qui nous entourent. Il nous appelle à notre tour à prendre le temps de regarder les gens par amour pour eux et pour lui. Il nous encourage à faire de l'amour la motivation de nos actions. Ainsi, il se peut que, comme ses yeux qui inondaient d'amour ceux qui l'entouraient, nos yeux rayonnent à leur tour de son amour.
Amen !

Détails

Avec la participation de
Sylviane Perrin et Hélène Robert
Orgue
Thérèse Schiltknecht (piano)
Musique
Joachim Forlani à la clarinette

En collaboration avec