Nos ténèbres ont été visitées

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« Lorsqu’une porte se ferme dans notre vie, dit Helen Keller, parfois, nous regardons si longtemps la porte fermée que nous ne voyons pas les nouvelles portes que Dieu ouvrent pour nous. »
Tout dans notre récit dit que le tombeau n’a pas pu retenir le Vivant : c’est à l‘aube, au lever du soleil que la résurrection est constatée ; la pierre a été roulée alors que Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Salomé avouent qu’elles n’en sont pas capables. De plus, il y a la présence d’un jeune homme vêtu de blanc. Ce qui enfermait a été ouvert, la lumière peut passer. Et pourtant, les trois femmes s’en vont toutes tremblantes de peur, nous est-il dit.
Lorsque la Bible parle de la résurrection, cela concerne déjà chacun d’entre nous aujourd’hui. « Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus. Le réformateur Martin Luther a particulièrement souligné cet aspect en disant : « Quand tu lis, le Christ est ressuscité, ajoute aussitôt, je suis ressuscité avec lui, car il faut que nous soyons rendus participants de sa résurrection »
Et pourtant, la découverte du tombeau vide ne va pas entraîner les trois femmes dans un élan de joie, bien au contraire puisqu’elles sont toutes tremblantes de peur, malgré l’invitation du jeune homme vêtu de blanc: « N’ayez pas peur !» Bien souvent, Jésus n’a pas eu peur, il n’a pas eu peur de toucher le lépreux, de partager la compagnie de gens de mauvaise réputation. Il n’a pas eu peur des marchands du temple, de Juda, de Caïphe et de Pilate, c’est pourquoi, nous l’appelons « notre Seigneur ».
Et pourtant, vous me direz certainement que Jésus a eu peur, au jardin de Gethsémané, sa prière est une prière angoissée : « Eloigne de moi cette coupe de douleur !» s’exclame-t-il. «Il commença à ressentir de la frayeur et de l’angoisse. » nous disent les évangiles (Marc 14, 33). Jésus a eu peur, mais il a surmonté sa peur, il a refusé de se laisser déterminer par la loi de la peur. Il a eu ce courage qui s’oppose à la peur, en mettant sa confiance le reliant au Père au-dessus de sa peur.

« Lorsqu’une porte se ferme dans notre vie, parfois, nous regardons si longtemps la porte fermée que nous ne voyons pas les nouvelles portes que Dieu ouvrent pour nous. » Oui, nous le savons bien, il y a aussi dans nos vies des portes qui se ferment et nous pourrions tous donner des exemples : espoirs déçus, imprévus douloureux, ruptures, déceptions, échecs, maladies. Et lorsqu’une porte se ferme dans notre vie, cela peut réveiller en nous de la peur justement : peur du lendemain, peur de ne pas être à la hauteur, peur de perdre son indépendance, peur de ne pas réussir à surmonter l’épreuve.
Il est intéressant de savoir que le mot « peur » en hébreu est composé d’un premier mot qui veut dire piège et d’une lettre qui signifie la porte. Selon cette étymologie, la peur est ce piège dans lequel nous nous enfermons parfois, cette porte derrière laquelle nous nous barricadons. Et pourtant, si la porte peut se fermer, elle peut aussi s’ouvrir.
Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Salomé s’en vont au tombeau pour l’embaumement, c’est-à-dire accomplir ce qui devait permettre la conservation du corps de Jésus. Elles ne s’attendent donc à rien d’autre que ce qui attestera la fin de son histoire. Or, leur peur surgira de l’écart qu’il y a entre ce à quoi elles s’attendent et l’espérance inattendue qui se révèle : il est vivant, il est vivant, allez en Galilée, c’est là que vous le trouverez.
La Galilée est le pays des apôtres, le pays de leur enfance, de leur rencontre avec Jésus, le pays où il a exercé la plus grande partie de son ministère. Le renvoi en Galilée annonce donc bien une résurrection au cœur de notre histoire. C’est déjà aujourd’hui dans notre Galilée que nous sommes appelés à ressusciter avec le ressuscité.

La résurrection du Christ est donc le message d’un Dieu qui est inconditionnellement aux côtés de chacun de nous. Par conséquent, nous sommes invités, à l’exemple de Jésus, à nous appuyer sur sa présence pour tenter de surmonter au mieux nos peurs. Et nous pouvons le faire avec cette confiance, parce que le tombeau a été ouvert, Dieu ouvrira encore de nouvelles portes, afin que nous découvrions dans nos vies, ces espaces où la joie peut encore s’infiltrer et prendre place.
Raoul Follereau, un des pionniers de la lutte contre la lèpre, raconte qu’autrefois dans les léproseries, les hommes étaient mis en quarantaine. Ils n’avaient rien d’autre à faire qu’à subir l’évolution du mal. Abandonnés de tous, ils s’enfonçaient dans le silence et la nuit. « Pourtant dans une de ces léproseries, un homme a gardé les yeux clairs. Il lui arrive de sourire et même de dire merci aux religieuses qui essayaient de le soigner. Une des religieuses souhaite en connaître les raisons. Pourquoi reste-t-il vivant quand tous les autres sombrent dans la nuit ? Elle le surveille. Et elle voit que chaque jour, par-dessus le mur qui entoure la léproserie, un visage apparaît. C’est un petit bout de visage de femme qui lui sourit. L’homme sourit à son tour, et le visage disparaît. Lorsque la religieuse l’interroge, il répond : « C’est ma femme. Avant que je vienne ici, elle m’a soigné. Lorsque chaque jour je la vois, je sais que je suis vivant et je lui dis merci. »
Cette histoire est une parabole de la résurrection. Le lépreux est dans les ténèbres de la maladie, pourtant il survit, il résiste, il combat, il espère. Pourquoi ? Parce qu’il sait que, de l’autre côté du mur, il y a quelqu’un de vivant qui pense à lui, qui pleure avec lui, qui le regarde et qui lui sourit. Aujourd’hui, dire que Christ est ressuscité, cela ne veut pas dire que les ténèbres n’existent pas, cela ne veut pas die que les peurs ne peuvent pas envahir notre quotidien, cela ne veut pas dire que des portes ne vont pas se fermer dans notre vie. Cela veut dire que nos ténèbres ont été visitées et qu’il y quelqu’un, le ressuscité, qui croit en nous, qui prie avec nous, qui pleure avec nous, qui se réjouit avec nous. Cela veut dire que nos ténèbres ont été visitées et qu’il y a quelqu’un, le ressuscité qui ouvre dans nos vies de nouveaux chemins, même si ce ne sont pas ceux que nous aurions peut-être imaginés, ceux que nous aurions peut-être espérés.

« Lorsqu’une porte se ferme dans nos vies, parfois, nous regardons si longtemps la porte fermée que nous ne voyons pas les nouvelles portes que Dieu ouvrent pour nous. » Le Christ est ressuscité, le tombeau est ouvert. Dieu ouvrira encore dans nos vies de nouvelles portes afin que nous découvrions encore ces espaces où la joie peut encore s’infiltrer, où la joie peut à nouveau prendre place. Ainsi, c’est avec joie que je vous dis à tous et à chacun d’entre vous  : Le Christ est ressuscité, alléluia, le Christ est vraiment ressuscité, alléluia !
Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Viviane Bourquin
Musique
Nicole Thomet, accordéon