La maison de Dieu

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"Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure." C'était au petit matin et le soleil embrasait la montagne. Rassasié, il leva le regard et vit l'arc-en-ciel qui couvrait toute la terre. Soudain, il se rappela de son grand-père Noé qui l'avait abrité dans l'arche. Tous les animaux y étaient déjà. Ils voguèrent des jours et des nuits, blottis les uns contre les autres. Noé leur avait raconté que toute la Terre devait être inondée et que le Seigneur-Dieu lui avait donné l'ordre de les sauver ainsi que ses enfants et petits-enfants. Quand Noé ouvrit l'Arche, l'agneau se rappela, que pour la première fois, il vit un immense arc de toutes les couleurs qui se déployait dans le ciel.

Ce qu'il se sentait triste, l'agneau ! Depuis, il ne connaît plus que de tristes histoires, racontées dans la bergerie. Avec d'autres petits agneaux, ils viennent à une potence de bois troué, où ils sucent dans un tube de caoutchouc, une ration de lait. Ses amis lui racontent que ce tube ressemble au pis de leur mère, d'autres disent que c'est un pis coupé. Il se rappela du jour de sa naissance à la bergerie; il avait entendu un bêlement de joie qui lui avait ouvert les oreilles et qu'il a imité d'une voix frêle. Il était déjà debout et une langue lui frottait la tête et les membres. Et puis... plus rien ! Jamais plus il n'a revu sa mère ! Il ne ressentait de la tendresse que lorsque, décidé à ne pas quitter la potence, le fermier lui ouvrait encore une fois le robinet en lui tapotant le cou.

Sur l'onde pure, il vit l'ombre d'un arbre embrasé par le soleil. Soudain, il se rappela de l'Arbre de Vie, au Paradis. Il ferma les yeux et revit un soleil, aussi lumineux que trois soleils. L'arbre, comme une Arche illuminée, l'Homme et la Femme beaux et transparents, qui étaient ses maîtres. Il entendit son nom "Agneau" ainsi que le nom qu'ils donnèrent aux autres animaux. Ils leur dirent : "L'herbe verte est pour vous, que toute âme vivante se réjouisse dans l'abondance et la paix." Il revit alors les jours où le loup et lui mangeaient de l'herbe et se baignaient dans la même onde. Il se souvient aussi du jour de frayeur où un grand malheur s'abattit au Paradis et où leur maître et maîtresse furent chassés, eux à leur suite, vers une terre aride et maudite. Depuis lors, la domination du maître sur les animaux et des forts sur les faibles règne sans pitié.

Il sortit de son rêve; sur l'onde, il y avait déjà la lune; il s'en approcha. Une voix rauque retentit : "Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?" L'agneau reconnut la voix du loup mais n'en eut pas peur. "Pourquoi ne veux-tu pas me permettre de boire ? Moi aussi, j'ai soif ! Qu'est-ce qui te rend si hargneux ? Tu ne me reconnais donc pas ? Nous mangions et nous nous baignions ensemble ! Je n'ai rien contre toi !"

"Si toi, tu as soif, moi j'ai faim car je dois poursuivre du gibier qui souvent m'échappe. Je te reconnais mais je suis malheureux, ma vie est devenue difficile."

Le fermier arrivait pour chercher son agneau. Il crut rêver en le voyant assis avec le loup. Comme un éclair, la prophétie lui parut se réaliser :"Le loup et l'agneau paîtront ensemble... on ne fera plus de mal sur toute ma Sainte Montagne."

Le fermier aussi ressentait sa propre peine devant les exigences de sa situation, de devoir trahir la nature pour faire face à la concurrence, d'enfreindre des responsabilités humaines pour obtenir un meilleur niveau de production.

Soudain, le fermier comprend le sens de l'arbre de Vie : c'est la résidence de Dieu dans sa création, le seul espace qu'il se soit réservé pour être témoin de la jouissance de ses créatures. Les fruits de l'Arbre étaient les Vertus de Dieu, vertus de bonté, de générosité, de clémence, de douceur, l'Arbre de la connaissance du bien et du mal ne comportait aucun mal. C'est à l'image de ces vertus que Dieu avait invité l'homme à gouverner le monde, non à le dominer mais à le servir, à le glorifier.¨

Dieu, dans sa grâce, avait donné la liberté à l'homme créé à son image, de préserver Ses fruits comme signe d'alliance. L'homme ayant échoué, Dieu envoya son propre Fils, l'Archétype paré de tous les fruits, dont le sang versé, l'Agneau immolé ! Amen.


PREDICATION DE SHARON SEYFARTH GARNER - USA

Le thème d'aujourd'hui c'est : "La maison de Dieu : Appelés à n'avoir qu'un coeur et qu'une âme". Najat vient de nous donner très poétiquement une réponse à la première question : "Qui est compris dans la maison de Dieu ?" Moi je veux réfléchir sur une deuxième question "Que veut dire l'expression n'avoir qu'un coeur et qu'une âme". Pour débuter ma réflexion, je me reporte au texte de Jean 15 : 9-17 qu'on a entendu tout à l'heure.

Jésus disait, "Demeurez dans mon amour- Si vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés".

Ces mots sont un début, mais comment interpréter ces phrases ? Je trouve une clé, un outil très utile dans la phrase, "comme je vous ai aimés". Regardons un peu comment Jésus nous a aimés. Jésus nous a dit qu'il nous appelle ami, plus jamais serviteur parce que tout ce qu'il a appris de son Père, il nous l'a fait connaître. La communication était essentielle pour que Jésus puisse montrer son amour à ses disciples. Même pour nous, bien communiquer est une partie essentielle du "comment" s'aimer les uns les autres.

Rappelez-vous aussi que Jésus disait qu'il faut aimer ses ennemis. Cela veut dire qu'il faut apprendre à bien communiquer avec ses ennemis. Si on évite toujours ses ennemis en disant qu'on les aime, mais qu'on préfère ne pas parler avec eux, est-ce que c'est vraiment l'amour que Jésus demande de nous ? Apprendre à communiquer pour montrer l'amour est aussi important que c'est difficile à faire.

Bien communiquer cela prend du temps et de l'énergie. Même la communication entre des personnes de la même famille peut être compliquée. Mais, sans la capacité de communiquer, les murs montent et l'amour se cache.

Montrer son amour par la communication face à nos ennemis, ou face à nos proches est un risque à prendre. Ironiquement, plus fort est notre amour, plus nous sommes vulnérables. Plus vous aimez, plus vous prenez de risques d'être blessé. Mais, aussi, plus vous aimez, plus vous vous approcherez du Royaume de Dieu. Jésus lui-même a bien compris ce paradoxe. Il avait montré l'amour parfait mais en même temps, il acceptait la vulnérabilité jusqu'à mourir sur la croix.

Comme illustration, je veux partager avec vous une pensée d'Abba Dorothée, un des Pères du désert pendant les premiers siècles. Il compare le Royaume de Dieu à une roue. Dieu est au centre, et nous en sommes les rayons. Imaginez la construction d'une roue. Les bouts des rayons qui sont loin du centre sont très éloignés l'un de l'autre. Quand les rayons se rapprochent du centre, ils se rapprochent l'un de l'autre. Mais, en se rapprochant, de temps en temps ils se heurtent et il est nécessaire de mettre de l'huile pour que les rayons puissent demeurer proches l'un de l'autre et aussi reliés avec le centre.

Dieu est le centre de nos vies. Nous rayonnons de son amour. Quand nous nous rapprochons l'un de l'autre, nous venons vers Dieu. Egalement, en se rapprochant de Dieu, nous venons l'un vers l'autre. Mais, se rapprocher l'un de l'autre n'est pas facile. Nous nous heurtons, nous nous disputons, nous nous blessons. L'huile qui peut nous soulager, c'est l'amour de Dieu à travers la communication que son fils Jésus a pratiqué d'une manière exemplaire.

Apprenons à mieux communiquer au lieu de nous éviter. Et, aimons-nous,les uns les autres en suivant le modèle de Jésus. Et puis, la maison de Dieu n'aura qu'un coeur et qu'une âme.

Amen.





HOMELIE DE DANIEL NTEKA - ABBE
(étudiant à l'Institut Oecuménique de Bossey)

La Maison de Dieu : appelés à n'avoir qu'un coeur et qu'une âme.

En effet, notre vraie maison est celle du Père. Elle a beaucoup de demeures (Jean 14 : 2) Là, nous devons avoir un coeur et une âme, mais hélas.... Les Eglises sont divisées. Comment y être ensemble et en retrouver le chemin ? Sommes-nous conscients que cette maison est pour toute l'humanité ? Quelle contribution les chrétiens peuvent-ils apporter à l'édification de la communauté humaine ? Comment gérer la maison ? Comment y vivre ?

Car nous sommes tous des intendants. Vivons-nous en frères et soeurs en Christ ? Quel est l'impact de la Semaine de Prière pour l'Unité des chrétiens ? Pensez-vous qu'elle soit une aide pour qu'ensemble nous revenions sur le chemin de l'unité au-delà de nos divisions confessionnelles et intestines qui ont sapé l'authenticité et l'efficacité de la mission de l'Eglise.

Autant de questions qui nous interpellent en ce jour de prière de l'Unité voulue et souhaitée par Jésus (Jean : 17 ) Nous sommes de plus en plus convaincus que le grand péril pour la Foi ne viendra plus de la croyance dogmatique mais de l'absence d'un témoignage commun dans l'action.

Et les Actes des Apôtres (4 : 32-37 ) nous aident à y répondre. Dans l'Eglise primitive naissante, les Apôtres ont introduit une dynamique de communion fraternelle d'unité de partage et de témoignage à l'instar de la communion trinitaire. Voilà pourquoi les chrétiens sont appelés au témoignage et au partage.

Si nous sommes nombreux à nous tenir au pied de la Croix où l'humanité souffre de la misère, des guerres , de la faim, des maladies, des toxicomanies, de la prostitution, des divorsces, etc., l'Unité deviendra possible sinon il faudra attendre encore.

Or, l'Eglise est appelée à oeuvrer pour le renouveu des relations brisées qui marquent sa propre vie et à se joindre aux autres pour réaliser un monde où la présence de Dieu sera ressentie et reconnue, un monde où les divisions seront abolies et où régneront plus de justice et de paix. Un monde où les institutions internationales s'efforceront de garantir une paix réelle et des relations économiques fondées sur la justice. Un monde où le sens collectif des responsabilités envers les pauvres, les déshérités, les marginalisés serait une tâche urgente et prioritaire.

Seigneur, ravive tes chrétiens au souffle de l'Esprit : qu'ils avancent dans l'amour de la vérité et travaillent d'un coeur généreux à l'unité de la communion humaine.

Amen.

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Détails

Avec la participation de
et Sharon Seyfarth Garner; Najat Georges Nassif, pasteur
Orgue
Derte Philips, organiste
Musique
Thème général : la maison de Dieu - Esaïe 65, 25