Apparitions du Ressuscité

Eglise réformée française de Zurich (©Roland zh, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Écouter le culte :

 

La grâce et la paix vous sont données de la part de notre Seigneur. Amen !

Chers sœurs et frères en Christ,
Chères auditrices, chers auditeurs,

Les femmes se rendent au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Elles trouvent un jeune homme vêtu de blanc qui leur dit : « Il est ressuscité. Allez dire à ses disciples qu’il les précède en Galilée. C’est là que vous le verrez. » Mais les Évangiles montrent que le Ressuscité ne se manifeste pas uniquement en Galilée. Et pas seulement à ses disciples.

 Dans l’évangile selon Matthieu, il vient aussi à la rencontre des femmes sur le chemin de retour du tombeau vide, avant de retrouver les disciples en Galilée. 

Chez Luc, il apparaît d’abord à deux disciples en route vers Emmaüs. Dans un premier temps, ils ne le reconnaissent pas. Mais au moment où il rompt le pain, leurs yeux s’ouvrent. Ils retournent à Jérusalem, et là encore, Jésus se manifeste au milieu des disciples.

Jean, de son côté, nous raconte que Marie de Magdala est la première à le voir. Elle le prend pour le jardinier, jusqu’à ce qu’il l’appelle par son prénom. Puis il apparaît aux disciples, et enfin, au bord du lac de Tibériade. Et comme pour dire que ce n’est qu’un aperçu, Jean conclut son évangile de la manière suivante : « Jésus a encore fait bien d’autres choses… Le monde entier ne suffirait pas à contenir les livres qu’on écrirait. »

Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, évoque une apparition à plus de 500 personnes à la fois, à Jacques, aux apôtres. Et enfin, à lui-même, sur le chemin de Damas.

Alors, devons-nous comprendre ces récits comme appartenant à un temps révolu ? Un temps unique, fondateur de la foi chrétienne ? Un moment où Jésus ressuscité est apparu pour de bon, puis plus jamais ?

Certains disent que ces apparitions se limitent aux 40 jours entre Pâques et l’Ascension. Mais l’apparition à Paul, bien plus tard, vient contredire cette chronologie.

D’autres encore considèrent ces récits comme des genres littéraires, dans le sens où ils font apparaître une trame avec des éléments récurrents tels que le fait de ne pas reconnaître le Ressuscité, puis la peur face au surnaturel. Les propos rassurants du Ressuscité : « La paix soit avec vous », et la joie qui en découle, porteuse d’un élan de vie. Il s’agirait alors de récits symboliques visant à illustrer la victoire de la vie sur la mort. 

Le temps des apparitions est-il donc passé ? Et ce temps a-t-il seulement existé ? Le message de Pâques ne serait-il qu’un appel à l’espérance : espérance que, d’une manière ou d’une autre, la vie a toujours le dernier mot ? Ce serait déjà beaucoup, direz-vous. Mais je crois que ce n’est pas tout. 

Formé à l’analyse historico-critique des textes bibliques durant mes études, j’ai longtemps proposé une lecture symbolique des récits de Pâques dans mes prédications. Mais un jour, mon chemin de Damas s’est imposé…

Je crois que le ressuscité m’est apparu à moi aussi. Je dirais même : le Ressuscité m’est apparu. C’était à Bâle. Je ne l’ai pas vu. Je ne l’ai pas reconnu. Mais je l’ai senti, physiquement. Le contact était si réel que j’ai été pris de peur et me suis écrié : « Mais qu’est-ce qui se passe ? ». Et j’ai entendu : « C’est moi ! ». 

Trois fois, une chaleur intense m’a traversé de la tête aux pieds. Un bien-être, une paix, une joie profonde, une plénitude dans une période compliquée. Quelque chose qui a transformé ma manière d’appréhender les difficultés du moment, quelque chose qui a complètement transformé mon regard sur la vie… et sur la mort.

Bien sûr, après, ma première réaction a été de me dire : « Christophe, tu ne vas pas bien ! ». J’étais troublé et inquiet.

Et puis, quelques jours plus tard, à Lausanne, je tombe sur un livre de Lytta Basset : Cet au-delà qui nous fait signe. Un signe ? Je me suis empressé de l’acheter et l’ai lu d’un trait.

Je n’entrerai pas dans le détail de son contenu mais, en repensant à Bâle, j’ai pu me dire : 

  • Non, je ne suis pas fou.
  • Non, je n’ai pas rêvé : quelque chose s’est vraiment passé. Quelque chose qui reste gravé dans ma chair.
  • Non, les récits bibliques d’apparition du Ressuscité, où les témoins ne reconnaissent pas le Christ et sont pris de peur, avant de faire l’expérience d’une paix profonde et de se trouver « remis au monde », vivants et plein de joie, ne sont pas juste des constructions littéraires. Ils décrivent des expériences profondément humaines.
  • Et non, la foi chrétienne n’aurait pas pu transformer le monde en si peu de temps sur la base de récits littéraires et sur quelques lettres d’un apôtre, par ailleurs plutôt chahuté.
  • Il y a eu un vécu fort, puissant, bouleversant, forcément. Un vécu qui a mis des femmes et des hommes en route envers et contre tout… en tous cas jusqu’à l’institutionnalisation du christianisme.

Une fois le christianisme institué comme religion d’État, l’humanité a dû apprendre à se protéger et à se barricader contre des expériences qui risquaient d’entraîner des persécutions parce qu’en marge des doctrines officielles où raison et foi doivent aller de pair – avant que la psychiatrie ne prenne le relai.

A partir de ma propre expérience, j’ai été amené à relire des moments de ma vie, des concours de circonstance ou soi-disant « hasards », des rêves ou encore des rencontres qui m’ont marqué et m’ont permis d’avancer et de grandir, et à me dire qu’en réalité, il ne m’est pas seulement apparu une fois.

 Quelque chose a aussi changé dans mon accompagnement pastoral.

 Quand quelqu’un me raconte une expérience inhabituelle, plutôt que d’être sceptique et d’être tenté de mettre cela dans la case « rêve », ou « illusion », ou « folie », je reçois le témoignage avec joie et reconnaissance. Et parfois, j’ajoute simplement : « Pourquoi vouloir expliquer ou justifier ? Accueillez juste avec reconnaissance ce qui est donné. Il est ressuscité et il nous rejoint, de bien des manières. A nous de le recevoir ! ».

C’est aussi ce message que j’ai envie de vous laisser ce matin. 

Pâques ne fait pas d’abord appel à notre faculté de croire, mais à notre ouverture, à notre désir de rencontrer Celui qui vient à nous, aujourd’hui encore, dans cette vie… et au-delà.

Et peut-être, en regardant en arrière, vous vous rendrez compte que vous aussi, vous avez déjà été rejoints.

Et en regardant en avant, soyez assurés de sa présence ! Une présence qui nous entraîne dans une dynamique de résurrection. Car oui ! Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Plusieurs textes bibliques nous attestent l’apparition du Christ à ses disciples et à bien d’autres après la crucifixion et la découverte du tombeau vide. 

Genre littéraire, écrits symboliques, prosélytisme du christianisme naissant ou témoignages d’une réalité vécue?

Et comment accueillir ces textes, nous rejoignent-il dans notre vécu? En quoi la bonne nouvelle de Pâques illumine-t-elle notre quotidien?

Détails

Avec la participation de
Catherine Burri, Françoise Cavin et Bernard Ecklin pour les lectures
Orgue
André Giger
Musique
Choeur paroissial «Les Messagers», sous la direction de Gildas Bokonon