«Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur»

La Fraternelle, Nyon (©Sébastien Noir)

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Ce verset d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force est connu parce que Jésus va faire référence à ce verset en répondant à une question très importante : « Quel est le plus grand commandement ? » Jésus citera Deutéronome 6,5, mais le verset dans son contexte est moins connu – tout comme le livre.

Dans la Bible, nous avons tous nos livres de préférence et les livres qu’on aime moins aborder, plus compliqués, plus sombres… Souvent les livres favoris sont très variés mais pour les livres qu’on souhaite éviter, c’est souvent le Deutéronome, le Lévitique – des livres de lois.

C’est un peu comme les légumes, moi je ne suis pas fan des choux de Bruxelles. Je sais que ça doit être bon pour le corps mais je n’ai quand même pas envie d’en manger !

Deutéronome 6, 4-9 : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. »

Le livre du Deutéronome est écrit par Moïse à la fin de sa vie. Une nouvelle génération d’Hébreux est prête à prendre possession du pays promis. Moïse, au travers de ce livre, veut leur transmettre leur histoire, les lois et les promesses de Dieu. Moïse rédige le livre en trois grands discours.

Le Deutéronome est le dernier livre de la Torah, c’est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible. Le but de Moise est que cette génération ne commette pas les mêmes erreurs que leurs pères et il veut leur montrer comment rester fidèle à l’alliance de Dieu alors qu’ils vont entrer dans la conquête de la terre promise et qu’il y a plein de défis qui les attendent.

Aimer Dieu est un commandement, mais l’amour de Dieu ne dépend pas de ce commandement. On pourrait se dire de manière inconsciente que si je n’aime pas Dieu, il ne m’aimera pas. C’est faux. Dieu nous aime en premier et c’est parce qu’il nous aime, que nous pouvons l’aimer. Dieu ne nous aime pas comme un sénile bienveillant et somnolent qui souhaiterait nous voir heureux à notre guise ou comme un magistrat consciencieux, froid et philanthropique, ni encore comme un hôte responsable qui se soucie du confort de ses invités.

L’amour de Dieu est comme le feu tout-consumant. L’amour qui fit les mondes. Obstiné comme l’amour d’un artiste pour son œuvre. Prévoyant et vénérable comme l’amour d’un père pour son enfant. Jaloux, inexorable, exigeant, comme l’amour entre les sexes.

Comment se fait-il que Dieu nous aime ? C’est parce qu’il est Dieu tous simplement. Il nous aime parce qu’il nous aime. Ça fait partie de sa nature. Lorsque nous arrivons à comprendre de quel amour nous sommes aimés, nous arrivons à aimer Dieu pour qui il est vraiment.

Le commandement de Dieu envers nous n’est pas conditionnel à son amour. Dieu nous donne ce commandement parce que nous sommes faits pour l’aimer, mais notre cœur pécheur se détourne de Dieu pour aimer, adorer autre chose. C’est comme ça que notre cœur crée des idoles, des faux dieux.

Ce commandement est là pour nous aider à garder le cap au bon endroit, sur l’amour de Dieu. Il est là pour nous guider parce que notre boussole interne est déréglée et nous ne pouvons pas nous en sortir seuls.

Maintenant que nous comprenons mieux ce verset, nous pouvons décortiquer un peu plus certains termes des versets 4 et 5, pour bien comprendre comment aimer Dieu.

« Écouter » en hébreu, « shema », est un mot qui est très complet, car il veut dire plus qu’écouter, c’est-à-dire laisser des ondes sonores entrer dans mes oreilles. En hébreu, ce mot veut aussi dire « agir en conséquence de, obéir, agir à cause de ». Dans le mot « shema », il y a une notion d’obéir, une notion d’action. D’ailleurs, il est intéressant de voir qu’en hébreu, il n’y a pas de mot pour dire « obéir », il est sous-entendu dans l’écoute.

C’est aussi pour cela que lorsque des personnes parleront de la part de Dieu, les prophètes dans l’Ancien Testament, ils diront : « Ils ont des oreilles mais n’entendent pas. » Personne n’avait perdu l’audition mais c’est que personne n’agit selon ce que Dieu dit.

Lorsque dans notre verset, Dieu commence par « écoute », c’est qu’il ne s’attend pas seulement à un acquiescement de notre part mais à un changement de vie.

« Éternel », c’est le nom par lequel Dieu se présente à Moïse. YHWH qui veut dire littéralement, « il sera ». Dieu est éternel. Il n’a pas de commencement, ni de fin. Lorsque Dieu dit qu’il nous aime parce qu’il est amour, on peut comprendre que son amour est un amour éternel et qui ne dépend en rien de notre monde.

En disant qu’il est un, ou seul, selon les versions, Dieu montre qu’il ne peut pas y avoir d’autre Dieu que lui-même. Allant dans un pays avec différents peuples et différents dieux, ils auraient peut-être tenté d’ajouter un autre dieu à leur foi.

« Aimer » en hébreu se dit « ahavah » : terme courant pour parler de l’amour dans la Bible. C’est l’amour dans un sens large. L’amour d’un ami pour un autre, d’un peuple pour son roi, d’un père pour son enfant. Ce qui devient spécifique à Dieu, c’est que ce mot « amour » est destiné à Dieu. Il y a de nouveau une notion de faire quelque chose, une action qui accompagne, qui vient étayer l’amour invisible de Dieu. Cet acte vient en alignement avec ce que Dieu lui-même aime.

L’Ancien Testament nous montre qu’aimer Dieu se fait au travers de l’amour de son prochain et des étrangers. On peut voir dans le Lévitique qu’il y a énormément de lois qui sont là pour prendre soin de son prochain, de l’étranger, de ses esclaves : personne n’y échappe.

« Cœur » en hébreu se dit « lev ». Le cœur dans la bible est le siège de toute la volonté, le siège de ma pensée, de mes émotions, de mes actions. C’est le point névralgique de toute ma réflexion. Dieu est en train de dire que je dois aimer Dieu de tout mon cœur, aimer Dieu de toute ma volonté.

On arrive très vite à nos limites ! Je pense qu’aimer Dieu de tout mon cœur, c’est avoir le courage de dire à Dieu que je n’arrive pas à l’aimer. Aimer Dieu de tout mon cœur, c’est reconnaître que sans Jésus, sans son œuvre à la croix, je ne pourrais rien. Aimer Dieu de tout mon cœur, c’est vivre une vie dans la repentance ; demander à Dieu de l’aide parce qu’il m’aime et que j’ai besoin de lui tous les jours de ma vie.

« Âme » en hébreu se dit « nephesh ». C’est dans notre pensée gréco-romaine que nous avons commencé à séparer l’âme et le corps. Le dualisme entre le physique et le spirituel. Mais dans la pensée hébraïque, il n’y a pas de frontière.

Aimer Dieu avec notre corps et notre âme, c’est avoir les mêmes pensées de Jésus, c’est vouloir agir comme Jésus.

« Force » en hébreu se dit « me’od » : un terme particulier, car c’est en premier lieu un adverbe qui veut dire « très », mais lorsqu’il est utilisé tout seul comme dans ce cas-là, il veut dire « le meilleur ». Aimer Dieu avec ce qu’on fait de meilleur. Aimer dans nos actions, dans notre faire.

Les versets suivants nous montrent dans quels cas les juifs devaient « aimer Dieu ». On voit que c’est quelque chose de général. Dieu ne voulait pas que l’on fasse de lui une activité annexe à notre vie, comme un loisir ou un club. Le fait d’aimer Dieu touche et change tous les aspects de la vie de la personne. De l’éducation des enfants au sujets de discussion pendant les vacances.

En conclusion : aimer Dieu n’est pas une condition à l’amour de Dieu. Le commandement que Dieu donne est là pour nous protéger de nous-mêmes. Car nous sommes des adorateurs. Dieu nous a créés pour adorer, pour l’adorer lui. Mais après la chute, l’être humain a commencé à s’adorer lui-même et aussi plein d’autres choses que Dieu. Notre cœur est devenu une usine à faux dieux, à idoles.

Ce verset est là pour aider notre cœur à rester centré au bon endroit, à garder le cap au bon endroit. C’est comme si nous naviguions, et pour nous diriger, nous avions un compas mais qui n’indique pas le nord – il indique ce que mon cœur veut le plus…

Mon cœur tout seul va adorer autre chose que Dieu. En aimant Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma force, Dieu prend les commandes de mon bateau et Dieu me conduit dans la bonne direction.

Aimer Dieu, c’est retrouver l’état pour lequel j’ai été créé.

Lorsque Jésus nous parle du commandement le plus important de la Bible, il cite Deutéronome 6, 5-6: «Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Les commandements que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur.»

Ce sont des versets que tout le monde à l’époque connaît et récite au moins deux fois par jour mais Jésus va venir donner un sens plus profond à ces versets. Il va nous montrer qu’aimer Dieu et aimer son prochain sont deux choses qui sont inséparables.

Nous allons regarder ensemble comment ces paroles de Jésus peuvent impacter notre quotidien au 21e siècle.

Le thème du culte est basé sur le livre du pasteur Gilles Geiser, «Un moi pour aimer l'essentiel» (éd. BLF)

Détails

Avec la participation de
David Rossé pour la liturgie et les lectures
Orgue
Musique
Le groupe de louange de La Fraternelle