Quelles sont mes racines, qu'est-ce qui fait ma force?

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Chers frères et sœurs en Christ,

A quoi allons-nous comparer le royaume de Dieu, ou par quelle parabole allons-nous le représenter ? Si je ferme les yeux et si je pense au royaume de Dieu, ce sont des images lumineuses et chaleureuses qui me viennent à l’esprit. Je pense à un monde paisible, joyeux, rempli de musique, arboré. Un endroit qui me donne envie de m’arrêter, de m’installer et de profiter du temps présent.

Souvent, dans les évangiles, Jésus évoque le royaume de Dieu à travers de nombreuses images et représentations. En ce premier dimanche du temps de carême, nous sommes invités à cheminer avec la parabole de la graine de moutarde, tirée de l’évangile selon Marc – parabole proposée dans le cadre de la campagne de Pain pour le Prochain dont le slogan nous dit : « Ensemble pour une agriculture qui préserve notre avenir. » Cette année, c’est la semence qui au cœur de la campagne, les semences et les graines qui constituent la base de presque toute vie.

La semence est aussi au centre de notre parabole. Jésus compare le royaume de Dieu à une graine de moutarde. Quand on sème cette graine dans la terre, elle est toute petite, vraiment petite, encore plus petite que la tête d’une épingle. Ensuite, elle pousse et elle devient une grande plante dans nos jardins. Et Jésus ajoute même qu’elle a des branches si grandes que les oiseaux peuvent faire leurs nids à l'ombre de ses branches.

Une belle image, cette graine de moutarde. Tout doit commencer petit. On a besoin de temps, de patience, de persévérance. Et une fois que le temps a passé, la graine devient grande, de plus en plus grande, comparable à un arbre.

Mais attendez, il faut attendre ! Je veux bien, mais attendre et patienter jusqu’à quand ? Je vous le dis honnêtement, attendre, ce n’est vraiment pas mon point fort dans la vie de tous les jours. Peut-être êtes-vous plus patients que moi ? Mais, il faut bien l’avouer, Jésus a raconté cette parabole il y a 2000 ans. Alors combien de temps veut-il que nous attendions encore ? Et quand je regarde autour de moi, je me dis que parfois, alors que certaines graines avaient poussé, bien poussé, et qu’elles étaient devenues des arbustes, voire même des arbres, la tempête a soufflé tellement fort qu’elles ont plié et se sont cassées. Que penser de toutes ces graines qui ne sont plus ? Dans notre monde, il faut bien l’avouer, j’ai du mal à apercevoir cette graine de moutarde qui est devenue un arbre qui s’élance vers le ciel !

Parfois nous sommes impatients, parfois nous n’avons plus envie d’attendre, parfois nous baissons les bras parce que nous pensons que tout est dit et qu’il n’y a plus rien à espérer. Parfois, nous avons l’impression que la tempête a soufflé tellement fort qu’il n’en restera plus rien, et donc plus rien à espérer ou à reconstruire. Alors, si je réfléchis, je remarque que c’est dans ces moments précis que j’ai besoin de me rappeler cette parabole de la graine de moutarde.

Jésus ne nous dit pas que le royaume de Dieu est comparable à un arbre bien enraciné, avec un tronc solide et des branches indestructibles. Non, Jésus nous dit que le royaume de Dieu est comme une graine de moutarde. Petite, insignifiante, presque invisible et tellement fragile. Si je cherche autour de nous le royaume dont Jésus nous parle, je ne dois pas poser mon regard sur des arbres bien plantés, mais je devrais plutôt me mettre en route à la recherche des graines, aussi petites soient-elles, en moi et autour de moi. Ces graines, elles sont nombreuses, même si parfois je ne les vois pas et que j’ai du mal à les discerner. Ces graines, si je creuse au fond de moi, si je réfléchis vraiment, je découvrirai qu’elles sont en réalité mes forces, mes valeurs, ce à quoi je tiens plus que tout.

Autour de moi, je découvre d’innombrables graines d’espérance.

Je pourrais alors vous parler d’une femme qui accompagne une famille dans ses démarches administratives pour trouver asile et refuge chez nous en Suisse. Cette femme aide cette famille du mieux qu’elle peut, en écrivant des courriers, en les écoutant, en aidant les enfants à faire leurs devoirs : pour ces petits, elle est un peu comme une bonne fée, comme une grand-maman attendrissante.

Je pense aussi à cet homme qui chaque mois écrit des lettres pour l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture. Il persévère dans sa lutte et son engagement, et même s’il ne reçoit que rarement des retours, il espère à chaque fois que sa lettre, sa signature, va changer le cours d’une vie, d’un destin d’homme ou de femme en souffrance.

Je pense à cette paroissienne qui a décidé de donner de son temps pour visiter des personnes âgées à l’occasion de leur anniversaire ou pour leur porter un message et un cadeau à l’approche des fêtes de fin d’année. Elle s’est engagée au nom de la paroisse, mais elle a accepté cette mission pour pouvoir aller à la rencontre des autres et pour partager un moment d’écoute de fraternité.

Je pense encore à cette jeune fille engagée dans son catéchisme : elle se cherche, elle ne sait pas comment faire face à tous les problèmes familiaux auxquels elle est confrontée et voici qu’elle vient frapper à la porte de l’église, de la paroisse, pour demander de l’aide, une oreille attentive, du soutien et pour se dire qu’ici au moins, elle sera comprise et entendue !

Je pense aujourd’hui encore à des projets précis de Pain pour le Prochain qui soutiennent des petits agriculteurs des pays du Sud. Et je découvre que des graines d’espérance y sont plantées, au sens propre comme au sens figuré, avec l’espoir d’un avenir meilleur.

Alors oui, si je regarde attentivement autour de moi, je découvre de nombreuses graines semées et même des graines qui sont sur le point d’éclore doucement. Vient alors la question de savoir comment je pourrais soigner ces graines autour de moi ? Comment leur apporter ce dont elles ont besoin : quelle pourrait être la bonne terre, le terreau fertile et adéquat pour qu’elles puissent s’enraciner, grandir et s’épanouir ? Où trouver les forces dont j’ai besoin pour aider à faire germer ces graines ?

Personnellement, cette force, je la trouve dans la communauté paroissiale, dans la communauté chrétienne qui nous rassemble. Il est important pour moi de me retrouver avec d’autres croyants pour expérimenter la force de vie qui surgit de ces graines. Dans notre paroisse, cette force est incroyable, tous ces exemples de graines que je vous ai précédemment donnés sont des situations de vies d’hommes et de femmes que je côtoie, que j’accompagne. Cette force de la communauté, je la vis aussi avec les personnes qui me sont proches, ma famille, mes amis, et avec les hommes et les femmes que je rencontre et que je découvre.

Se retrouver pour échanger, pour s’écouter, pour manger ensemble, pour marcher ; se retrouver pour lire ensemble la Bible, pour chanter et pour prier. Savoir que quelqu’un d’autre pense à moi, même s’il est loin. Que je peux lui confier mes joies, mais aussi mes peines. Savoir que je ne suis pas seul et que d’autres sont là pour moi, pour m’aider à traverser les épreuves de la vie.

Quelles sont mes racines, qu’est-ce qui fait ma force ? Cette force je la trouve dans la communauté où nous vivons notre foi ensemble, comme ce matin. Une communauté qui, aujourd’hui, dépasse même les murs de notre temple, une communauté qui va jusque dans les maisons de toute la Suisse romande. Prier ensemble, chanter ensemble et écouter ensemble la Parole de Dieu.

Lui, le Seigneur, nous l’a promis par l’intermédiaire du prophète Ésaïe : « La parole qui sort de ma bouche ne revient pas à moi sans avoir produit d'effet, sans avoir réalisé ce que je veux, sans avoir atteint le but que je lui ai fixé. » La parole de Dieu accompagne les hommes et les femmes de toute la terre, elle les rejoint dans leurs préoccupations et leurs quotidiens ; la parole de Dieu nous met toutes et tous en marche, elle nous invite à semer des graines autour de nous et à attendre patiemment que celles-ci prennent racine dans le terreau de notre foi.

Chers frères et sœurs dans la foi, aujourd’hui je vous parle d’une graine, de plusieurs graines. Je ne vous parle pas d’un arbre majestueux, mais d’une petite chose presque imperceptible. Si je lève les yeux au ciel, si mon regard se tourne uniquement vers les grands arbres qui nous entourent, alors je ne pourrai pas apercevoir ces graines autour de moi, ni même voir les petites plantes qui sont en train de pousser à même le sol.

Cependant, si je baisse les yeux sur le terreau de mon existence, si je cherche ces graines de tout mon cœur, si je veux suivre leur croissance et observer les pousses qui sortent de terre, alors ma vie sera transformée et je m’approcherai d’avantage du royaume dont Jésus nous parle.

Le royaume de Dieu, j’en suis intimement persuadé, est un endroit lumineux et chaleureux, paisible, joyeux, rempli de musique et arboré, pour lequel il est bon de s’engager dès maintenant. D’une toute petite graine de moutarde est née une plante immense qui fait le lien entre la terre et le ciel, dont les branches touchent la voûte céleste en accueillant les oiseaux qui chantent les louanges du Très-Haut !

Amen.

Nous nous mettons en route avec la campagne de carême de cette année dont le thème nous invite à réfléchir à ce qui nous nourrit personnellement et fait grandir notre foi. La parabole de la graine de moutarde nous invite à faire confiance et à puiser nos forces chaque jour en Dieu.

Détails

Avec la participation de
Carole Perez pour la liturgie et Robert Simon pour les lectures
Orgue
Magali Adam
Musique
Mélanie Koller à la flûte