Que sommes-nous prêts à partager?

image

Écouter le culte :

Chers frères et sœurs en Christ !

« Que vais-je faire ? »

Telle est la question que se pose l’homme riche de la parabole que nous venons d’écouter. « Que vais-je faire ? »

Son rôle dans notre histoire n’est pas évident. Avant même d’écouter la parabole, la situation nous semble être claire. Le fautif dans l’affaire semble être tout trouvé. Il est grand temps pour lui de se poser pareille question, il pourra d’ailleurs poser autant de questions qu’il le souhaite, les dés sont jetés. Il nous suffit pour cela de lire le titre de notre parabole : « Le riche insensé » et nous sommes déjà sur la bonne voie. C’est d’ailleurs rare que les riches soient les héros des histoires bibliques. En plus, il nous est dit qu’il est insensé. Enfin, pour éviter que nous ayons de mauvaises sympathies, l’évangéliste Luc nous livre, juste avant la parabole, son interprétation venant de la bouche de Jésus : « Gardez-vous de tout amour des richesses… » Gardez-vous de la cupidité, de l’avidité !
Oui, Luc ne va pas par quatre chemins. Les rôles sont clairs. Avant même que notre parabole commence, on sait déjà de quel côté nous devrions nous mettre. Car qui, parmi vous, aimerait bien se laisser reprocher d’être cupide, d’être avide, d’être radin ?

Malgré tout cela, la situation n’est pas aussi évidente : « Que vais-je faire ? » Regardons de plus près la situation de notre homme riche qui semble être un peu décontenancé. Qu’a-t-il bien pu faire de grave, notre pauvre paysan ? Et que pouvons-nous faire pour ne pas tomber dans le même piège que lui ?

Tout d’abord, il a eu une bonne récolte. Disons qu’il a certainement eu de la chance. La météo était favorable. Pas d’invasion de sauterelles ou d’autres bêtes désagréables. Mais il a certainement aussi ses mérites dans l’affaire. Il a fait un bon travail. Il faut le dire. Les paysans parmi nous savent bien ce qu’il faut faire pour finalement pouvoir avoir la chance d’avoir une bonne récolte. C’est du travail. Il faut y aller, il faut être assidu, ne pas compter ses heures, et la difficulté est presque toujours présente dans le travail des champs.

« Que vais-je faire ? » En voyant le résultat de son travail, notre homme riche se pose cette question. Je dois avouer que cette question me semble plutôt empreinte de sagesse. Mais oui, il faut être prévoyant. On ne sait pas comment sera la récolte l’année prochaine. Est-ce qu’il y aura une sécheresse ? Ou trop de pluie ? Est-ce qu’il y aura, après ces années d’abondance, peut-être des années maigres ? Mais oui, il faut s’assurer, construire des granges pour bien pouvoir stocker ses réserves. Nous faisons la même chose aujourd’hui : nous ne construisons peut-être pas forcément des granges plus grandes, mais nous avons des assurances, nous cotisons pour la retraite, nous avons des comptes épargne. Notre richesse, nous la cumulons aussi dans nos granges d’aujourd’hui. Et cela ne nous semble pas tellement faux. Il faut bien penser à l’avenir, être prévoyant ! Et puis cet homme, il a bien travaillé pour cela !

« Que vais-je faire ? » Notre riche, il fait tout cela. Il assure son avenir et ensuite il se dit : « Repose-toi, mange, bois et jouis de la vie. » Bon, on pourrait lui reprocher qu’il était peut-être encore trop jeune pour prétendre à la retraite, qu’il devait encore travailler un peu. Mais, une deuxième fois, je dois avouer que son souhait ne me semble pas vraiment étrange non plus. Le repos, la joie, les moments de détente, de calme, il nous en faut après le travail. Et je crois que Dieu espère que nous prenions également du repos au milieu de nos quotidiens.

Qu’a-t-il fait de grave notre homme riche ? Qu’est-ce qu’il aurait dû faire ? Que devons-nous faire ?

« Que vais-je faire ? »

A la fin de notre parabole, Jésus nous donne une réponse : au lieu d’amasser des richesses pour soi-même – comme l’homme riche l’a finalement fait – Jésus nous demande d’être riches aux yeux de Dieu.

Dans le texte du prophète Esaïe, nous avons bien entendu tout à l’heure quel jeûne Dieu aime, comment nous pouvons être riches à ses yeux. Esaïe nous parle de la justice et du partage : partager son pain avec celui qui a faim, loger les pauvres qui n’ont pas de maison, habiller ceux qui n’ont pas de vêtements. Puis, Esaïe nous demande de ne pas ridiculiser les autres en les montrant du doigt, ou de parler d’eux méchamment. Ces paroles vieilles de plus de 2500 ans me semblent bien actuelles dans notre société d’aujourd’hui.
Le prophète nous annonce : « Alors ce sera pour toi l’aube d’un jour nouveau ». « Ta plaie ne tardera pas à se cicatriser. Le salut te précédera et la glorieuse présence du Seigneur sera ton arrière-garde. »

Le partage. Nous fêtons aujourd’hui les récoltes. Nous remercions Dieu pour tout ce que nous recevons de lui chaque jour. Nous savons que nous devrions partager nos richesses et ne pas tout amasser pour nous-même, comme cet homme riche dans notre parabole. Les paroles du prophète nous semblent justes et bonnes, et pourtant nous avons souvent du mal à mettre le partage véritablement en pratique.

Est-ce que je vis vraiment le partage comme le prophète me le demande ? Qu’est-ce que je suis prêt à partager ? Où sont mes limites ?

Oui, je donne un peu de mon argent dans l’offrande le dimanche matin quand je vais au culte. Oui, je fais des dons pour des associations caritatives diverses. Oui, j’essaie de penser aux autres qui sont dans la détresse. Mais quels sont les moyens que je suis vraiment prêt à mettre en œuvre ?

Souvent, j’ai l’impression que nous avons plutôt du mal à partager nos biens. On dit même que plus on a de l’argent et plus cela semble difficile de donner et de partager. Est-ce que mes comportements et ma manière de vivre le partage sont vraiment meilleurs que l’attitude de cet homme riche dans notre parabole ?

En même temps, quand je pense au partage, il y a plein de choses qui me viennent en tête. Plein de choses que je partage dans ma vie : par exemple, je partage ma vie avec celle que j’aime. Je partage mon salaire, mes biens avec ma famille, mes enfants. J’aime partager un repas et un bon verre de vin avec des amis. Et je peux aussi partager avec eux mes joies, mais peut-être aussi mes soucis, mes peines ou mes angoisses. Mais, il faut bien l’avouer, partager ses angoisses, ses soucis, ce n’est pas toujours facile à faire.

Puis, quand je pense au partage, je pense aussi à tout ce que nous partageons dans notre paroisse. Je pense à tous les bénévoles ici ou ailleurs. Je pense par exemple à notre Vente des missions d’il y a trois semaines. Tous les hommes et femmes qui ont partagé leur temps pour que cette fête soit une réussite. Tous les gens qui sont venus pour partager un bon moment ensemble, mais aussi en même temps pour soutenir les deux projets missionnaires que nous avions choisis pour cible lors de cette journée. Nous avons partagé notre temps, la joie de se retrouver, et puis finalement aussi un peu de notre richesse avec ceux qui ont besoin de notre soutien.

Alors maintenant, que vais-je faire ? Comment vivre le partage ? Qu’est-ce que je fais de ma vie ? Qu’est-ce que je fais de mon temps ? Que suis-je prêt à partager et avec qui ?
« Que vais-je faire ? »

Une question de justice. Une question de partage. Une question qui concerne notre vie. C’est finalement cette question de l’homme riche que nous devrions nous poser tous les jours.

Que vais-je faire ?

Pas comme un reproche, pas comme un rappel de ma mauvaise conscience. Non, plutôt comme un chemin qui m’est proposé. Que ferai-je de ma vie ? Que ferai-je de mon temps ?
Je ne vois pas ce chemin comme un chemin fixe avec des règles strictes. Je devrais faire ceci… ou je devrais faire cela… Non, je vois ce chemin plutôt comme un chemin d’apprentissage.

Que vais-je faire ?

Je veux apprendre à lâcher prise au lieu d’amasser.

Je veux apprendre à offrir avec plaisir, même des choses qui me sont chères - et sans attendre forcément quelque chose en retour.

Je veux apprendre et comprendre que mes biens ne sont pas ma propriété, mais plutôt quelque chose qui m’a été confié. Et ainsi je veux apprendre et être prêt à pouvoir rendre compte de la manière dont j’ai utilisé ces biens qui m’ont été confiés.

Je veux apprendre à reconnaître ma petite place en face de Dieu, mais aussi en face de tous ces hommes et femmes qui vivent avec moi sur cette terre.

Je veux apprendre à rester modeste lors de mes succès et mes réussites et en même temps accepter de manière sereine mes échecs.

Je veux apprendre à rire de moi-même plutôt que des autres.

Je veux apprendre à prendre les autres au sérieux et à leur faire une place. Je veux apprendre aussi à me mettre parfois en retrait, car je ne suis ni trop important, ni irremplaçable.

Je veux apprendre à écouter les autres au lieu de parler à leur place.

Et je veux surtout apprendre à remercier Dieu tous les jours pour tout ce que je reçois de lui, gratuitement. Apprendre peut-être aussi à partager cette grâce qui m’est donnée, sans limites et sans restrictions.

Alors chers frères et sœurs en Christ, chers paroissiens, chers auditeurs, mettons-nous en route ce matin sur le chemin du long apprentissage de la vie où le partage se conjugue avec l’Évangile.

Amen.

Nous voici au début de l’automne, le temps des récoltes – un temps aussi pour remercier Dieu pour tout ce qu’il nous donne chaque jour.
Ce culte abordera la question du partage. Car, chacun sait que nous devrions partager nos richesses et, pourtant, souvent un véritable partage est bien difficile à mettre en pratique.
Comment vivre le partage aujourd'hui? Quels moyens mettons-nous en œuvre ? Quelles peuvent en être les limites? Que sommes-nous prêts à partager?
Le début de l’automne, le temps des récoltes, un temps opportun pour entamer une réflexion et éveiller nos prières.

Détails

Avec la participation de
Daniel Chèvre, diacre, Sandrine Beurret et Robert Simon
Orgue
Gérard Kummer
Musique
Jeanne Freléchoux, violoncelle, Gérard Kummer, piano, Jean-Philippe Schaer à la flûte traversière et Léonie Renaud, soprano