Les gestes de foi de trois femmes audacieuses: Accorder sa voix à celle de Dieu

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Écouter le culte :

Ce jour-là, une jeune femme a la visite d’un inconnu qui lui délivre un message. C’est un porte-parole. Dans la Bible, les anges sont des porte-parole, des portevoix, qui portent la voix du Seigneur auprès de ses destinataires.

Comme les postes de radio qui permettent à nos auditeurs lointains de capter le message prononcé à Crêt-Bérard ! Merci en passant à tous les anges de la radio grâce
auxquels notre rencontre de ce matin est possible. Car vous remarquez qu’à travers une voix bien transmise, les émotions passent, le sentiment de proximité est là, et il y a réellement une expérience de partage, de relation entre nous.

Ce jour-là, le messager fidèle qui fait la connexion entre Dieu et l’humanité s’appelle Gabriel. Son message est de toute première importance. A son écoute, Marie, une jeune femme de Nazareth, disons entre 15 et 18 ans, promise en mariage à Joseph.

Entre les anges et nous, il y a une différence et un point commun. La différence, c’est que les anges répètent ce qu’ils ont entendu de Dieu, ce sont de simples relais, ils rendent accessible la parole du Seigneur ; ils sont comme un écho qui reproduit et transmet une voix.

Les humains eux sont appelés à une autre forme de fidélité : pas celle du perroquet, mais celle du proche, qui vibre à la parole de l’autre et y répond par un écho singulier, unique et personnel.

Le point commun, c’est qu’anges et humains partagent la dimension spirituelle : j’entends par là cette capacité de vivre une connexion profonde avec Dieu, une relation en face à face avec le Créateur, dans la liberté et l’amour.

Ainsi donc, la voix de Dieu s’adresse à Marie, par l’intermédiaire de l’ange. La jeune fille reste d’abord sans voix, avant trouver sa voix singulière, unique et personnelle pour répondre à la sollicitation de Dieu.

Car Dieu vient requérir sa contribution pour réaliser un rêve qui lui tient vraiment à cœur : réduire la distance entre lui et nous, mettre plus de ciel sur la terre et offrir à l’humanité un nouveau type de communion avec lui. Et la meilleure manière qu’il a trouvée, c’est de nous visiter en personne, en devenant lui-même un humain parmi les humains, pour réaliser de l’intérieur ce qu’il désire de nous, pour le vivre avec nous sur le terrain, et nous libérer de tout ce qui nous en empêche.

A cette époque, le peuple d’Israël attend impatiemment l’intervention de Dieu. Beaucoup pensent que quelque chose va se passer, qu’un nouveau Roi, annoncé par les prophètes, va venir et rétablir l’ordre voulu par Dieu, libérer la Terre Sainte de l’occupant romain et inaugurer une nouvelle ère de l’histoire. Ils attendent le Messie !

Alors quand Marie entend le messager parler de l’héritier du trône de David qui règnera pour toujours sur le peuple d’Israël et sera appelé « Fils du Très-Haut », elle comprend que cette promesse dont tout le monde parle pourrait bien se réaliser, mais qu’elle dépend de sa réponse. Dieu lui tend la main et lui propose une collaboration. Va-t-elle accepter de lui offrir la poignée de main attendue ?

Car Dieu, tout-puissant qu’il soit, ne croit plus aux grands moyens, il a renoncé à imposer, car l’usage de la force ne permet pas de mobiliser la contribution de l’autre dans son entièreté, au mieux obtiendrait-il l’exécution de ce qu’il ordonne, mais sans l’authenticité et la générosité d’une réponse libre et joyeuse.

Dieu est un peu comme une directrice ou un directeur de chœur. Certes, ils dirigent, ils influencent, ils ont une certaine idée du résultat visé, mais ils dépendent totalement de l’adhésion des choristes, de leur implication, de leur état d’âme et de leur désir d’offrir le meilleur.

Dieu s’expose au refus potentiel de Marie pour se donner une chance de recevoir son plein accord : oui, les deux doivent accorder leurs voix, chacune selon son registre, son timbre et sa personnalité.

Aujourd’hui, nul besoin pour nous de « jouer les Maries », celle de Nazareth a suffi et son appel fut unique. Pour nous chrétiens, le Messie est déjà venu, c’est Jésus, qui a vécu il y a deux mille ans. Il est donc inutile de vouloir répéter la scène. Par contre, le geste de Marie peut nous inspirer : son geste de disponibilité à l’action de Dieu en soi, car la vie spirituelle commence par le consentement à sa fécondité en nous, afin qu’il puisse passer par nous pour venir au monde.

Marie a dû faire confiance à cette voix, autoriser le Saint-Esprit à accomplir en elle l’œuvre de Dieu. Et cela, nous le partageons avec elle, dans la diversité des appels que le Seigneur nous adresse.

Je disais que Marie a dû trouver sa voix ; c’est plus que donner une bonne réponse après avoir compris une demande ! Ça, on peut toujours le faire : en partageant un minimum de langage commun, on peut répondre aux attentes de l’entourage, adopter les codes en vigueur et contribuer raisonnablement aux besoins des autres pour bénéficier de leurs ressources, et maintenir ainsi une forme de vie satisfaisante.

Marie, connaissait tout cela. Elle était probablement une bonne Galiléenne, une gentille fille, une fiancée appréciée… Mais personne ne lui avait jamais parlé comme l’ange, avec une telle intensité de présence qu’il n’y a plus d’alternative entre se liquéfier ou accéder à son « je » unique, à sa voix personnelle.

Vous qui chantez pour nous ce matin, vous comprenez de l’intérieur ce que peut signifier « trouver sa voix ». Et vous savez que ce n’est pas quelque chose d’inné qui vient naturellement. Notre voix vient de plus haut que notre tête, de plus loin que nos émotions, elle vibre en nous bien plus largement que nos cordes vocales, elle respire plus amplement que nos poumons.
Notre voix est un comme un miracle qui advient quand nous avons les deux pieds sur terre, quand nous arrêtons de tout vouloir contrôler et que nous sommes ouverts à ce que quelque chose qui nous dépasse ait lieu et soit partagé à travers nous.

Trouver sa voix, c’est en fait la recevoir. Et ce n’est jamais acquis. Le Seigneur cherche constamment des voix qui soient capables à la fois d’être solistes et de s’intégrer humblement dans un ensemble.

Marie, cette adolescente d’autrefois, a fait preuve d’une grande audace. Elle a eu le choix, elle a exercé son esprit critique, elle a écouté comment ça résonnait en elle et elle a pris la décision de faire confiance. En ce sens, elle est devenue une soliste de l'Évangile, une voix unique pour une interprétation unique. C’est jusque-là que le Christ vient nous chercher et ce n’est pas facile de se sortir de la masse, de se lancer dans l’inconnu et d’oser se singulariser et s’exposer en devenant chrétienne ou chrétien.

Imaginez que maintenant je désigne l’un de vous par son nom et l’invite à nous parler de sa foi au micro, ou que j’appelle l’un de vous pour venir chanter devant tout le monde.

Et pourtant quoi de plus beau, quand cela se passe. Nous avons tous été émus devant une émission de nouveaux talents ou un film avec un chœur dans lequel un jeune insécure trouve soudain sa voix, une voix qui sonne, une voix belle et puissante dont il s’étonne lui-même.

Pour faire ce pas, nous avons besoin d’une pression suffisamment forte et bienveillante d’un plus grand que soi pour provoquer ce magnifique « Ok, je me lance ».

En même temps, si tous les membres d’une chorale chantent comme des solistes, cela va très vite devenir une cacophonie d’egos. Vous savez bien que la beauté de votre chant dépend de votre capacité à respirer ensemble, à vous écouter les uns les autres, à vous adapter mutuellement, en vous mettant au service du projet commun.

Ose relever ce défi d’accéder à ta voix personnelle ; réponds à l’invitation pressante et respectueuse de ton Dieu.

Voilà ce que Marie de Nazareth vit quand elle répond : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe comme tu me l’as dit ! » Et cela lui donne accès à une joie et à une liberté intenses que nous connaissons quand nous osons répondre « oui », quand nous nous laissons choisir et mettre en valeur en tant que personne unique, avec qui Dieu souhaite vivre, œuvrer et chanter.

Dieu ne nous demande pas de nous ratatiner, il nous demande de prendre notre place et de jouer notre rôle, tout en laissant les autres prendre la leur et jouer leur rôle. Marie s’est laissée choisir, elle s’est laissée bénir, elle a accepté de prendre sa place face à Dieu, parmi les humains, au service de tous.

Tel est son geste audacieux qui lui inspira ce chant repris inlassablement par l’Église. Ce chant qui commençait par ces mots :

« Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit s’est rempli l’allégresse à cause de Dieu mon Sauveur. Car il a porté son regard sur son humble servante. Oui, désormais, toutes les générations me diront bienheureuse. »

La foi dans la Bible n’est pas tellement une croyance. Il s’agit davantage d’un geste qui vient du cœur en réponse à l’appel de Dieu. Les femmes au temps de Jésus n’avaient pas la parole en société. Elles ont souvent passé par de magnifiques gestes pour exprimer leur foi et leur amour pour le Seigneur.
Nous irons à la rencontre de Marie de Nazareth, une jeune femme sollicitée par Dieu pour jouer un rôle-clé dans son plan de salut. Nous verrons comment elle entre en dialogue avec son appel et trouve sa voix personnelle pour répondre «oui».

Détails

Avec la participation de
Véronique Monnard, Marie Wilmart et Mélanie Sinz pour les lectures, Danielle Mamin pour l'intercession
Orgue
Musique
Atelier Gospel des jeunes de l'EERV, sous la direction de Jacqueline Savoyant et Laurent Jüni, avec au piano, Stéphanie Küffer.
Au piano pour les cantiques, Céline Grandjean.