«Sans moi, vous ne pouvez rien faire.»

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Écouter le culte :

C’est le temps des vendanges, les vignerons sont en train de récolter leur raisin et se réjouissent maintenant d’en produire un bon vin. Donc ce matin, j’ai amené une bouteille de vin. Car aujourd’hui, lors de cette prédication, nous allons réfléchir à la parole de Jésus qui a dit : « Je suis la vraie vigne – je suis le vrai cep. »

Je vous lis dans l’évangile de Jean au chapitre 15, les versets 1 à 8 :
« Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Il enlève tout sarment qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque sarment qui porte du fruit, afin qu'il en porte encore plus. Vous, vous êtes déjà purs grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne ; de même, vous non plus vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. Moi je suis la vigne, vous êtes les sarments. La personne qui demeure unie à moi, et à qui je suis unie, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. La personne qui ne demeure pas unie à moi est jetée dehors, comme un sarment, et elle sèche ; les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et cela sera fait pour vous. Voici comment la gloire de mon Père se manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. »

La vigne

J’aime beaucoup cette image de la vigne et du vigneron. D’une part, parce que moi-même, j’ai grandi dans le canton de Vaud, dans une région viticole. Je me rappelle que sur mon chemin pour aller à l’école, je passais à côté de vignobles. D’autre part, parce que j’aime beaucoup la nature, et donc, quand Jésus explique des vérités concernant le royaume de Dieu à l’aide d’une image provenant de la nature, cela suscite mon intérêt.

Les vignes sont des plantes qui ont besoin d’un soin intensif en été comme en hiver. Je ne suis pas un connaisseur dans ce domaine. Il faut vraiment avoir le savoir-faire, il faut avoir beaucoup d’expérience pour savoir comment soigner ces plantes, comment les tailler, les ébourgeonner, les épamprer, les palisser, etc… tout cela en visant à obtenir du bon raisin !

Jésus le cep

Jésus se compare avec une vigne. Ses disciples, eux, sont les sarments, les rameaux verts que la vigne pousse chaque année et qui portent du fruit. Et le vigneron, c’est Dieu le Père.

Je me rappelle que, dans ce vignoble à côté duquel je passais pour aller à l’école, il y avait des vignes qui étaient très vieilles. Leur bois avait de drôles de formes, et j’étais toujours étonné de voir que chaque année, il y avait de nouveaux sarments qui y poussaient.

Malgré tout, après une trentaine d’années, il paraît que les vignes sont moins productives, et c’est pourquoi les vignerons procèdent souvent à de nouvelles plantations. Et ce vieux bois arraché devient inutilisable. On ne peut même pas en fabriquer un meuble, on peut juste l’utiliser comme décoration ou le brûler dans la cheminée.

Je trouve donc intéressant l’aspect que Jésus se compare avec un cep. Et oui, beaucoup de personnes pensent que ces histoires autour de Jésus, elles sont bien vieilles et pleines de poussière. On ne peut plus rien faire avec ces histoires, il faut les jeter au feu ! Mais moi, je crois que cette vigne, Jésus Christ, peut encore aujourd’hui porter beaucoup de fruit, même si au premier abord, cela ne semble pas être le cas…

Nous les sarments

Mais si nous regardons plus précisément cette image de la vigne, je trouve justement intéressant que les fruits ne poussent pas sur le cep, mais sur les sarments. Et les sarments, d’après le texte, ce sont ses disciples – autrefois, mais aussi aujourd’hui. C’est nous les chrétiennes et chrétiens qui sommes les sarments, et c’est nous qui portons les fruits.

Et afin que ces fruits puissent bien se développer et mûrir, le vigneron doit prendre soin de ses vignes pendant toute l’année. C’est un travail important mais qui est nécessaire si le vigneron aimerait avoir une bonne récolte en automne. Quand une plante est encore jeune, elle ne porte pas encore beaucoup de fruit. Mais après quelques années, si les vignes sont bien soignées, il y en a toujours plus, et c’est un vrai plaisir pour le vigneron de voir les magnifiques grappes de raisin dans son vignoble. Jésus dit, le vigneron, c’est son Père, c’est Dieu.

Porter du fruit

Mais que sont ces fruits dont Jésus parle ici dans le texte ? Il ne l’explique pas plus précisément. Mais déjà dans l’Ancien Testament et dans le judaïsme antique, on a parlé des fruits comme conséquence des bonnes actions. On disait : « Celui qui agit avec justice porte du bon fruit. Celui qui n’agit pas avec justice porte du mauvais fruit. » Et c’est dans l’épître aux Galates dans le Nouveau Testament que Paul nomme les fruits qui naissent par l’Esprit de Dieu : l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (voir Galates 5, 22).

Ce fruit que nous portons, en fait, c’est la multiplication de l’ADN qui se trouve dans la plante, dans le cep. Il n’y aura jamais des pommes qui poussent sur la vigne. Donc le fruit de l’amour, il provient de l’amour de Jésus, le vrai cep. Le fruit du pardon, il provient du pardon de Jésus.

Demeurer en Jésus

Mais si Jésus ne parle pas plus précisément sur les fruits, il explique ce qu’il faut pour que nous puissions porter du fruit. Au verset 4, il dit : « Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Un sarment ne saurait porter du fruit tout seul, sans demeurer attaché au cep. Il en est de même pour vous : si vous ne demeurez pas en moi, vous ne pouvez porter aucun fruit. »

Le sarment est attaché au cep, et c’est la sève qui circule entre les deux qui fait que les fruits puissent grandir. Et donc pour nous, chrétiennes et chrétiens, nous avons également besoin de cette liaison, de cette relation avec le cep, avec Jésus, pour que nous puissions porter du fruit. C’est pourquoi Jésus dit : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance. » (v. 5)

Mais comment pouvons-nous demeurer en Jésus ? Comment pouvons-nous vivre dans cette liaison avec le cep ? D’une part, je crois qu’il faut que je m’intéresse à la vie de Jésus : Comment a-t-il vécu ? Qu’a-t-il enseigné ? Qu’est-ce qui était important pour lui ? Il faut que je fasse de plus en plus la connaissance avec lui. Entre collègues de travail, amis ou partenaires, c’est la même chose. Il faut s’intéresser au vis-à-vis pour pouvoir le connaître de plus en plus, et cela n’est que possible quand on se tourne vers lui.

D’autre part, demeurer en liaison avec Jésus, le cep, veut aussi dire pour moi que je sois en communion avec mes frères et sœurs en Christ qui vivent également cette liaison avec Jésus. Cette communion, nous pouvons la vivre pendant le culte, mais aussi avant ou après. Nous pouvons la vivre dans les maisons, à l’école au catéchisme. Un signe très particulier de cette communion est la Sainte Cène que nous partageons régulièrement dans nos cultes.

Finalement, pour soigner notre liaison avec Jésus, nous avons la possibilité de prier, donc de communiquer avec Dieu. Pour Jésus, c’était une chose très importante quand il a vécu dans ce monde. En priant, je peux dire à Dieu ce qui me préoccupe – mes questions, mes soucis, mes doutes, mais aussi ma joie ! Et je fais l’expérience que Dieu est un vrai vis-à-vis pour moi, un vis-à-vis qui a une oreille ouverte et encore bien plus, qui me comprend.

Jésus nous invite à demeurer en lui. Et il nous promet aussi : « Moi, je demeurerai en vous. » (v. 4). C’est par cette liaison réciproque entre le cep et les sarments que le fruit peut se développer et mûrir. Quelle chance – je ne dois pas en produire par moi-même ! Ce n’est donc pas ma performance qui compte, mais simplement le fait d’être lié au cep, à Jésus.

Le travail du vigneron

Cette magnifique image de la vigne, du cep et des sarments qui portent du bon raisin, a encore un autre aspect qui est plus difficile à comprendre : le vigneron, tout au cours de l’année, doit tailler sa vigne. A la fin de l’hiver, d’un bel arbuste avec une dizaine de rameaux verticaux, il coupe tous les rameaux sauf deux. Ils seront les nouveaux sarments sur lesquels vont pousser de nouveaux rameaux porteurs des fruits. Ensuite, en juillet-août, lorsque ces rameaux seront bien montés, le vigneron en taille le haut et réduit chaque rameau porteur de fruits à deux yeux au-dessus du dernier raisin. Et début septembre, il arrache une partie des feuilles qui cachent le soleil aux raisins.

Donc en fait, le vigneron est toujours en train d’enlever quelque chose à la vigne. Et cela, c’est quelque chose de difficile à accepter pour nous aujourd’hui, vivant dans un monde qui veut juste être en croissance.

Mais pourquoi le vigneron doit-il tailler sa vigne ? Est-ce pour lui faire du mal, ou-bien pour la limiter ? Non ! Bien au contraire ! L’objectif du vigneron, c’est d’obtenir un résultat à la fin de la saison, c’est de pouvoir récolter du raisin et d’en faire un bon vin !

Donc oui, peut-être qu’aussi dans notre vie, nous avons des projets que nous ne pouvons pas réaliser ; des envies qui sont bloquées ; des voies qui se ferment. Ce n’est pas à cause de cela que nous sommes perdants. Mais parfois, il faut simplement pouvoir renoncer à quelque chose pour obtenir quelque chose de plus précieux. Aussi dans notre vie, Dieu ne veut pas nous faire du mal, il ne veut pas nous limiter et nous enlever ce que nous aimons. Non, il veut favoriser la récolte, la multiplier et en augmenter la qualité.

L’amour de Dieu se montre donc dans la taille de sa vigne. S’il ne faisait rien du tout, s’il laissait simplement tout pousser, la sève se perdrait dans ces longs rameaux et dans les feuilles, et à la fin, il n’y aurait ni de raisin, ni de vin.

Je crois qu’il vaut la peine d’accorder sa confiance en Dieu qui s’occupe bien de nous tous. Il est un bon vigneron !

Résultat

Pour finir, j’aimerais en revenir à ma bouteille de vin que j’ai amené ce matin. Elle a une belle étiquette. Et bien sûr, le nom du producteur se trouve dessus. Cette étiquette représente le produit. Si l’étiquette ne fait pas une bonne impression, alors personne n’achètera ce vin. Mais si l’étiquette a l’air bien, les gens vont essayer et seront tout contents de pouvoir boire un bon vin. Et le vigneron, il en sera fier !

Tout à la fin de notre passage dans l’évangile de Jean, il est écrit : « Voici comment la gloire de mon Père se manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. »

Donc je m’imagine comment Dieu, le Père, le Vigneron, tient une bonne bouteille de vin rouge entre les mains et dit : « C’est du fruit de mon vignoble que ce bon vin a été fait. Et j’en suis fier ! »

Que nous demeurions donc tous à ce cep en portant beaucoup de fruit.

Amen !

En ce temps de vendanges, nous allons méditer sur l’image de la vigne, du cep et des sarments, du vigneron. Que signifie cette image pour nous aujourd’hui?

Détails

Avec la participation de
Ludovic Papaux pour la liturgie et Nicolas Rouvé pour les lectures
Orgue
Musique
Le Choeur du Gottau, sous la direction de Jean-Louis Dos Ghali, et l'ensemble vocal Allegra sous la direction de Regula Bartels.
Elio Coria au piano et le Trio Pigaglio avec Chloé Pigaglio à la flûte, Blandine Pigaglio à la harpe et Charlotte Pigaglio au violon.