Plus grand est le rêve, plus haute est la chute ! (Culte en WEB streaming)

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Joseph est un jeune homme qui a tout pour lui: des parents, Jacob et Rachel, qui l’aiment plus que tout; de nombreux frères et soeurs plus grands qui peuvent prendre soin de lui; il est intelligent et sûr de lui; et nombre de ses ancêtres ont fait alliance avec Dieu, ce qui laisse imaginer que Dieu va avoir une place dans sa vie. Une place que l’on peut peut-être voir se manifester dans ses rêves, avec ces deux rêves de grandeur qu’il fait, qui sont comme deux promesses qu’un jour, il sera quelqu’un d’important.

Oui, Joseph a tout pour lui et tous les signes mènent à penser que sa vie sera belle. Et pourtant, rien ne va se passer comme on aurait pu l’imaginer. L’amour de son père, plutôt que d’aider Joseph, va le mettre dans le pétrin, car il va provoquer la jalousie et la haine de ses frères. Frères qui plutôt que de prendre soin de lui vont décider de s’en débarrasser. Et cela principalement à cause de ces rêves que Joseph leur racontera et qui vont le faire passer pour quelqu’un d’orgueilleux.
Oui, Joseph a tout pour lui. Il rêve d’aller très haut, et pourtant, il va tomber très bas.
Dans la citerne, Joseph est littéralement au fond du trou, il ne peut pas aller plus bas. C’est à se demander même s’il va pouvoir remonter un jour! S’il va pouvoir se relever de cet échec, de cette chute.

Imaginez Joseph, au fond de sa citerne: Qu’est-il en train de penser? Est-il démuni? A-t-il peur? A-t-il de l’espoir? Ou est-il complètement désespéré? Est-il en train de ressasser tout ce qui vient de lui arriver pour trouver une explication à ce qu’il est en train de vivre?
Car quand on est comme Joseph, au fond du trou, on a tendance à faire ça: chercher une explication, une raison logique à ce qui nous arrive.
Et il faut avouer que même si Joseph avait tout pour lui, on pourrait trouver des explications à son malheur: sa confiance en lui cachait peut-être de l’arrogance. L’amour de son père était probablement démesuré et la colère de ses frères justifié. Et puis, même si Dieu était avec ses ancêtres, on peut se demander où il est dans le début de cette histoire, car pas une fois Dieu n’est nommé! Et s’il est celui qui envoie les rêves à Joseph, il faut quand même dire que ça ne l’a pas beaucoup aidé. Car ces rêves ont été pour les frères la goutte qui a fait déborder le vase.

Oui, des explications au malheur de Joseph, il y en aurait un certain nombre. Mais est-ce vraiment ça qui va l’aider à sortir de sa citerne ? Est-ce que le réflexe de chercher une explication au malheur qui nous arrive nous aide à remonter la pente? Probablement que c’est utile parfois, notamment pour ne pas reproduire certains schémas. Mais est-ce que regarder en arrière vers tout ce qui s’est mal passé va nous permettre de retrouver de la force pour repartir en avant? Je me le demande. Et je crois que bien souvent, la réponse est non. En tout cas je crois que pour Joseph, la réponse est non.

A vrai dire, on ne sait pas tellement ce que pense Joseph. Ces états d’âme ne nous sont pas vraiment racontés, ici ou même dans la suite de l’histoire. Mais ce que l’on peut constater, dans ce roman, c’est que Joseph n’abandonne pas. Il continue sa route. A aucun moment il ne dit « cette fois, c’en est fini pour moi ». Que ce soit au fond de sa citerne, ou plus tard quand il sera vendu comme esclave, ou encore mis en prison alors qu’il était innocent. Pas une fois il ne semble abandonner, désespérer.
Au contraire, Joseph va remonter. Il va remonter, et il va remonter très haut ! Jusqu’au point de devenir gouverneur d’Egypte, l’homme le plus puissant de toute l’Egypte, après le Pharaon. Et ça, ce sera non seulement un bien pour lui-même mais aussi et surtout pour les autres, car grâce à lui, l’Egypte va pouvoir faire des réserves de nourriture et survivre à la famine. Et nourrir également de nombreux autres peuples, notamment le peuple d’Israël, la famille de Joseph.

Joseph n’a pas abandonné quand il était au fond du fond. Quand il était au plus mal, il a continué, grâce à la confiance que du mal, de ce mal là pouvait sortir du bien. Et c’est là je crois que se trouve Dieu dans cette histoire. On ne le voit peut-être pas au début, lorsque Joseph est au fond de la citerne. Ce n’est pas là que la présence de Dieu est la plus évidente. Et pourtant, c’est là que sa présence discrète est la plus importante, car c’est là que nous avons besoin de la confiance. Confiance que quelque soit la chute, il est possible de se relever. Si néanmoins, comme Joseph, nous-mêmes nous n’abandonnons pas.

Ce qui me permet de croire que Joseph avait cette confiance, c’est d’une part, parce qu’il n’a pas abandonné. Mais aussi parce que plus tard, lorsqu’il sera face à ses frères venus chercher de la nourriture auprès de lui, c’est lui même qui le dira : c’est Dieu qui a agi dans mon histoire, et qui a fait que je suis là aujourd’hui. Joseph fait une relecture de son histoire et y décèle la présence de Dieu, si discrète fut elle. Et pour moi, c’est aussi un signe que Joseph avait laissé la place à cette présence de Dieu, quand il était au fond de la citerne.

Joseph a laissé la place à cette promesse : quelle que soit la chute, il est possible de se relever. Dieu peut nous relever. Une promesse qui traverse toute la Bible, et en particulier les Evangiles, puisque c’est la promesse même de la résurrection. La promesse qu’au bout du tunnel, il y a toujours une sortie, même si on ne la voit pas. Cette promesse permet d’avoir confiance, de ne pas s’arrêter et de continuer d’avancer. Joseph est remonté parce qu’il avait cette confiance que cette remontée était possible.
Lire ce récit me fait immanquablement me poser la question: Et pour moi, qu’en est-il? Est-ce que je suis déjà tombée, est-ce que je me suis déjà retrouvée au fond du trou, comme Joseph? Et dans ces moments-là, comment j’ai réagi?

Il y a quelques mois, j’ai vécu ce qu’on pourrait appeler un moment de crise. Ce n’était pas une grande crise existentielle, de celles qui font se remettre complètement en question. Mais c’était tout de même pour moi une crise, comme je n’en n’avais jamais vécue avant. Et du coup, je n’avais aucune idée de la manière dont j’allais pouvoir m’en sortir! Et à vrai dire, sans que je sache tellement comment ni pourquoi, je sentais que j’avais en moi cette confiance que je pouvais m’en sortir. Je ne savais pas du tout par quel moyen, mais je croyais, j’avais confiance que j’allais trouver, que j’allais y arriver.
Et cette confiance-là m’a permis de ne pas totalement désespérer, de ne pas être complètement démunie. Et surtout de ne pas abandonner et de mettre mon énergie vers cette remontée.
Et quand je regarde en arrière, je vois à quel point cette confiance a été précieuse et efficace. La confiance que, aussi mal que je pouvais être, il était possible pour moi d’aller mieux. Et c’est là précisément que je vois la présence discrète de Dieu.

Cette confiance en la promesse de Dieu, promesse d’un relèvement toujours possible, elle est difficile à décrire. Nous ne saurions dire exactement comment elle est ni comment elle vient. Mais je crois que, à la suite de Joseph, nous sommes appelés à lui laisser une place, en nous, afin qu’elle puisse devenir une force agissante dans notre vie.
Le témoignage de Joseph me permet de relire ma propre histoire avec ces lunettes-là, et d’y déceler les quelques moments où j’ai laissé une place à cette confiance. Et surtout, elle m’encourage à continuer de laisser cette promesse travailler en moi.

Et je crois que c’est à ça que servent les récits bibliques: à relire notre histoire, la mienne, la tienne, avec des lunettes qui nous rendent attentifs à d’autres choses; à la regarder dans un miroir pour la voir sous un autre angle; à prendre le temps, simplement, de chercher où Dieu avait pris sa place, si discrète soit-elle, et à y déceler l’impact de sa promesse, de notre confiance. Parcourir et découvrir les richesses de notre histoire d’hier, de notre histoire d’aujourd’hui, et de notre histoire de demain.
Amen

Quels sont les impacts des rêves dans nos vies? Comment trouver le courage d’aller de l’avant lorsque notre vie n’est pas à la hauteur de nos rêves de grandeur?
Joseph, fils de Jacob, rêve de grandeur, et pourtant il va tomber de haut!

Détails

Avec la participation de
John Donzel, lecteur
Orgue
Musique
Fanfare "L'Echo du Chamossaire" de la Forclaz, sous la direction de Christophe Grau