Aie confiance petit homme !

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Aie confiance petit homme.

Cette phrase est tirée du fameux conte du livre de la Jungle, lorsque Mowgli, le petit homme, s’en va affronter la jungle et ses dangers qu’il ne voit pas ! Peut-être que ça vous rappelle des souvenirs lointains d’enfance, ou alors récents, puisque vous l’avez lu l’autre jour à vos petits-enfants. L’un des dangers sur le chemin de Mowgli prend la forme d’un serpent - encore et toujours - nommé Kaa, qui l’hypnotise pour être à même ensuite de le dévorer. Et sa manière de l’hypnotiser est très simple : il lui répète en boucle : « Aie confiance, aie confiance… », jusqu’au moment où Mowgli est complètement à sa merci. Heureusement pour lui, Bagheera veille sur lui et, d’un coup de patte salvateur sur la tête du serpent, vient le sauver du piège tendu. Il est sauvé, mais il l’a échappé belle ! Sa trop grande confiance a failli le perdre !

Cette histoire illustre évidemment les aspects négatifs qui sont associés à la confiance : la naïveté, la manipulation, voire la trahison. Elle dit qu’une confiance mal placée, une confiance trahie, une confiance manipulée est synonyme de souffrance et de danger. Cela s’observe fréquemment dans le domaine relationnel. On a tous vécu un jour ou l’autre une mauvaise expérience par rapport à quelqu’un en qui nous avions confiance et qui s’est joué de celle-ci.
Ces mauvaises expériences et la souffrance qui en résultent nous poussent alors directement dans les bras de l’exact contraire de la confiance : la méfiance. La méfiance nous conduit alors à défier, à douter, à rester sur ses gardes. Ainsi, semble-t-il, nous sommes en sécurité. Mais est-ce vraiment le cas ?

Est-il envisageable de construire une société sur la méfiance ? Imaginons 2 secondes nos rapports s’ils étaient dépourvus de confiance. Même la relation la plus simple ne serait pas viable. On serait constamment dans le contrôle, puis dans le contrôle du contrôle, et ainsi de suite… On se rendrait alors vite compte qu’il nous est impossible de tout contrôler, donc que, finalement, nous n’avons pas vraiment le choix, nous ne pouvons que nous engager sur ce chemin de la confiance en l’autre, c’est-à-dire se fier à quelqu’un plutôt que de s’en méfier.

La vraie question est plutôt de savoir à qui nous pouvons faire confiance. En continuant de nous appuyer sur le livre de la jungle, Mowgli apprend petit à petit que s’il fait confiance à Bagheera, la panthère bienveillante, ou Kaa, il y aura des résultats fort différents.
Nous avons besoin de connaître qui sera notre interlocuteur, besoin de reconnaître qui est en face de nous. Et c’est là que la foi entre en ligne de compte, de manière décisive. Nous allons voir comment.

Confiance, oui ! Mais à qui ? En qui ?
Jérémie, le prophète de l’Ancien Testament, se pose aussi cette question fondamentale de savoir en qui nous plaçons notre confiance. Et il ose même une opposition troublante : « Voici ce que le SEIGNEUR dit : « Celui qui éloigne son cœur de moi, qui met sa confiance dans les hommes et cherche sa force dans les moyens humains, qu'il soit maudit ! »
C’est clair : Dieu représente le seul interlocuteur valable.

Cette opposition radicale peut être difficile à comprendre dans un premier temps, voire injuste. Pourquoi disqualifier ainsi l’être humain ? N’est-il pas un poil extrémiste ? De prime abord, oui ! Pourtant, le constat qu’il fait de l’être humain interpelle : « Le cœur humain est plus trompeur que tout ! Personne ne peut le guérir, personne ne peut le comprendre. » Trop dur, ce constat ? Ou plutôt réaliste ? Certes, la parole du prophète fait mal, mais lorsque nous pensons à des ruptures de confiance douloureuses ou lorsque nous écoutons les nouvelles sur la RTS, difficile de ne pas donner raison au prophète.
C’est pourquoi il se tourne vers Dieu. Pourquoi ? Parce qu’il le connaît. Il sait qu’Il est son créateur, qu’il est son Père, qu’il est juste et saint. Pour nous chrétiens, nous pouvons ajouter que c’est ce même Dieu qui a envoyé par amour son fils Jésus-Christ dans le monde pour que nous soyons sauvés de nos limitations, de nos péchés.
Mais ce n’est pas tout ! S’il peut se tourner vers Dieu, c’est parce que Dieu lui a d’abord adressé cette parole : « Aie confiance petit homme ! » Je paraphrase, bien sûr.

Je crois que, ce matin encore, Dieu nous interpelle en nous disant : « Aie confiance petit homme ! », comme il l’a fait avec Jérémie.
Et à coup sûr, notre réponse va dépendre de ce que nous savons de Dieu : est-ce que je crois qu’Il m’adresse cette parole comme un Père aimant ou comme un Dieu manipulateur de mes sentiments ? Ai-je l’impression d’avoir mon Créateur en face de moi ou un serpent trompeur qui chercher à me perdre ?

La confiance en Dieu permet la confiance en l’autre
Jérémie ne s’arrête pas en si bon chemin. Il fait alors un autre constat : l’être humain qui place sa confiance en Dieu est un être qui est nourri, épanoui et qui porte du fruit. Autrement dit, cet être humain respire la confiance, parce qu’elle lui est donnée par quelqu’un d’Autre que lui, en l’occurrence son Père et son Créateur. L’opposition si frontale semble se dessiner sous un jour différent.

« Mais celui qui met sa confiance en moi et qui s'appuie sur moi, moi, le SEIGNEUR, je le bénis. Il ressemble à un arbre planté au bord de l'eau, qui étend ses racines vers une rivière. Quand la chaleur arrive, il n'a peur de rien, ses feuilles restent toujours vertes. Même une année de sécheresse ne l'inquiète pas, il porte toujours des fruits. »

Pour Jérémie, la confiance en soi passe par la confiance en Dieu. La confiance en soi est pour le croyant un don de Dieu, qui seul permet de poser un regard lucide et soignant sur notre identité. En ce sens, il est Sauveur. Le croyant considère qu’il trouve dans la confiance en Dieu la source de la confiance en soi qui permet la confiance avec les autres.
D’une certaine façon et en prenant ce texte de Jérémie au sérieux, il est difficile de concevoir un croyant crispé et méfiant. Animé par la foi en Dieu, son Père et Créateur, il devrait pouvoir affronter la vie et l’autre avec un regard neuf. Il peut affronter la vie en sachant qu’il est cet arbre planté près de la source de la Vie véritable.
Alors cette confiance peut grandir, et c’est ce que nous dit le texte de l’Evangile lorsque Jésus compare le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la présence de Dieu dans nos vies, à une graine qui pousse, qui croît sans même que nous le remarquions.

Et c’est ce que l’on trouve dans le monde du sport, on l’a entendu avec Noémi Girardet. On le retrouve aussi avec un sportif un poil moins connu que Noémi, mais quand même connu du plus grand nombre, un certain Stan Wawrinka qui vient de gagner l’US Open. Voici ce qu’il raconte en interview juste après sa victoire : « Je ne joue pas mon meilleur tennis en début de tournoi, mais ma confiance grandit match après match et si j’arrive en finale, je sais que j’ai le niveau. Mais avant le match, j’étais nerveux comme jamais. Je tremblais dans tous les sens. J’ai commencé à pleurer quelques minutes avant de rentrer sur le terrain, j’étais complètement secoué. Mais j’étais convaincu que mon physique était là, mon jeu aussi et que j’allais me battre. » (Stan Wawrinka après sa victoire à l’US Open 2016 sur www.lequipe.fr).

Pour Stan, c’est une confiance qui grandit match après match, pour le croyant, sa confiance en Dieu grandit dans la relation avec son Père, avec le temps, avec aussi des moments forts vécus dans sa Présence. Confiance qui n’empêche pas des coups de mous, des temps de crises, voire des temps de souffrance. Certes !
Mais confiance qui permet de considérer la vie sous un jour constructif et aimant.

« Une équipe qui met sa confiance dans un même Dieu ». C’est ainsi que mon collègue Emmanuel Schmied a lancé les Kids Games, ces olympiades pour enfants, devant quelques 2500 personnes réunies à Neuchâtel ce mois d’août.
En tant qu’Église, en tant que communauté chrétienne en Suisse romande et ailleurs, nous voulons faire équipe et mettre notre confiance dans notre Père et ainsi vivre avec confiance notre vie de témoin du Christ.

Amen.

La confiance est un mot qui nous est servi à toutes les sauces, peut-être parce que sans elle la vie n’est pas possible. Et plus on l’invoque, plus on signifie qu’elle manque! Alors qu’en est-il de la confiance dans les autres et dans le Tout Autre, Dieu ?

Détails

Avec la participation de
Marie Ray
Orgue
Musique
Valérie Pellé, piano et chant, Valérie Chardon, violon, Nicolas Ray, batterie, Michael Favre et Christine Prudente, voix