Seul un sarment peut donner des fruits.
Des fruits ? Mais quels fruits ?

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Écouter le culte :

Imagine que ta vie ressemble à une bonne bouteille de vin. Oui ! ton existence serait comme une bouteille, d’un excellent vin, et tu la tiendrais, là, entre tes mains.
Alors, comment vas-tu te comporter ?
Est-ce que tu vas te contenter de lire l’étiquette ? Puis de la reposer à la cave, pour la laisser vieillir ?
Ainsi, d’autres que toi la boiront, plus tard, peut-être, si d’ici là elle n’a pas tourné en vinaigre !
Ou bien est-ce que tu choisiras de l’ouvrir, pour la savourer à belles gorgées, voire pour la partager avec des amis ?

Cette question nous est suggérée par le jésuite Anthony de Mello, qui avait l’air de penser qu’il existe deux catégories d’individus :
- ceux qui savent tirer le meilleur parti de leur existence…
- et ceux pour qui il suffit de vivoter !
Il disait : « La vie ressemble à une bouteille de vin capiteux.
Certains se contentent de lire l’étiquette.
D’autres dégustent le contenu ».

Alors, admettons que nous ayons tous reçu une bonne bouteille de vin. Ou plutôt, si vous voulez, qu’il nous ait été accordé non seulement une dignité sans pareil, mais aussi la possibilité d’être parfaitement heureux !
Ça peut être extrêmement douloureux, désespérant, tragique de se réveiller un matin à 50, 60, 70 ans en se disant qu’on est passé à côté de sa propre vie. Qu’on n’en a pas fait grand-chose ! Qu’on n’a pas su réellement en profiter, jouir de ce qui nous était offert. Qu’on n’a pas suffisamment aimé, ou réalisé nos rêves !
« La vie ressemble à une bouteille de vin capiteux.
Certains se contentent de lire l’étiquette.
D’autres dégustent le contenu ».

Le pire, sans doute, ce sont les regrets !
Certes, chacun d’entre nous en connaît. Avec le recul, l’expérience, on peut toujours penser que tel jour, il aurait certainement mieux valu agir comme ceci, et qu’en telle occasion, il eut été préférable de prendre une autre décision ! Probablement, notre vie aurait prit un autre visage qui nous demeurera à jamais inconnu !
Les regrets ? Oui, c’est vrai : on n’en est pas toujours bien avisé. On commet des erreurs de jugement. Chacun peut être éprouvé par des peines du cœur ou de l’âme, dues à ses propres maladresses.
Et comme on dit : « On est toujours plus intelligent après ! ».
De plus, en prenant de l’âge, on peut estimer que, dans certains domaines : « Si c’était à refaire, on s’y prendrait autrement » !
Ça peut concerner l’éducation de nos enfants, les choix professionnels que nous avons faits, ou encore telle relation amicale ou affective que nous n’avons pas su entretenir ou privilégier.
La remémoration de périodes de nos vies plus ou moins bien vécues peut engendrer une certaine nostalgie, et l’évidence qu’on ne rattrape pas le temps perdu en vient parfois à susciter de pénibles contrariétés.
Pourtant, tout cela est normal, et ce n’est pas de cela qu’il s’agit !
Car « se contenter de lire l’étiquette », c’est tout autre chose !
C’est malheureusement - et si j’ose dire, tout simplement - se refuser à être heureux !
C’est se conduire de manière à toujours s’interdire le moindre plaisir !
C’est développer des comportements négatifs dès qu’il est question de soi.

« Se contenter de lire l’étiquette », c’est, par exemple, si tu es invité au restaurant par quelqu’un qui veut te faire plaisir, prendre le menu le moins cher ! Parce que tu ne veux pas exagérer. Parce qu’il ne faut pas trop dépenser. Parce qu’il faut savoir être raisonnable. Parce que tu te sentirais coupable. Parce qu’au fond, tu as le sentiment que tu ne le mérites pas !

« Se contenter de lire l’étiquette », c’est encore se priver de cette très légère ivresse, qui n’a rien à voir avec la soulographie, mais qui nous désinhibe un peu.
Ce serait s’abstenir de ces quelques verres - restons sobres ! - qui, sans nous étourdir, nous apportent cette pointe d’euphorie, cette gaité, cette jubilation pétillante et chaleureuse qui font du bien et qui sont peut-être l’expression d’une liberté d’être dont nous ne faisons pas assez usage.

Mais « se contenter de lire l’étiquette », ranger la bouteille au lieu de s’en délecter ne concerne pas seulement notre attitude vis-à-vis de nous-mêmes, mais aussi notre vision de Dieu !
C’est considérer Dieu comme une sorte de surveillant qui censure et proscrit tout ce qui pourrait mettre de la joie dans notre vie.
C’est voir Dieu comme un juge critique, qui ne sait jamais nous encourager, nous dire que « c’est bien » ou que « c’est bon »… ou qu’on a le droit de le faire, ou d’y aller. Et qui voudrait que nous ne goûtions ni aux enchantements de l’amour, ni aux grâces des réussites, ni aux liesses des bons repas, ni à la douceur, aux bienfaits qui manifestent que la vie peut nous sourire !

Certes, on ne peut pas toujours comparer la vie et le vin.
Boire un grand cru, si on veut l’apprécier, exige une certaine retenue ! Tandis que nous pouvons vivre sans modération ! Sans calculs ! Suivant les élans de nos cœurs, en manifestant tendresse et compassion à l’égard de nous-mêmes, et de tous.

Accueillons ce qui nous est donné.
Aimons et honorons la vie dont nous avons été gratifiés.
Sentons-nous favorisés, justifiés, choyés. Même si tout ne va pas comme nous l’espérions ! Même si nous traversons des souffrances physiques, morales, une crise ou d’angoissantes difficultés.

Et pour passer de l’amertume à la gratitude, des récriminations à la louange, prenons conscience que Jésus-Christ s’est relié à nous ! Il a choisi demeurer en nous. Comme le cep est inséparable du sarment, il s’est attaché à nous !
Jésus s’est « attaché à toi » !
Même si l’évangile dit qu’il « demeure en nous », traduire « attaché » révèle justement son attachement, l’affection qu’il te porte, sa bonté et son amitié inlassables.

Se rendre compte de cette présence du Christ en toi te permet d’être plus indulgent envers toi-même et t’encourage à te laisser irriguer par sa sève, afin que ce soit Lui qui te guide et inspire tes paroles, tes actes, et les accorde parfaitement à son amour !

Ainsi ajusté à Lui, tu peux aimer ! Tu peux t’aimer.
Je sais bien qu’il faut « aimer son prochain », qu’on nous a appris que c’était l’essentiel de la foi. Mais pour Jésus-Christ, l’amour que tu as pour toi-même est la mesure de l’amour que tu prodigues aux autres.
Alors, si tu ne t’autorises jamais rien, si ta cave est pleine de bouteilles poussiéreuses que tu n’ouvriras que pour les grandes occasions… C’est quand les grandes occasions !? Si tu es regardant avec toi-même, comment pourras-tu être bon envers les autres ?

« Je suis la vigne véritable - dit Jésus.
Quiconque ne demeure pas attaché à moi, se dessèche » !
« Se dessécher ». Ne jamais rien céder, faire preuve de dureté de cœur, de sévérité, d’étroitesse d’esprit. Et finalement, en nourrir de la tristesse ou de la rancœur, c’est ce qui nous menace tous, si nous oublions que le Christ s’est rattaché à nous. Si nous suivons nos propres penchants.

Si dans ta vie de tous les jours, au lieu d’être guidé par Lui, tu es ton propre maître, que va-t-il se passer ?
Peut-être que, de temps en temps, à force d’efforts, de volonté, en te raisonnant, sous l’influence d’émotions positives, tu seras capable d’un geste aimable, d’un élan de générosité, d’un pardon accordé du bout des lèvres. Tu arriveras à réfréner un mot blessant, une colère, un vif désir de te justifier. Mais tu retomberas vite dans tes impasses !

« Sans moi, - dit le Christ - vous ne pouvez rien faire ! »
Ça a le mérite d’être clair !

S’il n’est pas là pour nous changer, nous ne manifesterons qu’un maigre amour, ne ferons preuve que de petites solidarités, nous continuerons à regarder les étiquettes au lieu d’ouvrir les bouteilles et de boire ensemble à la vie et à l’amitié !

Mais il est déjà là !
Il s’est attaché à toi, à chacun.
Alors, laisse-le arriver jusqu’à ton cœur, pour le toucher.
Laisse-le transformer ton intelligence et tes attitudes, afin que ce soit Lui : l’amour, qui s’exprime à travers toi.
Car enfin, son but n’est pas de faire de nous tous de bons petits chrétiens obéissants !
Sa volonté, c’est que nous soyons heureux ! Quoi qu’il arrive, et quoi qu’il nous arrive.
« Je vous ai dit cela pour que vous ayez ma joie, et pour que votre joie soit parfaite » !

Nous sommes les sarments.
Seul un sarment peut donner des fruits.
Des fruits ? Mais quels fruits ?

Nous avons tous déjà mangé une grappe de raisin : elles sont faites de dizaines de petits grains. Aucun n’est exactement semblable aux autres, mais chaque grain a du goût, du sucre, un jus rafraîchissant, et même des pépins.
Conclusion ?
A ceux qui sont assombris, offre un grain lumineux, doré par le soleil. Tu n’en as pas ?
Tu auras peut-être à donner un grain altruiste, pour ceux qui ont besoin d’une aide, qu’elle soit matérielle, ou affective.
Tu n’y arrives pas ?
Alors, fais le cadeau d’un grain positif, un grain de fantaisie, gorgé de douceur, destiné à ceux pour qui tout est bloqué.
Ou d’un grain d’écoute et d’attention, pour ceux qui cherchent à se confier.
Ou d’un grain de raisin noir, ou blanc, pour ceux qui rejettent les autres.
Ou même d’un grain éclaté, pour ne rien cacher de tes faiblesses.
Mais tu donneras du fruit.
Puisque telle est ta vocation.
Quelle joie de pouvoir donner de simples choses, de bonnes choses.
Du fruit et de l’amour qui viennent de toi, et de plus loin que toi.

Santé !
et Amen.

Prière d’intercession
 
En rendant grâces à Dieu pour l’anniversaire de l’entrée du Valais dans la Confédération, nous voulons réunir passé, présent et avenir…
Prions ensemble :

Notre Dieu, unis au Christ et dans son Esprit, nous te recommandons :
Cette terre que nous travaillons, dans laquelle nous sommes enracinés, ainsi que ta Création tout entière.
Tous les pays sous ton soleil ; toutes les races et tous les peuples.
Les jeunes et les vieux, les pauvres et les riches, les malades et les biens-portants… Que ta sève vivifiante soutienne chacun.
Tu es le Dieu de nos pères, et tu as confié aux hommes de perpétuer la vie, aussi nous rappelons :
Tous ceux qui ont vécu avant nous et qui nous ont permis d’avoir part à ce monde.
Nous te prions pour ceux qui nous ont laissé tant de trésors et tant de ruines, tant d’amour et tant de peine.
Nous te remercions pour nos parents et nos ancêtres, qui nous ont faits et façonnés ; pour ceux qui nous ont donné un nom, une langue maternelle, une patrie où vivre.
Nous te prions pour nos enfants et pour leurs descendants, pour tous ceux qui naîtront après nous :
Que nous leur donnions du pain et du bon vin…, plutôt que des pierres.
Que nous ne leur laissions pas la guerre, mais la liberté, le bonheur, la paix.
Nous te prions pour tous les hommes qui vivent aujourd’hui sous le même ciel : pour nos concitoyens et nos voisins, nos relations et connaissances, pour nos amis.
Nous essayons aussi, Seigneur, de te prier pour ceux que nous évitons, pour tous ceux qui nous sont étrangers, pour ceux que nous ne pouvons pas aimer, pour nos ennemis.
Mais par-dessus tout, nous te rendons grâces pour ceux qui nous sont chers et qui donnent un sens à notre existence. Pour nos plus proches qui nous ont été donnés et confiés.
Oui Seigneur, nous te rappelons les noms de tous ceux qui nous tiennent à cœur, car tu les connais par leur propre nom.
Garde-nous unis à toi et à tous.
Aide-nous et chacun à porter du fruit en abondance, jusqu’aux vendanges du Royaume.

Amen.

Cultes radiodiffusés depuis l’église protestante de Martigny, à l’occasion du 200e anniversaire de l’entrée du Valais dans la Confédération."Cesse de boire uniquement de l'eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque tu es souvent malade".
Cette recommandation de l'apôtre Paul au jeune Timothée (1 Tim 5, 23) peut surprendre, mais elle est souvent mise en pratique par les Valaisans.
A travers "celui qui est la vraie vigne et dont le Père est le vigneron" (Jean 15, 1) et avec l'aide de M. Patrice Bruchez, valaisan authentique et vigneron à Saillon, le pasteur Pierre Boismorand vous fera déguster quelques bonnes bouteilles, bibliques et valaisannes.
Santé et Salut à tous !

Détails

Avec la participation de
Patrice Bruchez
Orgue
Musique
Sophie Mudry, accordéon et Grégory Scalesia, guitare