Pour subsister dans la Vie, il y a "un amour à faire" ! La foi belle et pure ne suffit pas...

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Écouter le culte :

La « parabole du Bon Samaritain », nous la connaissons tellement bien ! Elle raconte une histoire si claire que nous oublions qu’elle est placée, comme un diamant dans une bague, pour éclairer un dialogue des plus importants entre un maître de la loi et Jésus. De ce dialogue surgissent deux questions essentielles :

- Que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ?
- Qui est mon prochain ?

Ces deux questions me semblent tout aussi essentielles pour nous aujourd’hui. C’est dire que leurs réponses touchent notre vie en son centre. De ce récit, je méditerai trois éléments :

Le premier, je l’appelle « Dur comme faire » ! C’est un jeu de mots avec le verbe faire, et qui dit que « faire, ce n’est pas facile ». Quatre fois, ce verbe apparaît dans notre texte :
- « Que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ? » demande le maître de la loi ?
- « Fais cela (aime Dieu pleinement et ton prochain comme toi-même) et tu vivras » lui répond Jésus.
- « C’est celui qui a fait du bien au blessé qui est son prochain », répond le maître de la loi à Jésus, après le récit de la parabole.
- « Va et fais de même » lui dit Jésus.

Aimer « son prochain comme soi-même », c’est une attitude qui engage tout notre être. Aimer se traduit par des actions, des attitudes, des pensées et des paroles créatrices pour recevoir la vie éternelle, une vie qui commence dans notre aujourd’hui, et qui passera la mort. Pour subsister dans la vie que connaît déjà Jésus ressuscité, il y a un amour à faire ! On ne peut se contenter d’une foi belle et pure, mais qui reste sans effet dans notre vie concrète, dans nos relations avec les autres. Pour aimer vraiment, il y a à faire ! Et parfois, c’est dur !

Car voici mon deuxième élément : « Qui est mon prochain ?» Si la fin de la parabole se terminait sans le dialogue repris entre Jésus et le maître de la loi, moi, j’aurais répondu à cette question ainsi : Le prochain, c’est l’homme blessé.
Qui est mon prochain ? Qui dois-je aimer comme moi-même ? Cette question reste la nôtre, nous qui côtoyons tant de gens dans la peine, dans la misère, dans l’attente d’une visite, d’un secours. Avec les informations que nous recevons aujourd’hui de partout, nos prochains deviennent si nombreux qu’on a parfois envie de boucler les infos, incapables que nous sommes de nous laisser toucher par tous ces malheurs et ces malheureux. Notre cœur n’est pas assez grand et fort pour accueillir tous ces blessés, au loin et au près, qui nous sont présentés quotidiennement. Comment faire alors pour ne pas refermer notre cœur, nos oreilles et nos yeux devant ce qui nous est présenté ? Comment faire pour aimer notre prochain comme nous-mêmes, concrètement, aujourd’hui ?

La parabole nous montre un Samaritain qui se sent « pris aux tripes », comme on dirait aujourd’hui, par cet homme qu’il rencontre sur son chemin. Et il réagit comme le lui indique son cœur, son bon sens, selon ses moyens. Il fait ce qui est en son pouvoir pour que ce blessé soit secouru. Ça lui prend un peu de son temps, un peu de ses biens. Puis, il continue sa route.
Le Samaritain s’est montré proche du blessé, car il a fait ce qu’il fallait à ce moment-là pour lui. Il a été son prochain, pendant ces quelques heures, et l’amour qu’il lui a prodigué les a liés de façon vitale. L’homme blessé conservera une grande reconnaissance pour celui qui lui a sauvé la vie, même s’il ne l’a pas vu et ne le rencontrera plus. Le Samaritain conservera lui aussi une joie pour ce qu’il a vécu, car il aurait pu être à la place de l’homme agressé, et il aurait eu alors un vital besoin de secours.

La question a évolué au cours de la parabole : De « Qui est mon prochain ? » - qui est l’objet de l’amour que je dois manifester ?, elle est devenue : « De qui suis-je le prochain ? ». Je suis le prochain de qui me « rebouille » au point que je m’identifie à lui et que je lui porte secours selon mes moyens. Dieu me le montre comme un autre « moi-même » ; je vais l’aimer comme j’aimerais l’être si j’étais à sa place.

Et voici le troisième élément que je vous propose de méditer : Jésus s’est montré le prochain du maître de la loi. Tout d’abord, il accueille sans réserve le questionnement de cet homme qu’on décrit comme voulant piéger Jésus. Jésus lui répond en l’invitant à exprimer ce qu’il comprend de la loi contenue dans l’Ecriture, et il approuve la réponse du maître de la loi, l’encourageant à mettre en pratique ce qui est le cœur de sa foi.
Jésus ensuite accueille et comprend la demande d’éclaircissement sur « qui est mon prochain ». Il lui propose une histoire qui lui permet de voir sa question autrement. En effet, c’est le maître de la loi qui répond : « Il me semble que le prochain est celui qui a fait le bien pour l’homme blessé ». Jésus et lui sont d’accord sur la conclusion de leur dialogue. Jésus l’invite alors à pratiquer le regard nouveau qu’il lui a proposé.
Jésus a aimé cet homme qui l’interrogeait sur des questions vitales. Par son affection profonde, il s’est montré le prochain de ce maître de la loi, et celui-ci est passé de « prochain hautain » - qui regarde de haut ceux qu’il devrait aimer, à « prochain secouru » - rejoint par un amour qui transforme son regard, voire son cœur, et qui l’oriente vers une nouvelle façon de vivre et d’aimer.

Loué soit le Christ ! qui, par son exemple, par cette histoire et ce dialogue, nous permet de nous poser des questions essentielles. Il nous invite à façonner toujours à nouveau notre regard et notre cœur dans le sens de cet amour qui nous a désirés, qui nous constitue, et qui nous porte à aimer à notre tour comme nous le sommes déjà.

Amen.

La parabole du bon Samaritain est une des histoires incontournables du Nouveau Testament. mais au-delà de cette histoire « qui coule de source », la réponse de Jésus à la question du maître de la Loi est surprenante. Elle ne va pas dans le sens attendu de l’histoire. Elle subvertit la vision du « prochain ». Qui est notre prochain ? Qui devons-nous aimer comme soi-même ? À ces questions universelles, Jésus répond par des paroles déroutantes.

Détails

Avec la participation de
Jocelyne Mussard, Marie-Rose Berthoud et Francine Billod-Morel
Orgue
Jean-Samuel Bucher
Musique
Fanfare de la Croix-Bleue