Nouveaux cieux et nouvelle terre

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Écouter le culte :

Aujourd’hui commence la Semaine sainte. Ma sœur, mon frère, as-tu jamais pleuré, dans ta vie d’enfant ? J’espère alors que tu as eu auprès de toi une mère affectionnée ou un père attentif pour essuyer tes larmes, en te disant : « ne pleure plus, je suis là… ». Et cette simple présence, ces doux mots chuchotés ne t’ont-ils pas alors consolé, rasséréné et fait oublier la raison de ton chagrin ? Comme j’aimerais qu’en écoutant aujourd’hui cette apocalypse tu puisses vivre la même émotion !

Je sais, c’est difficile, avec ces vieux textes de bruits et de fureurs, pleins de la colère de Dieu, avec ce terrible mot d’Apocalypse qui fait penser à tant de catastrophes. Mais écoute ce que la Bible essaie de te dire aujourd’hui ! N’en reste pas à ta première impression, avance en eau plus profonde, sans craindre de te noyer, avance dans cette Bible que je t’ouvre aujourd’hui…
L’Apocalypse ! C’est quoi, d’abord ? C’est un livre, le dernier dans notre Bible. Présenté par son auteur, qui se nomme Jean lui-même, pour réconforter les chrétiens de son temps, comme une vision extatique qu’il a eue sur l’île de Patmos . Bien sûr, il y a le bruit et la fureur, et le grand Jugement final. Mais il y a aussi la grande victoire finale sur Satan et ses sbires (les puissances occultes), la fin du cauchemar et la touche finale du Créateur, que vous venez d’entendre, qui n’est pas sans douceur bien qu’elle paraisse si radicale.

Car si l’Apocalypse annonce vraiment la fin des temps, ce n’est pas tellement parce que le Jugement Dernier a eu lieu (finalement, Jean passe assez vite là-dessus), mais parce que la Création elle-même va disparaître ! Sans catastrophe particulière, sans coup férir… Ce qui pourrait passer pour quelque chose de terrifiant, la fin du monde, est finalement un moment plutôt serein.

Un nouveau ciel et une nouvelle terre apparaissent. Sans transition. Dieu a décidé de détruire enfin ce piège terrible dans lequel l’homme est prisonnier, petit mortel coincé depuis la Création dans un espace fini, notre univers. Einstein a démontré que non seulement cet univers est clos, mais aussi qu’il est courbe ! Allez donc y comprendre quelque chose ! Et pourtant, c’est bien notre réalité : même si, grâce à nos fusées aujourd’hui, peut-être à nos engins spatiaux demain, nous ne sommes plus cloués au sol sur le globe terrestre, nous n’y pouvons faire guère plus que des sauts de puce, avec retour à la case départ en peu de jours. Prisonniers à jamais de ce globe terrestre qui tourne sur lui-même et à une vitesse vertigineuse dans l’espace autour de son étoile, le Soleil. Et nous sommes tout autant prisonniers du Temps qui passe et ne revient -heureusement- jamais en arrière. Encore heureux d’exister dans un univers stable qui se conserve en permanence au lieu de disparaître peu à peu, par exemple… Sommes-nous prisonniers à jamais de cet espace, donc toujours à la merci de tout ce qui lui arrive, naturellement ou de la main de l’homme ? Non, nous affirme Jean : car il y a fort heureusement une fin à tout dans ce monde, donc une solution pour tout !

Il y a une fin à tout, dans ce monde ! C’est une grande consolation, en ces temps de persécutions juives puis romaine, pour tous ces chrétiens qui souffrent de vivre dans une société qui leur veut du mal …
Mais tout n’est pas fini ! Demandez donc aux juifs de vous parler de la shoah qu’ils ont vécue hier: ils vous diront comment la persécution s’est acharnée sur eux avec la complicité des peuples européens, en déployant toute la méthode et les moyens que peuvent développer un Etat moderne dès lors qu’il a décidé d’extirper un opposant. Demandez aux syriens aujourd’hui ce qu’il se passe chez eux ? Demandez aux chrétiens d’Egypte, d’Ethiopie ou de Chine ce qu’ils vivent, à un degré moindre, mais suffisamment pour les plonger dans la crainte et dans l’angoisse ! Heureusement, il y a une fin pour tout dans ce monde ! Même si Jean pense avant tout aux persécutions pour la foi, il est bon pour nous aussi, avec tous nos soucis quotidiens, de savoir qu’il y a une fin pour tout ce qui fait vraiment mal !

Mais tout n’est pas fini ! Il faut encore de la patience et il y a encore de la souffrance dans ce monde. Mais pas à jamais ! N’est-ce pas une belle consolation que de penser, lorsque je souffre, que le temps ne se fige pas autour de ma souffrance, que je ne vais pas souffrir éternellement, mais qu’envers et contre tout le temps passe, il s’écoule ? Et avec lui la souffrance, et la guerre, et la persécution vont prendre fin. Un jour eux, leurs enfants, leurs petits-enfants, vivront enfin en paix dans un autre monde, totalement libéré de ses puissances les plus cruelles ?
C’est étonnant : lorsque je souffre de la guerre ou de l’injustice des hommes, il m’est difficile de penser que quelque part, ailleurs, même pas loin, des gens vivent, eux, dans la sérénité. De même, nous autres en Suisse n’arrivons pas à sentir pleinement ce que vivent ces gens-là, ce que nous montre pourtant la télé voyeuse, même si nous éprouvons par ailleurs quelques souffrances personnelles… A moins, bien sûr, d’une grave maladie, invalidante ou douloureuse. Mais pour nous aussi, un jour, « Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur ».

Nous vivons actuellement quelques problèmes au sein de notre Eglise Réformée. Quoique relativement mineurs par rapport à ce que d’autres vivent, ils en font souffrir certains, qui ne veulent plus poursuivre leur chemin avec nous, ou qui ont mal à leur ministère… Mais ce genre de douleur ne vient que des erreurs des hommes, pas de la volonté de Dieu. Notre Eglise est faite de mains d’homme, « les jours viendront où il ne restera pas une seule pierre posée sur une autre ». La volonté de Dieu, la voici : un jour, ce monde de douleurs, de deuil, de découragement, prendra fin.
Et ce sera un jour heureux, un jour de fête !

Déjà, Christ a vaincu la Mort ! Définitivement. Les icônes le montrent triomphant, piétinant les portes fracassées du Séjour des Morts, libérant ainsi les âmes qui y étaient emprisonnées, à commencer par Adam et Eve. Finis les deuils, surtout de ces deuils mal faits qui empoisonnent notre existence. Mais pas seulement ! La souffrance elle-même disparaît ! Ce qui est vraiment une bonne chose, car que signifierait pour nous une Eternité dans laquelle nous risquerions de souffrir ? Où serait la bonté de Dieu ?

Vainqueur de la Mort, il nous invite à la fête ! En robes blanches et palmes à la main tout d’abord, comme pour la grande Fête des Tentes, fête de la confiance en Dieu, comme autrefois au désert, et fête de l’union de tous les croyants dans la Tradition juive. Pourtant, la fête des Tentes est une fête nostalgique du temps où Dieu demeurait au milieu de son peuple, nuée le jour et flamme la nuit. Seuls Moïse et Aaron avaient le privilège de la rencontrer sous la Tente de la Rencontre. Puis il y eut le temple de Jérusalem, maison de la rencontre avec Dieu, dont on louait la beauté à Jésus, mais ô combien aléatoire et fragile, plusieurs fois détruit et reconstruit, aujourd’hui disparu. Pourtant la rencontre avec Dieu a toujours lieu ailleurs, autrement, au fond du cœur des croyants. C’est là que Dieu nous attend, comme cette Nouvelle Jérusalem, parée comme une fiancée frémissante à l’approche de l’époux, splendide dans son amour offert… demeure autrement plus durable, demeure d’Eternité pour la rencontre entre Dieu et son peuple, lieu de noce et de délices.

Un jour, mon frère, ma sœur, moi aussi je pourrai approcher de mon Seigneur tout frémissant d’amour, pour rester à jamais auprès de lui, pour qu’il essuie toutes les larmes de mes yeux. C’est ce que me dit ce texte. C’est ce qu’il te dit aussi, avec tendresse, celle d’un Père qui ne veut pas voir pleurer ses enfants. Cette tendresse, si tu parviens à l’entendre derrière les lignes, peut te redonner des forces si tu pleures aujourd’hui, quelle que soit la nature de ton chagrin. Il y a une fin à toutes larmes, une consolation à toute peine, parce que le monde dans lequel nous vivons est fini, parce que Dieu veut y mettre fin.
C’est comme dans un film, tu sais, avec une superbe scène de « happy end » finale. Pourtant, tout n’est pas fini ! Il y a encore une vie après le film, plus dense et plus intéressante que ce que l’on vient de vivre au cinéma…
Une Eternité nous attend, une éternité avec Dieu !

Ne t’inquiète donc pas de savoir comment Dieu l’a conçue : C’est un metteur en scène formidable, pour nos vies, ne trouves-tu pas ? Ce sera encore plus formidable après, tout continuera dans l’amour et la sérénité. Loin des misères et des infidélités de ce monde. Fais donc confiance à celui qui siège sur le trône et proclame : « Maintenant, je fais toutes choses nouvelles... ».

Amen.

Parce que l’avenir, jusqu’à la fin des temps et après, est entre les mains d’un Dieu qui aime l'humanité, il reste toujours une espérance, malgré un monde qui parait souvent âpre. Les textes de l'Apocalypse et des évangiles parlent d'un monde qui ne durera pas à jamais, un monde renouvelé. Christophe Verrey propose d'apprendre à témoigner de ce nouveau monde, de cette promesse qui attend l'humain.

Détails

Avec la participation de
Line Pastor-Leuenberger
Orgue
Stéphanie Kamerzin
Musique
Sophie Hosner, chant