« Maintenant, en route ! »

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Écouter le culte :

Comme je le disais au début de ce culte, à vous, chers frères et sœurs réunis aujourd’hui au temple d’Estavayer-le-Lac, à vous les auditeurs d’Espace 2 de la Radio Télévision Suisse, à vous les internautes qui nous écoutez ou qui nous écouterez plus tard sur internet : Joyeuses Pâques !
Pour entrer dans la réflexion et dans la méditation sur Pâques cette année, Pâques, la plus importante fête chrétienne, je vous propose de nous arrêter sur l’Evangile de Jean que nous venons d’entendre. L’histoire s’était arrêtée à Vendredi Saint. Le temps s’était arrêté sur la mort, la dispersion, la peur, la déception, le tombeau fermé qui engloutissait le corps meurtri de celui qui avait osé se mettre en travers du pouvoir religieux et politique. On dirait qu’un chapitre était terminé.
Ne disons cependant pas que le rideau était tiré, puisque les autres évangiles, Matthieu, Marc et Luc, nous disent qu’à l’heure de la mort de Jésus, le rideau était plutôt déchiré. C’est un clin d’œil qui nous apprend que ce qui devait être une fin, ne fut en réalité qu’un début, qu’un rebondissement comme le montre la suite des récits évangéliques.
Pour ceux qui aiment les surprises, Pâques est une très agréable surprise. Je comparerais Pâques à cet l’instant où l’on retrouve par exemple sa clé, la clé de sa maison, de sa chambre ou de sa voiture, alors qu’on pensait l’avoir définitivement perdue. Et là, on se rend compte de la valeur de la clé.

L’Evangile de Jean, que nous avons entendu ce matin, attire notre attention sur quelque chose de très particulier. Il ne nous montre pas quelqu’un en train d’expliquer aux disciples que Jésus est ressuscité. Cet évangile nous montre quelques proches de Jésus en train de faire l’expérience du tombeau désormais ouvert et vide. L’Evangile ne s’arrête ni sur le quand (quand est-ce que le tombeau était vide ?) ni sur le comment (comment est-ce que cela s’est passé ?), mais plutôt sur « et alors ? ». A partir du moment où l’on constate que le tombeau est ouvert et vide, quelle est la suite ?
Cette question semble traverser la suite de l’évangile et elle nous est posée aujourd’hui. Ceux qui ont vécu avec Jésus se sont posé cette question et l’évangile de Jean nous montre qu’ils ont fait un cheminement. Ils sont allés de découverte en découverte. Ils ne se sont pas arrêtés à leurs premières impressions, mais ils sont toujours allés plus loin.
Suivons par exemple Marie de Magdala. Sa première impression était : « On a enlevé du tombeau le Seigneur et nous ne savons pas où on l’a mis » Si Marie s’était arrêtée à cette constatation, elle serait rentrée toute triste. Elle aurait confirmé la fin d’un chapitre. Mais la suite du texte nous dit qu’elle est restée par là, près du tombeau et alors, elle fit l’expérience de la rencontre avec le Maître, celui qu’elle va reconnaître personnellement, puisqu’elle l’appelle Rabbouni : « Mon Maître ». C’est cette rencontre avec le vivant qui lui permit d’affirmer un peu plus tard : « J’ai vu le Seigneur !»  Marie s’était mise en route, la voilà qui met en route les autres.
Chers frères et sœurs, en ce matin de Pâques, je ne peux que vous souhaiter une rencontre avec le vivant, pour que vous aussi vous puissiez relayer ce témoignage : « J’ai vu le Seigneur.»

Je crois que Marie nous dit une deuxième chose par son attitude : ne pas trop vite fermer la porte, mais chercher à aller plus loin que nos premières impressions. C’est comme dans notre vie de tous les jours. Si notre première expérience est plutôt décevante, négative, si nous n’avons pas tout de suite compris, restons un peu plus, attendons encore un peu, accordons une deuxième chance. Je pense que Pâques c’est aussi cela : apprendre à garder la porte ouverte. Qui dit que tout est déjà perdu ?
Si on regarde les quelques disciples dont le texte nous parlait, dans un premier temps, ils s’en étaient retournés chez eux. Le texte dit qu’il y en a un qui, étant entré dans le tombeau, vit et crut. Le même texte ajoute immédiatement que les disciples n’avaient pas encore compris l’Ecriture, que Jésus devait se relever d’entre les morts. Lorsque nous continuons la lecture de l’évangile de Jean, nous voyons que les disciples restaient dans la crainte des autorités juives. C’est là que Jésus vint vers eux et leur dit : « La paix soit avec vous.»
Marie de Magdala n’a donc pas fait exactement la même expérience que celle de ces disciples. Mais ils ont tous expérimenté le Seigneur vivant. A celui donc qui vit dans la peur, la présence du Jésus vivant propose la paix. Pâques est donc une occasion de nous rappeler qu’une suite différente et positive devient possible. Il y a de l’espoir que l’horizon sombre aujourd’hui peut s’éclaircir demain.
On voit plus tard dans le même évangile qu’un certain Thomas, un autre disciple, a déclaré, dans un premier temps : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous … je ne croirai pas. » Mais, ne vous inquiétez pas ; nous sommes tous des Thomas ! Et si un jour nous le rencontrons, soyons également prêts à proclamer, comme le même Thomas le fit après avoir rencontré Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu !»

Chers frères et sœurs, avec l’évangile de Jean, nous assistons à la mise en place des premiers chaînons de témoins qui font progressivement l’expérience du Seigneur ressuscité et qui proclament cette bonne nouvelle. Nous assistons à la mise en place d’une chaîne de personnes qui attestent, qui témoignent de ce qu’elles ont vu et vécu avec Jésus.
Aujourd’hui c’est notre tour ! Oui, c’est à vous madame, c’est à vous monsieur, c’est à moi, c’est à nous tous, parce que nous portons, je pense, la responsabilité devant la prochaine génération, c’est à nous de transmettre le flambeau, de témoigner de la foi en celui qui a décrété que l’amour était la seule règle qui devait régir toute relation entre les humains et entre les humains et Dieu.
Maintenant donc, en route ! En route ! Puisque c’est à nous de proclamer cet amour. Si nous avons été mis en route comme Marie de Magdala, c’est à nous maintenant de mettre en route les autres, dans leur foi, dans leur vie.
Dans nos relations, c’est à nous de maintenir la porte ouverte, c’est à nous d’accorder une deuxième chance. C’est à nous de donner des impulsions positives dans la société. C’est à nous de rappeler que l’espoir est permis, qu’on peut encore se relever, se mettre debout. C’est de cette manière que le texte grec parle de la résurrection : se relever, se mettre debout !
Aujourd’hui c’est donc notre tour ! Alors maintenant, en route !
Méditons encore ce chant (Ain’t no Rock) qui affirme que ce ne sont pas les pierres qui iront le dire à notre place ; ce ne sont pas les oiseaux malgré leurs beaux chants, ce ne sont pas les arbres lorsqu’ils déploient leurs branches. C’est à toi, c’est à moi de proclamer son saint nom.

Détails

Avec la participation de
Pierre Maffli
Renée Fillon
Orgue
Olivier Moser
Musique
Luc Mayor and Friends, sous la direction de Luc Mayor