Culte des Rameaux

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La fête des Rameaux, c’est la joie ! En quelques mots, voici un rappel de la situation. Depuis trois ans, un certain Jésus, jeune charpentier de Nazareth, en Galilée, parcourt la Palestine, occupée à ce moment-là par les Romains. Partout où il passe, il apporte avec autorité un message d’espérance et de liberté, de pardon et de salut, de paix, de justice et d’amour. Il ne laisse personne indifférent, d’autant plus que ses paroles s’accompagnent d’actes et d’actes qui sont souvent étonnants ou même miraculeux. On le prend pour un prophète ; mais les chefs des juifs voient plutôt en lui un trouble-fête, à qui ils reprochent de troubler leurs conceptions des hiérarchies, de troubler le sabbat, de troubler leurs intérêts personnels et leurs principes religieux. Il y a donc des mécontents et des jaloux. Cependant, ce printemps-là, la grande majorité des pèlerins qui convergent vers Jérusalem sont remplis d’admiration et d’enthousiasme vis-à-vis de Jésus. Il est d’ailleurs parmi eux, avec ses disciples, arrivant de la région de Béthanie, donc depuis le sud-est. Tous sont en chemin pour la ville sainte, où va bientôt commencer la fête la plus solennelle, celle de la Pâque juive qui commémorait la libération et la sortie d’Egypte. Dans la foule, nombreux sont ceux qui pensent que le Galiléen pourrait bien être le Sauveur, le Messie, annoncé par les Prophètes. Et ils imaginent sans doute déjà qu’il aura un jour le pouvoir d’apporter une libération attendue en chassant les Romains du pays. Pour couronner le tout, il est même un descendant du roi David !
La fête des Rameaux, c’est donc la joie, c’est l’enthousiasme. Dans la descente du Mont des Oliviers, c’est carrément l’excitation. La foule clame sa reconnaissance à Dieu, tout en lui demandant – en reprenant la prière du Psaume 118 que nous avons entendue tout à l’heure – de bénir ce roi venu au nom du Seigneur.
Au lieu d’évoquer les rameaux qui ont été agités par les gens ou déposés sur la route à l’approche de Jésus sur son ânon, on pourrait tout aussi bien parler de la fête des Acclamations ou des Hosanna. Ou pourquoi pas de la fête des Vêtements, puisqu’un véritable tapis de vêtements a été comme déroulé devant lui, pour l’honorer ? On a d’ailleurs également mis quelques vêtements sur l’âne. Peu importe finalement le nom retenu pour la commémoration ou la fête qui rassemble les chrétiens une semaine avant Pâques. Ce qui nous touche, c’est qu’il y a eu une intense émotion au moment où Jésus est arrivé à Jérusalem, une attente et un espoir immenses.
Même s’il n’a pas fait son entrée à cheval – tant s’en faut– beaucoup de gens ont dû pressentir et croire qu’il allait se passer quelque chose de très important. Toute une foule s’est déclarée, s’est mise en marche à sa suite, manifestement prête à s’engager pour lui. Parmi ceux qui connaissaient par cœur les annonces messianiques des Prophètes, certains se sont probablement souvenus par exemple de ces paroles transmises plus de cinq siècles auparavant par Zacharie : « Eclate de joie, Jérusalem ! Crie de bonheur, ville de Sion ! Voici ton roi qui s’avance vers toi, juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse… Il brisera les arcs de guerre. Il établira la paix parmi les nations… En ce temps-là, le Seigneur Dieu sauvera son peuple, comme un berger sauve son troupeau. » [Zacharie 9 : 9, 10b, 16a]. La fête des Rameaux, comme les Prophètes l’avaient indiqué, c’est bel et bien la joie !

Mais dans le récit qui nous a été lu au chapitre 19 de l’Evangile de Luc, vous aurez remarqué qu’il y avait tout de même quelques rabat-joie, en l’occurrence des membres du parti religieux des Pharisiens, qui ont voulu faire taire les disciples en liesse. Ensuite, ce qui est beaucoup plus inquiétant, c’est que Jésus, arrivé à proximité de Jérusalem, s’est mis à pleurer, à pleurer sur la ville et sur ses habitants, déplorant qu’ils n’aient pas reconnu le moment favorable où ils avaient été visités. Si seulement ils avaient su écouter comment trouver la paix et le secours !
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il me semble que nos parcours de vie, à certains égards, ont des points communs avec les événements des Rameaux. En Suisse et dans les pays de tradition chrétienne, innombrables sont celles et ceux qui ont l’occasion, un jour ou l’autre, de découvrir la personne du Christ, d’être admiratifs et de faire un bout de chemin avec lui, un peu comme les pèlerins qui descendaient du Mont des Oliviers. Comment ne pas penser aujourd’hui à l’immense famille des personnes de tous âges qui ont reçu le baptême dans l’une ou l’autre des Eglises chrétiennes, qui ce soit récemment ou au siècle passé ?
Il y a parmi nous ce matin au moins une personne qui a été baptisée ici-même il y a 75 ans, en 1937, juste après la dédicace et l’inauguration de notre lieu de culte. Cet ami, comme beaucoup d’autres, a déjà eu le bonheur de faire un parcours lumineux de fidélité et de service avec Celui dont il est devenu le disciple dès l’époque de son catéchisme. Et j’ose croire qui ce n’est qu’un début : dans le domaine de la foi, on n’est jamais éjecté ou retraité. Et puis figurez-vous qu’un fils du pasteur qui l’a baptisé est également des nôtres ! Il y a une chose qui est vraiment magnifique : c’est la longue chaîne des témoins qui, depuis les Apôtres, ne cesse de transmettre la flamme de l’Evangile, d’un pays à l’autre et d’une génération à l’autre.

Dans de très nombreuses paroisses, justement, les jeunes de 15 ou 16 ans sont invités à vivre un temps fort le dimanche des Rameaux : celui de leur confirmation, ou peut-être de leur baptême. La joie de cette fête est parfois ternie par des remarques du même type que celles des Pharisiens de Jérusalem. Quand j’entends qu’on reproche à des jeunes de confirmer pour recevoir de l’argent, des cadeaux ou des vêtements de marque, je m’insurge : les jeunes de 2012 ne sont pas plus hypocrites que leurs prédécesseurs. Ils seraient probablement les plus empressés à déposer leurs beaux vêtements par terre pour improviser un tapis devant le Christ, s’il revenait aujourd’hui ! Quand j’entends qu’on reproche à des jeunes de ne plus venir souvent à l’église après leur confirmation, je m’insurge de la même manière : il serait sans doute plus urgent de nous interroger sur la façon dont nous vivons nous-mêmes notre foi, dont nous vivons certains de nos cultes ou certaines de nos messes.
L’abbé Guy Gilbert (77 ans) est en Suisse romande depuis quelques jours. Des centaines de jeunes et de moins jeunes se sont rassemblés avec lui pour diverses célébrations. A Bienne, à la Maison Calvin, il a rappelé avec force que « personne n’est irrécupérable », en affirmant ensuite qu’il trouvait « fascinante la personne du Christ, ce rebelle dressé contre toutes les injustices ». Chers amis, quel que soit notre âge, transmettons simplement notre enthousiasme pour le Christ aux enfants et aux jeunes ! Refusons les injustices et les critiques stériles ! Ceux qui avaient ovationné Jésus arrivant à Jérusalem ont presque tous, quelques jours plus tard, oublié leurs chants d’allégresse et leur admiration. Quand le vent a tourné, ils ont tourné leur veste. Qui de nous n’a jamais flanché ou trahi ? Qui de nous n’a pas oublié, pour une période plus ou moins longue, les engagements de son baptême ou de sa confirmation ? Lorsque le Christ a été crucifié, ce sont aussi tous nos manquements, nos feux de paille, nos trahisons et nos hypocrisies qui ont été clouées sur sa croix.
Dans une semaine, nous fêterons la Résurrection ! La Bonne Nouvelle de Pâques n’est pas une invention ou un poisson d’avril. Il est vraiment ressuscité ! Les nombreux témoins directs l’ont dit à leurs enfants, qui l’ont dit à leurs enfants et ainsi de suite jusqu’à ce jour. Toutes et tous, nous pouvons être relevés et ressuscités à la suite du Christ. Il suffit d’un acquiescement de notre part. La fête des Rameaux, n’est-ce pas le moment favorable pour nous laisser visiter et pour accueillir avec joie « le Roi qui vient au nom du Seigneur » ? Le groupe Evedyah nous interprète maintenant, en langue zoulou, un chant qui proclame que « nous marchons dans la lumière du Seigneur ». « Siyahamba »…

Détails

Avec la participation de
Orgue
Musique
Ivan Buhlmann, piano
Groupe paroissial Gospel Evedyah, sous la direction d' Innocent Himbaza - www.evedyah.ch