Un nouvel élan sur le chemin de l'unité par le baptême

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Cher Père Louka,
Chers frères et sœurs orthodoxes,
Chers paroissiens de Bellevaux St-Luc,
Chers auditeurs,

Voulons-nous ce matin prendre au sérieux notre identité de baptisé dans le Christ ? Comme l’ont fait Waheed et Léa ? Certes, nous le savons bien, le baptême est le sacrement commun reconnu par toutes les confessions chrétiennes. Pourtant, dans sa forme, il peut être très différent.
Dans les communautés orthodoxes, il est pratiqué sur l’entier du corps de l’enfant, et s’accompagne de la chrismation, une onction d’huile spéciale sur les parties vitales du corps. Chez nous les protestants il se pratique le plus souvent sous la forme d’une aspersion sur le front. Mais il peut aussi se pratiquer par immersion complète, à l’âge adulte, figurant par là au plus profond du corps l’expérience de la mort et de la résurrection du Christ à laquelle nous devenons partie prenante.
Mais quel que soit le rite, la pratique liturgique, il s’agit du même baptême de feu dont le Père Louka nous a parlé. Et qui nous identifie au Christ. Vous l’avez entendu : Vous tous qui en effet, avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu Christ. De sorte qu’il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclaves ni libres (affranchis), il n’y a ni homme ni femme. Tous en effet, vous êtes uns en Christ Jésus.
Avons-nous bien conscience de ce que cela signifie dans notre vie de tous les jours, de la potentialité incroyable que cette réalité vivante représente pour bâtir de nouvelles relations et pour nous procurer un nouvel élan oecuménique ? Est-ce que nous osons affronter en face la perspective incroyable que l’apôtre nous ouvre par ces paroles presque inimaginables ?

C’est inimaginable en effet ! Cela voudrait-il dire qu’à plus ou moins long terme, les différences entre nous qui sommes rassemblés dans cette Eglise ce matin seraient-elles condamnées ? Vont-elles s’estomper ? Cela voudrait-il dire que Le Père Louka devrait couper sa belle barbe, à moins que moi je me laisse pousser la mienne pour arriver chacun à une barbe de longueur raisonnable ? Cela voudrait-il dire que peu à peu nos célébrations, nos cultes et nos messes perdront toute spécificité et qu’à la radio on ne saura bientôt plus s’il s’agit d’une messe catholique, orthodoxe ou d’un culte protestant tellement nos rites, notre langue et nos paroles finiront par se ressembler ?
Cela voudrait-il dire que bientôt on ne fera plus de différences entre les baptisés les étrangers et les Suisses dans la société helvétique ? Dans nos Eglises, ce serait déjà pas mal !
Et puis allons plus loin : « il n’y aura plus ni hommes ni femmes » : Est-ce à dire que les chrétiens et les chrétiennes sont condamnés à devenir androgynes ? Quelle violence ce serait pour vous amis coptes qui avez l’habitude d’occuper les places dans cette Eglise en disposant les hommes dans la travée de gauche et les femmes dans la travée de droite ?

Nous savons que les différences de cultures, d’origine de statut social, d’état civil et de sexe ne seront jamais abolies. Et Saint Paul le sait mieux que quiconque, lui qui n’a jamais explicitement condamné l’esclavage, qui a maintenu des signes vestimentaires spécifiques pour les femmes dans les Assemblées, même si par ailleurs, on lui doit quelques avancées sur le ministère que les théologiennes féministes n’ont pas manqué de saluer. Alors, le baptême chrétien ne changerait rien. Ce ne serait qu’une douce utopie qui justifierait ceux qui, de plus en plus nombreux, le refusent à leurs enfants. Alors ça expliquerait pourquoi, malgré tant de rencontres, l’unité des Eglises avance si peu ou si lentement ?
Le feu de l’Esprit

Un cri dans le désert, c’es tune voix très forte. Rien ne peut l’étouffer, seule ma volonté peut empêcher ou pas, d’entendre ce cri dans le désert. Voulons-nous l’écouter ou l’étouffer ?
Veux-tu écouter la voix du Seigneur ? Elle est aussi claire et aussi forte qu’une voix dans le désert. Cette voix nous vient sur les lèvres de Saint jean Baptiste, qui prêche le baptême de repentance en disant : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » Mais comment puis-je tout seul me repentir ? Le Christ nous rassure en disant : « car sans moi, vous ne pouvez rien faire. Le grand prophète Jérémie cria en disant : « Fais-moi revenir et je reviendrai. Car tu es l’Eternel, mon Dieu. »
Quelle est la relation entre le repentir et revenir vers l’Eternel ? C’est que repentir n’est que revenir à dieu. Pour se repentir, pour revenir à Dieu, ma volonté doit accepter l’outil que l’Eternel m’offre pour revenir. C’est l’Eternel lui seul qui m’aide à revenir, à me repentir, à répondre à la voix du désert. Le feu de l’Esprit Saint est l’outil que l’Eternel nous offre à tous, pour que nous tous, nous revenons à Lui pour un seul baptême.
Là, permettez-moi de vous rassurer : N’ayons pas peur du Feu de l’Esprit. Le feu brûle et détruit entièrement, mais le Feu de l’Esprit purifie entièrement et parfaitement. « Il a son van dans ses mains, il nettoiera parfaitement aire… il brûlera entièrement la paille, au feu qui ne s’éteint point. » Le Seigneur, considère nos cœurs à tous comme ton aire. Nettoie-les et purifie-les de toute paille, de toutes convoitises, de toutes pensées mauvaises, de toute haine, de toute injustice, de toute colère de tout autour du monde, de tout ce qui peut nous empêcher de revenir vers toi, Seigneur et d’être un en toi, Seigneur.
« Ce qui est tortueux sera dressé. » Le Seigneur redressera tout ce qui est tortueux dans mon cœur. Si mon cœur est dur comme du fer, le Feu de l’Esprit y pénétrera et le rendra malléable pour le redresser. N’ayons pas peur du feu de l’Esprit. Il ne détruit pas, mais rend malléable la dureté de mon cœur et le redresse. St-Paul nous dit : « N’éteignez pas l’Esprit… », ça veut dire : n’éteignez pas le Feu de l’Esprit par la paresse, par les préoccupations de monde. Ne remettons pas l’acceptation de l’œuvre du Feu de l’Esprit en nous. Ne dites pas : Je n’ai pas le temps, je suis occupé. Ne rapportons pas ceci pour plus tard. Remettre c’est éteindre.
Le feu de l’Esprit est un feu céleste qui détruit le péché, mais purifie l’âme et le cœur. Il purifie l’âme et le cœur pour que nous devenions le temps de dieu et que son Esprit Saint demeure en nous. Par l’œuvre du feu de l’Esprit en nous, nous sommes prêts au baptême : le baptême qui nous lave et nous rend digne, afin que l’Esprit de Dieu demeure en nous et que nous devenions tous Un en Christ. Voulons-nous être Un en Christ ? Soumettons-nous à l’œuvre du feu de l’Esprit pour nous préparer à un seul baptême dans le Christ. Amen !

Chers frères et sœurs,
Ce matin, nous sommes réunis, coptes et protestants,
Egyptiens et Suisses,
Permis B ou C étrangers, et citoyens suisses à part entière,
Femmes et hommes,
Non pas pour perdre nos différences, mais pour que les contraintes et les limites qu’elles représentent soient comme la loi pour les Juifs, une sorte de prison que nous supportons d’autant mieux que nous sommes justifiés dans nos différences et dans leur dépassement. Oui, nous allons conserver nos spécificités liturgiques et culturelles, oui il y aura toujours des croyants qui appelleront Dieu Allah et d’autres l’Eternel. Oui, le Père Louka pourra continuer d’exhiber sa belle barbe fleurie et sa longue robe de moine. Et les protestants pourrons continuer de venir ici comme avant. Mais en sachant désormais que nous sommes d’abord chrétien et que toutes nos différences nous les vivons comme traversées par le mouvement de notre baptême.
Car le baptême n’est pas un état statique qu’on hériterait une fois pour toute de notre enfance et qui nous laisserait inchangé. C’est une identité nouvelle que nous avons revêtue non comme un habit superficiel – l’habit seul ne fait pas le moine – mais comme un élan qui s’instille au plus profond de nos cœurs et qui peu à peu modifie nos personnes de l’intérieur
Désormais, la perspective de notre vie change, nos identités ne sont plus des prisons qui nous enferment mais des manières d’être tous et toutes chrétiens. C’est-à-dire des hommes et des femmes sauvés, justifiés par le Christ en sa mort et sa résurrection, qui fait que premièrement ,il n’y a plus ni copte ni protestants ce matin,
Il n’y a ni amis paroissiens assis dans ce temple et auditeurs devant leur postes, car nous nous regardons tous au Christ et que son feu d’amour nous embase de la même manière. Amen !

Témoignage de M. Waheed Hassab Alla

Que signifie le baptême pour moi ?

Le baptême est un don de Dieu. C’est ainsi que mes parents m’ont expliqué en me disant : on t’a donné la naissance sur cette terre, mais il t’a fallu la deuxième naissance du ciel, le don de la nouvelle naissance par le baptême. On ne peut pas refuser ce don que Dieu t’a offert par sa mort et sa résurrection. Par ton baptême t’es devenu un enfant de Dieu. Et comme on t’a vacciné contre toute sorte de maladies, Dieu a aussi préparé pour toi un vaccin pour te protéger contre toute action du Malin, c’est la Sainte Onction de la confirmation. Nous t’avons toujours nourri pour que tu puisses grandir devant les autres, mais nous n’avons pas négligé de te nourrir spirituellement par la communion afin que tu puisses aussi grandir dans la grâce de Dieu.
Puisque, notre fils, t’as obtenu cette grâce baptismale qui a ouvert devant toi la porte du ciel, on t’a ramené régulièrement à l’église pour recevoir l’instruction de la foi qui t’aide à comprendre et de devenir un membre bien enraciné dans le corps du Christ qui est son Eglise. Tu aimerais savoir certainement ce que s’est passé au moment de ton baptême : L’Esprit-Saint, en tant que Dieu avec le Père et le Fils, t’a renouvelé dans le baptême et, d’un état difforme. Il t’a ramené à ta beauté antérieure et t’a rempli de sa grâce au point que tu ne pourrais contenir rien de plus des choses qu’il faut rechercher et il t’a libéré du péché et de la mort. Le Saint-Esprit a fait de toi un être selon l’esprit, tu as en toi une part à la gloire divine, fils et héritier de Dieu et du Père, exactement semblable à l’image du Fils, et cohéritier de lui-même et un frère qui sera glorifié avec lui et régnera avec lui et en échange de la terre, il te donne à nouveau le ciel et il donne avec beaucoup de générosité le paradis.
Aujourd’hui, je rends hommage à me défunts parents qui m’ont offert ce don précieux du baptême dont je récolte ses fruits dans ma vie de tous les jours dans ma communion avec le Christ Jésus et les autres.

Témoignage de Léa Castro
Je m’appelle Léa. Mes parents sont chrétiens et ils m’ont toujours laissé libre de décider le jour de mon baptême. J’ai été baptisée avec mon frère Raphaël de deux ans mon aîné, quand j’avais 12 ans, par le pasteur de ma paroisse.
Quelque temps auparavant, ma maman a eu un grave accident, en faisant une chute de 80 mètres en montagne alors que nous faisions une course en famille. C’est curieux, car j’avais eu un rêve prémonitoire avant. Nous aurions pu perdre notre maman. D’abord j’en ai pas mal voulu à Dieu de ce qui était arrivé. Je m’en suis aussi voulu de n’avoir pas pu empêcher cette course. Ensuite, cet événement a déclenché en moi une prise de conscience, aidée aussi par les gens de l’Eglise qui l’ont visitée durant ses mois d’hôpital.
Pour moi, le baptême reste toujours quelque chose d’important aujourd’hui. A travers lui, je me vois comme un enfant qui essaie de tenir la main de son papa : le baptême c’est le moment où on sent la main du père, qui me tient fermement mais avec douceur et qu’on ne lâche plus. Je me dis que je lui appartiens, que je fais partie de la famille. Etre enfant de Dieu, comme le Christ aimerait que nous soyons des enfants par rapport au Royaume de Dieu. Croire c’est garder cet esprit d’enfant : les enfants font confiance, même si on ne peut pas vérifier.
Et puis j’ai eu un prof de philo pour qui « Les jeunes qui se déclarent chrétiens étaient, juste bons à attendre que ça passe !»…comme s’ils avaient une sorte de maladie. Non, être chrétien baptisé ce n’est pas une maladie. On ne peut pas dire « je suis parfait », mais on est plus attentif si on est croyant : ça peut influencer nos actes. On est comme les autres, mais on a juste la chance, de reconnaître nos erreurs et d’avoir un pardon indescriptible. Avec le baptême, je crée un lien avec Dieu qui fait que malgré mes fautes, il va quand même m’aider.

Détails

Avec la participation de
Co-célébrant : Père Higoumène Louka el Baramoussi
Orgue
Mina Balissat
Musique
Choeur des diacres de la communauté copte