Changements

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Cinq siècles avant Jésus-Christ, le philosophe grec Héraclite (540-480) a écrit : « Rien n’est permanent sauf le changement. » Je crois que, dans un certain sens, il avait raison. Des changements s’opèrent tous les jours, autour de nous, tout près de nous, en nous. Dans notre monde, certains changements sont considérables et tous ne sont pas heureux. L’économie mondiale ne va pas bien. Nous entendons régulièrement parler de licenciements massifs pour cause de restructuration. Les pays de l’Est ont beaucoup plus de difficultés que prévu pour se diriger vers une économie de marché.
Il se peut que nous soyons confrontés à des changements climatiques. Notre été torride est-il un signe de choses à venir ? Nul ne peut le prédire, mais les météorologues nous affirment que les glaciers fondent peu à peu et qu’il y a des changements dans l’air.
Face à ces changements, nous nous sentons parfois démunis. Pourtant, le changement est universel. Sur un tout autre registre, certaines familles vivent un bouleversement par l’arrivée d’un enfant, par un nouveau commencement : un mariage, un nouveau travail ou un déménagement. D’autres traversent le changement par un décès ou une maladie. Il faut toujours être prêt, car les changements arrivent.

Je peux prolonger cette liste, et vous pouvez certainement en faire de même. Prenez un moment bref dans votre vie, il y a sans doute eu des changements dans ces derniers mois.
Il y a des changements considérables dans notre paroisse et ce n’est pas terminé. Notre paroisse compte aujourd’hui sept communes et quatre pasteurs. Quatre pasteurs qui sont les vôtres, mais que vous devez partager avec l’ensemble de la paroisse.
Finalement, le changement ne détermine-t-il pas le rythme de la vie ? Observons les changements corporels auxquels nous faisons face : bébé, enfant, adolescent, adulte et finalement aîné. C’est comme cette ancienne énigme: quel est l’animal qui marche à 4 pattes, puis à 2 pattes et enfin à 3 pattes. C’est l’humain. OUI, nous sommes en vie quand nous changeons. Comment réagir à ces évolutions ? Avec peur, inquiétude, anxiété ? Nous, les chrétiens, nous sommes ceux qui devraient porter en nous l’espoir. Nous sommes des signes de paix et de courage, n’est-ce pas ?

Le texte de l’évangile que nous venons d’entendre parle de changements. Le premier changement n’est pas joyeux. Nous connaissons l’histoire : Jean-Baptiste est arrêté pour avoir mêlé la politique et la religion. Il aurait dû se taire concernant la femme du gouverneur. Mais il ne l’a pas fait et il est arrêté. Peu de temps après son arrestation, il sera cruellement exécuté. Pourquoi avait-il besoin de parler de ces problèmes politiques si ouvertement ? Mais vous connaissez Jean, il n’a pas su garder sa langue dans sa poche. C’est un changement qui l’a conduit à sa perte, à la fin de son ministère.
Le deuxième changement est le commencement d’un autre ministère, celui de Jésus. « Après que Jean eut été livré, Jésus alla en Galilée et proclama la Bonne Nouvelle venant de Dieu. » C’est assez provocateur. Jésus commence à prêcher publiquement juste après l’arrestation de Jean ! Comme s’il reprenait le flambeau de Jean. Comment peut-il être si imprudent ? Il arrive en Galilée, la brousse de la Palestine et commence à prêcher parmi les pauvres et les exclus qui n’ont pas les moyens de s’offrir le niveau de vie élevé de Jérusalem. Il exhorte les gens à changer de vie car le royaume de Dieu est proche. Il court des risques. Ne va-t-il pas finir comme Jean ? Bien sûr, son ministère se terminera en désastre comme celui de Jean. Il est crucifié sur une croix. Et finalement, il posera la question : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Mais le texte décrit encore un troisième changement : un changement radical pour quatre pêcheurs (pêcheurs de poissons, non pas du mal). « Venez avec moi », dit Jésus, « et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ! » Sur le champ, ils laissent leurs filets et le suivent. Ce n’était pas très sage de leur part ! Il est difficile de trouver un travail et, malgré tout, ils ont abandonné leur emploi, leur gagne-pain. Ils optent pour un avenir incertain. Et ces hommes ont des familles ! Pourquoi suivent-ils ce prédicateur ambulant qui n’a pas de qualifications officielles, sans lien direct avec les pouvoirs religieux établis ? Il n’est même pas reconnu. C’est évident qu’ils courent vers le danger et la catastrophe. Comme Jésus et Jean-Baptiste, ce changement, ce nouveau commencement, les conduira vers la mort et la persécution.

Qu’est-ce que ceci signifie pour nous aujourd’hui ? Malgré que nous appelions l’Évangile la Bonne Nouvelle, nous découvrons que c’est aussi un chemin difficile. Car l’Évangile exige, demande un changement radical pour moi, pour ma famille, pour ma paroisse et pour l’Église toute entière. L’Évangile appelle à un changement qui dérange.
Notre récit nous dit quel genre de changement l’Évangile exige. C’est un changement qui implique la volonté de prendre des risques. C’est un changement qui renverse les barrières que nous construisons entre notre vie personnelle et notre place de travail, entre notre foi et notre vie de famille, entre notre vie privée et notre vie publique. Avant tout, l’Évangile nous demande d’arrêter de craindre et de fuir. Fuir la mort, fuir la nouveauté, fuir le présent qui change. C’était le chemin que Jean-Baptiste et Jésus ont suivi.
C’était le chemin que Jésus a enseigné à ses disciples, hommes, femmes et enfants. Car celui qui veut garder sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie pour moi et la Bonne Nouvelle la sauvera. Nous sommes des chrétiens, nous essayons de suivre l’enseignement de Jésus quand nous acceptons de mettre son Évangile en premier dans notre vie.
Dans notre famille, ceci peut vouloir dire un changement de comportement : davantage de patience, de gentillesse, de compréhension, d’amour, de temps pour nos proches, d’ouverture.
Dans la vie de notre paroisse, c’est peut-être un engagement plus clair : un dévouement plus fervent, une ouverture vers les changements qui sont inévitables. Quand nous réalisons que la vie de la paroisse ne s’alimente pas seulement des efforts des pasteurs et du Conseil paroissial, mais aussi de ceux de chaque membre. Chacun donnant son talent pour le bien de tous. Nous avons tous un rôle à jouer.
Loin d’être utopique, ceci est ce que Jésus veut dire par le royaume de Dieu. Rien n’est permanent, sauf le changement et le Seigneur. Le Seigneur est là pour nous aider et nous accompagner à travers chaque changement. Il est notre rocher et notre refuge.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Edith Robert
Musique
Jeanique Bonzon, trompette