Il faut pourtant bien le dire aujourd’hui : l’Évangile de St-Jean nous appelle à l’action. Il nous invite à la vérité. Mais pas seulement à chercher ou à dire la vérité. Il nous invite à croire et à faire la vérité.
Étymologiquement la vérité c’est ce qui n’est pas caché et c’est exactement ce que le texte de l’Évangile nous dit : celui qui agit selon la vérité vient à la lumière afin que ses oeuvres soient reconnues comme des oeuvres de Dieu.
Agir selon la vérité, faire la vérité. On y est pas trop habitués, nous qui avons tendance à mettre la foi au-dessus de tout, avec raison sans doute ou encore à nous dire que penser vrai ou dire vrai devrait être suffisant. Mais cela ne suffit peut-être pas; et je me demande parfois si notre monde qui va si mal – et nous faisons partie de ce monde, n’est-ce pas ? – je me demande si nous ne souffrons pas de cette tension et de la distance qu'il y a entre ce que nous croyons et ce que nous faisons. Entre ce que nous disons et nos actes qui ne suivent pas toujours. Nous sommes comme en exil avec nous-mêmes. Rappelez-vous la 1ere lecture et nos cœurs n’ont plus qu’envie de chanter comme le disait le psaume 137 tout à l’heure.
Aujourd’hui, l’Évangile nous rappelle que la vérité se pratique, qu’elle est un agir qui nous entraîne à la lumière. À vrai dire, et les commentaires sont unanimes sur ce point, l'expression est typiquement juive. Faire la vérité c’est se conformer à la volonté de Dieu. Dieu, qui seul est vrai.
En faisant ce qui est vrai, en accomplissant cette volonté qui reflète la lumière de celui en qui nous croyons, nous allons nous-mêmes à la lumière. Et la lumière c’est le Christ. À partir de là, chers amis, 2 pistes s’offrent à nous sur le chemin qui nous conduit à Pâques. Tout d’abord regarder à celui qui sur la croix a été élevé et qui donne sa vie et nous donne la vie.
Regarder et contempler le Fils de Dieu. Là, dans cette ultime faiblesse, dans cette dernière limite, propre à toute vie humaine, Christ en croix. Trop souvent, nous cherchons le Dieu de gloire et de puissance et nous faisons l’impasse sur la faiblesse de Dieu qui, en Jésus Christ, est venu partager toutes nos faiblesses; comme nous faisons l’impasse sur les limites de notre propre vie, humaine, que nous cherchons sans cesse à dépasser. Regarder au Christ élevé sur la croix : Dieu qui s’est fait homme, humilié, bafoué jusque dans la mort. Lever les yeux pour le regarder, le contempler : la croix n’est pas belle, mais le Christ nous sauve. Croire, coûte que coûte, que le fils de l'homme élevé est celui qui est allé jusqu’au bout du don de soi et de l’amour. Croire, coûte que coûte, que lui seul nous conduit à la vie éternelle.
La seconde piste que nous offre l’Évangile c’est le non-jugement. Dieu a envoyé son fils dans le monde non pour juger le monde mais pour que, par lui le monde soit sauvé. Dieu n’est donc pas venu pour condamner. Il ne juge pas, il aime. Dans cette optique faire la vérité va nous demander beaucoup de travail si nous voulons refléter un tant soit peu cet amour là de Dieu qui conduit à la lumière.
Ne pas juger, ne pas condamner, ne pas exclure, ni se détourner de celui qui a besoin de nous, parce que Dieu n’est pas venu pour cela et parce que Jésus précisément a été élevé pour attirer tous les hommes à lui, même celles et ceux que parfois, trop vite nous condamnons.
Ne pas juger mais faire la vérité c’est-à-dire mettre de la lumière dans ce que nous avons de la peine à comprendre. De la lumière dans ce qui nous est difficile d'aimer. Parce que vous le savez, souvent on condamne et on n’aime pas ce qu'on ne connaît pas.
Et puis mettre encore de la lumière dans ce qui nous fait mal ou nous blesse. De la lumière encore pour vivre notre vie dans sa vérité. Et enfin passer aux actes.
Et plus je regarde la croix, plus je deviens porteur du même regard que Dieu porte sur le monde comme sur chacun d’entre nous. Ce monde que Dieu aime au point de lui avoir donné son Fils en qui il a déposé la plénitude de son amour. Regarder à Lui tout en le laissant poser son regard sur moi. Parce qu’il me dit son amour, je peux à mon tour offrir le mien.
Cette vérité, chers amis, nous est révélée par l’Évangile ce matin. Et cette vérité est bonne à dire. Mais il faut encore y croire. Et agir. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre, nous dit l’épître aux Éphésiens.
Mettre en actes ce que nous croyons en laissant le Christ mettre sa lumière en nous non seulement pour écouter sa parole, mais pour qu’il illumine en vérité toutes nos vies et nos gestes de chaque jour.
Amen !