Frères et soeurs en Christ,
Nous célébrons ce culte oecuménique lors de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Cette année, la semaine de prière a une signification particulière : nous sommes entrés dans un nouveau siècle et un nouveau millénaire. Pour les uns, la vie continue malgré toutes les craintes qui ont rempli les dernières semaines de l'année passée. Pour d'autres, cette année appelle à la réflexion afin de saisir la chance d'un nouveau départ.
Et pour nous ? Ceux qui acceptent leur vie comme un don de Dieu, parlent d'une année de grâce, de pardon et de libération par Dieu - ou dans le langage biblique, d'une année du jubilé. Pour eux, ce début d'un nouveau siècle et d'un nouveau millénaire est une invitation à la fois à la repentance et à l'espérance : Dieu nous offre une nouvelle fois la réconciliation dans le Christ. C'est à cette reconnaissance que répond le thème de la semaine de prière de cette année : " Béni soit Dieu qui nous a bénis en Christ ", pris de la doxologie qui ouvre la Lettre aux Ephésiens.
Nous sommes réunis pour manifester ensemble notre communion qui nous a été donnée en Christ ; le fait que, malgré tout ce qui nous sépare toujours, nous sommes frères et soeurs, enfants de Dieu, membres d'une même famille. Le vingtième siècle a vu la naissance du mouvement oecuménique parmi les églises chrétiennes. Ils ont redécouvert l'appel à l'unité qui est tiré de la prière de notre Seigneur : " Que tous soient un afin que le monde croie. " C'est en nous tournant vers le Christ comme Dieu et Sauveur que nous trouvons notre unité.
En anticipant cette année millénaire, la huitième Assemblée du COE à Harare nous a invités : " Tournons-nous vers Dieu dans la joie de l'espérance ! " Ce thème fait écho à la proclamation de l'Evangile de Dieu par Jésus au début de l'Evangile de Saint Marc : " Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché ; convertissez-vous et croyez à l'Evangile. "
L'évangile : c'était au premier siècle un mot chargé, proclamant la bonne nouvelle d'un nouveau règne impérial, très souvent liée à une amnistie. L'apôtre Paul et à sa suite, l'évangéliste Marc, adoptent ce mot pour annoncer la bonne nouvelle, qu'en Jésus Christ Dieu a commencé son règne de grâce et de réconciliation. En ouvrant son récit de la vie de Jésus avec cette proclamation : " le règne de Dieu s'est approché ", Saint Marc exprime la foi de l'église primitive que Jésus est lui-même l'incarnation de cette bonne nouvelle, qu'en lui nous rencontrons Dieu qui habite parmi les hommes. Cette ouverture de l'Evangile présente le message missionnaire de l'église à travers les siècles.
Et ce message est vraiment bonne nouvelle au commencement d'un nouveau millénaire avec toutes ses incertitudes et craintes. La proclamation du règne de Dieu comme une réalité imminente signifie que le pouvoir suprême est dans les mains de Dieu, que l'histoire et notre avenir personnel sont inscrits dans le dessein de Dieu. Le texte central choisi pour cette semaine de prière pour l'unité l'exprime dans un langage de doxologie : " Dieu nous a fait connaître en Christ le mystère de sa volonté, qu'il va " mener les temps à leur accomplissement : réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. K En lui, encore, vous avez entendu la parole de vérité, l'Evangile qui vous sauve. En lui encore, vous avez cru, et vous avez été marqués du sceau de l'Esprit promis, l'Esprit Saint, acompte de notre héritage jusqu'à la délivrance finale, où nous en prendrons possession, à la louange de sa gloire. " Eph. 1, 10, 13ss).
Ce message de l'évangile, avec l'invitation : " convertissez-vous et croyez à l'évangile " n'est pas seulement adressé au monde. L'église elle-même est la première à entendre cette bonne nouvelle qui ne représente pas une vérité éternelle qu'on peut entendre et croire - ou non - sans conséquence. Celui qui entend ce message est appelé à un changement d'orientation, de loyauté. Se convertir, cela veut dire : se tourner vers Dieu comme la source et la destination finale de notre vie, se confier à Dieu et relativiser toutes les loyautés qui maintiennent notre vie en captivité : la sécurité, le succès professionnel, la réputation, etc. Croire à l'évangile est plus qu'une acceptation intellectuelle, l'affirmation de sa vérité ; cette foi est la conséquence, la réponse à la rencontre avec Dieu en Jésus-Christ.
L'évangile de Marc nous donne deux exemples de ce genre de rencontre : " Comme (Jésus) passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter le filet dans la mer - c'étaient des pécheurs. " La rencontre de Jésus se passe dans vie de tous les jours. Ça commence avec le regard, par le regard de Jésus. Dieu nous voit dans les conditions personnelles de notre vie avec nos soucis et nos espoirs. Dans les yeux de Dieu, nous ne sommes pas des chiffres parmi la multitude des hommes et des femmes. Dieu nous connaît par notre nom et nous regarde comme un parent regarde ses enfants.
Jésus appelle les deux frères : " Venez à ma suite, et je ferai de vous des pécheurs d'hommes. " Le message de l'évangile, traduit en regard personnel, engage ses auditeurs par l'appel à se mettre en marche et à suivre dans les traces de Jésus. La scène est réduite à l'essentiel : aucune explication n'est donnée à ces deux hommes, leur foi naissante est mise à l'épreuve avec cet appel : " Venez à ma suite. " La scène se répète avec un autre couple de frères : Jacques et Jean, qui laissent leur père dans la barque pour suivre Jésus.
Nous ne savons pas d'avance quand le regard de Jésus tombe sur nous et nous appelle à le suivre. Il n'y a pas seulement la rencontre dramatique avec une conversion totale, un changement complet du cadre de notre vie, comme dans le cas de ces frères qui devenaient les premiers disciples de Jésus. La plupart du temps nous ne sommes pas attentifs au regard de Jésus qui nous suit en silence et qui nous rencontre souvent dans les yeux des gens que nous ne connaissons pas. Mais il y a des situations où nous nous sentons pris par ce regard, identifiés et appelés à répondre et agir dans l'esprit de l'évangile.
Nous entrons donc dans ce nouveau siècle et ce nouveau millénaire sous le regard bienveillant de Dieu en Jésus-Christ. L'évangile, ce message d'espérance et de libération de tout ce qui nous tient en captivité est adressé à nous dans notre vie individuelle et dans nos églises. Il nous donne la chance de commencer à nouveau et de laisser derrière nous ce qui nous empêche de nous tourner vers Dieu et de nous confier à sa promesse.
L'appel à l'unité des chrétiens est un impératif de l'évangile. Pour nos églises cet appel est une épreuve de leur foi à l'évangile : sortir de leurs identités défensives, de leurs soucis institutionnels et de leurs luttes pour maintenir leurs influences et leurs territoires. Nous ne pouvons pas suivre le Christ dans sa mission dans le monde comme une communauté de disciples qui se disputent et ne se reconnaissent pas mutuellement. Prions donc, que Dieu nous rende attentifs à son regard dans notre vie personnelle et communautaire afin que nous ne manquions pas d'entendre son appel et qu'il puisse achever parmi nous son œuvre d'unité " afin que monde croit. "
Amen !
L'oeuvre d'unité
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