Célébration œcuménique de la Pentecôte, diffusé en Eurovision depuis Pinerolo en Italie

Temple vaudois de Pinerolo et Cathédrale de San Donato

Esprit de paix, guéris le monde !

Pasteur Gianni Genre

La trahison de la Pentecôte – ou plutôt sa négation – c’est notre spécialité, même dans les églises. En relisant cet ancien texte du livre des Actes, nous comprenons immédiatement que nous avons tout fait pour nier le pouvoir transformateur de la Pentecôte.

Tout le monde, nous dit le livre des Actes, est touché par le vent de la Pentecôte. L’image est très belle : tous ! Pas une personne seulement. Le vent de l’Esprit, dit le texte, remplit toute la maison. Parce que, lorsque l’Esprit de Dieu agit, toute la maison est remplie.

Ce n’est donc pas l’Eglise qui devient sacrée, ce ne sont pas les églises, mais les maisons, ta maison, ta vie, ton existence. Dieu touche avec sa flamme de vie ton existence. Comprends-tu que qu’il s’agit d’une révolution extraordinaire ? C’est peut-être pour ça que nous nions cette puissance de transformation : parce qu’elle est trop grande pour mon cœur, pour notre cœur.

Le vent de Dieu touche tout le monde, mais il est dirigé individuellement sur chacun et chacune de nous. C’est pourquoi nous sommes ennemis de la Pentecôte. Parce que l’Esprit, lorsqu’il se manifeste, surmonte l’aliénation, l’étrangeté qui malheureusement constituent notre vie et ce monde.

Et la guerre à laquelle nous assistons – il y a 148 conflits en cours dans le monde en ce moment – la guerre que nous suivons tous les jours est la plus haute manifestation de cette aliénation, de cette étrangeté. La Pentecôte combat la guerre. La guerre est le plus grand ennemi de la Pentecôte, car la Pentecôte crée la communication, et crée ainsi la communion.

L’Esprit de Jésus – cette image est extraordinaire – n’impose pas un langage unique auquel chacun doit s’adapter. Il crée l’écoute et la compréhension mutuelles. Chacun – dit le texte – les entendait parler dans sa propre langue. Le contraire de ce qui s’est passé à Babel… Te souviens-tu de l’histoire de Babel, où il y avait plutôt un dictateur qui voulait imposer une seule langue, une seule culture, une seule manière de s’exprimer ?

La Pentecôte est un « non » à la tentative d’uniformisation de masse à laquelle nous assistons, hier comme aujourd’hui. L’histoire de la Pentecôte, ce récit du livre des Actes, se termine par le grand rêve de Dieu : on nous raconte que la première communauté chrétienne « rompait le pain dans les maisons et prenait leur nourriture ensemble, avec joie. Ils vendaient leurs propriétés et biens, et les distribuaient à tous, selon les besoins de chacun ».

Tu te dis, certes, ces choses nous font sourire, mais elles faisaient sourire aussi à cette époque-là ! Tu peux adopter une méfiance absolue, un orgueil de suffisance : mais oui, ce sont des contes qui font du bien aux enfants. Ou bien, tu peux saisir, aujourd’hui, dans ce temple comme dans la cathédrale où nous étions tout à l’heure, ou au monument contre l’intolérance, quelque chose de ce miracle qu’il t’est donné de vivre et de partager des fragments de vie. Tu peux changer ton regard, te laisser envahir par cet émerveillement plein de gratitude, que ces hommes et ces femmes ont vécu le premier jour de la Pentecôte.

Le vent de l’Esprit souffle hier comme aujourd’hui, tu ne sais pas d’où il vient, tu ne sais pas où il va, mais il te fait prendre conscience que la vie de l’autre est un sanctuaire, la vie de l’autre est sacrée ; elle porte en elle la flamme de l’Esprit du Christ. Ainsi, ta vie peut être transformée ; c’est-à-dire que tu peux être ressuscité.e. La résurrection, tu peux l’expérimenter et la vivre ici et aujourd’hui, littéralement, car, comme nous le dit ce texte, ce n’est qu’à la Pentecôte que les disciples de Jésus ont compris ce que signifiait Pâques : la résurrection du Christ, notre résurrection.

Amen.

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Témoignage de Roberto Prinzio

La foi a été pour moi un mouvement karstique : parfois elle est apparue, parfois elle a disparu. La foi a été pour moi surtout une grande quête. Je viens d’une famille catholique, qui m’a appris le bien de la spiritualité.

Toutefois, la recherche de ma foi s’est faite surtout au cours de ma vie, sur les épaules de mes géants : mes professeurs d’abord, du lycée à l’université, qui m’ont donné une perspective, ainsi que les moyens de l’interpréter. Ensuite mes lectures, les mythes de ma jeunesse et pas seulement ; et puis le monde vaudois, qui m’a fasciné depuis toujours et qui maintenant m’a accueilli.

Ensuite mes passions : l’enseignement notamment, car c’est mon métier, et pour moi, enseigner, c’est le bonheur. Et puis la politique, que je j’ai pratiqué depuis plusieurs années, sur le territoire, dans les institutions, et qui m’a permis de rencontrer des gens vraiment extraordinaires.

Comme le dit Jésus, dans l’évangile de Marc au verset 8, 36 : « A quoi bon pour l’homme de gagner le monde s’il perd son âme ? »

Or, je ne sais pas si dans ma vie j’ai essayé de gagner le monde, mais certes, le monde m’a appris à rechercher la foi, et j’ai compris que pour moi la foi est de participer à la vie de la communauté qui m’a accueillie. C’est une présence, c’est la liberté des idées. Dans la communauté qui m’a accueillie, j’ai compris que la foi n’est pas un point d’arrivée mais un point de départ.

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Témoignage de Sabina Baral

Je suis née dans une famille vaudoise, au cœur des vallées vaudoises du Piémont, mais mes parents étaient pratiquement agnostiques. C’est ma grand-mère qui m’a transmis la foi – une foi forte et authentique, marquée par une certaine crainte de Dieu. Une foi centrée surtout sur les hymnes et la prière.

Pendant des années, j’ai pensé que ce don de la foi était quelque chose à vivre uniquement dans la solitude de mon cœur et de ma conscience. Ce n’est que des années plus tard, grâce à la rencontre avec les frères et sœurs des églises méthodistes et vaudoises en Italie, que j’ai compris que la foi était un don qu’on pouvait partager, quelque chose dont on pouvait discuter, quelque chose qu’on pouvait transmettre, dont on pouvait témoigner. Et ce don s’est enrichi aussi grâce à la rencontre avec les frères et sœurs du monde catholique, à qui je suis liée aujourd’hui grâce à des parcours de recherche profonds et authentiques.

Si donc pour moi aujourd’hui la foi est entrelacée par la joie du partage, elle ne cesse de garder la saveur de cette ancienne solitude, de ce « face à face » avec Dieu que je vis dans le silence de ma chambre, un peu comme nous le dit Jésus en nous invitant à entrer dans notre petite chambre, à fermer la porte, et à nous tourner en prière vers le Seigneur.

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Évêque de Pinerolo, Mgr Derio Olivero

Qu’en est-il du christianisme en Europe ? Je pense que si on devait répondre par une boutade, il faudrait dire que les Européens ont une certaine odeur de moisissure. C’est comme quelque chose de vieux et devenu inutile ; on pourrait quelque chose d’usé.

Mais que signifie « usé » ? On pourrait trouver une illustration pour comprendre ce que veut dire « usé » : si on pense à une veste dont on s’est trop servi, on dit qu’elle est usée. Cela ne veut pas dire que ce n’est plus une veste ; bien sûr, ça reste une veste, mais elle est un peu déchirée et ne me va plus bien. Non merci, je ne veux plus la porter !

D’autre part, comme c’est beau ce que la Parole de Dieu nous dit à la Pentecôte : elle nous dit que ces gens semblaient soûls, ivres. Ils devaient être tellement radieux et rayonnants qu’on les prenait pour des ivrognes, mais ils étaient tellement pleins d’une force et d’une passion que les gens disaient « ils sont ivres » ! Non, ils n’étaient pas ivres : ils étaient remplis de quelque chose de grand, d’absolument nouveau. Voilà ce qui s’était passé.

Et voilà que Pierre, dans son discours, explique qu’ils n’étaient pas ivres : « Les amis, je vais vous expliquer ce qui se passe. L’Esprit leur a été donné. Ces gens ont vu et touché de leur main quelque chose de grand, d’absolument nouveau. »

Un des grands risques est que nous regardions la vie de manière banale : la vie, c’est « on naît, on meurt », et tu es là, enfermé dans cette cage, et tu ne peux pas en sortir. C’est ça qui est vieux, qui est usé !

Ces gens-là avaient compris qu’on est dans les derniers jours, et c’est ce que Pierre affirme : « Nous sommes dans les derniers jours ». C’est-à-dire que nous sommes dans un temps radicalement nouveau, non plus enfermés dans cette cage, parce que – dira Pierre dans la suite du discours – Jésus le Christ est ressuscité, il nous a libérés de cette cage. Et donc nous sommes radieux face à une nouvelle comme celle-ci, nous sommes rayonnants, nous sommes comme ivres !

Ce serait beau si la Pentecôte nous aidait à retrouver cette saveur du christianisme : une saveur qui nous fait vibrer, qui nous fait découvrir la nouveauté quotidienne, jour après jour. Nous ne naissons pas pour mourir, nous naissons pour renaître chaque jour, pour renaître jusqu’au dernier jour. Et c’est cela qui les rendait ivres, ils semblaient presque soûls.

Nous vivons des temps difficiles : deux ans de pandémie, puis la guerre, et puis la hausse des prix. Ce sont des temps difficiles, il est difficile d’avoir confiance. Nous avons appris hélas ce que signifie la précarité : un petit virus a suffi pour nous le faire comprendre. Nous sommes précaires.

Ainsi, qu’il est beau le discours de Pierre à la Pentecôte : il dit que Jésus-Christ est ressuscité et qu’il nous précède. L’Esprit qui nous est donné nous fait croire et voir Jésus-Christ ressuscité et qui nous précède, il marche devant nous et nous ouvre le chemin, il nous donne une possibilité, même en temps de pandémie, même en temps de cette guerre terrible dont nous espérons la fin, et même au moment de notre peine, de toutes nos peines.

Et donc avec joie, ensemble, là où nous sommes, invoquons l’Esprit pour qu’il nous aide à retrouver le bon goût du christianisme, la force vitale et enthousiaste du christianisme, et qu’il nous aide à l’annoncer ainsi : pas comme quelque chose de périmé, répété, banal, mais comme une chose toujours nouvelle qui nous laisse voir les temps et l’avenir avec confiance. Quelque chose qui dit : « Regarde combien l’avenir est une réserve immense de possibilités ! »

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Témoignage de Micaela Marcu

Je m’appelle Micaela et j’ai 31 ans. Je suis d’origine roumaine et je viens de la Toscane. Je suis arrivée en Italie avec ma mère en 2000. Mon père est resté en Roumanie car mes parents sont divorcés. Pendant mon enfance, je croyais en Dieu et fréquentais l’église, mais malheureusement pendant mon adolescence, tout cela s’est terminé.

A l’époque, je vivais dans un milieu familial très troublé – querelles et alcool – mais le fardeau le plus gros à porter, à cette époque, était que je me sentais différente de mes copains, et cela m’a lentement conduit à une profonde tristesse. J’ai fini par tomber dans la dépression et dans un moment de désespoir, j’ai tenté le suicide et je suis tombée dans le coma.

Par une grande grâce, je me suis réveillée et aujourd’hui, je vais bien. Cette douleur a conduit ma mère à retrouver la foi et à prier pour ma conversion. Cela a pris plusieurs années, mais finalement, à l’âge de 25 ans, en tant qu’athée convaincue, j’ai redécouvert l’amour de Dieu le Père qui a changé ma vie et qui aujourd’hui m’a fait don d’un mari merveilleux.

À travers un chemin de foi dans l’Eglise catholique et dans le mouvement du Renouveau dans l’Esprit, le Seigneur m’a guérie des blessures du passé et libérée de tout le mal que j’ai accumulé pendant ces années, et il m’a donné un cœur nouveau comme il nous l’avait promis. Merci !

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Pasteur Mauro Pons

C’est absolument vrai : comme vous l’avez entendu dans ces témoignages, le Seigneur fait de grandes choses pour les femmes et les hommes qu’il aime ; pour chacun et chacune de nous, et il envoie son Esprit !

Amen.

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Esprit de paix, guéris le monde !

Le pain et le vin, symboles de l'amour de Dieu pour l'humanité, sont échangés entre le Temple vaudois de Pinerolo et la Cathédrale de San Donato. Ce signe couronne un long parcours œcuménique et souligne le désir d'un témoignage commun, dans un monde marqué par l'égoïsme et la violence.

La célébration sera présidée par les pasteurs Gianni Genre et Mauro Pons, avec la participation de l’évêque de Pinerolo, Mgr Derio Olivero.

La musique vous est proposée par la chorale vaudoise de Pinerolo, sous la direction de Giuseppe Maggi, le chœur inter paroissial du diocèse de Pinerolo, sous la direction de Diego Destefanis, ainsi que l’ensemble de cuivres «Val Pellice Brass Ensemble ».

À l’orgue, Floriana Ghione, et à la guitare classique, Andrea Autiero.

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