Culte télévisé (RTS Deux) du Jeûne fédéral en direct de la Paroisse réformée de Teufen (AR)

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Écouter le culte :

Pour nous tous, proches et lointains, ces derniers mois ont été instructifs. Durs mais instructifs. Nous avons dû apprendre à vivre avec le risque, en faisant attention sans sombrer dans l’angoisse. Nous avons dû admettre que nous ne contrôlons pas tout, que tout est éphémère. Ce qui allait de soi hier est aujourd’hui proscrit. On ne peut guère plus faire de pronostic sur l’évolution de la pandémie et des décisions politiques qui se suivront. Difficile de savoir comment faire. De quoi se sentir maintes fois abandonnés.

Certains espèrent être entendus en manifestant. D’autres veulent un leader charismatique ou un parti puissant qui rétablisse l’ordre. On cherche des valeurs, des thèmes rassembleurs qui puissent nous réconforter. On invoque la « Nation » qui pourrait nous guérir de tous nos maux. Dans bien des pays on observe un regain d’intérêt pour la religion dans l’espoir qu’elle soutienne l’Etat.

Pourtant, la foi chrétienne n’a rien à offrir en termes d’assurance ultime. Le fondement dont parle l’apôtre Paul, est tout autre : Jésus-Christ le Crucifié, pas vraiment une figure réconfortante ! Non, il s’agit là d’un corps brisé, tel qu’il est intériorisé par la Sainte Cène. Sa puissance n’est en rien assimilable à celle d’Apollos ou de Céphas, de tel ou tel candidat à la présidentielle, aux performances de sportifs d’élite ou de chirurgiens.

Comme le rappelle Paul, ces personnes ne peuvent se vanter que d’elles-mêmes contrairement à Jésus qui est fort pour se donner aux autres, pour les aider à porter leur fardeau, voire même de leur prendre ce fardeau, sans pour autant se rendre indispensable comme pasteur, gourou ou thérapeute.

La confiance qu’il porte ce qui nous pèse est une source de réconfort. Mais il nous défie aussi de nous transformer et de penser autrement. En tant que Crucifié ressuscité, il se présente comme questionnement radical de tout ce que nous tenons pour grandiose.

Le point de départ de la théologie de Paul est la représentation inconcevable d’un Sauveur crucifié. Si Dieu choisit les faibles, les insignifiants et les méprisés comme le prétend Paul et si Dieu s’identifie au Crucifié, alors les puissances de ce monde, leur influence et leur grandeur sont suspectes d’impiété.

La mode actuelle qui consiste à obtenir une certaine fierté par l’appartenance à un groupe suprémaciste devient tout aussi problématique. Ce qui compte ce n’est pas ce qui me rend supérieur aux autres, mais ce que nous avons à leur donner.

Les différentes sectes qui avaient fragmenté l’Eglise de Corinthe avaient perdu de vue ce qui réunit et ce qu’on a en commun. Paul leur rappelle que de nombreux talents sont nécessaires pour qu’une communauté s’épanouisse. Il faut des planteurs, des arroseurs, même des arracheurs de mauvaises herbes, mais en définitive c’est Dieu qui assure la croissance.

Garder à l’esprit le rôle fondamental de Dieu relativise bien des querelles et des rivalités. Alors il n’est plus nécessaire de voir partout des ennemis. On peut même admettre qu’il est nécessaire d’avoir des gens qui insistent sur les dangers du Covid pendant que d’autres gardent leur calme. Qu’il faut des végétariens et aussi des gens qui achètent de la viande aux paysans. Qu’il faut des gens qui votent pour des partis conservateurs et d’autres qui votent pour des partis progressistes. Mais il ne faut surtout pas élever ces antagonismes en absolus et en oublier le vivre ensemble.

Chercher ce qui nous unit, nous relie, des valeurs communes, c’est ce qui fonde une communauté solidaire ou une nation. Nous ne pouvons pas nous passer de l’amour de Dieu et de son attention bienveillante.

Nous reflétons ce principe fondamental quand nous nous rencontrons avec bienveillance et comprenons que par nos différences, nous sommes complémentaires. Une condition préalable importante est de ne pas être imbu de soi-même, de ne pas se faire d’illusions sur ce qu’on est capable de faire.

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » demande Paul dans un autre verset aux Corinthiens. En ce sens le Jeûne fédéral est un appel à l’humilité. Car rendre grâce, prier, faire pénitence sont des actes qui impliquent que nous sommes dépendants de Dieu.

L’anthropologie que propose Paul peut paraître obsolète mais elle aide à se détourner de l’égomanie, de la vanité et la vantardise tant répandues de nos jours. Et ça crée du lien. 

C’est de cette expérience qui prend sa source dans cette attitude que témoigne le chant de la Landsgemeinde de l’Appenzell. Il loue la puissance créatrice, Dieu comme source de vie à laquelle nous allons nous abreuver. Ce chant sait ô combien nous avons besoin de Dieu pour ne pas perdre l’objectif des yeux, comme le rappelle la quatrième strophe. Dieu ne nous porte pas tout au long de notre vie. Nous devons marcher pour nous-mêmes, mais la confiance qu’il nous guide, nous et les autres, c’est cela qui nous soutient et nous guide à travers les incertitudes actuelles.

Amen.

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Du Yodel appenzellois pour célébrer le Jeûne fédéral

Le cantique «Alles Leben strömt aus dir» (Toute vie émane de toi) fait partie du Psautier réformé suisse-allemand. Pendant plus de cent ans et jusqu'en 1997, il était entonné solennellement lors de chaque Landsgemeide du Canton d'Appenzell Rhodes Extérieures. Ce chant sera au cœur du culte transmis depuis la paroisse réformée de Teufen (AR) à l’occasion du dimanche du Jeûne fédéral.

Cette journée particulière de prière fédérale est traditionnellement l’occasion de s’interroger sur les principes fondamentaux qui définissent notre société et soutiennent dans la vie. Dans sa prédication, la pasteure Andrea Anker reviendra, avec l’aide de l’apôtre Paul, sur ces interrogations.

Ce culte se déroulera au son du Zäuerli traditionnel appenzellois et du Yodel, avec la participation de la chorale de garçons de Stein, la chorale familiale de Teufen et Andrea Jäekle à l'orgue.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Andrea Jäekle
Musique
Le Zäuerli traditionnel appenzellois et du Yodel, avec la participation de la chorale de garçons de Stein et la chorale familiale de Teufen

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