Culte de l’Ascension en direct et en Eurovision depuis le studio virtuel Keywall (Charleroi) en Belgique (RTS Un)

Culte de l'Ascension depuis le studio Keywall à Charleroi, Belgique (capture d'écran)

Bruneau Jousselin

Nous arrivons maintenant au moment de notre célébration le plus important pour nous protestants, le temps où nous ouvrons la Bible pour y lire quelques extraits qui alimenteront notre méditation.

Georges Quenon

C’est aussi un moment risqué, Nous pensons tant de choses au sujet de la Bible : elle contient, il est vrai, des textes d’espérance mais aussi des textes difficiles à croire. Et si elle nous lançait simplement des défis pour nous faire avancer aujourd’hui ? Nous rejoignons la France pour ces lectures…

Jean 7, 33-34

Jean 14, 11-12

Actes 1, 1-14

Georges

Dans la foi chrétienne, comme je suppose dans d’autres type de foi aussi, il y a des textes auxquels nous adhérons naturellement, facilement, d’autres qui nous posent question, même qui nous mettent mal à l’aise – comme cette histoire de l’Ascension du Christ au ciel. Bruneau, vous avez, je crois, une histoire à nous raconter à ce sujet.

Bruneau

Oui, je voudrais commencer par une anecdote qui m’est arrivée lorsque j’étais tout jeune pasteur. C’était à Paris, au début des années 80. J’avais à peine 25 ans et je faisais le catéchisme à des adolescents de 14-15 ans. Nous n’avions donc pas une grande différence d’âge. Ce jour-là, je travaillais avec eux la confession de foi traditionnelle, le Crédo. J’ai lu, au sujet de Jésus : « Il est monté au ciel. » Et là, je vois un des ados se pencher vers la fenêtre et regarder le ciel. Ça y est, tout ce que j’avais préparé était foutu ! A une époque où les hommes ont marché sur la lune, projettent d’aller sur Mars, montent dans des avions et vont dans le ciel, que peut bien signifier que Jésus va au ciel ? Sinon qu’il a simplement quelques siècles d’avance, et encore, Icare et son rêve ne sont pas loin. J’ai compris ce jour-là que l’image classique de Jésus montant au ciel ne faisait plus sens, en tous les cas pas dans la réalité des faits, puisque nous pouvons tous aller au ciel. Quand les avions pourront à nouveau décoller, cela va de soi !

Georges

Si ça ne parle pas, ne parle plus, est-ce faux pour autant et devons-nous abandonner la fête de l’Ascension ?

Bruneau

Non, bien sûr, mais il faut trouver du sens autrement. Quelques années plus tard, à Lyon, jeudi de l’Ascension, je célèbre le culte pour tous les protestants de la ville, les collègues m’ayant délégué, étant eux-mêmes assez mal à l’aise avec cette fête. Je prêche et j’ose dire que pour moi, Jésus n’est jamais monté au ciel, physiquement. À la sortie, une vielle dame de plus de 80 ans m’avoue que ce que j’ai dit l’a soulagée. Elle n’a jamais pu croire que Jésus soit monté au ciel. Pour elle, c’était raisonnablement impossible. Pour une fois, un pasteur a été dans le même sens. Elle en était libérée… enfin !

Georges

Mais ce qui libère les uns pourrait heurter les autres : ceux qui placent la foi au-dessus de la raison… Cependant, il faut bien le reconnaître, la raison est en face d’une impossibilité, elle peut en être bloquée et, en conséquence, rejeter tout de la Bible, tout de la foi. Le chrétien serait-il un naïf, laissant son intelligence à l’entrée des églises ou des temples ?

Bruneau

Surtout pas ! Il y a là un écueil apparent, mais qui se résout dans le symbolique.

Georges

Les gens qui ont écrit la Bible n’étaient pas des imbéciles, même heureux. Ils savaient ce qu’ils écrivaient, que ce n’était pas forcément la réalité, mais que cela cherchait à dire une vérité.

Bruneau

Laquelle ?

Georges  

En ce temps, on avait une représentation du monde à trois étages : la terre, là où vivent les humains et les animaux, la création ; sous la terre, c’est là où sont les morts ; le ciel, là où est Dieu.

Dire que Jésus monte au ciel signifie donc qu’il quitte le niveau de la terre et des humains pour rejoindre ce que nous appelons le Royaume de Dieu. Après sa résurrection, il ne reste pas avec ses disciples, il les quitte, il les laisse.

Bruneau

D’une certaine façon, si Jésus est Dieu, c’est Dieu qui quitte la terre des vivants, des hommes, des femmes et des enfants. C’est le temps de l’athéisme le plus radical qui soit. Dieu est absent. Il s’est retiré du monde. C’est le retrait de Dieu.

Georges

Et si Dieu est absent, les humains doivent se débrouiller sans lui. D’aucuns disent qu’il faut penser et croire comme si Dieu existe et agir comme s’il n’existe pas. Dit autrement : nous sommes responsables de nos actes, de nos agirs, de la gestion que nous faisons de notre monde. Tout croyant que nous soyons, nous ne pouvons pas tout remettre sur le dos de Dieu.

Ces jours-ci, j’ai entendu qu’il est difficile de croire en ce temps de pandémie. D’abord, il n’est jamais facile de croire. Qui plus est, toute catastrophe naturelle est une bonne raison de ne pas croire si nous pensons vraiment que Dieu est responsable de tout. Mais si nous croyons qu’il nous laisse libres, alors cela revient à assumer notre humanité totalement, sans le faux-fuyant que la foi peut-être, malheureusement. Dans ces derniers discours adressés à ses disciples, Jésus l’a dit : il va au Père, et celui qui croit en lui fera les œuvres qu’il a faites. S’il était resté, cela aurait été, impossible. Il fallait qu’il parte !

Bruneau

D’ailleurs, les disciples ne sont pas restés là, sur place, les yeux levés au ciel.

Georges

Ils auraient aimé peut-être ? D’ailleurs c’est ce qu’ils avaient commencé à faire, non ?

Bruneau

Ils sont repartis à Jérusalem, ils sont repartis dans leur monde qu’ils ne quittent pas. Le chrétien ne quitte pas le monde, il y reste, pleinement.

Georges  

Son devoir éthique, son engagement de foi, c’est de faire les actions que Jésus a faites: accueillir, recevoir, guérir, aimer. Et ça, c’est déjà beaucoup.

Bruneau

Il est libéré, même de Dieu. C’est la grâce. Pour agir.

Il y a une petite vidéo qui tourne sur internet. Elle présente le protestant comme un anarchiste qui traverse dans les clous. Je m’y retrouve totalement. Le chrétien est un anarchiste responsable pour les autres, avec les autres. Il traverse la vie dans les clous, avec ce grand pouvoir qu’est la liberté lorsqu’elle a pour corolaire l’amour.

Un jour, à la fin d’un service funèbre, un enfant est venu voir le pasteur et lui a demandé :

« Il est où Papi, maintenant ? »

« Il est au ciel », a répondu le pasteur.

« C’est où le ciel ? » a demandé l’enfant.

« Au-dessus de la terre ».

Alors, l’enfant a baissé les yeux, a regardé le sol, la terre, puis il les a levés doucement et a ajouté : « Ben, nous y sommes. »

Voilà une belle leçon de théologie. Nous avons les pieds sur terre et le corps dans le ciel. Tout être humain est fait de terre et de ciel. C’est pourquoi la prière a du sens.

Georges

Diamonds, diamants : «Vous êtes toutes et tous des diamants qui brillent dans le ciel.»

Et si c’était cela le sens de l’Ascension, briller à la fois ici et ailleurs, puisqu’ailleurs est ici.

 

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Un culte inédit pour une période inédite. 

Pandémie de Covid-19 oblige, le culte sera réalisé en studio. En effet, malgré le fait qu’à la mi-mai nous amorcerons une période de léger déconfinement, les rassemblements seront toujours interdits en Belgique. 

Cette célébration a été pensée avec nos partenaires protestants de l’Eurovision : France, Italie, Suisse romande et italienne. Chacun interviendra à partir d’une ville de son pays et apportera une touche locale à la liturgie. En studio, les pasteurs Bruneau Joussellin et Georges Quenon feront le lien entre ces temps liturgiques aux couleurs européennes. Ils proposeront une méditation en dialogue et seront accompagné par un trio musical composé par : 

  • Christel Wautier : Chant et clavier. Premier prix avec distinction du Conservatoire de jazz de Bruxelles, auteur, compositeur et interprète, elle se produit sur les scènes belges et européennes et accompagne différents artistes renommés de la scène jazz. 

  • Léonie : chant. Née dans le milieu protestant et artistique, elle est en 2011 finaliste de « The Voice Belgique » et étudie depuis 2016 au Conservatoire de Namur 

  • Lorenzo Di Maio : Guitare, diplômé́ du Conservatoire Royal de Bruxelles. Lauréat de plusieurs prix notamment en 2016 il reçoit l'Octave du meilleur album jazz. Il se produit sur les scènes belges et européennes en compagnie des meilleurs musiciens. 

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