Et si nous provoquions la joie?

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Écouter le culte :

« Demeurez dans mon amour, je vous dis cela pour que ma joie soit en vous », nous dit Jean.

Christine Rumpel
« La joie au cœur égaie le visage », nous dit les Proverbes.

Nathalie Monot Senn
Ce matin, notre groupe de pasteurs-stagiaires avait envie de revenir sur ce qui est au centre de notre engagement : la joie. Oui, Si nous nous investissons dans ce futur ministère, c’est parce que nous avons envie de nous engager au sein d’une communauté, à faire grandir une joie commune.

Christine
Vous nous trouvez utopique ? Mais au fond, qui ne rêve pas d’avoir de la joie dans sa vie ! Et surtout en ce moment ! Nous aimerions tous être dans la joie constamment ou en tout cas le plus souvent possible. C’est aussi un souhait que Dieu a pour nous. Ce n’est pas pour rien qu’on retrouve le mot joie presque 300 fois dans la Bible.

Nathalie
Oulala Christine, la joie est un sujet bien vaste ! Et si on commençait d'abord par définir un peu ce que c'est ?

Christine
Tu as raison. Mais par où commencer ?

Nathalie
Et si on jetait un coup d’œil au dictionnaire ? Joie : ce qui provoque chez quelqu'un un sentiment de vif bonheur ou de vif plaisir.

C’est beau… Enfin, c’est beau… mais, ça n’aide franchement pas beaucoup à comprendre ce que c’est la joie ! Dans ma vie, je cherche aussi cette joie. Mais comment la trouver ?

Christine
Nous avons des indications dans la Bible pour la trouver. Comme par exemple dans le texte de Jean que nous venons d’entendre, il y a des indications pour être dans la joie : « S'aimer les uns les autres », se savoir aimé de Dieu. Mais dans nos vies de tous les jours, nous entendons également souvent qu’il nous faut être heureux, être joyeux.

Nathalie
Oui, c'est devenu une pression sociale ! Tu as déjà vu dans les magazines ces titres : « 10 meilleurs conseils pour être heureux ! » Les recettes du bonheur fleurissent à tous les coins de rue. Et alors nous nous mettons des objectifs et nous nous disons : « Ah, lorsque j’aurai fini mes études, je serai dans la joie.  Quand j’aurai un emploi stable, un peu d’argent de côté, un conjoint, un enfant, quand il n’y aura plus de virus… »

Il y a toujours un objectif plus loin à atteindre, mais l'idée est toujours la même : ressentir de la joie. Mais pourquoi ces objectifs ne nous procurent pas la joie ?

Christine
Peut-être parce que cela devient une pression sociale et nous pensons que nous le devons à nos proches, ou même à Dieu. J’ai de beaux enfants, je dois donc être heureux. Mes parents sont en bonne santé, grâce à Dieu ! Mais vous connaissez la vie: il y a la violence, la famine, les soucis du quotidien, les maladies, les virus, la pauvreté et tant d’autres poids que nous devons porter.

Nathalie
Soyez dans la joie, c'est une injonction lourde ! Vous ne trouvez pas ? Chercher la joie en tout temps, à tout prix, ça peut conduire à l'épuisement… Et lorsqu'on est fatigué tout nous semble impossible. Alors à l'épuisement s'ajoute la culpabilité...

Mais est-ce vraiment désobéir, même à Dieu, si je ne suis pas toujours dans la joie ? Nous est-il interdit de nous sentir triste ou fatigué ?

Christine
Nous vivons, comme dans une recherche, dans un mouvement perpétuel, comme s’il nous manquait quelque chose. Mais as-tu déjà remarqué que lorsque la joie s’empare de nous, nous n’avons plus besoin de courir, ni de chercher autre chose. Soudain, on s’arrête, on profite.

Nathalie
C'est juste tu as raison… Donc, la joie serait une sorte de suspension, de plénitude du temps qui nous prend, c’est ça ?

Christine
Oui, une pause dans notre for intérieur, c’est en tout cas ce qu’écrivait Karl Barth, un grand théologien du 20e siècle : quand je suis dans la joie, le temps d’un instant, je n’ai besoin de rien d’autre, je suis comblé, je peux profiter de cette joie. 

Nathalie
Oui je vois : nous avons certainement tous vécu au moins une fois ce moment où nous sommes si heureux que nous aurions envie que ce temps ne s’arrête jamais. La joie serait donc un moment d’arrêt intérieur dans une vie mouvementée ?

Mais attends… ce n’est pas comme en voiture, je n'ai pas de pédale de frein dans ma vie – je ne peux pas provoquer un moment ! D'ailleurs tu as dit que la joie nous saisit. Alors… comment vivre la joie ?

Christine
Si tu cherches à provoquer la joie, tu ne risques pas de la trouver tout de suite ! La joie ne se provoque pas, elle est un DON. Lorsqu’on vit un de ces arrêts si précieux, on touche à quelque chose qui n’est pas superficiel. Il n’est plus question d’être dans un tourbillon d’objectifs et d’exploits : il s’agit, dans ces moments, de vivre le présent. Un présent qui nous rejoint profondément. Un présent qui s’incarne soudain, comme une rencontre avec un ami de confiance.

Nathalie
« Une rencontre »… ça me parle ! Si la joie est un don, alors je ne peux pas l’inventer, ni la créer, mais bien la rencontrer. D’ailleurs c’est ce que disait également l’Evangile de Jean : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. »

Ce n’est pas l’humain qui crée la joie : il profite d’une halte dans sa vie bien pleine, pour rejoindre la joie de Dieu. Une parenthèse pour l'entendre, pour la recevoir, pour la faire vibrer en lui. Dieu ne nous ordonne pas d’être dans sa joie. C’est encore mieux, il nous l'offre. Alors pourquoi est-ce que nous ne la ressentons pas en tout temps ?

Christine
Elle existe en tout temps, mais ce n’est pas pour autant qu’on la ressent en chaque instant. Et bien la joie, parfois c’est nous qui faisons trop de boucan pour l’entendre, parfois c’est la vie qui est trop assourdissante autour de nous et qui nous empêche de l’écouter. La joie est souvent temporaire : juste un moment, une parenthèse, qui nous permet d’atteindre quelque chose de différent. Une réalité « autre », plus grande que celle de notre monde.

Nathalie
Mais après la halte, tout repart, tout revient : vitesse du monde, nouvelles qui tombent sans arrêt, stress, la solitude… tous nos problèmes ! Heureusement, la prochaine parenthèse peut être toute proche, et si je me tiens prête, alors je pourrai m’arrêter à nouveau dans cette oasis de joie et de reconnaissance profonde.

Christine
C'est ça, l'état suspendu que procure en nous la joie ne se commande pas : ce n’est pas une pédale de voiture qu’il nous suffit d’enclencher. Mais peut-être qu’il y a une disposition d’esprit qui peut nous encourager à être plus disponibles.

Nathalie
Tu veux dire que même si on entend bien souvent que nous devons être dans la joie, peut-être que l’injonction ne devrait pas se situer là ? L’impératif de la joie ne serait pas dans l'ordre qui dit « soyez », il est peut-être simplement dans cette demande qui dit « écoute ». Écoute et accueille. Sois là, sois disponible, sois prêt à rencontrer la joie. Et en se rendant disponible, alors on ouvre la porte à la joie.

Christine
Oui, regardons encore notre Évangile, nous avons lu ce commandement que transmet Jésus et qui nous dit de demeurer dans son amour, tout comme lui demeure dans l’amour du Père. Ce n’est pas de l’amour des films hollywoodiens ou des contes de fées dont il est question ici. Mais de cet amour du Dieu infiniment Autre, de cet amour qui est à notre origine et qui, à notre tour, nous envoie vers les autres. Car oui, l'existence se vit dans la relation. Et la joie aussi se vit dans la relation.

Nathalie
Bien sûr nous pouvons éprouver de la joie quand nous sommes seuls, mais la plupart du temps, nos plus grandes joies, les plus fréquentes, se trouvent dans la relation avec un ou une autre, et même en groupe. C’est un peu comme si, dans la trépidation de nos vies, quelqu’un nous tirait par la manche et nous disait : « Attend, reste calme quelques secondes. Arrête-toi ici et accueille ce qui vient. »

Dieu est la première relation qui nous montre qu'on ne peut pas freiner la vie, mais on peut ralentir soi-même. Et parce que Dieu nous montre comment rappeler à quelqu’un comment être prêt pour la joie, nous pouvons le faire avec nos proches et avec les gens que nous rencontrons.

Christine
Je vois bien ce que tu veux dire, mais ce n’est pas toujours facile de faire cela pour les autres. Qu’est-ce que tu fais des temps que traversons où nous sommes seuls chez nous ?

Nathalie
Et bien c'est un peu comme ce qu'on vit ce matin. Nous sommes ici, et alors que je parle, je vois rassemblées 8 personnes : 4 musiciens, 2 techniciens, 2 pasteures stagiaires. Mais pourtant, la communauté que nous formons est bien plus grande. Combien de personnes sont avec nous ce matin sur les ondes ? Vous qui êtes chez vous, combien êtes-vous en ce moment ? Etes-vous seul ? en famille ? Etes-vous à deux, à trois ? Peu importe ce que nos yeux ou vos yeux voient, car en ce moment précis, nous sommes des milliers. Nous sommes des milliers rassemblés en Esprit pour vivre ce temps de culte. Et rien que cela, rien que savoir que oui, nous sommes nombreux à être ensemble, cela me procure de la joie, et beaucoup de reconnaissance, peut-être à vous aussi.

Christine
Et quelles que soient nos vies actuellement, nous pouvons tous probablement tirer sur la manche de quelqu’un pour lui dire de s’arrêter quelques instants. Même métaphoriquement ou virtuellement. Mais de là où nous sommes, chacun de nous, avec le programme qui sera le nôtre aujourd’hui, demain et les jours qui suivront, nous pouvons rendre ceux que nous croisons attentifs à ces petites oasis qui n’attendent que nous.

Ce sont les petits gestes qui sont souvent les plus grands. Alors prenons nos téléphones, discutons depuis nos balcons, chantons les fenêtres ouvertes, sortons notre papier à lettre, soyons créatifs.

Essayons de rester ouverts et disponibles à la joie que Dieu place dans nos vies, laissons-nous transformer par cette joie et partageons-la !

Amen

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«Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous», voici ce que dit Jésus dans l’évangile selon Jean (Jean 15, 11a). Qui ne rêve pas d’avoir en lui la joie? Mais au fond, qu’est-ce que la joie? Et peut-on la provoquer? Ce terme, présent près de 300 fois dans la Bible, est important, parlons-en!

Ce culte a été préparé par six pasteurs stagiaires: Christine Rumpel, Maëlle Bader, Nathalie Monot Senn, Loraine D’Andiran, Sandrine Landeau et Thierry Dominicé.

Détails

Avec la participation de
Nathalie Monot Senn
Orgue
Anne-Claude Burnand
Musique
Catherine Michel au chant, avec Camille Thévoz et Jonathan Gerstner au violoncelle, représentant le Weekend musical de Pully.